L'église Notre-Dame de Coblence 

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Nous n'avons pas visité cette église. Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat Roman de la collection Zodiaque, écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la lecture.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Un bâtiment prédécesseur de l’église Notre-Dame, du Ve siècle, a été construit sur une salle antique tardive de l’époque de l’empereur Valentinien 1 (364-375). Dans les murs de cet édifice romain, les Francs, venus à Coblence à cette époque, installèrent un lieu de culte chrétien. Grâce aux fondations, cette église a subi plusieurs rénovations et agrandissements.


Vers 1180/1185, à l’époque du prêtre Saulinus, mentionné en 1182, la planification et la construction d’une basilique à piliers du roman tardif, sans transept, avec galeries, a commencé. Elle a été achevée vers 1205. L’église, construite dans le style roman tardif ou de transition rhénan, a été conçue dès l'origine avec le bâtiment occidental à deux tours, à partir duquel les galeries de la nef étaient également accessibles. [...]

Des modifications ont été apportées au cours de la construction. Celles-ci ont commencé dans la seconde moitié des années 80 du XIIe siècle avec la construction du chœur Est. Cette structure de trois étages était plus haute que la nef, que l’on peut encore voir aujourd’hui dans les différents emplacements des galeries. Des ajustements ont été apportés à la nef, en particulier une augmentation de la claire-voie 1. Parallèlement à cela, la décision de voûter la nef centrale était associée. Comme cela n’était pas prévu initialement, des gabarits muraux 2 n’ont été installés qu’au-dessus des galeries pour répartir la charge de la voûte. Alors que les données dendrochronologiques 3 montrent que les toits des bas-côtés et des côtés du chœur ont été ouverts en 1199, la construction de la voûte dans la nef centrale et dans le chœur Est n’a probablement eu lieu qu’après l’an 1200. Comme la nef était plus haute que prévu, les tours Ouest ont été dotées d’un cinquième étage après l’an 1200. Peu après l’an 1200, les allées latérales du rez-de-chaussée recevaient encore leurs fenêtres en éventail.

À la fin de la période gothique, l’église Notre-Dame a subi des changements et des agrandissements importants. Au début du XVe siècle, l'abside principale a été démolie et de 1404 à 1430, le long chœur gothique tardif actuel a été ajouté au chœur roman selon les plans de Johannès von Spey. [...] »

Note 1 : La claire-voie est une série de fenêtres placées en haut du vaisseau principal de la nef de l'église et l'éclairant directement.

Note 2 : Les « gabarits muraux ». Dans le texte primitif, écrit en allemand et obtenu en français par traduction automatique, le mot était « Wandvorlagen », dont la traduction est bien « modèles de mur » ou « gabarits de mur ». Mais ce mot ne correspond pas au contexte de la phrase : on ne place pas un modèle sur une galerie. Par contre, il existe un modèle de construction consistant à introduire dans une paroi (dans le cas présent, le pan de mur situé au-dessus de la galerie) une console supportant un pilastre portant un arc doubleau, lequel porte à son tour la voûte. C'est sans doute ce que l'auteur a voulu exprimer avec le terme « Wandvorlagen » que nous hésitons à traduire par « consoles-pilastres de mur ».

Note 3 : Les données dendrochronologiques fournissent des renseignements qui peuvent se révéler, comme ici, très intéressants (ils fournissent la date de 1199) mais ils ne doivent pas être exclusifs. En particulier de toute réflexion. La recherche en dendrochronologie permet de dater avec précision quand un arbre a été coupé pour être utilisé, par exemple, comme poutre. Mais on ne peut pas préciser quand la poutre a été posée. C'est-à-dire quand le bâtiment qui supporte la poutre a été construit. Cela peut être contemporain à la coupe. Mais cela a pu aussi se passer plusieurs siècles auparavant (dans le cas d'un changement de toiture) ou plusieurs siècles après (réutilisation d'une poutre ancienne dans un bâtiment neuf).


Commentaires sur ce texte

On retrouve dans ce texte certains des poncifs rencontrés auparavant : existence d'un édifice antérieur à l'an mille (« Dans les murs de cet édifice romain, les Francs, venus à Coblence à cette époque, installèrent un lieu de culte chrétien. ») mais ce n'est pas la construction que l'on voit, … puisque l'église est du XIIe siècle (« Vers 1180/1185, ... la planification et la construction d’une basilique ... a commencé Elle a été achevée vers 1205. »).

Mais ce texte est plus révélateur encore par rapport à ceux rencontrés auparavant. Dans la page écrite précédemment, nous avons décrit l'attitude des historiens de l'art consistant à refuser d'envisager des modifications postérieures à la construction si ces modifications ne sont pas documentées par un texte écrit. C'est ce qui se passe dans le cas présent : après avoir affirmé que la construction de l'église avait commencé vers 1180/1185, l'auteur du texte de Wikipédia nous apprend ceci : « Des modifications ont été apportées au cours de la construction..... » . Et, tout au long du même paragraphe, il décrit toute une série de modifications du plan initial. Les travaux se poursuivent selon lui après l'an 1200... mais avant 1205, car l'église « a été achevée vers 1205 ». Que conclure de cela ? Que les architectes du Moyen-Âge étaient des imbéciles ? Qu'ils étaient incapables de prévoir avec un tant soit peu d'avance qu'ils devaient voûter une église ? En conclure aussi que les donneurs de fonds étaient, eux, d'une grande docilité ?  « Maintenant qu'on a construit la nef, on va construire le chœur. – D'accord ! – Mais le chœur, on va le faire plus haut que la nef ! – Encore d'accord ! – Mais maintenant qu'on a construit le chœur, la nef est plus basse. Il faut la surélever – Pas de problème ! On est là pour payer ! » . Soyons donc sérieux et acceptons le fait que, si la construction initiale s'est faite en moins de 20 ans, les modifications ultérieures du plan initial ont pu s'étaler sur des siècles et non une trentaine d'années.

Il n'empêche que, dans la mesure où nous acceptons ce fait, le texte de Wikipédia se révèle très instructif.

Ainsi examinons le passage : « Dans les murs de cet édifice romain, les Francs, venus à Coblence à cette époque, installèrent un lieu de culte chrétien. Grâce aux fondations, cette église a subi plusieurs rénovations et agrandissements. » Très probablement au cours de fouilles, l'existence de fondations d'un lieu de culte chrétien antérieur à l'an mille a été prouvée. De quand date-il exactement ? Nous l'ignorons. Mais l'expression « Grâce aux fondations » (de ce lieu de culte)  nous amène à penser que l'église actuelle est construite exactement sur ces fondations. Si c'est bien le cas, la datation de l'église actuelle n'est certainement pas le XIIe siècle, mais celle du lieu de culte construit par les Francs. En effet, nous estimons que la datation d'un édifice doit se baser sur l'élaboration du premier plan de construction. Or ce premier plan est celui des fondations.

Une autre partie de texte est aussi révélatrice : « Celles-ci ont commencé dans la seconde moitié des années 80 du XIIe siècle avec la construction du chœur Est. Cette structure de trois étages était plus haute que la nef, que l’on peut encore voir aujourd’hui dans les différents emplacements des galeries. Des ajustements ont été apportés à la nef, en particulier une augmentation de la claire-voie ». En fait, on a du mal à comprendre cette partie à cause des contradictions qu'elle suscite. Selon l'auteur, en effet, les travaux auraient commencé par le chœur qui s'est révélé être plus haut que la nef. D'où un rehaussement de la nef par une « augmentation de la claire-voie ». Mais si le chœur s'est révélé plus haut que la nef au point d'être obligé de la rehausser, cela signifie que la nef existait avant le chœur. Ce qui est contraire à la phrase : « Celles-ci ont commencé ... avec la construction du chœur Est ». Cependant, nous devons admettre que les auteurs du texte n'ont probablement pas tout inventé. Ils ont sans doute assisté aux travaux de restauration et observé, avant qu'un enduit ne les recouvre, les traces de travaux successifs. L'« augmentation de la claire-voie » ferait partie de ces travaux non signalés par les archives mais observables sur les murs. C'est l'interprétation par le fait que le chœur était plus haut que la nef qui est peut-être fausse. Nous avons une autre explication : à l'origine, seules les parties basses (galeries du rez-de -chaussée avec au-dessus une claire-voie) étaient construites. Ultérieurement, on a décidé d'installer une galerie à l'étage et, en conséquence de remonter la claire-voie. Cette idée est confortée par les différences de décor entre les galeries : piliers robustes et non décorés au rez-de-chaussée, piliers plus fins et ornés de colonnettes et de chapiteaux à l'étage supérieur (image 8).


Datation envisagée pour l'église Notre-Dame de Coblence : an 800 avec un écart de 150 ans.