La basilique Saint-Castor de Coblence 

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette basilique. Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat Roman de la collection Zodiaque, écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la lecture.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Sur le site de l’actuelle église Saint-Castor, qui est construite dans une zone exempte d'inondations, des vestiges d'habitations remontent à la préhistoire. Les Romains ont construit le premier fort dans cette région à l’époque de l’empereur Auguste (27 av. J.-C. - 14 après JC), dont la première preuve d'existence a été trouvée en novembre 2008, lorsqu’un ancien fossé a été découvert lors des travaux de construction pour le Salon Fédéral de l'Horticulture de 2011. Les fossés, de quatre mètres de large et de 2,5 mètres de profondeur, du fort de 100 mètres sur 100 mètres, témoignent de la colonisation romaine primitive de Coblence, qui avait été recherchée en vain pendant 150 ans dans le quartier de la vieille ville.


Après l’abandon du fort, un temple gallo-romain fut construit dans la zone du chœur actuel de l’église, qui a existé de la fin du Ierau IVe siècle. À l’époque franque, un cimetière a été établi sur le site du temple vers 600, qui a été utilisé jusqu’au milieu du XIIe siècle.

Le premier bâtiment de l’église Saint-Castor a été construit de 817 à 836 sous l’archevêque de Trèves Hetti, avec le soutien de l’empereur Louis le Pieux, aux portes de la ville de Confluentes et a été consacré le 12 novembre 836. Comme il y avait une cour royale franque à Coblence, Louis était considéré comme le constructeur et l’église était considérée comme une église carolingienne. Cependant, Louis ne vint à Coblence qu’après la consécration de l’église. Cela augmente l’importance de l’archevêque pour la construction de l’église, d’autant plus que l’église était située en dehors de la ville de Coblence jusqu’au XIIIe siècle. Les reliques de saint Castor ont été transférées de la collégiale Saint-Castor de Karden, sur la Moselle, à Coblence, pour la consécration. En tant que sainte de la ville de Coblence, la fille présumée de Ludwig, Rizza, était vénérée dans l’église. Son reliquaire se trouve toujours dans l’église.

La première église Saint-Castor du IXe siècle était une église-halle carolingienne avec la largeur de la nef centrale d'aujourd'hui. À l’Ouest, il y avait un vestibule, à l’Est, un transept et une abside semi-circulaire. Un couloir circulaire l’entourait de l’extérieur. À son extrémité, se trouvait un bâtiment intermédiaire qui atteignait une rotonde à l’Est. Cette crypte extérieure était probablement liée à la fondation impériale. Le bâtiment de l’église appartenait à ce qu'on appellait le Kastorstift (collégiale Saint-Castor), dans lequel les prêtres vivaient dans une communauté semblable à un monastère.

Au IXe siècle, l’abbaye Saint-Castor était étroitement liée à l’histoire de l’empire. En 842, les dispositions relatives au partage de l'empire franc ont été négociées ici par 110 plénipotentiaires des fils du gouverneur Louis le Pieux, Lothaire Ier, Charles II le Chauve et Louis le Germanique, et ont ensuite été signées dans le traité de Verdun en 843. Le résultat de ce traité fut que l'Empire franc fut divisé en trois parties (Francie occidentale, Lotharingie et Francie orientale).

L’abbaye Saint-Castor est devenue un lieu de rencontre important pour les empereurs et les rois ainsi que leurs descendants et un lieu d’arbitrage, où les différends entre les empereurs régnants et les rois ont été négociés et réglés. En juin 860, par exemple, les dirigeants carolingiens des trois royaumes constitutifs se réunirent pour régler leurs différends et négocièrent la paix de Coblence.

Avec l’invasion des Normands en 882, l’église Saint-Castor a été détruite, mais immédiatement reconstruite. Dans une phase de construction ultérieure, au milieu du XIe siècle, le vestibule Ouest en trois parties a été agrandi en une façade à deux tours. La reconstruction de l’église à sa forme et à sa taille actuelles a commencé vers 1160 sous le prévôt Buvo. Toute la structure plus ancienne à l’Est du transept a été démolie. Au même endroit, un chœur en trois parties a été construit avec une abside centrale richement structurée, flanquée de deux tours élancées, comme contreparties des tours Ouest. Entre le transept et le chœur, les salles du trésor d’un étage ont été construites. Les tours Ouest ont été surélevées d’un sixième étage en 1180.

Au cours de la bataille entre Othon IV et Philippe de Souabe, dans le lit asséché de la Moselle, près de Coblence en octobre 1198, l’église Saint-Castor a également été endommagée. [...] Au début du XIIIe siècle, la nef carolingienne a été remplacée par une nef basilicale à vaisseaux latéraux voûtés. L’archevêque Jean Ierconsacre l’église rénovée et ses autels le 27 juillet 1208. La nef centrale de 1208 avait un plafond plat, mais l’ancien transept et les bas-côtés ont été dotés d’une voûte d'arêtes pendant cette phase de reconstruction. Avec l’expansion des fortifications de la ville de Coblence au milieu et à la fin du XIIIe siècle, l’église Saint-Castor a également été protégée par le nouveau mur de la ville. »


Commentaires de ce texte

Ce texte est intéressant, plus par ses informations historiques qu'archéologiques. L'histoire, on la connaît ou on croit la connaître. Lorsque nous étions au collège, nous avons entendu parle des « des fils du gouverneur Louis le Pieux, Lothaire Ier, Charles II le Chauve et Louis le Germanique » ainsi que du fameux « traité de Verdun (signé) en 843 ». Mais nous serions bien en peine de raconter ce qui s'est passé au traité de Verdun et quels en étaient les vrais enjeux. Nous avons une image brouillonne de ces événements. Et la lecture des écrits d'historiens de ces périodes ne contribue pas à améliorer cette image. Ce ne sont que des querelles entre princes dont on ne connaît pas les motivations, des unions qui se font et se défont. Assez paradoxalement, notre étude sur les monuments de cette période nous a donné une image plus cohérente. En observant certains édifices à plan centré, nous avons envisagé que ce pouvaient être des parlements; c'est-à-dire des lieux où l'on se parle. Mais le partage de la parole est l'essence même de la démocratie. Dans une autocratie, il n'y en a qu'un qui parle et les autres qui écoutent. Nous nous sommes doutés, bien sûr, que la démocratie dont il est question ici ne concerne qu'un petit groupe, une élite. Et, jusqu'à présent, ce n'étaient que des hypothèses. Et des hypothèses basées sur des observations d'architecture. La phrase « En 842, les dispositions relatives au partage de l'empire franc ont été négociées ici par 110 plénipotentiaires des fils du gouverneur Louis le Pieux, Lothaire Ier, Charles II le Chauve et Louis le Germanique, et ont ensuite été signées dans le traité de Verdun en 843. » apporte un appui à ces hypothèses. Si chacun des fils de Louis le Pieux avait été un autocrate, à eux trois ils n'auraient pas eu besoin de faire intervenir 110 plénipotentiaires. Il leur suffisait de se réunir autour d'une carte et de dire : « Ce territoire qui rapporte telle somme d'argent, je te le laisse. Et cet autre, si tu le veux, Lothaire tu le prends. Moi je garde celui-ci. ». Par contre, les 110 plénipotentiaires (beaucoup plus nombreux que les plénipotentiaires allemands de l'armistice de 1918 à Rethondes) devaient être désignés par des assemblées régionales pour défendre leurs territoires respectifs lors du Traité de Verdun.


Datation

D'après le plan de l'image 3 et les images 5 et 6, les éléments caractéristiques de cet édifice sont les suivants : la nef est à trois vaisseaux voûtés. Les piliers sont de type R1111 et les arcs reliant les piliers sont en plein cintre et à double rouleau. Nous avons, dans le chapitre « Datation » de notre site, essayé d'analyser l'évolution entre le préroman et le roman, pour une nef à trois vaisseaux. Nous avons estimé qu'il y avait, globalement, quatre étapes successives :

1) Nefs à piliers de type R0000 : trois vaisseaux charpentés, arcs simples.

2) Nefs à piliers de type R1010 : trois vaisseaux charpentés, arcs doubles.

3) Nefs à piliers de type R1110 : vaisseau central charpenté, , collatéraux voûtés, arcs doubles.

4) Nefs à piliers de type R1111 : trois vaisseaux voûtés (voûtes romanes en plein cintre), arcs doubles.

Bien sûr, il s'agit là d'une version simplifiée. La réalité est un peu plus complexe. Et il existe de nombreux cas différents. Mais pour la plupart d'entre eux, on trouve des explications permettant à se ramener à l'un de ces quatre cas.

Dans le cas présent, nous avons bien des piliers de type R1111 portant des chapiteaux, des arcs doubles, des collatéraux voûtés d'arêtes. Mais le vaisseau central a des voûtes gothiques du XVe siècle. À l'origine, il n'était certainement pas voûté. Mais peut-être avait-on prévu de le voûter, car on constate que pour chaque pilier, il existe du côté du vaisseau central une colonne engagée permettant de porter « quelque chose » par l'intermédiaire d'un chapiteau (une poutre transverse ? un arc doubleau lui aussi transverse ?). Actuellement, pour un pilier sur deux, la colonne engagée porte un arc doubleau qui porte la voûte. Pour le pilier restant, la colonne engagée sans doute tronquée sert de support à une statue. Nous déduisons de cela qu'à l'origine, le vaisseau central devait être charpenté mais qu'on a hésité à le voûter. Nous pensons donc que cette église est pleinement romane, mais antérieure à 1208 où l'on assiste à l'éclosion du gothique.


Datation envisagée pour la basilique Saint-Castor de Coblence : an 1075 avec un écart de 75 ans.