Analyse des ouvrages occidentaux
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Petit
rappel
Ami lecteur, avant de consulter cette page, vous êtes
invité, si vous ne l’avez déjà fait, à lire une des pages
précédentes intitulée Ana_Plan
(sigle de « analyse des plans d’églises du Moyen-Âge » ). En
effet la démarche consistant à étudier successivement tous
les plans d’églises s’avère stérile car il y a presque
autant de plans qu’il y a d’églises. Il nous a donc paru
préférable de partager l’ensemble en divers morceaux qui ont
chacun leur plan plus détaillé. Il s’agit comme un jeu de
Lego dans lequel on assemble des pièces disparates. Ou bien
comme un « portrait-robot » : dans un portrait-robot, on
commence par la forme du visage, puis on y met les cheveux,
puis le nez, etc.. Dans le cas des églises romanes, l’idée
est de commencer par le plan de la nef (Ana_Plan),
puis le plan du chevet (Ana-Chev).
Et on poursuit par l’analyse des ouvrages ouest et
transversaux.
Les ouvrages ouest
Dans les pages précédentes nous avons essayé d’identifier
les divers plans concernant les églises. D’abord ceux de la
nef. Puis ceux des chevets.
Concernant les ouvrages ouest nous ne comptons pas, du moins
pour l’instant, apporter des plans. Cela tient
essentiellement au fait que nous n’avons pas encore réussi à
dégager des modèles permettant d’envisager une datation, au
vu du trop petit nombre d’ouvrages caractérisés. Bien sûr la
plupart des images que l’on voit sur cette page concerne
des édifices attribuables au premier millénaire. Mais les
estimations de datation ont été réalisés par d’autres moyens
que l’étude architecturale (par exemple par l’iconographie).
Remarque
: on a donné ici le nom général de « ouvrage ouest » plutôt
que une seule des appellations multiples suivantes : atrium,
galilée, narthex, clocher-porche, galerie. Appellations qui,
par contre, pourraient être décernées à un type particulier
d’ouvrage situé à l’ouest de la nef.
Les images 1 et 2
représentent les façades ouest de deux églises. A priori on
ne devrait pas admettre que ces façades sont réellement des
« ouvrages ». C’est-à-dire des bâtiments indépendants de la
nef. Néanmoins on est obligé de les prendre en compte car
dans la partie ouest de la nef c’est la façade que l’on
rencontre le plus souvent, au détriment d’ouvrages plus
structurés.
La façade ouest de l’église Saint-Aphrodise de Béziers (image 1) est
directement issue de l’Antiquité Tardive. Hormis la porte
qui est probablement d’origine, elle a subi quelques
modifications (fenêtres, rosace).
La façade de l’église de Saint-Jouin de Marnes (image 2)
est beaucoup plus tardive (sans doute
du XIe voire du XIIesiècle). Si on
insère cette image dans un site consacré au premier
millénaire, c’est afin de montrer que de simples façades ont
pu constituer en elles-mêmes des éléments architecturaux
importants. Et les constructeurs ultérieurs ont dû éviter de
bâtir devant elle un ouvrage qui l’aurait camouflée.
L’image 3 est celle
d’une cour entourée d’une galerie située en avant de la
façade. Elle peut être comparée à « l’atrium » des maisons
romaines. En fait il s’agit bien d’un atrium (remontant à
l’antiquité tardive) et non d’un cloître.
Dans les deux images suivantes 4
et 5, on retrouve des galeries. Mais celles-ci
entourent l’église (comme à Eunate), ou enveloppent
seulement la partie ouest (comme à Epfig).
Il existe très certainement une différence importante entre
l’atrium, cour extérieure, et la galerie entourant l’église.
Peut-être la première servait elle de lieu de rassemblement
pour les croyants alors que la seconde était réservée aux
catéchumènes en attente de baptême ?
L’image 6 montre
que, à l’intérieur même de l’église (datée de l’antiquité
tardive) un mur de séparation pouvait être construit, créant
artificiellement un ouvrage ouest.
L’église de San Juan de Baños (image 7) est
wisigothique. Son porche d’entrée porte un arc outrepassé,
lui aussi wisigothique.
Avec les images 8 et 9,
on découvre une autre forme d’ouvrage ouest : le «
clocher-porche ». En fait le mot de « clocher » est
peut-être dans ce cas inapproprié. Certes de tels ouvrages
servent actuellement de clochers. Mais est-ce pour cet usage
qu’ils ont été construits? Ils sont au moins
constitués de deux étages. Le rez-de-chaussée est
généralement un porche libre d’accès et ouvert sur la nef.
Le premier étage est souvent constitué d’une chapelle dédiée
à Saint Michel. L’iconographie (entrelacs, damiers,
personnages stylisés) se rapporte à des ouvrages antérieurs
à l’an 1000 (IXe-Xesiècles).
Image
10 : A Perrecy-les-Forges, l’ouvrage est encore
plus imposant. Remarquer la tour de façade située à gauche.
Une seconde tour (à droite) a été programmée. A-t-elle été
construite ? ou construite puis détruite ? Toujours est-il
qu’on est en présence d’un modèle qu’on retrouvera durant
toute la période gothique.
Image 11 :
L’intérieur est surprenant. En effet on réalise que
l’ensemble de l’ouvrage s’organise autour d’un carré
central.
Image 12 :
L’église de Saint-Restitut (Drôme) présente encore un autre
type d’ouvrage ouest. Celui-ci n’est pas ouvert au
rez-de-chaussée comme les clochers-porches vus auparavant.
Pour l’ouvrage ouest de l’église de
Romainmôtier en Suisse, il est difficile d’envisager une
datation. L’extérieur porte les traces de nombreuses
reprises.
Il reste enfin les ouvrages que les allemands désignent sous
le nom de « westwerk ». Ils auraient été créés peut avant
l’an mille sous l’influence des empereurs ottoniens.
A voir ce type de construction on pourrait s’imaginer qu’il
s’agit de chevets. En fait, ce sont bien des ouvrages situés
à l’ouest. Mais ils sont dotés de contre-absides.