L'église Saint-Laurent de Zadar
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Nous avons visité cette église. La plupart des images de
cette page ont été prises lors de cette visite. Les
autres proviennent de galeries d'images d'Internet.
Le plan de cette église (image
3) est extrait du texte, Le
« Premier art roman » en Istrie et en Dalmatie, pat
Miljenko Jurković et Iva Marić, lui-même extrait de
l'ouvrage collectif, Le
« Premier art roman » cent ans après. La construction
entre Saône et Po autour de l'an mil.
Nous n'avons pas trouvé sur Internet de description de cette
église.
Pour y accéder, il faut, à partir de la place du Peuple,
pénétrer dans un café et le traverser, l'église se trouve
dans l'alignement, au fond de ce café (image
1). L'image 2 permet
de voir l'intérieur de cette église, et, en arrière-plan, le
café.
En fait, on ne voit que l'intérieur de l'église, l'extérieur
étant englobé par des bâtiments. Et ce n'est pas une église
dans sa totalité, mais seulement la nef.
Le plan (image 3)
est un peu surprenant dans la mesure où nous n'avons rien vu
de la partie Est (située à droite des deux traits verticaux
débordants). Nous ignorons comment les auteurs de ce plan
ont pu définir cette partie Est. Il est possible que le plan
en question ait été réalisé avant les bombardements de la
guerre 39-45 qui auraient détruit cette partie Est. Cette
pure hypothèse est en partie confirmée par le fait que le
dessin des parties disparues fait clairement apparaître des
pièces voûtées en arêtes ou en plein-cintre, détails qui
n'auraient pu être précisés s'il y avait eu des fouilles
archéologiques dans la salle du café.
On constate, à partir de ce plan, que la nef était terminée
par un chevet plat à l'extérieur, contenant trois absides
rectangulaires situées dans le prolongement des vaisseaux de
la nef. En fait, ce n'est pas tout à fait dans le
prolongement : il y aurait un léger décalage. Nous
essaierons de le justifier un peu plus loin. Mais
auparavant, nous devons constater la grande ressemblance
entre ce chevet plat à trois absides rectangulaires insérées
et certains autres chevets rencontrés en Occitanie/France
(Cathédrale de Saint-Lizier, Saint-Plancard, Valcablère) et
en Castille/Espagne (San Cebrian de Mazotte, San Pedro de la
Nave, Wamba, San Miguel de Escalada, Cristo-de-la-Luz de
Tolède). Ces monuments, et quelques autres encore, ont été
décrits sur notre site.
L'intérieur de la nef est visible sur
les images 2 et 4. On constate qu'il
s'agit d'une nef à trois vaisseaux voûtés. Le vaisseau
central est porté par deux rangées de deux colonnes,
partageant cette nef en trois travées. Les images
4 et 11 font apparaître l'existence d'une salle
côté Ouest. Le plan de l'image
3 montre qu'il y avait là un ouvrage Ouest. Sur l'image 11,
on note l'existence d'un couloir d'entrée (non
signalé sur le plan). Sur l'image
4, on
peut voir, au dessus de la porte centrale, une fenêtre
rectangulaire. Cette baie est récente. Néanmoins, cela
montre que l'ouvrage Ouest devait être partagé en deux
étages. C'était donc un ouvrage Ouest analogue à ceux
d'Europe occidentale (corps de bâtiment à deux étages,
l'étage inférieur faisant office de porche d'entrée dans la
nef, l'étage supérieur communicant avec la nef par une baie,
servant d'espace temporel), mais plus petit et probablement
plus ancien.
Hormis la pièce centrale, toutes les autres sont voûtées.
Actuellement, cette pièce centrale non voûtée sert de puits
de lumière. Mais à l'origine, il devait y avoir une tour de
croisée comme on le voit à Saint-Nicolas de Koločep ou
Saint-Nicolas de Lopud.
Cependant, ces diverses images posent question. Les
collatéraux semblent être très étroits, une étroitesse que
rien ne semble justifier. De plus, les arcs reliant les
chapiteaux aux murs extérieurs sont tronqués du côté des
murs et non du côté des chapiteaux (images
5, 6 et 8). D'où l'hypothèse suivante : les murs
extérieurs de l'église auraient été doublés côté intérieur.
À la suite de ces travaux, les collatéraux auraient été
rétrécis et les arcs entre piliers et murs partiellement
recouverts. Cela expliquerait le problème décrit plus haut :
les absides ne sont pas tout à fait dans le prolongement des
collatéraux. En fait, à l'origine, il y avait bien
prolongement mais les travaux sur la nef ont modifié le plan
de l'édifice.
De curieuses statuettes d'animaux (Des lions ? Des aigles ?)
sont placées sous les corniches supportant les arcs
doubleaux du vaisseau central (images
4, 5 et 6). Nous rencontrons ce système pour la
première fois et nous ne sommes pas capables de
l'interpréter.
Les chapiteaux au-dessus des colonnes sont de style
corinthien, probablement utilisés en réemploi (les formes et
les dimensions sont différentes). Ce réemploi est plus
évident encore en ce qui concerne les bases (images
7 et 10).
On note la présence d'un sarcophage antique (image
12).
Le musée archéologique de Zadar, étudié dans une des pages
suivantes, contient les restes d'une porte sculptée. Nous
estimons qu'elle peut être datée des environs du IXe
siècle.
Datation
Cette datation est difficile, car d'une part, la
ressemblance avec les édifices présumés wisigothiques
d'Espagne et de France fait envisager une présence de Goths
vers les VIe ou VIIe siècles, et
d'autre part, les nefs voûtées et la porte aux entrelacs
dits carolingiens
font référence aux IXe ou Xe siècles.
Datation envisagée
pour l'église Saint-Laurent de Zadar : an 800 avec un écart
de 150 ans.