La chapelle Sainte-Croix de Drüggelte 

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Nous n'avons pas visité cette chapelle. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet. De plus, nous avons pu identifier un nombre important de monuments grâce au livre Westphalie Romane de la Collecton Zodiaque, écrit par Uwe Lobbedey.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette chapelle nous apprend ceci :

« Récits Historiques

Le jour de la Pentecôte 1217, de nombreuses personnes de rang et de nom se rassemblèrent à Drüggelte ("apud Druglete”). Le comte Gottfried II d'Arnsberg avait l’intention de déménager en Terre Sainte et vendit l’une de ses fermes parce qu’il avait besoin d’argent pour le voyage. On peut supposer qu’au moins une partie des personnes rassemblées voulaient prendre part à la croisade de Damiette en tant que chevaliers.

En 1226/1227, la chapelle a été mentionnée comme une chapelle du Saint-Sépulcre et en même temps comme une chapelle des expiations. Le dimanche des Rameaux 1227, le comte Gottfried II fit un don au monastère de Clarholz près de la chapelle de Drüggelt
e : “super fluvium Moyne, iuxta Capellam Druchlete”.

Théories sur le contexte de sa formation

Interprétation en tant que baptistère : En 1823, l’historien de l’architecture Wilhelm Tappe interprète la chapelle comme un baptistère et suppose qu’il y avait autrefois des fonts baptismaux au milieu du bâtiment central. Dans ses écrits, Tappe a cité d’autres interprétations, pour lesquelles il n’a cité aucune preuve. Dans la première moitié du XIXe siècle, la chapelle Drüggelt était considérée comme un baptistère par les experts.


Interprétation comme réplique du Saint-Sépulcre : En 1560, la chapelle portait le patronage de la Sainte-Croix. En 1853, Wilhelm Engelbet Gieters a essayé d’expliquer la chapelle comme la chapelle du Saint-Sépulcre. La chapelle a été construite à l’époque des croisades afin de pouvoir offrir au moins une réplique des sites les plus saints de la chrétienté aux personnes qui ne se sont pas rendues en Terre Sainte. De nombreux érudits du XIXe et du début du XXe siècle sont d’accord avec cette interprétation. Surtout, la question de la période de construction restait floue. Dans la littérature sérieuse de l’époque, les XIIe et XIIIe siècles ont été proposés.

Interprétation comme bâtiment païen : Même dans la littérature moderne, l’hypothèse persiste que la chapelle était à l’origine un bâtiment païen ou du moins construit comme un bâtiment successeur chrétien sur le site d’un sanctuaire pré-chrétien (continuité du culte). La suspicion exprimée à plusieurs reprises à l’égard d’une sorte de passé païen de la Drüggelter Kapelle a été particulièrement soulignée à l’époque du national-socialisme.

Interprétation comme lieu de rencontre pour les Cathares : En 1964, Gisela Jacobi-Busin, interprète la chapelle comme un lieu de rencontre pour la secte cathare. Le plan de la chapelle, mais surtout les sculptures du chapiteau, ont été conçus par les constructeurs de manière à “raconter avec leurs moyens” ».


Commentaire du texte ci-dessus

Concernant la datation de cet édifice, l'auteur de ce texte ne se prononce pas. Mais parmi les interprétations qu'il propose, dans celle intitulée Interprétation comme réplique du Saint-Sépulcre, il cite cette phrase : « Dans la littérature sérieuse de l’époque, les XIIe et XIIIe siècles ont été proposés. ». S'il avait estimé l'église antérieure au XIIe siècle, il ne l'aurait pas citée.

Parmi les diverses interprétations, certaines apparaissent fort peu crédibles. Ainsi celle la désignant comme un lieu de rencontre pour les Cathares. Nous qui habitons Béziers, cité cathare on ne peut plus célèbre (« Tuez-les-tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! ») sommes incapables de citer ou de décrire des réalisations authentiquement cathares parmi la multitude des œuvres orthodoxes, pour la plupart, ou hérétiques (ariens, cathares, vaudois, bogomiles, etc.). L'interprétation comme un bâtiment païen n'est pas justifiée. L'interprétation comme une réplique du Saint-Sépulcre serait justifiée si le bâtiment était vraiment une copie du Saint-Sépulcre. Ce qui ne semble pas être le cas. De plus, si, pour mettre des gens dans l'ambiance du Saint-Sépulcre, on avait voulu construire des modèles réduits de celui-ci, on en aurait construit beaucoup plus en modèles plus réduits que cette chapelle : pourquoi pas dans une boule de verre qui fait de la neige quand on la retourne ?

L'hypothèse d'un baptistère a été suggérée pour d'autres bâtiments à plan centré. Il y aussi l'hypothèse du mausolée qui n'est pas évoquée ici. Nous pensons cependant que le baptistère ou le mausolée sont des conséquences et non des causes de la création du bâtiment.

Pour comprendre à quoi servait ce monument, il faut revenir à sa définition : c'est un édifice à plan centré ! Alors que la plupart des églises chrétiennes sont à plan orienté. Pourquoi dit-on « orienté » ? Parce que l'édifice est dirigé vers l'Orient. Mais alors ? Pourquoi dit-on « centré ». Parce que c'est dirigé vers le centre ! Les bâtiments sont créés en fonction de leur utilisation. Ainsi, une salle de conférences, une salle de spectacles, sont à plan orienté en direction du conférencier ou du spectacle. À l'inverse, une salle de réunion, une table de conseils des ministres sont à plan centré, parce que le centre est le point attractif de la majorité de l'assemblée. En conséquence de cela, nous pensons que cet édifice devait être un lieu de rencontre des responsables d'un territoire donné. Un lieu de rencontre civil, peut-être païen qui a été ultérieurement christianisé par l'ajout d'une abside. Il y a eu aussi adjonction d'un porche d'entrée.

Les historiens qui ont étudié cette église n'ont pas remarqué les différences au niveau des piliers : à l'extérieur, un cercle de douze colonnes de même section, à l'intérieur un cercle de quatre colonnes dont 2 de gros diamètre dépourvues de chapiteaux et les deux autres de diamètre moyen pourvues de chapiteaux. En fait, il ont bien remarqué ces différences, y compris d'autres anomalies sur le mur extérieur. Mais ils n'en ont pas tiré les conclusions qui s'imposaient : cette église a été construite en plusieurs étapes de travaux, avec à chaque fois des modifications du plan. Ce qui exigerait des délais supérieurs au demi-siècle entre deux étapes de travaux. Et donc une plus grande ancienneté que prévu.

Notre hypothèse : nous pensons que les quatre piliers centraux ont été ajoutés ultérieurement. À l'intérieur du cercle aux douze colonnes, il devait y avoir un espace vide ; les douze colonnes et le mur extérieur devaient porter un plancher faisant office de déambulatoire à l'étage supérieur. On retrouverait là le schéma classique d'édifices à plan centré.


Datation envisagée pour la chapelle Sainte-Croix de Drüggelte : an 950 avec un écart de 100 ans.