L'église Saint-Thomas de Canterbury à Merseburg
Nous n'avons pas visité cette église.
Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages
d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries
d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier
abondamment consulté le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
La construction de l’église de Neumarkt a commencé entre
1173 (année de la canonisation de Thomas Becket) et 1188
(année de la première mention documentaire de l’église
dans un diplôme de Frédéric Ier Barberousse).
Après cela, l’église a été construite en deux phases
successives d’Est en Ouest. Au moins, les parties
orientales étaient déjà utilisées en 1188. [...]
À
l’origine, l’église était une basilique à toit plat, aux
proportions abruptes, avec des colonnes alternées, un
chœur carré avec une abside et deux absidioles latérales
sur le transept ainsi que deux tours aux extrémités
occidentales des bas-côtés. À l’Ouest, l’église possédait
une tribune qui s’ouvrait sur la nef par deux arcades. Les
tours étaient également ouvertes sur les allées latérales
du sous-sol. Lors d’une restauration en 1825/1826, le
bas-côté Nord, l’abside latérale Sud et une sacristie
médiévale sur le côté Sud du parvis du chœur ont été
démolis. Le bas-côté Sud, la tour Sud et l’abside latérale
Nord n’étaient plus conservés à cette époque, probablement
en raison des mauvaises conditions du sol sur les rives de
la Saale. En raison de l’élévation du niveau de la nappe
phréatique, le site a été surélevé de 1,5 à 2 mètres, de
sorte que le bâtiment semble s’être enfoncé.
D’autres
restaurations ont eu lieu en 1912/1913 et après 1945.
L’église a été abandonnée en 1973 en tant que lieu de
culte et utilisée comme entrepôt d’antiquités pour le
département de coordination commerciale de la RDA pour
l'achat de devises étrangères, où de nombreuses œuvres
d’art, en particulier d’églises, ont été vendues. Le
mobilier a été enlevé en 1983 et il n'en reste que des
vestiges à divers endroits. »
Commentaire
du texte ci-dessus
D'emblée, le texte fournit les dates de construction de la
basilique : entre 1173 et 1188 (« La
construction de l’église de Neumarkt a commencé entre 1173
(année de la canonisation de Thomas Becket) et 1188 (année
de la première mention documentaire de l’église dans un
diplôme de Frédéric Ier Barberousse).
»). Une telle précision accompagnée d'un tel ton de
certitude est assez exceptionnel pour nous qui avons étudié
plus de mille édifices. Et, pour tout dire, assez suspect.
Quels sont donc les arguments qui militent en faveur d'une
telle datation ? La datation de 1188 est associée à la
première mention de l'église. Cette mention d'église ne
signifie pas que l'église vient tout juste d'être
construite, mais si on accepte l'idée que la construction a
débuté en 1173, la date de 1188 est plausible pour une fin
de construction. Le problème se ramène donc à la date de
début de construction, qui serait selon l'auteur de 1175.
Celui-ci ne signale pas l'existence d'un document donnant la
date de 1173 pour un début de construction, mais il nous dit
que c'est « année
de la canonisation de Thomas Becket
». Il nous semble que l'auteur du texte a effectué
le rapprochement suivant :
Thomas Beckett est mort assassiné en 1170. Il a été canonisé
en 1173 (seulement trois ans après sa mort). Vu qu'il a été
canonisé, on construit une église en son nom. Et comme
l'église actuelle est dédiée à Saint Thomas de Cantorbery,
cette église a été construite à partir de 1173. Le
raisonnement est excellent. Mais il pèche par un défaut : il
n'est pas nécessaire de construire une église lorsqu'on veut
en dédier une à un saint ; il suffit de changer le nom d'une
église préexistante. Et le cas est, relativement fréquent,
d'église ayant changé de patronyme. Cela peut se faire à
l'occasion d'un transfert de reliques ; le monastère
recueille les restes d'un prestigieux saint, cela attire les
foules. Il y a des révélations de miracles. Et on finit par
remplacer le nom de l'église par le nom du saint. Dans le
cas présent, il y a peut-être une autre explication que les
reliques. Cela pourrait être un acte de géopolitique. Thomas
Becket a été assassiné par des hommes du roi d’Angleterre
Henri II. Il est donc fort possible que des ennemis de ce
roi aient voulu tirer profit de cet acte en lui consacrant
un maximum de publicité.
De toute façon, la date de fin du XIIe siècle ne
peut convenir car, au même moment, des projets beaucoup plus
évolués étaient réalisés pas très loin de là.
À l'origine, le plan de l'église était celui d'une basilique
héritée des romains. Nef à trois vaisseaux charpentés ; les
piliers porteurs du vaisseau central étaient du type mixte
(alternance de piliers rectangulaires de type R0000
et de colonnes cylindriques), les arcs étaient en
plein cintre et à un seul rouleau. Nous pensons que cette
église est bien antérieure à l'an mille. Le transept, haut
et débordant, aurait été inséré plus tard dans la
construction.
Étudions quelques images :
Image 5 : le
portail Nord d'art roman tardif.
Image 6 : détail
du portail précédent ; un piédroit. On remarque le « nœud »
fait dans une colonne.
Image 12 : Les
fonts baptismaux. Ils sont très surprenants et on ne voit
pas quel pouvait être le but de le représenter dans une
cérémonie de baptême. Le thème des arcades est parfois
présent, mais le plus souvent, les arcs sont aveugles
destinés à représenter le Ciel qui accueille l'homme une
fois baptisé. Ici les arcs sont occupés par des saints à
grande taille avec, à califourchon sur leurs épaules, des
saints nettement plus petits. Cela semble représenter une
parole d'un des Pères de l’Église (j'ai oublié son nom) : «
Nous
sommes des nains en comparaison avec les géants qui nous
ont précédés. Mais, juchés sur leurs épaules, nous voyons
plus loin qu'eux. »
Datation
envisagée pour l'église Saint-Thomas de Merseburg :
an 850 avec un écart de 150 ans.