L'abbatiale de Steinfeld bei Kall  

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Nous n'avons pas visité cette abbatiale. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat Roman de la collection Zodiaque, écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la lecture.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette abbatiale nous apprend ceci :

« Historique

Bien que les débuts du monastère remontent à environ 920, le premier établissement monastique à Steinfeld eut lieu en 1070, et en 1130, il a été repris par les Prémontrés. Le monastère est devenu un centre ecclésiastique important dans l’Empire allemand et a eu de nombreuses filiales en Europe, par exemple le monastère de Strahov à Prague. En 1184, l’abbaye de Steinfeld obtient le statut d’abbaye.
[...] En 1200, à la demande du comte Henri III de Sayn, une nouvelle convention fut établie selon les règles de l’ordre des Prémontrés, sous l’abbé Erenfried, envoyé au monastère nouvellement fondé de Sayn. [...]

Basilique Saint Potentin, Felicius et Simplicius

La basilique attenante au monastère a été construite par les Prémontrés entre 1142 et 1150 comme l’une des premières églises voûtées allemandes. Elle est dédiée à Saint Potentinus et à ses deux fils, Felicius et Simplicius, dont le reliquaire du XIIIe siècle est maintenant conservé au Louvre à Paris.
[...] La basilique comprend un total de huit travées et six chapelles, dont la chapelle Saint-Étienne et la chapelle Sainte-Ursule. [...]

Saint Potentinus

Potentinus, un noble d'Aquitaine, serait venu à Trèves en tant que pèlerin avec ses fils Felicius et Simplicius au IVe siècle. Maximin, évêque de Trèves, envoya Potentinus à Karden, sur la Moselle, rejoindre Saint Castor, qui venait probablement aussi d’Aquitaine. Ensemble, ils auraient fondé un monastère à Karden, où Potentinus et ses fils vécurent jusqu’à leur mort.

Vers 920, le comte Sibodo de Hochstaden fit transférer les ossements de saint Potentinus et de ses fils de Karden à Steinfeld, où il voulut fonder un couvent bénédictin. En 1097, les chanoines augustins s’emparent du monastère, et en 1138, il rejoint l'ordre des Prémontrés. Les Prémontrés ont commandé le magnifique reliquaire au saint, à qui l’église de leur monastère a également été dédiée.
»


Commentaires de ce texte

Concernant la légende de Saint Potentinus, on pourrait légitimement s'étonner qu'un homme issu de la lointaine Aquitaine soit venu se perdre du côté de la Moselle. Pourtant Potentinus n'est pas la seule personne ayant vécu quelque chose de ce genre. On connaît en particulier le poète latin Ausone, qui a vécu au IVe siècle (de 309 à 395). Ausone était un notable aquitain. Il a écrit un beau poème sur la Moselle. Il peut paraître surprenant qu'un habitant de la région de Bordeaux puisse, non seulement connaître cette région d'Allemagne, mais aussi y posséder probablement une propriété alors que le voyage de l'une à l'autre des deux régions devait être long et pénible malgré le bon état des routes romaines. La distance entre Bordeaux et Trèves est supérieure à 900 kms. À la vitesse de 30 kms par jour, il faut compter au minimum 30 jours d'une route cahoteuse. Nous savons cependant qu'il existait une autre route entre Bordeaux et Trèves : la voie maritime par l'Atlantique et la Manche puis la voie fluviale par le Rhin et la Moselle. La route est beaucoup plus longue (plus de 2000 kms) mais beaucoup plus rapide si on navigue par temps calme et sur un voilier équipé de rames. Ce dernier peut parcourir la distance de 15 kms en une heure, soit 360 kms pour une journée complète. Il faut donc environ 6 jours si on navigue dans des conditions idéales, nettement plus si on est obligé d'accoster dans des ports. En conséquence, ce qui semblait être peu véridique (le voyage en Allemagne d'un homme venu d'Aquitaine) apparaît maintenant plausible. Par ailleurs, ce témoignage n'est pas unique : les échanges épistolaires entre érudits issus de cités fort éloignées entre elles sont relativement fréquents.

La phrase « La basilique attenante au monastère a été construite par les Prémontrés entre 1142 et 1150... » n'est pas assortie d'une explication ou justification. Il est possible que la date de 1142 provienne de la pierre de fondation de l'image 9 : la date de fondation y est marquée sous la forme (MCXLII).

Cette date de 1142 ne correspond pas tout à fait à nos observations sur l’architecture de l'édifice.

Nous pensons en effet que cette église est nettement plus ancienne. L'église primitive n'était pas selon nous voûtée, mais charpentée. Elle aurait été voûtée ultérieurement mais par étapes. D'abord les collatéraux qui ont été voûtés indépendamment (des différences de chapiteaux le prouvent), puis le vaisseau central. Nous pensons que, primitivement, les piliers étaient de type R0000. Du côté des collatéraux, on a ajouté des pilastres de façon à voûter ces collatéraux. Ce faisant, on a transformé les piliers en piliers de type R0100. On a fait de même pour voûter le vaisseau central. Mais cette fois-ci, on a ajouté le pilastre pour un pilier sur deux. Donc un pilier sur deux est devenu de type R0101.

Nous pensons donc que l'église primitive pourrait être plus ancienne que 1142 (d'ailleurs, le texte ci-dessus nous parle de l'existence d'un monastère vers l'an 920.). La date de 1142 pourrait correspondre à une autre construction, par exemple celle du transept, ou celle de l'ouvrage Ouest.


Datation envisagée pour l'abbatiale de Steinfeld bei Kall : an 900 avec un écart de 150 ans.