La basilique d'Einhard de Seligenstadt  

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette basilique (appelée Einhardbasilika en allemand). Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

La page du site Internet Wikipédia relative à cette basilique nous apprend ceci :

« Histoire

L’église du monastère, commandée à l’origine par Einhard, a été conçue comme une basilique à trois nefs. Les tours Ouest d’origine ont été ajoutées vers 1050. Elles avaient un toit pyramidal simple. Des extensions de la basilique ont eu lieu au XIIIe siècle, y compris un nouveau chœur. À cette époque, les os des deux martyrs (Saint Marcellin et Saint Pierre) ont été déplacés de la crypte circulaire au maître-autel. Avec cette reconstruction, l'abside et la crypte d’origine ont été abandonnées. Le transept a reçu une tour octogonale monumentale avec une voûte surélevée.

L’église a été conservée sous cette forme pendant des siècles. La guerre de Trente Ans a gravement affecté le monastère et l’église. Ce n’est que vers 1690 que les ressources étaient à nouveau disponibles pour rénover le complexe de manière complète – et à ce moment-là sous des formes baroques.
[...]

Intérieur

La nef se compose de neuf travées, le transept de trois travées. Les deux sont essentiellement des bâtiments carolingiens originaux du IXe siècle. Les murs des bas-côtés ont été rénovés au XIXe siècle. Une extension de deux travées au nord du transept date du XIe siècle. Elle accueillait à l'origine les archives de l’abbaye.
[...] »


Commentaires du texte ci-dessus

• Einhard n'est autre qu'Éginhard (vers 770-840), intellectuel et artiste, auteur de la première biographie de Charlemagne.

• L'auteur de ce texte n'a pas donné d'une façon explicite une estimation de datation. Cependant en écrivant ceci, «L’église du monastère, commandée à l’origine par Einhard, a été conçue comme une basilique à trois nefs. », et en ne remettant pas par la suite cette phrase en question par l'ajout d'une autre phrase du style « Elle date du XIIe siècle » ou « Après avoir été incendiée par les Normands, elle est reconstruite au XIIe siècle », il semble prendre en compte une datation du début du IXe siècle.

• À cela il faut ajouter la phrase «  Une extension de deux travées au nord du transept date du XIe siècle. ». S'il y a eu extension de l'église, cela signifie que l'église est antérieure à cette extension. Et donc antérieure au XIe siècle.


Étude architecturale

L'ouvrage Ouest (image 4) et le collatéral Nord de la nef (image 5) présentent de très belles façades romanes décorées d'arcatures lombardes. Malheureusement, ces belles façades sont en fait néoromanes, datables du XIXe ou XXe siècle : une très belle imitation de l'art roman.

Par contre, la nef (images 6 et 7) est bien d'origine. Il faut cependant tenir compte que l'unicité des décors (impostes identiques) et l'emploi du plâtre cachent les multiples défauts ou travaux de restauration qui ont dû être effectués au cours du temps.

Le transept et le chœur (image 8), de style gothique, datent du XIIIe siècle. Cette disposition (nef préromane, chœur gothique) confirme une idée exprimée à de nombreuses reprises sur ce site : dans une église, le sanctuaire est le corps de bâtiment le plus précieux, à de nombreux points de vue, et donc, le plus exposé à des transformations. En conséquence, il est dans de nombreux cas plus récent que la nef.

Les images 9, 10, 11 et 12, provenant du site « Trésors romans », montrent l'église.

Images 9 et 10. Légende des images : « Au IXe siècle, cette église a été construite selon ce modèle encore simple et sans tours, ...  mais avec un vestibule en forme d’atrium. »

Image 11. Légende de l'image : « Vers 1050, il a reçu une tour de croisée massive ainsi que deux hautes tours ouest. ».

Image 12. Légende de l'image : « Enfin, de 1240 à 1254, le chœur et la tour de croisée ont été considérablement agrandis. ».

Revenons à l'image 9 : nous ne savons pas comment a été déterminée l'existence d'un atrium comme ouvrage Ouest. Des fouilles ? Un document écrit ? Nous sommes seulement un peu surpris. Les vestibules en forme d'atrium existaient bien durant la période romaine, mais il nous semble qu'au début du IXe siècle, et même avant, l'Ouvrage Ouest a pris une dimension plus importante, en tout cas plus importante qu'une simple galerie de circulation. Alors, on a le choix entre deux possibilités : soit cet atrium est le résultat de la « Renaissance Carolingienne » prônée par Éginard ; soit il est nettement plus ancien que le IXe siècle? ... si toutefois cet atrium a bien existé.

Image 10 : sur cette image de l'église du IXe siècle, le transept est représenté haut (c'est-à-dire de même hauteur que la nef) et débordant (plus large que la nef, collatéraux compris). Nous pensons que le transept haut et débordant est le résultat presque ultime d'une évolution du transept. Il a dû se produire vers le XIe siècle. Et donc bien après le IXe siècle. Nous pensons qu'au IXe siècle, soit il n'y avait pas de transept, soit son évolution commençait (rutilation des collatéraux, transept bas, etc.)

Image 11 : nous sommes d'accord avec la datation aux alentours de 1050 en ce qui concerne l'Ouvrage Ouest et ses tours. Nous pensons qu'il y devait y avoir un transept bas : dans le cas contraire, les constructeurs n'auraient pas estimé la nécessité d'en faire un autre deux siècles après.

Image 12 : nous sommes d'accord avec cette évaluation de datation.


Datation

Une grosse partie de la crédibilité des estimations de datation repose sur la fiabilité des documents écrits par Éginard. Pressés de passer à autre chose, nous n'avons pas le temps de les étudier.

S'ils doivent être considérés comme fiables et précis, la datation envisagée pour la basilique d'Einhard de Seligenstadt est : an 825 avec un écart de 25 ans.

S'ils ne le sont pas, la datation envisagée pour la basilique d'Einhard de Seligenstadt est : an 825 avec un écart de 150 ans.