La basilique Sola de Solnhofen  

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette basilique. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

La page du site Internet Solnhofen - Die Welt in Stein consacrée à ce monument, et mieux documentée que celle du site Wikipédia, nous apprend ceci :

« Exploration archéologique

Les fouilles dans la prévôté de Fulda Solnhofen ont été effectuées dans les années 1961 - 1966 et 1974 - 1979.
[...] L’objectif était d’explorer la basilique de Sola et ses bâtiments prédécesseurs. Les différentes époques couvrent une période allant d’environ 650 après JC jusqu’à la démolition de la basilique en 1783. Au cours des fouilles, d’autres traces de peuplement ont été découvertes, datant du Moyen-Âge de la Pierre (environ 8000-500 av. J.-C.), ainsi que des vestiges des époques celtique et romaine.

Sur la base des fondations, cinq églises peuvent être reconstituées. Les deux églises les plus anciennes ont été construites avant l’arrivée de Sola à “Husen” (Solnhofen). La troisième a peut-être été la “maison de prière” de Sola. La quatrième fut la première église du monastère fondée après 794. Le cinquième et dernier bâtiment est la basilique carolingienne à trois nefs avec une crypte et le tombeau de Saint-Sola.

Première église (vers 650) - Église-halle avec double abside vers 650 après JC (sur le plan de l'image 4, traits de couleur bordeaux, légende : vers 650)

La petite église a une nef presque carrée d’environ 9,5 m de long et 7 m de large, ainsi que deux absides adjacentes. Les pierres des fondations sont posées dans de l’argile. Les murs ont probablement été construits en moellons de mortier.

Cette église est jusqu'à présent le représentant le plus au nord d'un type de construction ancien à deux ou trois absides, qui était principalement originaire de Suisse, d'Italie du Nord et de Dalmatie. Il ne se rencontre que sporadiquement dans le sud de l’Allemagne. Les églises par ailleurs bien connues du début du Moyen-Âge dans le sud de l’Allemagne étaient généralement en bois et ont communément un chœur rectangulaire ou semi-circulaire.

Deuxième église (VIIe siècle) - Église-halle allongée avec accès étroit au chœur  (sur le plan de l'image 4, traits de couleur violet, légende : 2e moitié du VIIe siècle)

Cette église est considérablement étendue vers l’est par rapport à la première. Caractéristique est le passage étroit entre la plus grande salle de la congrégation, à l’ouest, et le sanctuaire à l’est, qui n’était accessible qu’au clergé. La salle de réunion pour les fidèles est probablement un cran plus haut en raison du terrain. Le sol des deux chambres est formé par une chape de chaux grise. L’extrémité orientale n’est plus concevable en raison de récents travaux de construction dans l’église : on peut supposer que le chœur se termine par un large rectangle. La séparation structurelle stricte entre l’autel et l’espace paroissial se retrouve dans les premières églises de la région méditerranéenne.


Troisième église (VIIIe siècle) - Probablement l'oratoire de St. Sola (sur le plan de l'image 4, traits de couleur bleu ciel, légende : 2e moitié du VIIIe siècle)

Après les dommages causés par le feu, le mur de séparation entre la paroisse et le sanctuaire est démoli. Plus à l’ouest, des longerons muraux sont tirés à cet effet, réduisant ainsi la taille de la salle de réunion. Dans le cas de cette église aussi, il n’est pas clair si l’extrémité était semi-circulaire ou carrée. Le sol est formé par une chape jaune. Le plâtre mural à l’intérieur est peint (fragments dans les décombres).

Les fouilleurs indiquent des plans d’églises à Mittelzell sur l’île de Reichenau (lac de Constance), à Heidenheim an der Brenz (Bade-Wurtemberg) et à Bad Hersfeld (Hesse), qui étaient dans la sphère d’influence des missionnaires anglo-saxons.


Quatrième église - Église-halle allongée après 795. Probablement la première église du monastère  (sur le plan de l'image 4, traits de couleur verte, légende : après 795)

Cette église est considérablement étendue vers l’Ouest par rapport à l’église 3.

Les longerons muraux de la partie orientale de l’église 3 sont conservés. La zone de l’autel de la troisième église devient apparemment un chœur de moines. De là, le mur Est s’ouvre sur une largeur de 1,5 m dans un chœur rectangulaire fortement rétracté. La question de savoir s’il y a des extensions latérales vers le nord reste ouverte.


Cinquième église - Basilique à trois nefs avec chœur rectangulaire et crypte. 1ère moitié du IXe siècle  (sur le plan de l'image 4 , traits de couleur orange légende : 1ère moitié du IXe siècle)

La basilique atteint une longueur de 28,80 m et une largeur totale de 13,30 m. La nef a deux bas-côtés, chacun avec huit arcades. Une particularité est le changement de colonnes, dans lequel deux groupes de trois colonnes sont encadrés par des piliers. Les trois colonnes avec les piliers d’encadrement à l’ouest du mur d’arcade Nord sont à l’endroit d’origine. Les six colonnes existantes avec des chapiteaux sont des copies. Les originaux font partie de la collection préhistorique de l’État à Munich. À l’extrémité Est de la basilique se trouvent les débuts d’un chœur à trois parties et les vestiges d’une crypte-tunnel. La crypte est environ 2m plus basse que la nef centrale et est accessible par les marches de deux entrées en forme de tunnel (l’entrée sud est recouverte par l’église paroissiale actuelle). Le chœur est environ 0,9 m plus haut que la nef centrale. On peut y accéder par quatre volées d’escaliers. Les plans du chœur et de la crypte montrent des parallèles avec les églises du Petersberg près de Fulda et de Schlüchtern (Spessart), de la première moitié du IXe siècle, qui ont également été construites sous l’influence des abbés de Fulda. »



Commentaires de ces textes

Qui est Saint Sola ? Voici l'explication du site Wikipédia :

« Solnhofen est mentionnée dans la seconde moitié du VIIIe siècle sous le nom de Husen. Charles Martel nomme en 758 saint Sola pour gérer le village. Il a construit un monastère. L'endroit a été nommé plus tard selon son nom. Sa tombe-église est la Sola-Basilique, qu'on peut encore voir aujourd'hui. »

Lorsque nous avons vu que cette basilique avait été fouillée avec grand soin, nous avons espéré que ces fouilles aient permis de dater les vestiges de ce monument.

Cependant certaines conclusions nous gênent un peu. Tout d'abord, on nous apprend que 5 églises successives ont été construites en un même lieu, entre l'an 650 et le début du IXe siècle. Soit en 200 ans. Une église tous les 40 ans ! Sachant qu'une église est construite pour l'éternité, c'est un record ! Mais il y a autre chose. On constate à la lecture du plan que l'orientation Est-Ouest est la même pour les 5 tracés de murs de couleurs différentes. En général, une telle particularité ne se retrouve pas lorsqu'il y a un changement radical d'architecture : on construit une première habitation en suivant une direction donnée. Après sa destruction pour faire une nouvelle église, on n'est pas obligé de reprendre la direction précédente. Certes, on peut le faire … mais 5 fois de suite, c'est quand même un peu gros. Ce que nous voulons dire, c'est que peut-être il n'y a pas eu 5 églises construites successivement en un même lieu, mais 5 incidents de construction sur une seule, voire deux églises successives. Considérons par exemple à partir du plan de l'image 4 les murs en traits vert (IVe église) et les bases de piliers en traits orange (Ve église). Ils se superposent côté Sud et sont décalés côté Nord. Ne pourrait-on pas imaginer que les fondations des murs en traits verts aient constitué la base d'une nef, voire même la base du vaisseau central d'une nef triple ? Ne peut-on envisager que le mur Nord de cette nef ait des faiblesses et qu'on ait décidé de le remplacer en lui accolant les colonnes et les arcs actuels ? On aurait fait la même opération pour le mur Sud, mais cette fois-ci en s'installant sur les fondations anciennes. On comprend bien que dans cette opération, il n'y aurait pas eu construction d'une nouvelle église, mais restauration d'une église ancienne.

On espère que, lors de fouilles, on pourra trouver des artefacts permettant de dater avec une quasi certitude les monuments. Les nouvelles techniques comme la datation au C14 devraient permettre d'y arriver. En effet, les mortiers contiennent souvent de très petites quantités de déchets végétaux qui devraient être exploitables avec les moyens actuels. Mais au moment des fouilles de la basilique Sola de Solnhofen, ces études n'étaient pas encore en œuvre.

Les archéologues ne disposaient que des textes datés de cette période... peut-être même postérieurs à cette période (c'est le cas des Vita qui racontent des vies de saints, souvent très enjolivées – on devrait plutôt écrire « angolivées » – longtemps après le décès de ceux-ci). Ces textes parlaient d'un certain Sola qui avait été envoyé en l'an 758 par Charles Martel pour gérer le village de Husen.

Et aussitôt, la machine intellectuelle se met en marche. Tout tourne autour de saint Sola. D'un coté, on sait qu'il y a eu 5 églises. Saint Sola arrive en 758 dans un village déjà construit où il doit y avoir au moins une église construite auparavant. Il fait construire un petit oratoire : probablement l'église 3 qui date donc de la 2e moitié du VIIIe siècle. Il y a donc eu deux églises successives auparavant. Mais il faut comprendre que l'évangélisation a mis du temps à s'installer dans ces pays reculés. Donc la première église a été construite vers l'an 650. Et la seconde peu après : 1ère moitié du VIIe siècle. Après la 3e église, « La quatrième fut la première église du monastère fondé après 794. Le cinquième et dernier bâtiment est la basilique carolingienne à trois nefs avec une crypte et le tombeau de Saint-Sola. ».

Comme on le pressent, cette interprétation apparaît très arbitraire, plus liée à des convictions qu'à des analyses objectives. Le texte de Wikipédia n'est quant à lui, selon nous, pas plus objectif lorsqu'il annonce sans justification, « La basilique Sola était l’un des bâtiments d’église les plus importants du début du XIe siècle […] La cinquième et dernière église est appelée la basilique Sola proprement dite. La datation de la première moitié du IXe siècle, qui est courante dans les recherches plus anciennes, a maintenant été réfutée. ».

Les élément caractéristiques principaux de cette « cinquième » église sont les suivants : nef à trois vaisseaux charpentés, le vaisseau central étant porté par des colonnes cylindriques, arcs simples reliant les piliers. Cette structure nous semble nettement antérieure au XIe siècle. Il existe des éléments antiquisants comme les colonnes monolithes. Mais cela peut être dû à la « Renaissance carolingienne ». Le fait que les trois absides de la crypte (en fait ce n'est pas seulement la crypte, il devait y avoir un corps de bâtiment, le sanctuaire, à la verticale de la crypte) soient à plan carré est plus surprenant. Nous n'arrivons pas à comprendre ce type de plan de chevet, rare mais que l'on retrouve jusqu'au Sud de l'Espagne.


Datation envisagée pour la basilique Sola de Solnhofen : an 850 avec un écart de 150 ans.



Chargement...