L'église évangélique de la Réformation de Hilden
• Allemagne
- Autriche - Suisse • Article
précédent • Article suivant
Nous n'avons pas visité cette église. Notre étude de cet
édifice s'est en partie inspirée de pages d'Internet (ex :
Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues
d'Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
Lors de la restauration de l’église de 1965 à 1968, des
recherches archéologiques sous la direction de Günther
Binding ont révélé trois bâtiments prédécesseurs. Les
églises n’étaient pas des églises de village, mais des
chapelles de la Haute Cour archiépiscopale de Cologne, qui
maintenait un fronholf (domaine seigneurial) à
Hilden. Le bâtiment original de la “première église de
Hilden” était une simple église-halle. Sa construction a
commencé en 922, et en 924, il a été consacré comme
chapelle de la cour du domaine de la table archiépiscopale
de Hilden. La ferme Hilden comprenait l’église et 31
maisons, dont 25 étaient habitées avec un total d’environ
100 habitants.
Au
XIe siècle, un bâtiment plus grand a suivi
comme la “deuxième église de Hilden”, qui au XIIe
siècle, avec une nouvelle nef et une tour, est devenu la
“troisième église de Hilden”. Sur la sous-structure de
l’ancienne tour, se dresse la tour actuelle.
L’archevêque
Engelbert I de Cologne (comme Engelbert II, également
comte de Berg) a fait construire la basilique à piliers
pendant son mandat de 1216 à 1225. La “quatrième église de
Hilden” a reçu sa forme actuelle en 1255. Le village de
Hilden comptait environ 400 habitants cette année-là.
Architecture
C’est la plus ancienne basilique-galerie romane tardive à
trois nefs en arc croisé de Rhénanie. [...]
Les galeries s’ouvrent en larges doubles arcs avec des
extrémités en trèfle. Les bas-côtés et les galeries, qui
ont tous de petites absides Est, sont voûtés avec des
voûtes croisées striées sur de simples pilastres. Les
recoins cintrés des murs extérieurs se caractérisent par
le sol de la galerie, car ils peuvent également être
trouvés ailleurs dans les bâtiments romans tardifs de
Rhénanie, par exemple Saint- Cuniberg à Cologne,
Saint-Victor à Oberbreising, Saint-Castor à Coblence. Les
fenêtres à claire-voie rassemblées par paires, les formes
riches des fenêtres à quatre feuilles du chœur et des
galeries déterminent le style des églises-galeries romanes
tardives. [...] »
Commentaires sur ce texte
On voit apparaître le mot allemand fronholf
que nous avons traduit par « domaine seigneurial », mais qui
désignerait sans doute un peu plus que cela. Il faut
comprendre que durant ces périodes antérieures à l'an mille,
la nation n'était pas associée à un territoire mais à un
peuple. Ainsi, par exemple, du temps de Charlemagne, la
nation franque n'était pas la France mais le peuple franc,
un peuple dispersé non seulement sur une partie de
l'actuelle France, mais aussi en Rhénanie, en Saxe, en
Franconie, en Autriche. Sur ces territoires, le peuple franc
pouvait être en contact avec d'autres peuples comme les
saxons, les goths ou les lombards. À l'intérieur de ces
territoires, les rois et princes dirigeants possédaient de
grands domaines. Ces domaines leur servaient de lieux de
résidence temporaire car ils étaient souvent en déplacement
à la rencontre de leurs peuples ou pour régler des problèmes
de divergence de vues avec d'autres peuples.
Datation
Disons-le tout de suite ! Bien qu'il y ait eu des études
archéologiques relativement poussées (nous aimerions
cependant disposer d'un relevé des fouilles pour
vérification), nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec
les conclusions de l'auteur. Considérons par exemple la
phrase suivante, « L’archevêque
Engelbert I de Cologne... a
fait construire la basilique à piliers pendant son mandat
de 1216 à 1225. La “quatrième église de Hilden” a reçu sa
forme actuelle en 1255. ». Cette phrase semble
tout à fait normale. Mettons-nous à la place de l'archevêque
qui s'installe dans son archevêché en 1216. Dès le début, il
envisage de faire construire une basilique à Hilden mais ce
n'est qu'après avoir réuni les capitaux et les
autorisations, vers 1220, qu'il lance le projet. Il fait
donc venir le maître d’œuvre qui lui demande : « Pour quand
il vous la faut ? » Croyez-vous, ami lecteur, que la réponse
devait être du genre : « Oh, moi ! Je ne suis pas pressé, il
suffit qu'elle soit finie en 1255, soit vingt ans après ma
mort ! ». Comprenons bien qu'il y a là un problème lié à la
psychologie de tout donneur d'ordre : lorsqu'on lance un
projet, on veut assister à la réalisation de ce projet.
Cet exemple n'est pourtant pas le seul point de désaccord.
Car même si l'auteur évoque un art roman tardif, « Les
fenêtres à claire-voie rassemblées par paires (image 5), les
formes riches des fenêtres à quatre feuilles du chœur
(image 2) et
des galeries (images
1 et 3) déterminent
le style des églises-galeries romanes tardives. »,
les dates de 1216, 1225, et à plus forte raison, 1255, nous
semblent très exagérées par rapport au style de ce bâtiment.
À la même époque, on était capable de réaliser de très beaux
édifices gothiques. À cela s'ajoute une erreur que nous
rencontrons fréquemment : les historiens de l'art ont
tendance à ne voir que le haut du bâtiment alors que c'est
le bas qu'il faut regarder en premier car une architecture
ne peut commencer que par le bas. Ainsi, dans le cas
présent, l'auteur a vu «
Les fenêtres à claire-voie rassemblées par paires »
de la galerie supérieure de l'image
5. Ces
fenêtres à claire-voie surmontées d'un arc brisé peuvent
appartenir à un art roman tardif (avec la réserve suivante :
cette galerie aux colonnes, semble-t-il en marbre noir,
pourrait avoir été profondément restaurée durant la période
baroque). Mais la structure inférieure, aux piliers massifs
rectangulaires portant des impostes, aux puissants arcs en
plein cintre, est d'un style totalement différent,
probablement préroman. Quant aux fenêtres à quatre feuilles
(en forme de croix grecque), leur style est gothique. Mais
dans nos recherches en évaluation de datation, nous ne nous
intéressons que très peu aux fenêtres. Car, dans une
évolution de construction, les fenêtres constituent en
général l'élément le plus modifié.
Dernière remarque concernant l’architecture de la nef. Elle
est très probablement du style dit « lié » (appellation
allemande traduisant le fait qu'une travée du vaisseau
central correspond à deux travées des collatéraux). En
général, pour ce type de nef, il y a alternance de piliers
rectangulaires et cylindriques. Ce n'est pas le cas ici, où
tous les piliers sont rectangulaires, mais on constate sur
l'image 5 que le
pilier de droite est plus large que celui du milieu. La
colonne demi-cylindrique engagée sur ce pilier de droite est
probablement un ajout ultérieur.
Datation
envisagée pour l'église évangélique de la
Réformation de Hilden (partie inférieure de la nef), la
partie supérieure étant probablement, soit un ajout, soit
une restauration ultérieure : an 900 avec un écart de 150
ans.