Le Konradsburg de Falkenstein im Harz
Nous n'avons pas visité ce monument.
Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages
d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries
d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier
abondamment consulté le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Le
château de Konradsburg, mentionné pour la première fois en
1021, est un château situé près d’Ermsleben, dans le
district du Harz en Saxe-Anhalt (Allemagne).
Il a été construit pour protéger le domaine du Harz.
Cependant, ni les tours défensives, ni le donjon, ou le
palais ne nous rappellent un complexe de châteaux forts.
Histoire
Après 1120, la famille Konradsburg quitta l'éperon
montagneux qui se trouvait à environ trois kilomètres au
sud d'Ermsleben et à environ huit kilomètres à l’ouest
d'Ascherleben. Elle construisit le château de Falkenstein
dans la vallée de Selke qui s’appela à partir de 1142
seulement Falkensteiner. Un monastère de chanoines
augustins a été fondé sur le Konradsburg. Il a été
converti en monastère bénédictin dès 1133. Il est resté un
centre intellectuel et économique de la région
environnante pendant les siècles suivants. On dit que la
conversion du château en monastère était consécutive à une
expiation pour le meurtre commis par Egeno II de
Konradsburg vers 1080 contre le comte Adalbert II de
Ballenstedt. »
Commentaires de ce texte
À sa lecture, nous éprouvons une grande perplexité. D'une
part, le site même dans lequel se trouve l'église (images
1 et 2) ainsi que l'appellation (Konradsburg) et le
récit nous invitent à penser qu'il y avait là un château.
D'autre part, la reconstitution par une maquette (images
3 et 5) présente une grande église faisant plutôt
penser à un monastère. Par ailleurs, comme le dit le texte,
il n'y a pas trace d'un ouvrage défensif.
Mais cela ne pose pas problème car il arrive – l'exemple est
fréquent – que lors d'un conflit, une citadelle soit prise.
Le vainqueur a alors le choix entre l'occuper s'il a des
effectifs suffisants en hommes pour le faire et la
démanteler s'il n'a pas les moyens de la conserver. Il est
donc fort possible qu'une telle opération ait été effectuée
pour le Konradsburg avec remplacement d'un château fortifié
par une abbaye qui ne l'est pas. Le raisonnement qui suit
est donc logique : à la suite du « meurtre
commis ... contre
le comte Adalbert II de Ballenstedt », «
Egeno II de Konradsburg est contraint de céder son château,
qui est démantelé puis transformé en monastère. Ce
raisonnement est apparemment logique. Mais il n'est pas tout
à fait conforme à la chronologie, car il existe un écart de
40 ans entre le meurtre ayant eu lieu en 1080 et l'abandon
du château par la famille de Konradsburg en 1120. Comme il
arrive souvent, les historiens s'efforcent de reconstituer
l'histoire à partir des seuls documents qui leur restent de
cette histoire et, dans de nombreux cas, les documents qui
auraient été les plus instructifs ont définitivement
disparu.
Les images
3, 5, 6 et 8 permettent de comprendre qu'il
n'existe pas grand-chose de la majestueuse abbatiale
d'origine. Et ce qui reste a très certainement été l'objet
de profondes restaurations qui altèrent la compréhension de
l'édifice. Ainsi, on devine qu'il devait y avoir deux
églises superposées (ou bien une église et sa crypte). Cette
crypte est visible sur les images
10 et 11.
C'est probablement la partie la plus intéressante de
l'église. Mais aussi une partie très difficile à dater car,
bien souvent, les cryptes ont été aménagées à l'intérieur
d'églises construites auparavant. En conséquence, si les
voûtes de ces cryptes sont en général assez récentes (époque
romane), les murs extérieurs peuvent être plus anciens.
Quant aux éléments porteurs des voûtes (bases des colonnes,
colonnes (souvent monolithes), chapiteaux, tailloirs), ils
peuvent avoir été récupérés sur des édifices plus anciens.
C'est ce qui semble avoir été le cas ici. On constate en
effet la disparité des formes et des matériaux.
En ce qui concerne les piliers, certains sont à section
rectangulaire, et d'autres sont des colonnes cylindriques
monolithes. Parmi les colonnes, certaines sont lisses et
d'autres torsadées. Les tailles sont aussi différentes (image 11).
Les chapiteaux et tailloirs sont aussi
différents (images de 12 à
16). Ainsi, le tailloir de l'image
12 a une forme moins évasée que ceux des images
suivantes. Il en est de même pour les chapiteaux dont les
formes diffèrent de peu entre elles. Les décors sont
sensiblement les mêmes, principalement des entrelacs de
feuillage. On devine un masque humain sur les chapiteaux des
images 13 et 14 (mais
il s'agit probablement d'un seul chapiteau vu sous deux
angles différents).
Les images suivantes sont celles de l'église supérieure vue
en direction de l'Est (image
18), du Sud (image
19), de l'Ouest (image
20). La vue la plus intéressante est celle de l'image 19, qui révèle
une structure fort apparentée à celle d'une travée de nef à
trois vaisseaux d'un système lié. Dans un système lié, une
travée de vaisseau central correspond à deux travées des
collatéraux. Dans ce système, il y a souvent alternance
entre des piliers rectangulaires et des colonnes
cylindriques. Dans le cas présent, les piliers à section
rectangulaire sont situés à gauche et à droite. Ils portent
un grand arc. Les deux piliers délimitent l'unique travée de
vaisseau central. L'axe vertical de la colonne située entre
les deux piliers partage l'espace de cette travée en deux
parties ; cela correspond aux deux travées des collatéraux.
Les voûtes d'arêtes de ces travées sont visibles en
arrière-plan.
Datation
Assez paradoxalement, si on se fie à l'examen de la seule
crypte et à ses chapiteaux, on aurait tendance à l'estimer
romane, de peu postérieure à l'an 1000.
Inversement, l'examen de la partie supérieure fait envisager
une nef à trois vaisseaux charpentés, appartenant au système
lié, et de peu antérieure à l’an 1000.
Face à ce dilemme et en tenant compte que les diverses
restaurations peuvent fausser nos analyses, nous proposons
ceci :
Datation envisagée
pour le Konradsburg de Falkenstein im Harz : an 1000 avec un
écart de 75 ans.