L'église Saint-Aurèle d’Hirsau (Calw) 

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette église. Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci (extraits) :

« Histoire

Hirsau était déjà au VIIIe siècle un sanctuaire chrétien du nord de la Forêt Noire grâce à sa chapelle consacrée depuis 765 à Saint Nazaire. L
e Codex Hirsaugensis rapporte la translation des reliques de Saint Aurèle par l'évêque Noting de Verceil à Hirsau en 830. Elles auraient été déposées dans la chapelle Saint-Nazaire, mais on n'en a aucune description.

Erlafried, parent de l'évêque Noting et ancêtre des comtes de Calw, y possédait des terres. Il fit d'abord construire une petite église à nef unique avec le chœur annexé à droite. On ne sait s'il était d'emblée prévu d'établir un monastère bénédictin : il est plus vraisemblable que le sanctuaire s'est développé pour devenir un monastère. Il y eut un premier monastère Saint-Aurèle vers l'an 1000, qui périclita et dont les terres furent redistribuées.


En 1536, dans le cadre de la Réforme, l'abbaye bénédictine fut dissoute et, en 1556, transformée en école luthérienne. Lors d'un siège par les troupes françaises du général Mélac lors de la guerre de succession du Palatinat, l'abbaye a pris feu en 1692. Seule la chapelle Sainte-Marie (Marienkapelle) gothique tardive resta intacte et au début du XVIIIe siècle, elle devint l'église paroissiale luthérienne de Hirsau dont la paroisse fait partie de l Église Évangélique en pays de Wurtemberg. [...] »


Autre description par le site Internet https : //www.klosterhirsau.de/

« Le monastère Aurèle : Le monastère, dédié à Saint Aurèle, a été construit au XIe siècle sur les rives du Nagold. Ici reposaient les reliques de saint Aurèle, transférées d’Italie vers le Nord de la Forêt-Noire. De l’ancien monastère, dont les traces ont presque disparu aujourd’hui, seule l’église Aurelius a été conservée.

Premières traces : Le monastère Aurelius du XIe siècle a formé le noyau du monastère des Saints-Pierre-et-Paul, construit sous les abbés Wilhelm von Hirsau et Gebhard von Urach, qui a fondé la renommée ultérieure de Hirsau. Un premier monastère aurait pu exister dès 830. Cependant, ses bâtiments sont tombés en ruine dans la période suivante et n’ont pas été reconstruits jusqu’au milieu du XIe siècle, lorsque le monastère a été fondé pour la seconde fois. Certaines parties de ce deuxième monastère ont survécu jusqu’à ce jour.

L’église Aurélius : L’église romane Aurelius, construite entre 1059 et 1071, formait le centre du monastère. Elle a été conçue comme une basilique à colonnes, à trois nefs à toit plat avec des allées voûtées et un vestibule. L’église s’élevait au-dessus d’un plan cruciforme et avait une abside, une salle semi-circulaire, possédant un chœur à l’Est de chacun des deux transepts et du chœur principal. L’église a été partiellement démolie au XVIe siècle.


Rénovations au XXe siècle. Aujourd’hui, la nef et les bases des deux tours Ouest existent toujours. À partir de 1954, après d’importantes rénovations, l’église a de nouveau été utilisée comme église catholique. Elle a reçu un nouveau plafond plat à poutres en bois et a été décorée à l’Est d’un relief monumental du sculpteur de Stuttgart Otto Herbert Hajek (image 11). Il a également créé le reliquaire pour les reliques de saint Aurèle rapportées de Zwiefalten et d’autres meubles. Les fenêtres ont été conçues par le peintre verrier du Wurtemberg Wilhelm Geyer. »


Commentaire de ces deux textes

On constate premièrement que les deux textes, sans être totalement contradictoires, sont différents entre eux. Citons-en un exemple. Les phrases, « Le Codex Hirsaugensis rapporte la translation des reliques de Saint Aurèle... en 830 », pour le premier et, « Un premier monastère aurait pu exister dès 830. », pour le second, mentionnent la date de 830 commune aux deux textes. Mais la première phrase amène à penser que le monastère a été créé bien avant l'an 830, car à cette date il était suffisamment florissant pour accueillir des reliques alors que pour la seconde phrase, la création aurait été réalisée à partir de l'an 830.

Le rédacteur du second texte semble négliger une possible ancienneté de certains bâtiments : il ne mentionne pas l'existence d'une église dédiée à Saint-Nazaire citée en 765, et, presque péremptoirement, il affirme que l'église consacrée à Saint Aurèle a été construite au XIe siècle. Sur quels documents s'appuie-t-il pour affirmer que
« Cependant, ses bâtiments sont tombés en ruine dans la période suivante (Xe siècle) et n’ont pas été reconstruits jusqu’au milieu du XIe siècle » ? Il ne nous le dit pas. Nous ignorons de même la provenance de l'information : « L’église romane Aurelius, construite entre 1059 et 1071,...».

Cette datation du milieu du XIe siècle entre en contradiction avec nos propres évaluations fondées sur l'analyse de l'architecture de l'édifice. Nous estimons en effet que sa conception témoigne de l'archaïsme des basiliques chrétiennes primitives. Au milieu du XIe siècle, les constructeurs étaient capables de faire beaucoup mieux avec moins de moyens financiers, car les techniques avaient évolué. La présence de chapiteaux cubiques non décorés relativise cependant l'ancienneté (par rapport au schéma classique directement issu des basiliques romaines – nef à trois vaisseaux charpentés, piliers rectangulaires ou cylindriques, arcs à un rouleau –  l'édifice est un peu moins ancien ;  d'un siècle ?)


Étude de quelques images

Image 1 : On constate les différences de parements du mur septentrional. À gauche, un appareil fait de moellons grossiers avec diverses reprises dont une baie (porte ? fenêtre ?) obturée. À droite, un appareil très régulier probablement effectué durant la période gothique.

Image 2 : Le portail Nord est protégé par un massif linteau en bâtière. Ce type de construction est selon nous préroman.

Image 3 : Vue de l'église Saint-Aurèle en direction de l'Ouest. La façade que l'on voit se trouve, selon nous, à l'emplacement de la séparation entre nef et transept (lequel a été détruit). Les puissants contreforts sont probablement les restes des piliers Ouest de croisée du transept. On note à gauche les restes murés du passage entre le collatéral Sud et le croisillon Sud du transept.

Image 7 : Maquette de l'état au XIIe siècle de la chapelle Aurèle. Seule subsisterait le corps de bâtiment situé entre les trois tours.... avec une toiture réduite à un toit à deux pentes. Cet état au XIIe siècle n'est probablement pas l'état primitif. Nous pensons qu'à l'origine l'église était constituée d'une nef à trois vaisseaux charpentés avec trois absides en prolongement. Le transept aurait été construit ultérieurement en remplacement de deux travées de nef. Les tours de façade auraient aussi été construites ultérieurement.

Images 9 et 10 : Vues des deux collatéraux Observons les tailloirs situés au-dessus des chapiteaux cubiques. Ces tailloirs présentent une excroissance qui ne se situe que du côté du collatéral et non du côté du vaisseau central (images 5 et 6). Cette excroissance qui doit avoir son correspondant sur le mur extérieur devait être destinée à porter quelque chose : un arc ou une poutre en bois. Nous envisageons plutôt une poutre : les collatéraux devaient être recouverts d'un plancher, avec peut-être une galerie de circulation sur ce plancher.

Image 11 : Les sculptures de fond d'abside que nous avons ici ont attiré notre attention par leur aspect archaïsant préroman. Cependant, certains détails, comme par exemple leur emplacement, nous ont fait douter de leur ancienneté. Confirmation nous a été donnée par le second article d'Internet : ce sont des œuvres récentes de Otto Herbert Hajek.

Image 12 : À l'inverse de ce qui est écrit précédemment, et au risque de nous tromper, cette sculpture nous semble ancienne. Elle représente une Vierge à l'Enfant. Cependant un doute surgit : est-ce bien un enfant qui est représenté ici ? Pour les statues analogues du XIVe ou XVe siècle, il n'y a pas d’ambiguïté : c'est bien Jésus présenté en bébé auprès de la Vierge Marie. Mais dans le cas présent, le personnage s'apparenterait à un adolescent vêtu d'une longue robe. Il est assis … sans pour autant qu'il soit sur une chaise ou sur les bras de la Vierge Marie. Celle-ci, le visage tourné vers nous, lui présente un objet (disparu ?) qu'il semble saisir. Nous pensons que cette image, semblable à d'autres vues ailleurs, pourrait être, non une Vierge à l'Enfant, mais une Vierge de l'Assomption présentant aux fidèles, non son Fils, mais l'évêque du lieu, censé la succéder.


Datation envisagée pour l'église Saint-Aurèle d’Hirsau (Calw) : an 850 avec un écart de 150 ans.