La Feldkirche de Neuwied
Nous n'avons pas visité cette église.
Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages
d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries
d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier
abondamment consulté le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat
Roman de la collection Zodiaque,
écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire
de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la
lecture.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
Préhistoire et premiers peuplements :
Il n’a pas été prouvé si un lieu de culte pré-chrétien
était déjà situé sur ce site exposé, mais c’est
concevable, car un important site de peuplement de l'ère
glaciaire a été fouillé dans le district de Gönnersdorf
(aujourd’hui partie du district de Feldkirchen (nommé
d’après la Feldkirche), à 1,25 km à vol d’oiseau. Le
site de Gönnersdorf remonte à environ 14 000 av. J.-C.
Les découvertes de peuplement dans les districts
d’Irlich et de Wollendorf prouvent un peuplement continu
dans la région à partir d’environ 2000 av. J.-C.
Au
IIe siècle après J.-C., une importante route
militaire romaine ... passait à seulement quelques
mètres de l’église d’aujourd’hui, du fort romain de
Niederbieber aux Fahrer Lände et plus loin, via le
passage du Rhin jusqu'à Andernach (l’Antunnacum
romain).
Les restes du
limes
germano-rhétique supérieur peuvent encore être vus
aujourd’hui sur la crête au-dessus de la Feldkirche. Par
conséquent, il n’est pas improbable qu’il y avait déjà
un petit lieu de culte chrétien (ädicula)
à Feldkirchen à la fin de l’époque romaine.
Habituellement, un endroit était choisi là où un site
de sacrifice païen existait déjà. Déjà à l’époque de
la migration des peuples, un peuplement relativement
dense a été prouvé dans le voisinage immédiat par des
découvertes de tombes.
Période franque : Les
communautés de Gönnersdorf, Hüllenberg, Wollendorf,
Rodenbach, Faht et Irtich existaient déjà à l’époque de
l'Empire Franc. Elles ont été documentées
archéologiquement par les cimetières ruraux francs depuis
au moins le Ve siècle après J.-C. Loin de ces
colonies, des églises de campagne ont été construites à
cette époque. Elles ont servi d'églises paroissiales pour
un large éventail de villages.
Au commencement de l’histoire de la Feldkirche, qui a été
prouvée par des fouilles, se trouve un bâtiment d’église
mérovingien ou carolingien qui a été construit sur un
cimetière franc. La découverte d'un sarcophage franc en
tuf datant d’environ 750 après J.-C., lors de
l’installation du chauffage en 1931, le prouve. Le
cercueil a été muré dans les fondations de l’église
romane. Lors d'explorations ultérieures, trois autres
tombes paléochrétiennes de la même période ont été
découvertes dans le chœur actuel. Dans le cadre de ces
fouilles, les restes d'un bâtiment en bois ont également
été découverts, dont les résultats suggèrent qu'ils
étaient déjà tombés en ruine au moment du creusement des
tombes. Cela indique l’existence d’une première église
simple, à meneaux en bois, dès le VIIe siècle
après JC, dont l’apparence ne peut plus être reconstituée.
Moyen-Âge : La
légende raconte la fondation de la Feldkirche comme suit.
L'intention initiale était de construire une église en
pierre à Irlich. Cependant, les bœufs des premiers
chariots, chargés de pierres de carrière, auraient refusé
de servir sur le site de l’actuelle Feldkirche. Cela a
ensuite été considéré comme un signe divin pour commencer
la construction à cet endroit.
Les premiers vestiges de murs de pierre, découverts lors
de travaux de restauration après la Seconde Guerre
mondiale, peuvent être datés du Xe siècle. À
cette époque, il s'agissait un simple espace religieux
d’environ 10 m × 6 m. Vers 1100, ce bâtiment fut prolongé
par un chœur rectangulaire.
L’église en pierre d’aujourd’hui a été construite entre
1150 et 1200 et constitue une fondation du monastère
augustinien de Saint-Thomas près d'Andernach, qui avait de
vastes terres de l’autre côté du Rhin, en face du
monastère de Fahr et Gönnersdorf. Elle a été construite à
l’origine comme une basilique à piliers, à toit plat, sans
transept, et a été dédiée à Saint-Martin. Au début du XIIIe
siècle, le chœur et la nef furent voûtés.
La paroisse de “Veltkirgen” est mentionnée pour la
première fois dans un document en 1204. [...]
De 1975 à 1978, l’intérieur a été restauré et peint
à partir des vestiges de la peinture originale du XIIIe
siècle, encore visible sous plusieurs couches de peinture.
[...] »
Commentaires
du texte de Wikipédia
« Déjà
à l’époque de la migration des peuples,...».
Cette phrase, apparemment anodine est significative d'un
point de vue différent entre les historiens allemands et les
historiens français. Ces derniers auraient dit : «
Déjà à l’époque des invasions barbares,... ».
L'expression « invasions
barbares » introduit l'idée d'une période
très agitée et destructrice de monuments alors que « migration
des peuples » est plus modérée. Nous
sommes plutôt partisans de la position allemande. D'autant
que cette période dite des « invasions
barbares » est en général associée à une durée de 6
siècles, de l'an 400 à l'an 1000. Comme si les barbares
n'avaient eu qu'une profession : envahisseurs.
« Loin
de ces colonies, des églises de campagne ont été
construites à cette époque. Elles ont servi d'églises
paroissiales pour un large éventail de villages. ».
L'auteur met l'accent sur ces « églises
de campagne ». Il est bien vrai que cette église
est entourée d'un cimetière qui existait déjà durant le Haut
Moyen-Âge. Mais cette église pose un problème déjà en partie
évoqué par la phrase « Elles
ont servi d'églises paroissiales pour un large éventail de
villages.». En effet, nous avons constaté que les
églises urbaines étaient, pour la plupart, grandes et à
trois vaisseaux alors que les églises rurales étaient en
général de petits oratoires. Cela est d'ailleurs tout à fait
normal : il faut que l'église soit proche des fidèles : en
milieu rural, l'habitat est très dispersé et pour être
proche des fidèles, il faut construire de nombreuses petites
chapelles dispersées sur le territoire. Or, dans le cas
présent, l'église est de taille moyenne. Qui plus est,
l'existence d'une galerie avec triforium
au dessus des collatéraux montre que cette église devait
être au moins en partie utilisée par une classe supérieure
de la population. Et la découverte de sarcophages confirme
ce point de vue. Notre idée est que, au cours de la période
romaine et du Haut Moyen-Âge, les cités fondées par les
romains étaient autonomes et avaient leurs propres systèmes
de défense. Mais afin de veiller à la sécurité des
campagnes, les romains devaient faire appel à des peuples
fédérés. Ceux-ci n'avaient pas le droit d'édifier des
fortifications, mais ils avaient leurs cimetières et
certains camps de peuplement pouvaient avoir pris de
l'importance au point de construire des églises plus grandes
que de simples chapelles.
« La
légende raconte la fondation de la Feldkirche comme suit.
L'intention initiale était de construire une église en
pierre à Irlich. Cependant, les bœufs des premiers
chariots, chargés de pierres de carrière, auraient refusé
de servir sur le site de l’actuelle Feldkirche. Cela a
ensuite été considéré comme un signe divin pour commencer
la construction à cet endroit. ». Nous pensons que
toute légende est issue d'une vraie histoire. Mais la vérité
de l'histoire a été corrigée ou altérée au cours du temps.
En l’occurrence, notre hypothèse est la suivante : les
habitants de Feldkirchen, refusant d'être privés des
matériaux de construction de leur église au profit de celle
de la commune voisine, ont décidé d'arrêter le convoi. Le
processus était simple : il suffisait d'échanger les bœufs.
On a crié au miracle. Le prince qui avait programmé la
construction d'Irlich n'a probablement pas été dupe, mais il
a eu conscience d'une forte opposition de la population à
son projet et il a jugé préférable de montrer qu'il cédait
devant la volonté de Dieu plutôt que devant celle de ses
concitoyens.
Essai de datation
Nous constatons que, dans sa partie inférieure, la nef est à
trois vaisseaux qui, à l'origine, devaient être charpentés.
Les piliers sont de type R0000,
les arcs sont en plein cintre et à un seul rouleau.
Actuellement, le système est « lié » (une travée du vaisseau
central correspond à deux travées des collatéraux). Nous
pensons cependant qu'à l'origine, il ne l'était pas, car
tous les piliers ont la même section carrée. Ces détails
ainsi que l'absence de transept font envisager une haute
ancienneté.
Par contre, l'étage des tribunes aurait fait l'objet d'un
aménagement plus récent : existence de fines colonnettes et
de chapiteaux qu'on ne retrouve pas à l'étage inférieur. De
même le voûtement est plus tardif.
Les fonts baptismaux
(image 12).
L'existence de fonts baptismaux montre l'importance de cette
église. Nous pensons que ceux-ci sont préromans. Leur décor
d'arcades aveugles paraît tout à fait anodin. Après avoir vu
un tel décor sur des sarcophages ou des fonts baptismaux à
de nombreuses reprises, nous pensons qu'il a une valeur
symbolique. Il pourrait représenter les portes d'entrée au
Ciel, à la Jérusalem Céleste.
Datation
envisagée pour la Feldkirche de Neuwied
Première étape de travaux (murs, piliers et arcs du
rez-de-chaussée) : an 800 avec un écart de 150 ans.
Deuxième étape de travaux (tribunes, triforium,
pilastres, voûte sur croisées d'ogives) : an 1200 avec un
écart de 50 ans.