L'église Saint-Chrysante et Sainte-Daria de Bad Münstereifel
Nous n'avons pas visité cette église.
Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet
(ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté
le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat
Roman de la collection Zodiaque,
écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire
de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la
lecture.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
Le monastère bénédictin auquel Münstereifel doit son
origine et son nom, a été fondé en 830 à partir de Prüm.
En 844, il a reçu les reliques des martyrs romains
Chrysanthe et Daria, ce qui lui a donné une importance
considérable. La basilique actuelle a été construite au XIe
siècle. Après la dissolution du monastère en 1803, il a
commencé à se dégrader. En 1872, la tour du flanc
Nord-Ouest s’effondre. La reconstruction et la
restauration ont été achevées en 1890. Après la Seconde
Guerre Mondiale, à laquelle la collégiale a survécu avec
des dommages mineurs, d'autres rénovations intérieures et
extérieures ont suivi et le mobilier a été adapté à la
liturgie post-conciliaire.
Caractéristiques
La
basilique, voûtée à trois nefs, n'est pas orientée vers
l'Est , mais vers le Nord-Nord-Est (image
1). La
nef à trois travées au système lié est prolongée par un
long chœur en trois parties, qui est construit sur une
crypte à cinq nefs. La partie la plus marquante de
l’église est l'ouvrage Ouest à trois tours, dont le modèle
est calqué sur Saint-Pantaléon de Cologne. [...] Au-dessus
de la croisée, s'élève une tour centrale à deux étages de
plan carré, surmontée d'un toit pyramidal plat.
[...] »
Commentaires sur ce texte
On retrouve une des erreurs dénoncées précédemment à
longueur de pages. Le monastère est cité en l'an 830 et l'an
844, mais il faut attendre le XIe siècle, soit
200 ans, pour qu'une église soit construite. Car si,
entre-temps, une église a été construite, on n'en dit mot,
et en tout cas, on ne cherche pas à la retrouver. On relève
cependant un détail qui à son importance : en 844, le
monastère a reçu les reliques des saints Chrysanthe et
Daria, auxquels l'église est consacrée. Grâce au texte
relatant la découverte et la translation des reliques de
Saint Majan à Villemagne l'Argentière, nous savons que
l'obtention de reliques était une source de profits pour le
monastère qui permettait d'envisager la construction d'une
église plus grande et plus majestueuse que la précédente. En
conséquence, on peut envisager qu'une telle église ait été
construite peu d'années après l'an 844.
La phrase, « La
basilique, voûtée à trois nefs, n'est pas orientée vers
l'Est , mais vers le Nord-Nord-Est (sur l'image
1 d'une vue par satellite de l'église, le Nord est
en haut de l'image), semble purement anecdotique. Elle
introduit au problème plus vaste de l'orientation des
églises, problème que, malgré de multiples observations,
nous n'arrivons pas à résoudre : normalement, toutes les
églises devaient être orientées vers l'Est. Mais les écarts
par rapport à la direction Est-Ouest sont très fluctuants,
indépendants du lieu ou du parrainage et parfois importants,
dépassant 20° en plus ou en moins. Dans le cas présent,
l'angle par rapport à la direction Est-Ouest est de 45°. On
en déduit que l'église est orientée vers le Nord. De tels
cas sont rares mais ils existent. On peut difficilement
envisager une erreur de calcul de la part des architectes
d'alors. On peut aussi difficilement envisager des
contraintes liées aux terrains. Quelle est donc
l'explication ?
La phrase, « La
nef à trois travées au système lié », nous parle
du « système lié », pour lequel une travée du vaisseau
principal correspond à deux (parfois trois ?) travées des
collatéraux. C'est ce qui semble se passer ici. On remarque
en effet sur les images 6
et 7 qu'un pilier sur deux de la nef est flanqué
d'un haut pilastre qui porte les ogives des voûtes du
vaisseau central. Cependant, il faut comprendre que lorsque
le système lié est prévu dès l'origine, les piliers porteurs
des voûtes du vaisseau central sont plus larges et plus
massifs que leurs voisins. Il ne semble pas que ce soit le
cas ici. Certes, les grands pilastres porteurs des voûtes du
vaisseau central rendent plus massifs les piliers, mais nous
envisageons que le voûtement ait été tardif et que les
pilastres aient été posés lors de ce voûtement.
Concernant l'ouvrage Ouest, (« La
partie la plus marquante de l’église est l'ouvrage Ouest à
trois tours, dont le modèle est calqué sur Saint-Pantaléon
de Cologne. »), nous avouons nos insuffisances.
D'une façon générale, les ouvrages Ouest sont très divers.
Certains entièrement ouverts à la base ont pu servir d'abris
pour les réfugiés ou les pèlerins. D'autres, parfois les
mêmes que précédemment, pouvaient avoir une chapelle à
l'étage, ou une cour de justice. L'existence de tours ou
leur non-existence pose aussi question. Il semblerait que
l'ouvrage Ouest ait été le lieu d'exercice des autorités
laïques (ou civiles) alors que l'ouvrage Est (transept)
aurait été le lieu d'exercice des autorités religieuses.
Sans pour autant en faire un dogme : à cette époque, le
civil et le religieux étaient très mêlés.
Datation
Nous pensons que l'église d'origine avait une nef à trois
vaisseaux charpentés. Le vaisseau central était porté par
des piliers de type R0000.
Il n'y avait pas de transept. Toutes ces particularités
militent en faveur d'une grande ancienneté.
Le chœur et l'ouvrage Ouest auraient été construits
ultérieurement, peut-être, pour le chœur, par une profonde
restauration du chœur primitif. On peut penser que la crypte
est plus ancienne que l'église. En fait, dans la plupart des
cas, la crypte est aménagée dans une église déjà construite.
Datation envisagée
pour l'église Saint-Chrysante et Sainte-Daria de Bad
Münstereifel : an 875 avec un écart de 125 ans.