L'église de l'Assomption de la Vierge Marie d'Andernach
Nous n'avons pas visité cette église.
Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet
(ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté
le site Internet http
: //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli
les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site
traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons
conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette
période, mais ce site, dont le nom se traduit en français
par « Trésors
romans », est beaucoup plus riche en monuments et
nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous
sont extraites de ce site Internet.
Nous nous sommes aussi en partie inspirés du livre Palatinat
Roman de la collection Zodiaque,
écrit par Dithard von Winterfeld, Professeur de l'Histoire
de l'Art de l'Université de Mayence. Nous en conseillons la
lecture.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« L'église
paroissiale catholique romaine de l’Assomption de la
Vierge Marie à Andernacht est une puissante basilique à
galeries, avec quatre tours, un bâtiment Ouest et un
chœur. Elle est située à l’extrémité Ouest de la ville, à
proximité immédiate des remparts de la ville et donc aussi
sur le côté Ouest du fort Antunnacum,
qui était situé là à l’époque romaine et d’où
a émergé la colonie ultérieure.
Dans
la langue vernaculaire d’Andernach, les noms
Liebfrauenkirche et
Mariendom,
ou
simplement “Dom” en
abrégé, sont également courants. Le droit à ce nom est
souvent mis en doute, mais l’église Sainte-Marie a
toujours été l’église de la ville, et depuis 1194, la
propre église de l’archevêque de Trèves à Andernach, qui
en était (officiellement) également le pasteur.
Histoire
Des tombes carolingiennes sous l’église actuelle prouvent
qu’elle a été fondée plus tôt. On sait peu de choses sur
l’apparence de cette église et aussi du bâtiment
successeur du début du XIIe siècle, dont la
tour Nord-Est autoportante (clocher de l'image
4)
a été préservée.
Le
bâtiment précédent (Saint-Michel), donné en 1194 par
l’empereur Henri VI à l’archevêque de Trèves, Jean I
er, [...]
, a été construit en 1198 à la suite d’un différend entre
Otton IV, qui avait été proclamé roi à Andernach en 1197,
et Philippe I er Hohenstaufen, qui a conquis
et pillé Andernach, victime des flammes. Le bâtiment de
l’église de la vieille ville a été en grande partie
détruit, à l’exception du clocher autoportant.
Sur
le site de l’église incendiée, dont le clocher autoportant
a été intégré dans le nouveau bâtiment de l’église en tant
que tour Nord-Est et la partie la plus ancienne du
bâtiment, l'archevêque et électeur de Trèves Johann I a
fait reconstruire l’église Sainte-Marie d’aujourd’hui,
vers 1220, comme une basilique-galerie à trois nefs dans
le style transitionnel rhénan.
La
forme de la tour Sud-Est semble indiquer que lors de la
construction de la nouvelle église à la fin du XIIe
siècle, on a d'abord pris en compte une nef plus basse,
c'est-à-dire plus ancienne, avant que la nef et l'ouvrage
Ouest ne soient reconstruits avec les deux tours Ouest.
L’ancien bâtiment Ouest n’avait probablement que des tours
d’un étage et un hall ouvert au rez-de-chaussée. Vers
1220, la hauteur de la tour Sud-Est fut égalisée à celle
de l’ancienne tour Nord-Est de l’autre côté du chœur. Les
deux tours Ouest, qui devaient probablement être plus
basses à l’origine, ont également reçu leur hauteur finale
à ce moment-là. L’achèvement de la nouvelle église peut
être supposé vers 1250. Néanmoins, l’église a probablement
été consacrée en 1220. [...] »
Commentaires de ce texte
Petite remarque concernant le nom d'Antunnacum
qui fait penser à Autun, nom dérivé de Augustodunum
= fortification de Auguste. Il est possible que Antunnacum
ait la même origine.
Autre remarque, celle-ci concernant le second paragraphe : «
Dans
la langue vernaculaire d’Andernach, les noms
Liebfrauenkirche et
Mariendom,
ou
simplement “Dom” en
abrégé, sont également courants. Le droit à ce nom est
souvent mis en doute, mais l’église Sainte-Marie a
toujours été l’église de la ville, et depuis 1194, la
propre église de l’archevêque de Trèves à Andernach, qui
en était (officiellement) également le pasteur. ».
L'appellation « Dom » signifie qu'on est en présence d'une
cathédrale, et
« Mariendom », que c'est la cathédrale de Marie. Si le droit
à ce nom est souvent mis en doute, c'est probablement parce
qu'il n'existe aucun texte prouvant que cette église a été
autrefois une cathédrale. Nous pensons cependant que la
tradition a très probablement raison. Cette église a bien
été une cathédrale. Il faut savoir qu'aux premiers siècles
du christianisme, les diocèses étaient plus nombreux et de
taille plus réduite que les diocèses actuels. Les évêques
responsables de ces diocèses installaient leurs sièges
(cathèdres) à l’intérieur d'une église privilégiée devenue
la cathédrale. Pour affirmer leurs pouvoirs sur leurs
diocèses, ils se déclaraient successeurs des apôtres envoyés
évangéliser les nations lors de l'Assomption de la Vierge
Marie. Plus tard, les évêques de petits diocèses ont
abandonné leurs pouvoirs au profit d'évêques de plus grands
diocèses. Plus tard encore, ces derniers ont abandonné
certains de leurs pouvoirs au profit de l'évêque de Rome qui
s'est déclaré successeur, non du groupe d'apôtres, mais du
seul Saint-Pierre, premier évêque de Rome. En conséquence,
il est fortement envisageable que des églises anciennes
dédiées à Notre-Dame de l’Assomption aient été, à l'origine,
des cathédrales. Il ne faut cependant pas gamberger
là-dessus : ces églises devaient être, pour la plupart, de
taille modeste : rien de comparable avec Notre-Dame de Paris
!
Datation
Si on se fie au seul texte ci-dessus, on est un peu perdu.
D'abord par la phrase suivante, probablement entachée
d'erreur : « Le
bâtiment précédent (Saint-Michel), donné en 1194,...,
a
été construit en 1198 ». Ce texte est par
ailleurs un peu brouillon. Il nous apprend l'existence de
tombes carolingiennes et en conséquence de l'existence en
cet emplacement, d'une église du IXe siècle. Puis
on nous parle d'un «
bâtiment
successeur du début du XIIe siècle ».
Puis d'un autre construit en 1198 (fin du XIIe
siècle) dont il reste le clocher Nord-Est … qui aurait été
conservé dans une nouvelle construction effectuée à partir
de 1220 … en même temps que la consécration de l'église
effectuée aussi en 1220.
En fait, nous pensons que tout d'abord, le texte de
Wikipédia est le résultat d'un cumul de textes d'auteurs
différents sans recherche de cohérence entre eux. Mais nous
voyons aussi un défaut commun à beaucoup d'historiens de
l'art : regarder vers le haut ; s'ils voient des voûtes en
croisée d’ogive, c'est une église gothique, s'ils voient des
voûtes en plein-cintre ou des plafonds charpentés, c'est une
église romane. En ce qui nous concerne, nous préférons
regarder vers le bas en sachant que c'est la partie
supérieure qui fait l'objet de plus de modifications. Une
autre erreur consiste à s'imaginer que l'édifice a été
construit en un seul jet et en une seule période,
principale- ment le XIIe siècle. En fait nous
préconisons aussi une construction en un seul jet et sur une
courte période (maximum 20 ans). Mais nous pensons aussi que
la très grande majorité des églises ont subi des
transformations après la construction initiale (voûtement
des nefs, création de transepts, d'ouvrages Ouest,
remplacement du chevet, etc.) .
Assez paradoxalement, le texte ci-dessus reconnaît ces
transformations ultérieures : « La
forme de la tour Sud-Est semble indiquer que lors de la
construction de la nouvelle église à la fin du XIIe
siècle, on a d'abord pris en compte une nef plus basse,
c'est-à-dire plus ancienne, avant que la nef et l'ouvrage
Ouest ne soient reconstruits
[...] ».
Mais il ne rétablit pas l'antériorité de l'ensemble. Il
semblerait que pour lui, l'église est du XIIe
siècle (« l’église
a été construite à la fin du XIIe siècle »)
avec des éléments plus anciens alors qu'il devrait dire que
c'est une église du XIe siècle (ou du Xe
siècle, ou du IXe siècle) avec des ajouts à la
fin du XIIe siècle. On peut penser qu'il s'agit
là d'une critique un peu pusillanime mais nous estimons que
le plan de l'édifice d'origine doit être celui de la
datation.
Concernant cette datation, nous estimons, comme l'auteur du
texte ci-dessus, que les galeries au-dessus des collatéraux
sont postérieures à la construction initiale : au
rez-de-chaussée, piliers massifs non décorés, à l'étage,
faisceaux de colonnettes.
Les nefs de l'église d'origine devaient être entièrement
charpentées. Cela fait envisager une grande ancienneté.
Cependant, dès l'origine, le plan devait être prévu pour un
système lié : un pilier sur deux est plus large que son
voisin.
Image 4 : le décor
polychrome de cette tour, ainsi que la forme des baies
géminées, nous font penser au clocher de Melfi
(Basilicate/Italie).
Datation
envisagée pour l'église de l'Assomption de la
Vierge Marie d'Andernach : an 900 avec un écart de 150 ans.