L'église Saint-Ulrich de Paderborn  

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Nous n'avons pas visité cette église. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet. De plus, nous avons pu identifier un nombre important de monuments grâce au livre Westphalie Romane de la Collecton Zodiaque, écrit par Uwe Lobbedey.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« La Gaukirche, également Gokirche, Gökerken ou ecclesia rurens latine, église paroissiale de Saint-Ulrich, est une église catholique romaine construite vers 1170/1180.

Histoire

Les origines de l’église ne sont pas claires. Une datation documentaire n’est pas possible. La détermination de l’œuvre d’origine à la fin du XIIe siècle n’est possible que sur la base de comparaisons architecturales.

L’église était située dans un espace libre au sud de la cathédrale et servait depuis le Xe siècle dans son bâtiment précédent comme une église du “peuple du Padergaus”, contrairement à l’église épiscopale, la cathédrale. En 1229, Hermann von Waldeck fonda un monastère cistercien sur le site du siège administratif de l’évêché, le
Stemberger Hof, juste à côté de la Gaukirche, dont les premières religieuses venaient de Münster. L’église est devenue une église monastique en 1231, et un an plus tard, elle a été confirmée par l’évêque Bernard IV.

Architecture

Essentiellement, la
Gaukirche est un bâtiment d’église roman, avec des éléments importants de la période baroque. [...] »


À cette première information, on peut ajouter celle-ci, extraite de la page du site Internet Wikipédia consacrée à la ville de Paderborn :

« La ville serait née, selon la légende, au milieu de deux cents sources. Charlemagne, grand amateur de bains, venait y prendre les eaux, après la soumission violente des tribus saxonnes situées aux alentours, et fit bâtir en 776 un palais royal au centre de l'actuelle ville, qui fut détruit par les Saxons en 778. [...]

Paderborn fut le siège de deux conciles, en 777 et en 786, ainsi que de plusieurs assemblées royales.

Paderborn et son diocèse furent officiellement fondés en 799 lors de la rencontre entre Charlemagne et Léon III.
  »


Commentaires de ces textes

Commençons par le second. À le lire, on aurait tendance à croire que Charlemagne a créé de toutes pièces la ville de Paderborn en l'an 776. Mais à y regarder de près, on s’aperçoit qu'il y a eu des conciles en 777 et 786. Les conciles étaient des rencontres d'évêques accueillis par un des leurs, en général un des plus puissants d'entre eux, le plus décidé à les réunir. Il y avait donc très probablement en l'an 777 un évêque, assez puissant et installé, pour accueillir dans sa cathédrale tous les évêques d'une région donnée. Il est donc douteux que la fondation de Paderborn ait été effectuée seulement une année auparavant. Et, justement ! On apprend que « Paderborn et son diocèse furent officiellement fondés en 799... ». Tout cela fait beaucoup de fondations et mériterait au moins quelques explications.

Dans le premier texte, nous découvrons l'autre nom de cette église : « La Gaukirche, également Gokirche, Gökerken, ... ». Nous avons cherché l'origine du mot. Voici ce qui nous a été donné : « Gau est un terme ambigu et finalement flou pour désigner une région, un paysage, une unité administrative ». La signification pourrait donc être
« église régionale », comme on désigne parfois des églises sous le nom « église paroissiale » ou « église communale ». L'ennui est que ce style de désignation ne correspond pas à un nom d'église. Tout comme, dans un acte de naissance, on n’enregistre pas des prénoms comme « Communal », « Quartier des oiseaux » ou « Collecteur des eaux usées » (une nuance toutefois : on peut enregistrer des « Urbain »). En conséquence de cette observation, une autre signification est possible pour « Gaukirche ». Nous proposons celle-ci (mais d'autres sont envisageables) : « Gaukirche » pourrait signifier « église des Goths ». Si nous la proposons, c'est parce que plusieurs églises sont désignées sous ce nom-là. Le « hic », c'est que nous n'avons pas connaissance d'une présence de Goths dans cette région de l'Allemagne. Mais il faut savoir que cette connaissance est épisodique et limitée. Ce que l'on ignore est beaucoup plus important que ce que l'on sait. Et ce que l'on sait est souvent interprété comme étant la seule et unique vérité. Dans une Europe partagée en de nombreuses cités principalement héritées des romains, il n'était pas rare que des tribus barbares viennent servir comme auxiliaires ou fédérées à des milices urbaines. En fait, la subdivision de villes en quartiers autonomes confirme cette idée de peuples voisins et séparés à l'intérieur d'une même ville. Les rares témoignages dont on dispose permettent de l'envisager. Il est donc fort possible qu'il y ait eu à Paderborn, entre le Ve et le IXe siècle, outre des francs, des saxons, des germains, des alamans ou des souabes (suèves), éventuellement cités dans des textes de la région, des latins (issus des romains), des vandales, des lombards, des huns, des goths et d'autres tribus encore, non citées dans les mêmes textes.


Datation

Les images 4, 5, 6, 7, 8 de la nef sont révélatrices : la partie inférieure avec ses arcs en plein cintre, peut être qualifiée de « romane » (nous avons plutôt tendance à dire
« préromane »). La partie supérieure, quant à elle, avec ses voûtes d'arêtes (image 4), peut être qualifiée de « gothique ». Émettons tout de suite, une affirmation que certains pourront dire complètement stupide tant elle apparaît évidente : « À l'époque romane, on construit dans le style roman, à l'époque gothique on construit dans le style gothique. ». L'évidence de cette affirmation ne l'est peut-être pas pour tous, car on devrait en déduire que, dans cette église, puisque le bas est roman (préroman) et le haut, gothique, le bas et le haut ont été construits à des périodes différentes.

Nous pensons que c'est ainsi que cela s'est passé. À l'origine, la nef devait être à trois vaisseaux charpentés. Les piliers soutiens du vaisseau central étaient rectangulaires de type R0000. Mais tous les piliers n'étaient pas identiques. Pour un pilier sur deux, la largeur (dans le sens Est-Ouest) devait être plus grande (nous n'en avons pas la certitude car nous ne disposons pas d'un plan). Cette disposition de piliers en alternance fait envisager que le système était lié (une travée de vaisseau central correspond à deux travées des collatéraux).

Cette église initialement charpentée a été ultérieurement voûtée. On a commencé par plaquer des pilastres contre les piliers de grande largeur. On peut voir sur les images 4 et 6 ces hautes colonnes formées de 2 ou 3 pilastres superposés. Ces pilastres ont servi à porter des doubleaux, qui, à leur tour, portent les voûtes d'arêtes.

Au cours de la même période (XIIIe ou XIVe siècle), les collatéraux ont été voûtés d'arêtes (image 8).

Nous n'avons pas cherché à étudier le chœur à plan carré (image 9). Cependant un petit détail nous « titille ». On retrouve le même type de chœur carré avec arcades dans la partie inférieure dans des églises du Sud-Ouest de la France (Paunat, Trémolat) ou dans des avant-chœurs. Lorsque nous avions étudié ce type de construction, nous avons envisagé qu'ils pouvaient être le fait d'un peuple : les goths ?



Datation envisagée pour l'église Saint-Ulrich de Paderborn : an 900 avec un écart de 150 ans.