L'ancien palais impérial et la Saalkirche d'Ingelheim
Nous n'avons pas visité ce site. Notre
étude de ces édifices s'est inspirée de pages d'Internet (ex
: Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté
le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat
Roman de la collection Zodiaque,
écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire
de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la
lecture.
Le palais impérial
d'Ingelheim
La page du site Internet Wikipédia qui lui est consacrée
nous apprend ceci :
« Le palais impérial
d'Ingelheim est un palais royal de la seconde
moitié du VIIIe siècle, qui a servi de
résidence temporaire aux souverains germaniques jusqu'au
XIe siècle. Ce complexe palatal se trouve dans
Nieder-Ingelheim, 15 km à l'ouest de Mayence, sur la
parcelle Im Saal, sur un coteau surplombant la plaine du
Rhin. De ce château, il ne subsiste que d'imposantes
ruines ; mais la plus grande partie des locaux est
souterraine. Les fouilles archéologiques ont permis de
reconstituer en grande partie l'édifice.
Historique : Haut Moyen-Âge.
L'emprise du château se trouve à 500 m environ au dessus
du village de Nieder-Ingelheim et son église Saint-Rémi,
où se trouvait un château des rois mérovingiens. Il y
avait à l'époque franque plusieurs fermes à la place du
village d'Ingelheim, avec leurs cimetières respectifs :
elles ont été annexées au domaine royal au VIIIe
siècle.
Les
sources écrites mentionnent Ingelheim dès 742-743 : cet
hiver-là, Carloman fit donation au nouveau diocèse de
Wurtzbourg de l'église Saint-Rémi de Nieder-Ingelheim,
ainsi que de 25 autres églises et chapelles. Ingelheim se
trouvait alors au cœur du royaume des Francs : c'était un
fief de la Couronne important, puisqu'il se trouvait à
proximité immédiate de la ville de Mayence.
La
présence de Charlemagne à Ingelheim est attestée une
première fois en septembre 774. Il y effectua une brève
étape au retour de l'invasion du Royaume Lombard dans le
Nord de l'Italie, où il s'était fait couronner roi des
Lombards. Puis à partir de l'hiver 787, il séjourna de
nouveau à Ingelheim, cette fois pour une plus longue durée
: il y passa Noël et ne quitta le château qu'au début de
l'été 788. Au mois de juin 788, en effet, Charlemagne
convoquait le grand ban pour juger le duc Tassilon III de
Bavière, condamné à mort pour trahison (ce dernier sera
finalement gracié par Charlemagne et relégué à vie dans un
monastère). La durée et l'importance historique de ce
séjour, le fait que le souverain franc y ait passé les
fêtes de Noël et de Pâques, suffisent à montrer
l'importance de cette forteresse, qui pouvait être
approvisionnée par les fermes voisines. Nous apprenons par
la Vita Karoli Magni d'Eginhard
que Charlemagne a effectivement fait construire un
palatium à Ingelheim, car le biographe considère la
construction de deux grands châteaux, l'un à Ingelheim et
l'autre à Nimègue, comme les plus grands accomplissements
architecturaux de Charlemagne, juste après l'érection de
la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle et le pont
franchissant le Rhin à Mayence. Toutefois, Eginhard dit
tout aussi clairement que le chantier du château n'en
était encore qu'à ses débuts (inchoavit) à
la mort de Charlemagne. Du reste, après le séjour de
787-788, le roi des Francs cessa de prendre ses quartiers
d'hiver au palais d’Ingelheim ; il faudra attendre le mois
d'août 807 pour que Charlemagne convoque, une ultime fois,
le ban à Ingelheim : Aix-la-Chapelle était désormais sa
résidence favorite.
Son
fils Louis le Pieux résida beaucoup plus souvent à
Ingelheim : de 817 à 840, il s'y rendit sept fois. Il y
convoqua cinq fois le ban de l'empire, y reçut
solennellement quatre ambassades et y tint au moins un
synode. Au cours du seul été 826, il y eut même deux bans
à Ingelheim (en juin et en octobre). Ces assemblées
marquent l’apogée de son règne : lors de la première, un
roi déposé par ses barons et chassé de ses terres, le Dane
Herold, qui avait fait allégeance aux Francs dès 814, en
appela à Louis pour reconquérir son trône. À cette
occasion, il se fit baptiser avec sa famille et toute sa
cour dans l’Abbaye Saint-Alban devant Mayence. Le moine
aquitain Ermold le Noir fait de la description du palais
d'Ingelheim, qui accompagne le récit du baptême du roi
Harald (826), le point d'orgue de son panégyrique de Louis
le Pieux (826-28). [...] Les
Carolingiens postérieurs n'ont résidé à eux tous, de façon
certaine, qu'à sept reprises à Ingelheim. »
Image 1. L'ancien
palais impérial et la Saalkirche d'Ingelheim : vue par
satellite. Le tracé du palais impérial a été inscrit sur le
dallage des rues. Il apparaît en blanc sur fond gris.
Image 2. Maquette
de l'ancien palais impérial. On reconnaît au premier plan
l'exèdre (bâtiment en forme de demi-cercle prolongé sur la
droite par une aile de forme rectiligne). Légèrement à
droite du centre de l'exèdre, la chapelle triconque. Sur le
terrain vague, à gauche, en fond d'exèdre, la Saalkirche n'a
pas encore été construite. Le bâtiment au fond à gauche est
l'Aula Regia.
Commentaires
du texte de Wikipédia
Ce texte de Wikipédia dont nous reproduisons de larges
extraits peut éventuellement être considéré comme
rébarbatif. Nous l'avons choisi parce qu'il est révélateur
plus de l'histoire de la période, dite carolingienne, que de
celle d'un monument aussi important soit-il. Son principal
intérêt est de raconter des faits bruts alors que dans bien
des cas, les historiens ont tendance à interpréter, «
Charlemagne avait envie de... », « Dans
ces temps troublés... » .
Nous découvrons ainsi au travers de ce texte les liens
étroits qui existaient entre le temporel et le spirituel,
liens que les historiens ont eu, dans un passé récent,
tendance à négliger en privilégiant soit le temporel
(guerres, héritages, mariages,, châteaux), soit le spirituel
(conciles, hérésies, monastères).
Parmi les renseignements que l'on peut extraire de ce texte,
on a le suivant : Ingelheim est à peu de distance de Mayence
(21 km). Et si on poursuit la liste des palais impériaux, on
constate que Samoussy n'est qu'à 8 km de Laon,
Aix-la-Chapelle n'est qu'à 78 km de Cologne, et encore moins
de Maastricht (33km). On constate donc tout d'abord que ces
palais impériaux ne sont pas situés à l'intérieur de grandes
villes comme Cologne, Maastricht, Mayence ou Laon, mais à
l'écart de ces villes. En fait, tout se passe comme si le
les rois, empereurs ou comtes, ne contrôlaient pas un
territoire bien délimité, un pays, mais un peuple déterminé
à l'intérieur de ce territoire. En particulier, ils ne
devaient pas contrôler les villes (plus exactement les cités
qui devaient être organisées selon le modèle de la ville de
Rome). Le modèle auquel on pense est celui des cités-états
italiennes dont certaines ont subsisté jusqu'au XIXe
siècle. Mais avec en plus dans les territoires entourant ces
cités ou dans des quartiers qui leur étaient réservés, des
peuples divers (francs, saxons, thuringiens, etc.). Nous
pensions que ce modèle avait disparu avant l'avènement des
rois dits « carolingiens » qui auraient pris le contrôle de
l'ensemble des territoires en France, en Allemagne et en
Italie du Nord. Nous en sommes à présent moins sûrs.
Poursuivons la lecture du texte de Wikipédia :
«
Architecture
carolingienne du palais
Les fermes mérovingiennes du VIIe siècle ont
été rasées pour permettre la construction du palais dans
le dernier quart du VIIIe siècle. Le palais
primitif n'occupait qu'une surface de 145 m x 110 m, sur
une terrasse située à trois kilomètres de la rive sud du
Rhin. Dès l'époque carolingienne, il comportait une salle
du trône (Aula Regia) de
40,5 m x 16,5 m, reprenant les canons des basiliques
antiques avec une exèdre, détails qui suffisent à
caractériser le plan du palais. La forme et l’ordonnance
de l'édifice laissent deviner un plan intentionnel, qui ne
fut toutefois mené à son terme, comme l'indiquent les
fouilles archéologiques, qu'au XIe siècle.
[...]
L’exèdre
avait un diamètre de 89 m, possédait au moins deux niveaux
et était flanqué à l’extérieur de six tours rondes, qui
ont abrité des conduites d'eau chauffée ; mais ces tours
avaient aussi une importante fonction politique : vu de
l’extérieur, elles magnifiaient le palais et lui donnaient
un aspect d'ouvrage défensif. L’exèdre embrasse toute la
largeur de l'édifice. Pour l'architecture du Haut
Moyen-Âge, Ingelheim est, avec le palais
de Samoussy (France)
(lire les commentaires ci-dessous),
le seul exemple de voûte en cul-de-four. L'intérieur était
divisé par des murs rayonnants en six ou sept salles,
auxquelles on accédait par une colonnade. Au fond de
l’exèdre, il y avait à l’époque carolingienne une baie,
dite “Porte de Heidesheim”. [...]
C'est
là, dans le noyau primitif du château, que lors des
fouilles de 2004, au dégagea la chapelle carolingienne :
jusque-là, on ne savait pas avec certitude laquelle des
églises servait de lieu de culte à l’époque carolingienne.
L’architecture du palais carolingien d’Ingelheim reprend
de nombreux motifs d’architecture antique : on le voit au
plan des principaux édifices comme la salle du trône,
l’exèdre ou le plan trifolié de la chapelle. Même le plan
d'ensemble ou la position relative des différents édifices
rappelle les villas et les palais romains.
Évolution au Moyen-Âge :
Ingelheim retrouve la faveur des monarques allemands sous
le règne des Ottoniens. Othon Ier a par exemple
résidé à dix reprises au moins à Ingelheim : cela fait
autant de séjours qu'au palais d'Aix-la-Chapelle.
Au
mois de juin 948, il y eut à Ingelheim un important synode
destiné à résoudre le schisme né de la lutte pour la
chaire de l'Archevêché de Reims. [...]
Il
y eut ensuite d'autres synodes d'empire : 958, 972, 980,
993 et 996. Sous le bref règne d'Othon II, deux Pâques y
furent célébrées (en 977 et 980) ainsi qu'un synode (980)
; mais Othon III est encore l'empereur qui a le plus
résidé dans ce palais. [...]
À
partir de 994, le règne personnel d'Othon III commence et
le palais d'Aix-la-Chapelle prend de nouveau la préséance.
Sous
le règne des Ottoniens, le palais d'Ingelheim aura été,
après Quedlimbourg et Aix-la-Chapelle, l'un des séjours
favoris de la cour pour la célébration des fêtes de
Pâques, qui était à cette époque l'une des fêtes
liturgiques les plus importantes, car les souverains
profitaient de cette occasion pour y manifester leur
puissance et leur richesse.
L'examen
des vestiges archéologiques du site laisse deviner
d'importants travaux de réparation ainsi qu'une légère
modification du palais au Xe siècle : une
chapelle, la Saalkirche,
a été ajoutée à l'est de la salle du trône ; c'était une
église à transept possédant une seule nef. Son nom lui
vient de la parcelle (Im Saal) où
elle a été dressée. Elle est nettement plus grande que les
édifices religieux qui l'ont précédée sur le site.
Au
XIe siècle et au début du XIIe
siècle, il n'y eut plus, selon les sources écrites, que
des séjours isolés de la cour dans ce palais. »
Retour à un passage du texte de
Wikipédia :
« Pour
l'architecture du haut Moyen Âge, Ingelheim est, avec le
palais de Samoussy (France), le seul exemple de voûte en
cul-de-four. ».
Ce passage a été pour nous une très grosse surprise car nous
ignorions qu'il y avait eu un palais impérial à Samoussy.
Nous ignorions même l'existence de ce village de 383
habitants. Lorsque nous aborderons l'étude du département de
l'Aisne, nous essaierons de consacrer une page à son
histoire. Mais nous ne sommes pas certains de pouvoir dire
grand chose. Car dès que nous avons lu la phrase ci-dessus,
nous avons essayé de voir « le
seul exemple de voûte en cul-de-four ». Cette
voûte en cul-de-four, nous ne l'avons pas vue dans les
images que nous avons du palais impérial. Il y a bien des
absides à plan semi-circulaire, mais rien ne prouve qu'il y
ait eu des voûtes sur ces absides. Et si tel est le cas,
quelle était la structure de ces voûtes (en bois ? En béton
? En pierre appareillée ?). Il était donc important pour
nous d'aller voir celle de Samoussy.
Et là ! Surprise ! Rien !
Pas de voûte ! Pas de mur ! Pas de palais impérial !
En fait, ce n'est pas tout à fait vrai. Voici un extrait
d'une page d'Internet intitulée Information
Presse Aisne : « Suite
à la (re)découverte des vestiges présumés du palais
carolingien de Samoussy, un chantier de fouilles
programmées se déroule jusqu’au 24 juin 2022 afin de mieux
comprendre ce site majeur de l'Aisne pour le Haut Moyen-
Âge. La commune de Samoussy est reconnue pour avoir été le
siège d’une résidence royale et impériale de la dynastie
carolingienne au cours des VIIIe – IXe
siècles. En 1917, à l’appui de données textuelles,
l’archéologue allemand Georg Weise entreprit des fouilles
au cœur du bourg. Les vestiges mis au jour ont été
interprétés comme les fondations du palais carolingien et
publiés en 1923. Un siècle après, plusieurs opérations
archéologiques ont été menées par le service archéologique
du Département. Ces opérations récentes, relevant de
l’archéologie dite “préventive”, ont été réalisées
préalablement à des projets de construction de pavillon.
Malgré de petites surfaces, elles ont permis de confirmer
la présence des vestiges bien conservés de l’époque
carolingienne, qui sont supposés être en lien avec ceux
observés par l’archéologue allemand au début du XXesiècle,
mais également de révéler des vestiges d’époque antique.
[...] En
France, la question des palais pour l’époque carolingienne
manque de données. Les mentions de lieux de résidences
sont abondantes mais rares sont les sites fouillés qui
permettent d’apprécier la réalité matérielle des
constructions liées au pouvoir carolingien. »
Une autre page extraite du site
france3-regions.francetvinfos.fr complète
l'information (extraits) : « En
1917, pendant la Première Guerre mondiale, un archéologue
allemand Georg Weise va entreprendre des fouilles en
s'appuyant sur des sources écrites. Les résultats de ces
premières recherches publiées en 1923 ont conforté
l'hypothèse d'un palais carolingien à Samoussy, une
commune située à 8 kilomètres de Laon. [...] “
La tranchée pour l'instant ouverte ne donne pas les
résultats escomptés. Peut-être faut-il positionner
autrement le palais, peut-être Weise, qui a du fuir devant
l'armée française, s'est-il trompé sur des relevés établis
de mémoire ?
”, s'interroge l'archéologue Gilles Desplanques.
»
Une information
exceptionnelle, stupéfiante ! Entendons-nous bien !
Ce ne sont pas les découvertes archéologiques qui seraient
exceptionnelles – elles seraient mêmes décevantes si l'on en
juge par le dernier paragraphe – mais l'information qui nous
est donnée. Le site, bien connu auparavant, n'a pas été
fouillé durant le XIXe siècle. En 1917, en pleine
guerre mondiale, et alors qu'en Allemagne on commence à
envisager la défaite, un archéologue allemand vient faire
des fouilles dans un territoire qui vient d'être conquis sur
la France. Contraint par l'avancée française d'abandonner
ses fouilles, il rédige 6 ans après un mémoire qui ne
correspond pas tout à fait aux résultats obtenus en 2022 –
très probablement c'est lui qui a consigné l'existence d'une
voûte en cul-de-four –. Il faut attendre plus d'une centaine
d'années pour que les fouilles soient reprises. Et il s'agit
de fouilles de sauvegarde !
Mais enfin ! pourquoi ? Pourquoi,
en pleine guerre, alors que la nation allemande avait autre
chose à penser qu'à des fouilles archéologiques, l'état
allemand a-t-il accepté de financer de telles fouilles dont
le résultat, si l'on en juge par ce qu'il est dit
actuellement, devait être décevant (semble-t-il pas de
découverte majeure, pas de trésor caché) ? La raison, nous
pensons la connaître : en fouillant un palais impérial
carolingien, les archéologues et leurs commanditaires
voulaient prouver que Samoussy était la possession d'un
souverain carolingien, donc allemand. En conséquence,
Samoussy était une terre allemande et il en était de même de
la ville de Laon toute proche, et pourquoi pas de tout le
département de l'Aisne. Le même type d'argument expliquerait
pourquoi le site de Samoussy n'a pas été fouillé pendant
deux siècles (mais dans ce cas, il y a une autre raison : ce
site ne présente que peu d'intérêt).
Il faut bien comprendre qu'un tel discours (« Samoussy
a été un palais impérial carolingien donc Samoussy et le
territoire qui l'entoure appartiennent à l'Allemagne
») n'a aucune valeur historique. C'est un discours de nature
historiologique qui peut être facilement contré. C'est à
cause de discours de ce type que nous militons pour une
approche historionomique.
Datation envisagée
pour l'ancien palais impérial d'Ingelheim : an 800 avec un
écart de 100 ans.
La Saalkirche
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« L’église-halle
protestante préromane est la deuxième ou troisième plus
ancienne église d'Ingelheim am Rhein.
Le nom ne dérive pas du fait qu’il s’agit d’une
église-halle, mais plutôt de l’emplacement de l'église
dans la zone appelée “Saal”,
dans le quartier de Nieder-Ingelheim, où se trouvait le
palais impérial d’Ingelheim.
Architecture : L’église
est un bâtiment à nef unique en forme de croix latine.
L'abside est flanquée au nord et au sud de deux tours
étroites. La tour principale actuelle a été construite en
1861. Aujourd’hui, l’église est plâtrée en deux couleurs à
l’extérieur. Le plâtre rouge est utilisé pour mettre en
évidence la masse de construction de la période
ottonienne. Il convient de noter la représentation d’un
agneau battu par un lion le combattant, du côté sud de
l’abside (image
20).
Histoire : Bien que
le palais impérial d’Ingelheim ait une petite chapelle de
palais sous le patronage de Saint-Pierre, le centre
spirituel était l'église Saint-Rémi à proximité, en
particulier pour les grandes fêtes ou le synode de 948.
Pendant
longtemps, l’église actuelle a été considérée comme
identique à la chapelle Saint-Pierre, qui appartenait au
palais impérial. Cependant, grâce à des découvertes de
poteries de Pingsford dans le sol, on a pu prouver que le
bâtiment actuel devait avoir été construit après 900,
c’est-à-dire sous la domination ottonienne.
Selon
des recherches récentes, la raison réelle de la
construction d’une église représentative dans la zone du
palais impérial était la manifestation des soi-disant
couronnements festifs au Xe siècle. Deux
bâtiments sacrés étaient nécessaires pour cet événement,
ce qui rendait impératif la construction d’un nouveau
bâtiment. L’église a reçu sa forme actuelle au milieu du
XIIe siècle, sous Barberousse. »
Datation de la Saalkirche
Il nous est difficile de proposer une datation pour cette
église que nous connaissons mal : certaines vues présentent
une nef unique et d'autres une nef triple ; laquelle des
représentations est la bonne ? Le transept haut comme ici
semble avoir été généralisé au XIe siècle mais il
serait apparu au Xe siècle.
Datation envisagée
pour la Saalkirche d'Ingelheim : an 1000 avec un écart de
100 ans.
Image 21. Ce très
beau bas-relief est selon nous préroman, mais nous hésitons
sur la date. La scène, énigmatique, a été vue à plusieurs
reprises sur ce site. Cette scène décrit probablement une
histoire, un mythe germanique : un cheval aile (peut-être
une représentation du cheval solaire des cultures celtiques)
poursuit un lion dont la queue s'enroule en spirale (il ne
s'agit pas d'un lion à queue feuillue dont la représentation
est différente). Un être hybride à arrière-train de cheval
et ailes d'oiseau, recroquevillé sous le cheval, semble
dévorer ses parties génitales. La scène est entourée de
pampres de vigne à larges feuilles étalées et de grappes de
raisins.