L'église Sainte-Marie-Immaculée de Biburg
Nous n'avons pas visité cette église.
Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages
d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries
d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier
abondamment consulté le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci (extrait) :
«
Histoire
Après que le château de Biburg ait été remis à l’évêque
Otto de Bamberg en 1125 par le comte Heinrich I de
Sittling, son épouse, la bienheureuse Berthe de
Ratzenhofen, et ses fils Konrad et Arbeo en vue de
l’établissement d’un monastère, la construction de
l’église a commencé immédiatement. En 1133 (d’autres
sources rapportent à partir de 1134/35) les travaux sur la
basilique aux piliers romans ont été en grande partie
achevés et l’église a pu être provisoirement consacrée. La
consécration proprement dite en l’honneur de Notre-Dame a
été réalisée en 1140 par les évêques Henri de Ratisbonne
et Egilbert de Bamberg. À peu près à la même époque, le
monastère bénédictin a été élevé au statut d’abbaye sous
l’abbé Eberhard von Sittling und Biburg. Eberhard fut abbé
de l’abbaye de Biburg jusqu’en 1147 et fut ensuite nommé
archevêque de Salzbourg.
Après que Biburg ait été géré à l’origine comme un
monastère double, le couvent des femmes a brûlé en 1278 et
n’a pas été reconstruit. L’église du monastère et le
couvent des hommes n’ont pas été endommagés. Au cours de
son mandat de 1394 à 1407, l’abbé Heidenreich Starzhauser
fit voûter les bas-côtés (à l’origine à toit plat) dans le
style gothique. Sous l’abbé Benedikt Collmann, qui officia
de 1526 à 1550, la même chose se produisit avec la nef
principale et le transept, qui étaient auparavant
également à toit plat. Sur une clé de voûte, on peut lire
l’année 1532, probablement la date de la voûte. En 1555,
les bénédictins ont dû quitter leur monastère à la suite
de la Réforme. [...]
Architecture
Bien que le mobilier d’origine ne soit plus conservé,
l’architecture correspond encore largement à l’état
d’origine de la période romane. L’église est une basilique
à trois nefs orientée à l’Est, construite sur un plan au
sol en croix latine. Les murs non plâtrés révèlent les
blocs taillés de forme parallélépipédique et le tuf
calcaire. [...] »
Commentaire de cette
première partie de texte
Plusieurs observations :
• Le ton donné à ce texte est celui de la certitude. Il n'y
a pas d'ambiguïté : la construction de l'église a débuté peu
après 1125 et s'est achevée vers 1134. Soit une construction
s'étalant sur une dizaine d'années. Il s'agit là d'une
précision que nous n'avons pas rencontrée ailleurs. Nous
aimerions connaître les textes exacts qui permettent
d'assurer la véracité de cette évaluation. Nous avons
cependant quelques doutes. À la date de 1125, nous sommes en
pleine période romane. Les églises sont beaucoup plus
évoluées que celle-ci, tant sur le plan architectural (nefs
voûtées) qu'esthétique (chapiteaux sculptés). Par ailleurs,
l'auteur ne semble pas s'être aperçu que le transept est
postérieur à la nef.
• Nous notons que cette abbaye est double : un monastère
pour les hommes et un autre pour les femmes. Nous avons
rencontré à plusieurs reprises cette particularité et nous
nous demandons si la réflexion ne peut pas être poussée plus
loin. Nous envisageons la situation suivante : ces abbayes
pourraient être des créations royales ou princières. Les
princes, ne pouvant être enterrés dans les églises à cause
de décisions conciliaires, auraient décidé de contourner ces
décisions en créant leurs propres églises à l'intérieur de
leurs propres monastères.
• Les phrases suivantes, « Au
cours de son mandat de 1394 à 1407, l’abbé Heidenreich
Starzhauser fit voûter les bas-côtés (à l’origine à toit
plat) dans le style gothique. Sous l’abbé Benedikt
Collmann, qui officia de 1526 à 1550, la même chose se
produisit avec la nef principale et le transept, qui
étaient auparavant également à toit plat. Sur une clé de
voûte, on peut lire l’année 1532, probablement la date de
la voûte. », confirment ce que nous avons évoqué à
plusieurs reprises sur notre site : de nombreuses nefs,
charpentées à l'origine, ont été voûtées par la suite. Si
nous n'avions pas eu l'information ci-dessus, nous aurions
estimé au vu de l'architecture de l'édifice une nef
préromane charpentée à l'origine. Nous aurions évalué au XIVe
siècle le voûtement des collatéraux et au XVe
siècle le voûtement du vaisseau central (soit une erreur
d'un siècle pour le vaisseau central). Si elle se révèle
exacte, la datation que l'on a ici pourrait permettre
d'affiner de nombreuses autres datations.
Le
fronton Ouest (images 6, 7, 8 et 9)
Les arcatures lombardes soutiennent la bordure d'un toit
préexistant au toit actuel situé au-dessus. Nous ne sommes
pas pour autant certains que ce toit soit celui d'origine.
En effet, l'ensemble formé par les arcades et les sculptures
des images 7, 8 et 9
nous semble postérieur à la nef. Il daterait du XIIe
siècle. Le style de cet ensemble ressemble à celui de
certains édifices situés beaucoup plus au Sud, en Corse,
Sardaigne et Toscane.
Poursuivons la lecture de la page du site Internet Wikipédia
:
« Le portail Ouest
Le portail Ouest remonte à l’époque de la construction de
l’église. Dans le passé, c’était le seul accès à
l’intérieur de l’église pour les personnes qui
n’appartenaient pas au monastère, mais aujourd’hui, il y a
une autre entrée sur le côté Ouest du transept Sud. Sur
les consoles, sur lesquelles reposent les archivoltes,
deux scènes encadrées par des champs circulaires peuvent
être vues sur le côté gauche. Elles montrent le diable
comme un tireur d’élite avec un arc et des flèches, une
représentation typique au Moyen-Âge, qui est également
censée symboliser l’orgueil et l’arrogance, et deux
oiseaux picorant un raisin comme symbole de cupidité. Le
troisième champ circulaire n’a que du feuillage. Les
consoles sur le côté droit sont décorées de ruban tressé.
Les chapiteaux sont sculptés de représentations
figuratives. La sirène sur le côté gauche du portail,
tenant ses deux queues de poisson dans ses mains, est
considérée comme un symbole de plaisir sensuel; les deux
dragons ailés au milieu, soufflant le feu dans des
directions opposées, représentent l’envie. Une figure
difforme avec trois corps et une tête sur le côté gauche à
l’intérieur, ayant placé deux pattes sur son ventre,
symbolise la gourmandise. La tête grimaçante sur le côté
droit du portail à l’intérieur, qui sort la langue loin et
maintient la barbe coquettement vers le haut, est
interprétée comme un symbole de colère (langue) et de
vanité (barbe). Un homme accroupi (au milieu) posant ses
mains sur ses genoux représente l’inertie. Le chapiteau
extérieur à droite a une décoration de feuilles stylisées.
Le tympan est orné d’un bas-relief en pierre du Christ
bénissant. »
Commentaire de cette
seconde partie de texte
Il est facile de reconnaître la description ci-dessus à
partir des images. Ainsi, pour l'image
11, on
identifie de gauche à droite l'archer, les deux oiseaux
picorant la grappe de raisin, le feuillage. Puis la sirène,
les dragons, la figure difforme. Et sur l'image
13, la tête grimaçante, l'homme accroupi, le
feuillage stylisé.
L'interprétation qui nous est donnée de ces images qui
symboliseraient des péchés capitaux (orgueil, arrogance,
cupidité, luxure, envie, gourmandise, colère, vanité,
inertie) nous semble erronée. Nous avons en effet eu
l’occasion de rencontrer certaines de ces représentations
séparément, indépendamment et sans relation avec d'autres.
L'archer situé à l'extrême gauche de l'image
11 fait penser au centaure tirant à l'arc. L'image
des deux oiseaux picorant le raisin est proche de celle des
« oiseaux au canthare » vue un grand nombre de fois. La
sirène aux deux queues (on devrait plutôt dire « le sirène
», le personnage ayant des traits masculins) a été aussi
fréquemment rencontrée de même que les hybrides adossés. Ce
que l'auteur appelle « difformité », à l'extrême droite de
l'image 11,
pourrait être la figure du « monstre dévorant », elle
aussi rencontrée à de nombreuses reprises : la tête aux yeux
globuleux serait celle d'un monstre aux bras terminés par
une fleur et aux pattes de batracien. Ce monstre serait en
train de dévorer, en commençant par la tête, un homme vu de
dos. La représentation du monstre qui « se tire les vers du
nez » est nouvelle pour nous (on ne connaît pas, maintenant
encore, l’origine de l'expression, « tirer les vers du nez »
; il est possible que cette image fournisse un élément de
réponse). Par contre, la représentation de l homme accroupi
a été vue à plusieurs reprises.
Nous avons auparavant envisagé que certaines de ces
représentations sculptées (la sirène à deux queues, l'homme
accroupi) pouvaient s'inspirer de l'image de « l'homme
surgissant des feuillages » visible dans la crypte de
Saint-Bénigne de Dijon. D'autres comme le « monstre dévoreur
» ou le « monstre protecteur » pourraient symboliser les
rapports entre le temporel et le spirituel. Nous avons aussi
constaté que la plupart de ces images (la sirène, les
animaux affrontés ou adossés) se retrouvaient dans
l'héraldique du XVe siècle. D'où l'idée que ces
représentations pourraient être des sortes de signatures :
les familles seigneuriales ayant participé à l'effort de
construction voulaient laisser une trace de leur passage.
Mais ceci n'explique pas tout ! En particulier la pierre
sculptée située à gauche de l'image
11. Les
figures (au nombre de trois) entourées d'un cercle
n’apparaissent pas sur les chapiteaux voisins. De plus, nous
l'avons dit, le chasseur fait penser au centaure chasseur et
les oiseaux aux raisins, aux oiseaux au canthare. Mais ces
représentations sont très éloignées des modèles. Pour avoir
un élément de comparaison, il faut aller beaucoup plus loin,
en Castille, à Quintanilla de las Vinas, où l'on retrouve
certaines caractéristiques, comme les figures entourées d'un
cercle. Il est possible que cette pierre ait été récupérée
d'un monument nettement plus ancien pour être posée à cet
emplacement vers le XIe siècle.
La lecture de la page du site Internet
Wikipédia se poursuit ainsi :
« Intérieur de la nef
La nef, à six travées, se compose d’une nef centrale et de
deux bas-côtés deux fois moins larges, qui ont également
une hauteur nettement inférieure. Les nefs sont séparées
par des arcs en plein cintre, qui reposent sur des piliers
rectangulaires massifs. Les six travées de la nef n’ont
pas la même longueur, les deuxième et cinquième travées
ont été rendues un peu plus étroites et ont donc des arcs
de séparation plus étroits. Les deux bras du transept, qui
ne dépassent que légèrement au-delà de la nef, ont la même
hauteur que la nef centrale.
Le chœur attenant au transept, qui a la même largeur que
la nef centrale, se termine par une abside
semi-circulaire, comme les deux chœurs secondaires qui
prolongent les bas-côtés.
Contrairement à l’architecture romane sont les voûtes
gothiques, qui ont ensuite été installées à la place des
plafonds plats en bois. Vers 1400, les bas-côtés ont reçu
leurs voûtes d'arêtes, de sorte qu’une voûte nervurée en
étoile beaucoup plus élaborée peut être vue dans la
troisième travée de l’Ouest, qui a peut-être été ajoutée
plus tard. Environ 130 ans plus tard, les voûtes en filet
du gothique tardif dans la nef centrale et le transept ont
été installées.
Les fonts baptismaux, en calcaire, datés vers 1200, sont
aujourd’hui le seul témoin du style roman. Ils proviennent
à l’origine de l’ancienne église paroissiale démolie de
Saint-Étienne et sont maintenant logés dans le chœur côté
Sud. Sur un piédestal octogonal trapu, repose un bassin de
coquillages avec une frise circonférentielle en arc
aveugle et un motif de fleur de lys. Sur le couvercle plat
en bois, vous pouvez voir le groupe sculptural baroque du
baptême de Jésus. »
Commentaire de cette
troisième partie de texte
Nous n'avons pas grand-chose à dire sur cette partie de
texte, le principal ayant été dit auparavant. Notons que les
images 15, 16 et 17
font apparaître les différences entre les parties basses des
murs, d'aspect archaïque, et les voûtes, d'aspect nettement
plus évolué.
Les images 18 et 19 révèlent
des détails qui nous semblent d'un grand intérêt. Ainsi, sur
l'image 18,
on remarque que l'absidiole Sud est située dans le
prolongement du collatéral Sud. Et on déduit de l'image
19 qu'il doit en être de même de l'abside et du
collatéral Nord. Nous envisageons donc la situation suivante
: l'église primitive avait un plan de nef à trois vaisseaux
avec trois absides en prolongement des vaisseaux. Le
transept aurait été construit après. Bien sûr, tout cela est
à vérifier sur place.
Les fonts baptismaux
C'est la première fois que nous voyons des fonts baptismaux
décorés de fleurs de lys (image
21). Nous pensons que le décor de fleur de lys (la
fleur de lys n'est probablement pas un objet de décor mais
un symbole) a une origine nettement plus ancienne que le XIVe
siècle. Cependant, dans le cas présent, nous ne sommes pas
certains que la cuve date du XIIe siècle.
Datation
envisagée pour l'église Sainte-Marie-Immaculée de
Biburg : an 750 avec un écart de 200 ans.