Analyse des voûtes (ou des modes de couvrement) 

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Bien que cette page soit intitulée « Analyse des voûtes » , il ne faut pas oublier que la voûte ne constitue pas le seul mode de couvrement d’un édifice ou d’une salle.

Les images suivantes montrent divers types de couvrement sans utilisation de voûtes.

Image 1 : Couvrement par toit à charpente apparente.

Image 2 : Couvrement par toit à charpente non apparente (utilisation d’un plafond).

Image 3 : Couvrement par toit à charpente supportée par un mur diaphragme (c’est à dire un mur situé entre les travées, portant les fermes du toit).

Nous verrons dans les pages suivantes que les deux premiers types de couvrement (en fait le second n’est qu’une amélioration du premier) sont fréquents durant toute la période du Premier Millénaire. On est surpris de constater que le 3e type de couvrement utilisant des murs diaphragmes, n'apparaît qu’au XIIIeou XIVesiècle. Pourtant une telle innovation semble facile à concevoir. Pour quelles raisons n’a-t-elle pas été introduite plus tôt ?


Les différents types de voûtes

Dans une des pages précédentes, on a étudié les différents types d’arcs. Même si un arc est une figure géométrique dans un espace de dimension 3, on a tendance à l’assimiler à une ligne, espace de dimension 1. Quand à la voûte, on a tendance à l’assimiler à une surface, c’est-à-dire un espace de dimension 2. Les diverses propriétés de l’arc vont pouvoir être généralisées à la voûte.

- Voûte en encorbellement (non représentée sur les images ci-dessous).

C’est la première des voûtes. On la trouve à Mycènes plus de 1000 ans avant Jésus-Christ. Dans nos régions du Languedoc et de Provence, on la trouve dans les bories ou les capitelles. Cependant, malgré leur caractère archaïque, la plupart de ces bories seraient relativement récentes. Les plus anciennes dateraient du Bas Moyen-âge :
XIVe-XVesiècle. Cependant rien n’est sûr car elles sont très difficiles à dater : pas de décor caractéristique, pas de mobilier. La voûte en encorbellement n’est pas une vraie voûte. Les dalles de pierre qui la composent sont disposées de manière qu’une partie de chaque dalle déborde tout d’abord du mur porteur, puis de la dalle précédemment posée. La théorie est simple. Sa mise en œuvre est beaucoup plus complexe. Car les pierres disposées en « porte à faux » ont tendance à faire basculer la voûte vers l’intérieur. Il faut donc placer d’autres pierres en contrepoids … ce qui contribue à élargir le mur porteur …

- Voûte en berceau plein cintre

La voûte en berceau plein cintre est le prolongement par translation de l’arc plein cintre (en forme d’arc de cercle). Elle a la forme d’un demi-cylindre de révolution.

Les images 4 et 10 montrent deux voûtes en berceau plein cintre.


- Voûte en berceau brisé

La voûte en berceau brisé est, quand à elle, le prolongement par translation de l’arc brisé. (obtenu par l’intersection de deux arcs de cercle).


- Voûte sur doubleaux

Un doubleau est une arcade sur laquelle repose la voûte. Le doubleau aurait deux fonctions. D’une part, une aide au moment de la construction : on construit le doubleau en premier-lieu, puis on s’appuie sur lui pour construire la voûte. D’autre part, lorsque la voûte est terminée, un soutien de celle-ci. Malgré ces deux avantages il est difficile de savoir si l’usage du doubleau s’est imposé à la suite d’un acte volontaire ou bien d’un acte fortuit. Il semblerait que ce soit plutôt un acte fortuit qui se serait produit lors du voûtement d’une église, préalablement charpentée. La charpente devait être posée sur des piliers adossés à la paroi. Et donc un peu avant de ceux-ci. L’architecte, conscient que la voûte devait reposer en léger retrait par rapport aux murs, et ce, pour une meilleure stabilité de l’édifice, aurait imaginé de lancer une arcade sur les piliers et de faire reposer la voûte à la fois sur cette arcade et sur les murs latéraux.

La plupart des voûtes en berceau sont installées sur des doubleaux. Les images 5 et 6 montrent des voûtes en berceau plein cintre sur doubleau plein cintre. Les images 8 et 9 montrent des voûtes en berceau brisé sur doubleau brisé. Le doubleau peut être à simple rouleau (image 6) ou à double rouleau (images 7, 8 et 9), voire triple rouleau.


On peut voir sur les images 10, 11 et 12 que, sur un même édifice, peuvent coexister plusieurs types de voûtements. Il est difficile de déduire quoi que ce soit de cet état de fait, car les voûtes ont été peut-être construites à des périodes différentes.


  • - Voûte d’arêtes

    La voûte d’arêtes (images 11 et 13) a sans doute été obtenue tout à fait expérimentalement. C’est, en effet le résultat de l’intersection de deux voûtes en berceau plein cintre. Géométriquement, c’est l’intersection de deux demi-cylindres de mêmes rayons et dont les axes sont perpendiculaires. Elle a dû apparaître en premier lieu dans les collatéraux des églises à 3 nefs. Ou dans des intersections de galeries de cloître.



    - Voûte sur croisée d’ogives

    La croisée d’ogives est une amélioration de la voûte d’arêtes. Les arêtes sont remplacées part un chaînage de pierres. La croisée d’ogives est pratique pour installer la voûte. Mais son intérêt principal est ailleurs. La croisée d’ogives correspond au croisillon d’un échafaudage. Vu dans un plan vertical , un échafaudage est un rectangle qui, une fois installé, a tendance, en fonction des pressions, à se transformer en parallélogramme, à gauchir. Le croisillon permet de maintenir à la même distance les sommets opposés du rectangle et donc évite le gauchissement. La croisée d’ogives sert donc à éviter le gauchissement de la structure. C’est grâce à elle que pourront être construites les grandes églises gothiques (images 14, 15, 16). A remarquer que l’ogive est un arc de croisée. Mais ce n’est pas forcément un arc brisé. Cela peut très bien être, comme dans l'image 14, un arc en plein cintre.


    • - Coupole

      La coupole est définie comme étant une voûte hémisphérique. Dans la pratique nous rencontrerons très peu de coupoles vraiment hémisphériques (le Panthéon de Rome) mais des voûtes supportées par des murs à plan en forme de polygone régulier. La forme le plus fréquente est la coupole de croisée du transept. La croisée du transept a un plan carré. Ce plan carré est transformé en plan octogonal. La coupole de croisée est construite sur la base de ce plan octogonal. Les spécialistes s’accordent pour différencier deux formes de coupoles : les coupoles sur trompes et les coupoles sur pendentifs. Mais ne précisent pas quelle est celle qui est antérieure à l’autre.

      On constate que la voûte sur croisée d’ogives de l'image 16 est presque assimilable à une coupole. L'image 17 représente quant à elle une coupole à base octogonale (l’octogone n’est pas régulier). L'image 18 est celle d’une nef recouverte par une série de coupoles.