Le musée romain-germanique de Cologne 

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Nous n'avons pas visité ce musée qui montre l'importance de Cologne dans le monde romain. En fait, c'est toute la vallée du Rhin qui partageait cette importance avec des villes comme Utrecht, Bonn, Coblence, Strasbourg. Et de même pour la Moselle avec Trèves et Metz. Grâce aux images recueillies sur Internet, nous pouvons montrer l'importance de ce musée. Certaines pièces de ce musée, parfois très anodines, nous ont révélé des surprises, des choses que nous n'attendions pas. Nous vous le ferons découvrir au fur et à mesure.


Image 1 : Le grand arc qui se déploie à l'entrée du musée est issu de la porte Nord de Cologne. Il porte l’inscription CCAA (Colonia Claudia Agrippina Ara).

Image 4 : Buste en marbre de l'empereur Auguste.

Image 5 : Buste en marbre d'Agrippine la Jeune.

Image 6 : Buste en marbre de jeune fille.


Image 7 : Mosaïque de Dionysos (220-230), l'ensemble.

La page du site Internet Wikipédia nous apprend ceci :

« Dionysos est, dans la religion grecque antique, le dieu de la vigne, du vin, de la fête et de ses excès. Il est une figure majeure de la religion grecque et un dieu de première importance au sein de l'orphisme : les Hymnes orphiques comportent de très nombreuses prières en son honneur et s'organisent pour donner “ une image de l'ordre du monde naturel et moral qui montre que, dans cet ordre, Dionysos joue un rôle particulier. ”». .Ancien Feu divin, comme l'attestent de nombreux éléments de sa légende et de son culte, il est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé ou, selon l'orphisme, de Zeus et de Déméter ou de Perséphone. Réparties entre l'automne et le printemps, ses festivités sont liées au cycle annuel et notamment au retour du printemps. Dieu de la fureur et de la subversion, son culte est également marqué par les fêtes orgiaques féminines célébrées par ses accompagnatrices, les ménades. Ses festivités ont été la force motrice du développement du théâtre et de la tragédie. La mythologie grecque met souvent en scène Dionysos, depuis les récits liés à l'arrivée du dieu en Grèce jusqu'à ceux relatant sa conquête de l'Inde. Il a été adopté par la Rome antique sous le nom de Bacchus et assimilé au dieu italique Liber Pater. »

Image 8 : Mosaïque de Dionysos, détail.

Image 9 : Ménade et satyre.

Image 10 : Ménade et satyre (peur-être le dieu Pan qui joue de la flûte).

Image 11 : Ménade et satyre. Ces trois dernières images de la mosaïque de Dionysos sont-elles les représentations d'une même scène d'une rencontre érotique entre un homme et une femme, ou des évocations à valeur de symboles. Nous sommes peut-être trop obnubilés par les mythes grecs ou latins et oublions que ces peuples antiques étaient avant tout religieux et qu'ils pouvaient exprimer leurs religions à travers de symboles. À titre de comparaison, si nous ne connaissions pas le texte de la Genèse de la Bible, comment interprèterions-nous la scène de Adam et Ève, tous nus, chassés du Paradis Terrestre ? À coup sûr, nombre de commentateurs parleraient d'une « scène orgiaque ».

Image 12 : Mosaïque de Dionysos ; détail : paon présentant un fruit. Si, dans les cas précédents, on pouvait ne pas évoquer de caractère symbolique, dans le cas présent, il est plus marqué. Le paon, dont la parade imite le soleil, serait symbole d'immortalité. Le fait qu'il nous offre un fruit au lieu de le croquer (ce qui serait dans la nature des choses) amplifie le caractère symbolique.


Image 13 : Mosaïque de Dionysos ; détail : deux oiseaux tirant un char contenant un râteau, et, peut-être, une faucille. Dans le cas présent, la scène n'est pas du tout réaliste. Elle ne peut être que symbolique : le char fait penser au char solaire qui accompagne le soleil dans sa course dans le ciel. Dans la plupart des représentations de char solaire, ce sont des chevaux qui sont attelés au char. Mais les oiseaux vont aussi dans le ciel. Ils sont d'ailleurs représentés dès l'antiquité dans la scène des « oiseaux au canthare » (voir l'image 33).

Image 14 : Autre mosaïque. Image surprenante. On devine une idée de spirale. Cependant, nous n'arrivons pas à trouver une explication de sa construction, et encore moins à découvrir un symbolisme caché.

Image 15 : Élément de fresque murale. Nous avons vu des fresques semblables à Pompéi, Herculanum ou Stabies, mais nous n'arrivons pas à les expliquer.

Image 16 : Très beaux spécimens de verrerie antique.

Image 17 : Très beau spécimen de verrerie antique.

Image 18 : Très beau spécimen de verrerie antique.


Image 19 : Mausolée de Poblicius. C'est un des monuments les plus importants du musée. Nous avons eu l'occasion d'en parler en décrivant l'église Saint-Séverin de Cologne. Sur cette tombe était gravée une épitaphe. Le commentaire suivant en est la traduction : « Poblicius, originaire de Terretina, en Italie, était un vétéran de la 5e légion Alauda (l'alouette) stationnée à Xanten jusqu'en 69 ap. J.-C. Après 20 à 25 ans de service dans l'armée, il avait reçu 12000 sesterces, ce qui équivalait à 13 ans de solde (!) destinés à l'achat d'une ferme ou d'un commerce dont il pourrait vivre par la suite. Avec cette somme, il aura également pu se faire ériger ce mausolée où on le voit représenté. [...] ». Nous avons été très agréablement surpris par ce commentaire car peu de temps auparavant, nous avions émis l'idée que les légions avaient pu créer des sortes de fonds de pension servant à financer les retraites des légionnaires.

Image 20 : Bas-relief sculpté. Nous avons pensé qu'il était à usage funéraire. Le plus souvent, ce sont les jumeaux romains Castor et Polux qui sont représentés, chacun avec son cheval pour accompagner le défunt.

Image 21 : Banquet funéraire.

Image 22 : Banquet funéraire.

Image 23 : Banquet funéraire.

Image 24 : Banquet funéraire et homme avec son cheval. On a ici confirmation que les deux représentations, le banquet funéraire, et l'homme et son cheval, font partie des mêmes croyances en un au-delà.


Image 25 : Sarcophage à acrotères. Avec représentation sur l'acrotère d'une tête coiffée d'un bonnet phrygien, sans doute le dieu Mithra.

Image 26 : Scène d'affrontement entre un chien (il porte un collier) et un sanglier. Il est possible que cette scène soit purement pastorale. Cependant, il semblerait que dans la religion celte, il y ait opposition entre deux principes qui se combattent régulièrement (le jour et la nuit, l'été et l'hiver, la mort et la vie).

Image 27 : Tauroctonie. Voici un extrait de la page du site Internet Wikipédia consacrée au dieu Mithra : « La scène du mythe de Mithra la plus représentée est de loin la tauroctonie, la mise à mort du Taureau permettant la renaissance du Monde et le rétablissement de l'ordre cosmique, promesse du salut pour les adeptes du culte mithriaque. Une sculpture de Mithra mettant à mort le Taureau figure généralement au bout de l'aile centrale des spelea, ce qui indique son rôle de principal icône du culte. Qu'elle soit sculptée en statue, bas-relief ou haut relief, sur pierre, terre cuite ou bronze, ou encore peinte, cette scène est représentée de façon remarquablement similaire dans les nombreux exemplaires connus provenant des différentes parties du monde romain. Elles se distinguent des statues divines du culte traditionnel, soulignant l'originalité de Mithra et de son culte. » . Les images que l'on a pu voir sur ce site sont effectivement très ressemblantes à celles que l'on a ici. Ce qui est, selon nous, tout aussi remarquable, est la ressemblance entre ces scènes de tauroctonie et la scène de « Samson et le lion ». Y- a-t-il eu des influences ? C'est possible. Les attitudes des personnages, l'homme et le lion, sont identiques. Mais les actes sont différents : Mithra utilise une épée pour tuer le lion alors que Samson lui arrache la mâchoire. Surtout, nous n'observons pas de continuité entre les deux représentations, distantes de près d'un millénaire, des alentours du IIe siècle à ceux du XIIe siècle. Il existe bien entre ces deux dates des représentations d'un homme et d'un ou plusieurs lions, mais rien de comparable à celles-ci. Nous ne pensons donc pas qu'il y a eu filiation entre la tauroctonie et la scène de Samson et le lion, mais peut-être reproduction, au XIIe siècle, du modèle de la tauroctonie pour représenter l'épisode de Samson (les représentations de tauroctonie devaient être plus fréquentes à l'époque qu'elles ne le sont maintenant).

Image 28 : Ensemble de quatre lampes à l'huile. Malgré leur caractère anodin, elles méritent que l'on s'y intéresse. En premier lieu pour leur caractère artistique. Mais on peut ajouter à cela l'aspect symbolique. Ces objets du commun sont le reflet des goûts et des convictions de ceux qui les ont possédés. Lampe à huile de gauche : au centre, on distingue un buste de femme dont la coiffure serait de l'époque de Constantin. Lampe à huile du dessus : un homme tenant un trident (ce peut être un gladiateur ou un adepte du culte de Poséidon). Lampe à huile du dessous : un poisson (durant la période des persécutions, les chrétiens se reconnaissaient par des signes distinctifs. Le poisson en était un, sans doute le plus fréquemment représenté). Lampe à huile de droite : un homme nu levant les bras : nous ne connaissons pas la signification. Peut-être Adam ?

Image 29 : Autre lampe à huile : au centre, une scène anodine.

Image 30 : Détail de l'image précédente : scène anodine ? Grosse surprise : c'est le tétramorphe ! Il faut bien comprendre qu'avant même la création de ce site, nous nous sommes posés des questions sur le tétramorphe. Nous avions connaissance des quatre Vivants (l'homme, l'aigle, le lion et le taureau) de la vision d'Ézéchiel, vision reprise dans l'Apocalypse de Saint Jean. Mais nous recherchions les liens pouvant exister entre les Vivants et les Évangélistes, ou entre les religions pré-chrétiennes d'Égypte ou d'Orient qui donnaient à leurs dieux des formes animales et les religions juive et chrétienne. Nous ne pouvions nous contenter d'explications telles que l'aigle est le symbole de Saint-Jean sans connaître le processus qui avait mené à cette assimilation. Nous étions donc à la recherche de « chaînons manquants ». Nous pensons en avoir trouvé un : analysons donc cette scène. Au milieu, une femme est assise sur un trône. Elle est couronnée. On songe immédiatement à la représentation d'une Vierge en Gloire assise sur son trône céleste. Mais il y a plus, car autour d'elle, sont disposés, en haut à gauche, un homme portant un bonnet phrygien, en haut à droite, un aigle, en bas et de part et d'autre un lion. Il ne manque que le taureau qui devrait être à la place du lion. Mais avouons que la ressemblance avec les représentations habituelles du tétramorphe est frappante. Certes il y a une autre différence : dans le tétramorphe chrétien, ce n'est pas Marie qui est représentée mais soit Dieu le Père, soit Dieu le Fils.

La plupart des historiens de l'art datent du XIIe siècle les représentations du tétramorphe. Mais ce sont historiens d'Europe occidentale. Pour les pays du Proche-Orient (Syrie, Géorgie), ces représentations seraient plus anciennes. Nous-mêmes pensons qu'en Europe Occidentale, elles pourraient être aussi plus anciennes d'au moins un siècle, mais nous n'avons pas encore entrepris d'études comparatives.

Le tétramorphe que l'on a ici est nettement plus ancien. Malheureusement, nous n'avons pas d'information concernant la datation des lampes en terre cuite. Ces lampes sont dites « romaines ». Si l'on se réfère aux points de vue traditionnels, la civilisation romaine s'arrêterait à la prise de Rome en l'an 410. Nous pensons qu'en fait la culture romaine s'est développée sur une plus longue durée. Et plus particulièrement dans la région de Cologne, au moins jusqu'au VIe siècle. Mais il est possible que l'utilisation des lampes à huile en terre cuite ait disparu auparavant. En tout cas, nous ignorons totalement quel était le type d'éclairage au cours du Haut Moyen-Âge… et même du Moyen-Âge : lampes à huile ? Mais en quel matériau ? Bougies de cire ? Torches ? En conséquence, nous ne savons pas trop de quand date cette lampe en terre cuite. Nous la pensons cependant antérieure à l'an 500. Ajoutons à cela la présence d'un bonnet phrygien, signe d'ancienneté.


Image 31 : Bracelet en or. Les entrelacs que l'on y voit en font une pièce de création barbare. Elle est difficile à décrire. Pour ce faire, il faudrait disposer d'un déroulé de la représentation. On distingue cependant un peu à droite du centre les pattes avant et la tête d'un dragon. Le corps filiforme de celui-ci est dévoré par un lion, au centre.

Image 32 : Stèle funéraire chrétienne. Un chrisme est gravé au bas de la stèle.

Image 33 : Stèle funéraire chrétienne. Un chrisme est gravé au bas de la stèle. Il est entouré par des oiseaux. C'est la scène classique des « oiseaux au canthare », le canthare ayant été remplacé par un chrisme.

Image 34 : Ensemble de pièces d'orfèvrerie barbares. On repère ici les mêmes objets auparavant rencontrés dans des musées, comme celui du département de la Somme à Amiens : éperons, fibules en forme d'oiseau (profil très caractéristique : l'oiseau est vu de face, ailes repliées, sa tête démesurée a un bec très prononcé, tourné vers la droite).

Image 35 : Plaque-boucle de ceinturon en bronze. Une croix grecque est gravée au centre de la plaque. Des masques humains stylisés apparaissent à l'intérieur de chaque branche de croix.

Image 36 : Pièce d’orfèvrerie barbare. Plaque en forme de croix grecque.