La cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Marc de Mittelzell (Île de Reichenau)
L'île
de Reichenau
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette île
nous apprend ceci : « L’île de Reichenau est
une île allemande située sur l'Untersee, partie inférieure
du lac de Constance. Elle est réputée notamment pour
l'abbaye qui s'y trouve.
L'île, d’une longueur de 4,5 km pour une largeur de 1,6
km, totalise une superficie de 4,3 km2. Elle
est donc la plus grande du lac de Constance. Son point le
plus élevé, le Hochwart, se trouve à 438 m d'altitude, 43
m au-dessus du niveau du lac.
Depuis 1838, Reichenau est reliée à la rive orientale du
lac par une digue équipée d’une route.
En 724, Saint Pirmin fonda sur l'île la première abbaye
bénédictine allemande, l'abbaye de Reichenau. Elle fut à
l'origine d'un rayonnement artistique et scientifique
pendant des siècles. Les trois églises, témoignages de
l'architecture monastique du IXe au XIe
siècle, constituent la principale curiosité et l'une des
raisons du classement du site au patrimoine mondial de
l'humanité. [...] »
Commentaire de ce texte
Il faudrait connaître l'énoncé exact de la fondation d'une
communauté bénédictine à Reichenau. Par ailleurs, la
précision (724) donnée à l'année de fondation d'une première
communauté ne doit pas nous induire en erreur. Il y avait
probablement quelque chose à Reichenau avant l'année 724.
Car une abbaye qui est avant tout une communauté humaine (et
non un ensemble de bâtiments) ne se crée pas ex nihilo. Il
faut donc qu'à l'origine il y ait eu quelques bâtiments,
même modestes, voire une chapelle, pour accueillir la
communauté naissante. Cependant, il arrive souvent que dans
les décennies qui suivent la fondation et en fonction des
donations, le rythme des constructions s'accélère. En
particulier celle d'une grande abbatiale.
Les images 1, 2 et 3
présentent cette île. Sur la vue par satellite de l'image
1, on
repère l'emplacement des trois églises mentionnées
ci-dessus. Tout à fait en haut, l'Église des
Saints-Pierre-et-Paul de Niederzell ; au centre de l'image,
marqué par un drapeau rouge, le monastère
Sainte-Marie-et-Saint-Marc de Mittelzell ; en bas de
l'image, marqué par un drapeau bleu, l'Église Saint-Georges
d’Oberzell. L'image 2 est
une vue d'avion de la partie Ouest de l'île. L'image
3 est une vue d'avion de la partie Est de l'île.
La
cathédrale Sainte-Marie-et-Saint-Marc de Mittelzell, de
l'île de Reichenau
Nous n'avons pas visité cette cathédrale. Notre étude de
l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex :
Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté
le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à l'abbaye de
Reichenau nous apprend ceci :
« Histoire
Le monastère est fondé en 724 par l'évêque missionnaire
Saint Pirmin et jouit du soutien des rois carolingiens.
Le premier apogée du monastère se situe à la fin du VIIIe
siècle et au IXe siècle. Waldo (v. 740 - † 814
à Paris), abbé de 786 à 806 (et en même temps évêque de
Bâle), est le fondateur de l'école de Reichenau où
Gottschalk (encore appelé Godescalc) suivit l'enseignement
de maître Talon ou Tatton, moine célèbre par son savoir et
l'éclat de sa vertu, qui occupa à Reichenau les fonctions
de modérateur de l'école.
Heito(Haito) (v. 762 - † 836), abbé de 806 à 823 (et
également évêque de Bâle), est le bâtisseur de la première
basilique de Mittelzell, et Hatton 1er (v. 850
- † 913), abbé de 888 à 891, puis archevêque de Mayence,
construit l'église Saint-Georges d'Oberzell.
La
deuxième grande période de Reichenau se situe à l'époque
des rois ottoniens, vers l'an mil, avec les évêques
“dorés” : Witigovo, abbé de 985-997, Immon (1006-1008) et
Bernon (1008-1048). À cette époque, Reichenau est une
école d'écriture célèbre qui produit les plus belles
enluminures de la Renaissance ottonienne, comme le
Codex d'Egbert et
le Psautier d'Egbert,
ainsi que les fresques de l’église Saint-Georges ou
l'histioriographie du célèbre chroniqueur Herman de
Reichenau († 1054), surnommé Hermann le Contrefait. Une
dernière époque de splendeur de l'abbaye aura lieu pendant
le règne de l'abbé Diethelm de Krenklingen (1169-1206).
Le
Bas Moyen-Âge connaît un rapide déclin du monastère,
malgré plusieurs tentatives de réforme. En 1402, il n'y a
plus que deux moines. [...]
Création légendaire
L'île
Reichenau appartenait au domaine d'un noble nommé Sintlas
qui habitait le château de Sandeck, sur la commune
actuelle du Salenstein, à l'opposé de la rive suisse. De
ce fait, l'île s'est d'abord appelée Sintlas-Au ou
Sindleozesauua.
Quand saint Pirmin arrive à Untersee en 724, Sintlas lui
demande de construire une chapelle dans la région. Pirmin
choisit l'île de Reichenau. Elle était couverte d'une
forêt vierge peuplée de serpents, de crapauds et
d'insectes.
Pirmin fit des miracles : une source jaillit là où il mit
pied sur l'île. La vermine s'enfuit en trois jours en
nageant sur le lac.
Le saint et ses compagnons défrichèrent les lieux pour
rendre l'île habitable puis fondèrent un premier
monastère.
Culture
Le monastère était un des centres culturels et
scientifiques importants des royaumes carolingiens et
ottoniens du Haut Moyen-Âge.
Entre autres, le monastère de Reichenau fut la résidence
de l'abbé Walafrid Strabon qui écrivit en 824 Visio
Wettini,
et en 827, le premier ouvrage de botanique, Liber
de cultura hortorum (“Les
Soins des jardins”).
Le plus important et influent abbé de Reichenbau fut
Hatton 1er,
de 888 à 893. Nommé archevêque de Mayence en 891, il fut
chancelier et conseiller du roi Arnulf de Carinthie.
Hatton accompagne à Rome le roi qui est couronné empereur
par le pape en 895. Il y reçoit des mains du pape Formose
(891-896) les reliques de saint Georges, point de départ
de l'église abbatiale du même nom.
Après le décès d'Arnulf en 809, Hatton devient régent de
l'héritier Louis IV qui meurt à 18 ans en 911. Lui
succèdera, comme roi de Francie orientale, un neveu
d'Arnulf, Conrad 1er. »
Commentaires de ce texte.
On retrouve la date de 724 ainsi que d'autres précisions. On
remarque surtout une absence : celle de la datation des
bâtiments. Loin de nous décevoir, cette absence nous rassure
! En effet, nous sommes habitués à lire des descriptions
d'églises commençant par un historique analogue à celui-ci
(fondation en 724, constuction de Mittelzell par Heito entre
806 et 829, constuction d'Oberzell par Hatton Iervers
890, etc.). Cet historique est suivi d'un paragraphe
intitulé
« architecture » où l'on apprend que l'édifice actuel date
du XIIe siècle. Et ce, sans transition, ni
justification de la disparition d 'édifices antérieurs au
XIIe siècle. En conséquence, nous préférons le
silence à la cacophonie.
Revenons à la date de 724 et à la légende de Saint Pirmin :
« Quand
saint Pirmin arrive à Untersee en 724, Sintlas lui demande
de construire une chapelle dans la région. Pirmin choisit
l'île de Reichenau. Elle était couverte d'une forêt vierge
peuplée de serpents, de crapauds et d'insectes.
Pirmin fit des miracles : une source jaillit là où il mit
pied sur l'île. La vermine s'enfuit en trois jours en
nageant sur le lac.
Le saint et ses compagnons défrichèrent les lieux pour
rendre l'île habitable puis fondèrent un premier
monastère.»
Nous pensons que dans toute légende, il y a un fond de
vérité. Mais à la suite d'une série de transmissions orales,
cette vérité a été déformée et est devenue inaudible.
Comment la rétablir ? Tout d'abord, en remarquant que cette
légende est liée à Saint Pirmin et à la date de l'an 724 de
la fondation présumée du monastère. Cette date de 724 n'est
probablement pas due au simple hasard. Il faudrait donc
retrouver le document qui la mentionne ainsi que le texte le
plus ancien relatant la légende de Saint Pirmin. La légende
nous apprend que Saint Pirmin et ses disciples se sont
installés dans un lieu inhospitalier. Les faits ont été sans
doute démesurément grossis. Mais il ressort de l'ensemble
que, probablement, l'installation de l'an 724 correspond a
un vrai démarrage de l'abbaye. Si, de plus, il y a eu des
aides de la part des souverains, une grande abbatiale aurait
pu être construite moins de 50 ans après. C'est-à dire, peu
avant 775. Bien que postérieure d'une quarantaine d'années,
la construction de cette abbatiale par Heito (806-823) reste
envisageable. Mais là encore, il convient d'étudier le texte
avec attention. Car les textes médiévaux signalant des
constructions sont en général très sybilins et difficiles à
interpréter (construction de l'édifice entier ? Construction
d'une partie de l'édifice ?)
Nous devons aussi accepter qu'il y ait eu plusieurs étapes
de construction. Plus exactement, plusieurs épisodes de
construction. Il faut savoir que la construction initale
d'un édifice dure au maximum 25 ans, car les concepteurs du
projet veulent assister à son inauguration. Mais, par la
suite, le projet conçu initialement peut être modifié. C'est
ce qui se serait passé dans le cas présent. Il y aurait eu,
à l'origine, construction d'une nef à trois vaisseaux
charpentés, piliers rectangulaiires et arcs en plein cintre
à un seul rouleau. Le vaisseau central était prolongé par
une abside semi-circulaire, et, peut-être, à l'Ouest, par
une contre-abside. Selon nous, les deux transepts et le
clocher à l'Ouest auraient été ajoutés plus tard, au XIe
ou XIIe siècle, probablement à des périodes
différentes. La tour (image
6) décorée d'arcatures lombardes semble dater du XIe
siècle.
Datation
envisagée pour la cathédrale
Sainte-Marie-et-Saint-Marc de Mittelzell (Reichenau) : an
775 avec un écart de 150 ans.