L'abbatiale de Kornelimünster  

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La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette abbaye nous apprend ceci :

« L'abbaye de Kornelimünster, également appelée abbaye Saint-Corneille sur Inde, était une abbaye d'Empire de 814 à 1804. Elle a été fondée une seconde fois par les bénédictins de la congrégation de Subiaco, en 1906, sous le patronage de saint Benoit d’Ariane et de saint Corneille.

Histoire

L'abbaye a été fondée par saint Benoît d'Aniane et Louis le Pieux en 814, comme
Monasterium ad Indam. Ce monastère était connu comme monastère du Rédempteur-sur-l'Inde (l'Inde étant un affluent de la Roer).

Saint Benoît d'Aniane descend d'une famille de la noblesse wisigothe du sud de la France actuelle. Il est élevé à la Cour du roi Pépin. Il devient moine et fonde une communauté à Aniane, près de Montpellier, en 779.


Il entre alors dans le cercle des conseillers de Louis le Pieux, fils de Charlemagne et roi du royaume des Francs. Il le suit à la Cour d'Aix-la-Chapelle et participe au synode de 816-818. La règle de saint_Benoît se répand dans les monastères d'Europe et Benoît d'Aniane la recommande pour les moines. C'est à cette époque qu'est fondé le monastère.

Louis le Pieux fait don de trois reliques insignes, celle du linteum Domini, le linge avec lequel le Seigneur a lavé les pieds de ses disciples avant la dernière Cène, celle du sindon munda, linceul du Christ, et enfin celle du sudarium Domini, linge qui essuya la sueur du Christ. [...] Une partie du linceul est donné à l'abbaye de Compiègne par Charles de Chauve en 875. L'abbaye reçoit aussi des reliques de saint Corneille et de saint Cyprien. Le monastère s'intitule alors Monasterium Sancti Corneli ad Indam.

L'abbaye devient donc un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté, et pour les peuples germaniques, aussi fréquenté que celui d'Aix-la-Chapelle, et est le point de départ obligé des pèlerinages vers Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle ou la Terre Sainte.

L'abbaye est pillée par les Normands en 881 et reconstruite sous le règne d'Othon III. L'abbé devient alors prince-évêque et Kornelimünster jouit de privilèges importants.


Seconde fondation

Les moines allemands de l'abbaye Saint-Clément de Merkelbeck, fondée par la congrégation de Subiaco au moment du
Kulturkampf aux Pays-Bas, viennent refonder l'abbaye en 1906, mais dans un autre lieu plus à l'ouest. Ils ne s'installent au complet qu'en 1908 après l'aménagement des nouveaux bâtiments. »


Commentaires

Saint-Benoît d'Aniane est bien connu dans le midi méditerranéen. Et ce bien qu'on lui préfère Saint Guilhem, fondateur de l'abbaye de Gélone, devenue plus tard, Saint-Guilhem-le-Désert. Saint-Benoît d'Aniane a été popularisé sous le nom d'Anian. Selon certains auteurs? il aurait fondé une ou plusieurs abbayes dans les pays de Loire. Certaines localités portent le nom de Saint-Aignan (Saint Aignan-sur-Cher). Mais ce n'est pas certain, car il y a peut-être confusion avec Saint Aignan d'Orléans qui aurait vécu quatre siècles auparavant.

Toujours est-il que cette histoire de la rencontre entre deux personnages, Louis le Pieux et Saint Benoît, qui vivaient séparés par une distance d'environ mille kilomètre, a de quoi surprendre. Surtout pour une époque que l'on croyait très primitive, peu propice aux voyages ou à des échanges intellectuels ou commerciaux, à Pampelune ou Saragosse. Il ne faut cependant pas oublier que Charlemagne est passé par Roncevaux. Et même beaucoup plus loin si l'on en croit des textes arabes.


Remarques

En abordant l'étude de ce monument, nous envisagions qu'il pouvait subsister des restes du monastère fondé par Saint Benoît d'Aniane. Nous avons découvert que ce monastère ancien n'est pas le monastère actuel bénédictin, mais un ensemble d'édifices contenant l'église dédiée à Saint Corneille, en édifice de style gothique construit apparemment au XVe siècle à l'emplacement de l'ancienne abbatiale (image 2). Nous ne pensons pas que cette église contienne des restes de l'église primitive. Sur cette image 2, notre regard est cependant attiré par une structure architecturale à plan octogonal. On constate sur l'image 3 que cette sorte de tour à plan octogonal est située dans le prolongement de l'abside principal de l'église. Il doit donc y avoir un lien avec l'église. Cette tour octogonale semble moderne. Elle pourrait être cependant d'inspiration ancienne, ou copie d'ancienne, ou encore une restauration d'un monument ancien.

Abordons maintenant l'image 1. C'est une copie d'écran d'une image de la page de Wikipédia. Le titre de cette image était : Plan de l'église à l'époque carolingienne.

Ce que l'on appelle « époque carolingienne », c'est l'époque des « Charles », en commençant éventuellement par Charles Martel, puis Charlemagne, Charles le Simple, Charles le Gros, Carloman. Elle correspond à la deuxième moitié du VIIIe siècle et au IXe siècle. On peut donc penser, selon l'auteur, que ce plan correspondrait à celui de l'abbatiale de Saint-Benoît construite aux alentours de l'an 820.

Examinons ce plan : nef à trois vaisseaux probablement non voûtés, piliers rectangulaires de type R0000, arcs simples reliant les piliers.

On note de plus l'existence d'un transept débordant et de trois absides greffées sur ce transept.

On note enfin l'existence d'un ouvrage Ouest dont les trois parties ne sont pas dans le prolongement des vaisseaux de la nef.

Revenons à présent à la nef à trois vaisseaux et trois travées (sans le transept, le chevet et l'ouvrage Ouest). Le plan de cette nef est rigoureusement le même que celui de plus de 30 églises d'Allemagne examinées auparavant sur ce site. D'un côté, on nous dit que toutes ces églises sont du XIIe siècle, ou, à la limite de la seconde moitié du XIe siècle. De l 'autre côté, on nous dit que ce plan est celui d'une église datant de la première moitié du IXe siècle ! Plus de deux siècles de différence, c'est tout de même un peu gros !

Ajoutons ceci : nous pensons que la construction du transept et du chevet est postérieure à la nef. Ils auraient été construits en remplacement d'une ou deux travées de nef.


En absence de document matériel qui nous permette de l'identifier, nous ne proposons pas de datation pour cette église.