Analyse des chevets ou ouvrages orientaux
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Petit
rappel
Ami lecteur, avant de consulter cette page, vous êtes
invité, si vous ne l'avez déjà fait, à lire une des pages
précédentes intitulée Ana_Plan
(sigle de « analyse des plans d’églises du Moyen-Âge » ). En
effet la démarche consistant à étudier successivement tous
les plans d’églises s’avère stérile car il y a presque
autant de plans qu’il y a d’églises. Il nous a donc paru
préférable de partager l'ensemble en divers morceaux qui ont
chacun leur plan plus détaillé. Il s’agit comme un jeu de
Lego dans lequel on assemble des pièces disparates. Ou bien
comme un « portrait-robot » : dans un portrait-robot, on
commence par la forme du visage, puis on y met les cheveux,
puis le nez, etc.. Dans le cas des églises romanes, l'idée
est de commencer par le plan de la nef (Ana_Plan),
puis le plan du chevet (Ana-Chev).
Et on poursuit par l'analyse des ouvrages ouest et
transversaux.
Abside
? ou chevet ?
Selon le dictionnaire le mot « chevet » désignerait la
partie extérieure du chœur d’une église. La partie
intérieure serait appelée « abside ». Cependant ces
définitions ne tiennent pas compte de la complexité des
situations. Si, en effet, la partie orientale contient une
abside et deux absidioles qu’est-ce que le chevet ?
l'extérieur de l'abside ? l'extérieur de chaque absidiole ?
l'extérieur du tout ? Mais, dans ce dernier cas comment
appelle-t-on l'extérieur d’une abside ? Ces questions
peuvent sembler vaines. Il est néanmoins important de les
préciser. Nous appellerons chevet
la totalité de l'ouvrage oriental (intérieur et extérieur).
A l'intérieur du chevet on a une ou plusieurs absides.
Parmi ces absides il y a toujours une plus grande que les
autres, l'abside principale ou abside majeure dans laquelle
se trouve le sanctuaire,
partie située autour de l'autel principal. On donne aussi à
cette partie le nom de chœur.
Dans l'abside principale, le chœur peut être précédé d’une
partie à plan rectangulaire appelée avant-chœur.
Il peut aussi exister des absides secondaires de dimensions
inférieures à l'abside principale. Ces absides secondaires
seront appelées absidioles.
l'étude a fait apparaître qu’il existait plusieurs plans de
chevets. Et il est devenu nécessaire d’effectuer un
rangement, une classification de ces chevets. C’est l'objet
de cette page intitulée Ana_Chev
(pour Analyse des chevets).
Le chevet étant formé de une ou plusieurs absides nous
commençons par étudier les diverses formes d’absides
rencontrées.
L'abside
La première image (image 1
ci-dessus) est celle, classique, d’une abside en
cul-de-four. En plan au sol, elle se présente
demi-circulaire, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur.
Dans l'image 2 ,
l'extérieur est polygonal (souvent pentagonal). Ce type
d’abside n’est pas rare et pourrait caractériser une abside
antérieure à l'an 1000. D’où l'intérêt d’identifier ce type
d’abside. On peut aussi avoir ( plan non représenté ici) une
abside polygonale à la fois à l'intérieur et à l'extérieur
(mur à pans coupés).
Parfois aussi, mais plus rarement, l'abside se présente
plate (ou rectangulaire) à l'extérieur et demi-circulaire à
l'intérieur (image 3).
C'est un cas particulier de l'image
2.
Dans l'image
4, l'abside intérieure n’est pas circulaire. Il ne
peut pas y avoir de « cul de four ». Sa forme est en général
très proche du carré. Bien qu’il n’y ait pas de cul de four
elle peut être voûtée. Mais c’est, le plus souvent, en
berceau simple.
Image 5 : il arrive
fréquemment que, du côté intérieur, une rangée de colonnes
vienne s’appuyer contre le mur de l'abside. Ces colonnes
portent une arcature qui soutient le cul-de-four de
l'abside. On aura par la suite l'occasion de reparler de
cette colonnade dont la présence pourrait fournir des
indices de datation.
Image 6 : on
retrouve aussi fréquemment des colonnes ou des pilastres
plaqués contre le mur à l'extérieur de l'abside. Parfois ces
colonnes peuvent, comme dans le cas précédent, porter des
arcades et, au dessus de ces arcades, un mur venant
renforcer le mur de l'abside. D’autres fois, ces colonnes
servent seulement de contreforts. D’autres fois encore elles
peuvent porter une poutre de couverture du toit de l'abside.
L'image 5 concerne
l'intérieur, l'image 6 l'extérieur. On peut aussi avoir combinaison des deux
dernières formules : colonnades à l'intérieur et à
l'extérieur.
Image
7 : Le chœur, élément de l'abside, peut être
précédé d’un avant-chœur de forme rectangulaire. Et, la
colonnade adossée au mur de l'abside, côté chœur peut être
prolongée par une autre colonnade dans l ‘avant-chœur (image 8).
Le
chevet
Les images que nous avons vues précédemment concernaient les
absides. Ces absides ne sont que des parties du chevet qui
peut en contenir une ou plusieurs. Lorsque le chevet
contient une seule abside, on peut considérer qu’il y a
coïncidence entre cette abside et le chevet (notons
cependant qu’il est possible de rencontrer des chevets
formés primitivement de trois absides et qui en ont perdu
deux).
Dans les images suivantes nous étudierons principalement des
chevets à 3 absides (une abside et deux absidioles). C’est
le cas le plus fréquent (image
9). Si on est dans une église à nef à 3 vaisseaux,
il existe un alignement des vaisseaux. Soit les trois
absides se situent dans cet alignement des vaisseaux (image 10). Soit elles
ne situent pas dans cet alignement. C’est le cas lorsque la
nef est à un seul vaisseau (image
11). Mais ce peut être aussi le cas lorsque la nef
est à 3 vaisseaux (non représenté ici). Lorsqu’une telle
anomalie (absides non dans le prolongement des nefs) existe,
ele témoigne de deux étapes dans la construction : d’abord
la nef puis le chevet. Ou le contraire.
Dans l'image 10, la
largeur totale du chevet était équivalente à la somme des
diamètres des trois absides; l'image
12 montre une grande abside dont le diamètre
correspond à la largeur des trois nefs.
L'image
13 révèle un chevet présentant une sorte
d’étagement des absides. J’ai donné le nom de « clunisien »
à ce type de chevet car la figure est analogue à l'emblème
de l'ordre de Cluny. Cependant, à l'heure actuelle, rien ne
me permet d’affirmer que ce type de chevet est attribuable à
l'ordre de Cluny.
Reprenons l'image 12
et constatons que l'on peut prolonger le chemin tracé par
les collatéraux en faisant le tour intérieur de l'abside. Le
chevet obtenu est dit « à déambulatoire » (image
14).
Il nous faut cependant remarquer ceci. On est passé d’un
chevet à une abside et deux absidioles (image
10) à un chevet à une seule abside, mais de grandes
dimensions (image 12).
Puis à un chevet à déambulatoire (image
14). On a certes gagné une abside plus grande et un
déambulatoire. Mais on a perdu deux absidioles. Eh bien !
ces absidioles on les retrouve dans l'image
15 d’un chevet à déambulatoire et 3 chapelles
rayonnantes.
Nous retrouverons tout cela dans le chapitre intitulé « évolution ». Néanmoins
on peut d’ores et déjà constater que la succession entre ces
4 (10, 12, 14, 15) est symptomatique d’une évolution.
Les images 16 et 17
sont celles de chevets insérés dans une
construction. Pour l'image
16, à l'extérieur, les absides ne sont pas
visibles. Tandis que pour l'image
17, seule apparaît l'abside principale. Une
telle disposition semble totalement arbitraire et
dispendieuse (existence de pièces de petites dimensions,
presque inutilisables). Cependant il faut noter que de
tels types d ‘églises existent. En particulier dans le
sud de l'Italie.
Terminons par les images
18, 19, 20 et 21,
qui font apparaître des coupes transversales.
Ces images font apparaître que l'on peut avoir des
absides basses dont la hauteur est inférieure ou égale à
2,5 fois le rayon du demi cercle de base (image
18).
Ou des absides hautes (hauteur presque égale à la
hauteur de la nef et supérieure à 3 fois le rayon du
demi cercle de base :
image 19). Cette hauteur peut avoir permis
l'installation d’une pièce au-dessus de l'abside (image 20).
Enfin l'image 21
représente l'étagement des toitures pour un chevet à
déambulatoire et chapelles rayonnantes.