La Gaule et les Gaulois (fin du 4e siècle : les routes)
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Introduction : Itinéraires
d'Antonin, Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, Table de
Peutinger
Cette partie constitue une étude faite à partir du livre
suivant : Recueil des
Itinéraires Anciens, comprenant l’Itinéraire
d’Antonin, un choix des Périples Grecs, la Table de
Peutinger, publié par M. le Mis de Fortia
d’Urban, Membre de l’Institut, Paris, Imprimerie Royale
1845. Ce livre a été consulté sur l’Encyclopédie Numérique
Gallica. Les diverses notes à la fin de cette page sont
extraites de ce livre. Elles ne concernent que la France
(dans ses limites actuelles) et une petite partie des pays
limitrophes.
L’itinéraire dit d’Antonin
ne daterait pas du règne d’Antonin (IIe siècle)
mais de la fin du IIIe siècle.
L’itinéraire de Bordeaux à
Jérusalem serait quant à lui daté de l’an 333.
C’est-à-dire peu de temps après l’édit de Constantin
favorisant la religion chrétienne.
Un autre itinéraire, le
pélerinage d’Égérie, aurait été rédigé en 383-384.
Nous ne l'avons pas ici décrit. De toute façon, l'itinéraire
ne concernerait que le trajet entre Jérusalem et
Contantinople.
La Table de Peutinger
aurait été initialement rédigée sous l’empereur Auguste,
mais étant donné qu’elle mentionne l’existence de
Constantinople, elle aurait été en partie corrigée au IVe
siècle.
Rappelons enfin un ouvrage important, Le
Catalogue des Provinces Romaines, abordé dans la
page précédente, qui aurait été rédigé sous Théodose,
empereur entre 379 et 395.
Revenons à la Table de Peutinger.
Selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia, «
La table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou
Peutingeriana Tabula Itineraria),
appelée aussi carte des étapes de Castorius, est une copie
du XIII e siècle d'une ancienne carte romaine
où figurent les routes et les villes principales de
l'Empire romain qui constituaient le cursus
publicus.
Ce document était également connu autrefois sous le nom de
« table théodosienne » (ou tabula theodosiana),
nom qui fait référence à l'empereur Théodose car, selon
M. d'Aigueperse, une copie affiche des vers écrits sous
cet empereur.... La table est composée de onze parchemins
conservés (le plus à l'ouest étant perdu), assemblés pour
former une bande de 6,82 m sur 0,34 m. »
Toujours selon l'auteur du texte de Wikipedia, la carte
aurait été rédigée au premier siècle mais il y aurait eu des
rajouts durant les siècles suivants. Elle était probablement
lue en déroulé, un peu comme pour les textes de la Tora,
présentée enroulée sur deux cylindres verticaux.
Nous pensons que ce devait être une sorte de carte
touristique ; beaucoup de villes d'eaux sont représentées.
Cette carte n'est pas une représention réaliste mais
symboliste de l'Europe. C'est avant tout une carte des
routes. Il faut la considérer comme une carte de ligne de
métro parisien. Dans ces dernières cartes, le trajet est
représenté par une ligne droite, les stations par des petits
disques, les correspondances par des traits
perpendiculaires. La table de Peutinger, c'est un peu comme
cela.
Il faut bien comprendre que la carte de Peutinger, tout
comme les divers itinéraires, ont leurs qualités et leurs
défauts. Les qualités : comme ils définissent des routes et
que ces routes relient des villes, ils permettent de
connaître le nom de ces villes, et, en conséquence, de leur
existence en une période donnée. Mais inversement, ils ont
aussi des défauts. Ainsi celui de laisser de côté d'autres
villes, peut-être un peu moins importantes qui ont le
désavantage de ne pas se trouver sur la voie reliant deux
grandes villes. Ou au contraire de donner de l'importance à
des localités qui n'en ont pas. L'itinéraire de Bordeaux à
Jérusalem est, en cela très évocateur. Il fait la différence
entre les
mutatio, auberges-relais où l'on changeait les
attelages, les mansio,
localités plus importantes, et les civitas,
villes. Si les civitas
ont toutes été pafaitement identifiées, les mansio
le sont dans la plupart des cas ; et les
mutatio presque jamais. Nous pensons que, dans bien
des cas, des historiens locaux, désireux de faire remonter
la fondation de leur ville à l'époque romaine, ont
interprété à tort les données des itinéraires ou de la carte
de Peutinger. Gesocribate est-il l'ancien nom de Brest ? Et
Condate, celui de Rennes ?
Nous avons sur la carte ci-dessous
essayé de tracer les diverses routes traversant la Gaule.
L’image 7
ci-dessous est celle de la France actuelle sillonnée de voix
romaines. Bien sûr, le territoire de la France ne correspond
à aucune subdivision romaine. Même pas le territoire de la
Gaule.
Les routes de l’itinéraire d’Antonin ont été tracées dans
des couleurs de ton bleu ou vert. Celles de la table de
Peutinguer, en rose, rouge, marron.
Les tracés ne sont pas sûrs à 100%. Néanmoins, pour certains
itinéraires (les routes alpines, celles des vallées du Rhône
et du Rhin, la Voie Domitienne qui suit le littoral
méditerranéen) la certitude est quasi absolue.
D’autres tracés sont, par contre, plus problématiques. Car
l’information a pu avoir été insensiblement déviée au cours
du temps.
Prenons l’exemple de l’itinéraire TP
85 : « De Clermont à Brest ». C’est le seul qui
mentionne l’existence de certaines villes supposées être
Nantes, Vannes, Pontivy, Carhaix et Brest.
Il a été extrait de la Table de Peutinger. Sur cette carte,
il est représenté sous forme d’une ligne droite se dirigeant
vers l’Atlantique. Le dernier lieu cité est dénommé
Gesocribate. Il a été identifié comme étant Brest. Mais tout
le problème consiste à savoir comment s’est effectuée cette
identification. Soit elle est tout à fait indépendante de la
Table de Peutinger (par exemple, on a trouvé dans la ville
de Brest une inscription portant le nom de Gesocribate).
Soit elle a été déduite de l’étude de la carte de Peutinger,
après avoir remarqué que la route menant à Gesocribate
atteint l’Atlantique entre Saintes et Cherbourg. Dans ce
dernier cas, on risque fort de
« raisonner en boucle » (le raisonnement « du serpent qui se
mord la queue ») : on a déduit de la carte que Gésocribate
était l’ancien nom de Brest. Mais comme sur la carte
l’itinéraire aboutit bien à Brest, cela signifie que cet
itinéraire est valable. Et donc, en le remontant, on
retrouve les étapes : Vorgium doit être Carhaix et Sulim,
Pontivy, etc. On devine que si Gesocribate n’est pas
l’ancien nom de Brest, tout l’échafaudage s’écroule.
Le même scénario peut se retrouver pour d’autres
identifications d’itinéraires ou de noms de lieux. Ainsi,
par exemple le nom de Tamnum entre Bordeaux et Saintes a été
identifié comme étant Talmont. Ce qui n’est probablement pas
le cas.
Ces réserves ayant été émises, on constate que le
quadrillage du territoire français semble être homogène. On
devine que ces voies étaient des voies principales et qu’il
existait d’autres voies intermédiaires.
L’intérêt de cette carte est de faire apparaître les villes
ou les régions non atteintes. En fait, il faut bien
comprendre que ces villes ou régions étaient effectivement
atteintes, mais que les voies d’accès ne sont mentionnées ni
dans l’itinéraire d’Antonin, ni dans la table de Peutinger.
Observons donc ces zones non traversées par une voie romaine
(du moins par celles que nous connaissons).
En Normandie, les villes de Caen et d’Alençon.
En Bretagne, les villes de Saint-Brieuc et Quimper.
En Poitou, les villes de La Roche-sur-Yon, Niort et La
Rochelle.
Dans les Pyrénées, les villes de Tarbes, Pau (?), Foix et
Perpignan.
En Languedoc, les villes d’Albi, Montpellier, Mende, Privas.
Dans les Alpes, la ville de Digne-les-Bains.
En Périgord, la ville d’Angoulème.
Dans le Massif Central, les villes de Tulle, Aurillac,
Saint-Étienne.
Dans le centre de la France, les villes de Guéret, Moulins
et Blois.
En Bourgogne et Franche-Comté, les villes de
Bourg-en-Bresse, Dijon, Lons-le-Saunier, Vesoul, Épinal,
Belfort.
Dans le Nord-Est, les villes de Nancy et
Charleville-Mézières.
En Champagne, la ville de Laon.
Soit 32 villes, chefs-lieux de départements actuels. En
conséquence, sur environ 90 villes chefs-lieux de
départements, une soixantaine d’entre elles étaient connues
dès l’antiquité. Ce qui correspond aux 2/3. Un score déjà
important. Mais qui peut être amélioré en prenant en
considération certaines observations :
Les villes de La Roche-sur-Yon, Nancy, Belfort,
Saint-Étienne sont de création récente et il doit en être de
même pour Charleville-Mézières, Vesoul et Épinal.
Dijon a sans doute été créé vers le Ve siècle.
C’était primitivement un château qui est devenu un évêché au
VIe siècle. Montpellier a été créé au cours du
Moyen-Âge mais il existait à proximité les implantations
romaines de Substancion, Lattes et Maguelonne. L’évolution
de ces villes ou villages a dû suivre les progrès des
comblements des littoraux. Une évolution analogue a dû se
produire pour Perpignan. On sait que Mende existait au VIe
siècle car l’évêque de Javols s’y est installé. Les villes
d’Albi, Angoulème et Tarbes sont citées comme évêchés par
Grégoire de Tours. Blois et Digne sont aussi citées mais pas
comme évêchés. Elles peuvent néanmoins avoir ête des
évêchés. La ville de Beneharnum est sans doute Pau. Aurillac
est connue par l’existence de Gerbert d’Aurillac, devenu
pape en 999. Laon est citée par un des continuateurs de
Frédégaire écrivant au VIIe siècle. Niort serait
de création romaine (Novum
ritum = nouveau gué).
En résumé, sur les 32 villes, chefs lieux de départements
actuels, ignorées par les divers intinéraires anciens, six
au moins n’existaient probablement pas à cette époque, trois
ont été créées durant le Moyen-âge par suite de l’abandon de
cités voisines et l’existence de neuf est connue par
d’autres documents que les Itinéraires ou la carte de
Peutinger.
Il reste néanmoins de grandes interrogations concernant
principalement les villes de l’ouest de la France.
C’est-à-dire Caen, Alençon, Quimper, Saint-Brieuc, La
Rochelle. Ces villes existaient-elles du temps des Romains ?
Voire un peu plus tard, durant le Haut Moyen-Âge ? C’est
probable en ce qui concerne Quimper, beaucoup moins en ce
qui concerne les autres.
En résumé, plus de 80% de nos chefs-lieux de départements,
ont une origine antique ou du Haut Moyen-Âge. Et la plupart
d’ente eux sont d’anciens évêchés. L’idée consistant à
affirmer que le monde antique a été détruit par des
invasions barbares devient de moins en moins crédible. En
effet on constate une continuité d’occupation des sols. Ce
qui ne serait pas le cas si une civilisation avait été
totalement détruite.
Une autre approche consiste à chercher s’il existe des
villes d’origine romaine dont l’existence est prouvée, mais
non citées par ces divers itinéraires. On en connaît
quelques unes. En Bas- Languedoc, il y a Uzès, Agde,
Maguelonne, Elne (probablement l’ancienne Illiberris) ,
Port-Vendres. En Ardèche, la ville d’Alba la Romaine. En
Auvergne, Saint-Paulien, l’antique Vela. Dans le Vaucluse,
Vaison-la-Romaine. Il est facile de voir que ces villes ne
sont pas citées parce qu’elles sont situées hors des voies
principales décrites par les divers itinéraires.
La carte ci-dessous (image
8) est la même que la carte précédente, à la
différence près qu’ont été symbolisées (en trait noir
perpendiculairement à la route) des endroits nommes «
fines ». Si notre hypothèse est la bonne, le mot «
fines
» signifie « frontière ». Il nous faut être conscients que
toutes les frontières n’ont certainement pas été marquées.
En effet, le mot « fines
» (ou « ad
fines ») est sans doute un abrégé de « mutatio
ad fines » qui signifierait « Relais-étape à la
frontière ». En conséquence, si la frontière était située
entre deux étapes, elle n’a pas été indiquée.
La première des remarques que l’on peut faire, c’est qu’il y
avait des frontières dans l’Empire Romain. Ceci signifie
qu’il y avait des états disposant d’un certain dégré
d’indépendance par rapport aux romains.
Un de ces états semi-indépendants pourrait être le royaume
de Cotius, à cheval sur les Alpes dites Cotiennes. Ce roi
Cotius aurait fait « cadeau » de son royaume à Auguste.
La frontière qui se situe entre Carcassonne et Toulouse est
clairement indiquée sur cette carte peu après Bram. Or la
ville de Bram séparait durant le Haut Moyen-Âge la région
Toulousaine et la Septimanie.
On voit sur la carte qu’il existait d’autres séparations :
entre Clermont et Limoges, entre Limoges et Bordeaux, entre
Poitiers et Argenton, entr Orléans et Sens.
Remarquons enfin que sur une route, il n’y a pas,
semble-t-il, de frontière. C’est celle qui, partant d’Italie
franchit les Alpes par le col du Grand-Saint-Bernard puis
traverse la Suisse et longe le Rhin jusqu’à Cologne et même
au-delà jusqu’à Leyde. Très probablement, cette voie devait
être totalement dégagée afin de permettre un accès rapide
aux troupes se dirigeant vers le Rhin.
Notices
:
Ci-dessous quelques itinéraires extraits du livre Recueil
des Itinéraires Anciens
de M. le Mis de Fortia d’Urban.
Un commentaire est donné après la description de chacun des
itinéraires. À côté de certains noms de lieux, les remarques
entre parenthèses proviennent du transcripteur. Ainsi « (al.
Gemenelio) » signifie « (autre écriture « : Gemenello) » et
« Durocortoro (postea Remis) » signifie Durocortoro, appelé
ultérieurement Rémis », En face de chaque ville, le premier
nombre donné est la distance séparant une étape à l’étape
suivante. Ce nombre est celui qui nous est donné par les
manuscrits d’époque (ou plus exactement leurs copies les
plus anciennes). Le deuxième nombre est la distance réelle
calculée en milles romains. Notre commentaire personnel qui
suit chaque description est écrit en caractères italiques.
1e Partie :
Itinéraire d’Antonin (Noté sur la carte IA avec le numéro
de route)
IA89 | ||||
De l’Italie en Gaule par les Alpes Cotiennes | ||||
….Abhinc Gallia Commencement de la Gaule | ||||
Gemnelo (al. Gemenelio) Saint-Clair | 9---------9 | |||
Varum Flumine (leg. Flumen) riv Var | 6---------6 | |||
Antipoli Antibes | 10 --------10 | |||
Ad Horrea Auribeau | 12 --------12 | |||
Foro Julii Fréjus | 18 --------18 | |||
Foro Voconi Le Luc | 24 -------24 | |||
Matavonio A l’est de Brignoles | 12 -------12 | |||
Ad Turrem St Maximin | 14 ------- 14 | |||
Tegulata Auriol | 16 -------16 | |||
Aquis Sextis Aix | 16 ------- 16 | |||
Massilia Marseille | 18 ----- - 18 | |||
Calcaria Près Vitrolles | 14------- 14 | |||
Fossis Marianis Fos | 33 ------- 34 | |||
Arelate Arles | 33--------24 |
Commentaires :
À remarquer que les noms latins des villes d’Antibes,
Fréjus, Aix-en-Provence, Marseille, Fos et Arles sont
clairement identifiés. Il en est de même pour le fleuve
Var. Par contre, les autres identifications sont plus
problématiques. Il semblerait que certains de ces lieux ne
soient pas des villes ou même des villages, mais de
simples auberges, des relais. C’est très certainement le
cas pour le lieu indiqué « Ad Horrea » qui,
traduit du latin, signifie « Aux magasins »; traduit en
clair : « Tu trouveras une auberge en face des magasins ».
De même « Ad Turrem »
signifierait « À la tour ». Hormis le cas du Forum
Voconi,
qui pourrait être le nom d’une agglomération, les noms
indiqués ne sont sans doute que des lieux dépourvus
d’intérêt archéologique. Un peu comme nos aires de repos
d’autoroutes. On verra d’ailleurs un peu plus loin que
l’itinéraire de Bordeux à Jérusalem opère une distinction
entre les « mutationes », les
« mansiones » et
les « civitas ».
IA95A | ||||
Segusione Suze | 33 | |||
Ad Martis Oulx | 16 | |||
Brigantione Briançon | 18-------- 19 | |||
Ramo (al. Rama). La Roche | 19-------- 17 | |||
Eburoduno (al. Ebroduno) Embrun | 18-------- 17 | |||
Caturigas Chorges | 17-------- 16 | |||
Vapincum Gap | 12-------- 12 | |||
Alabonte (Al. Alamonte) Monestier d’Allemont | 18 -------- 18 | |||
Segusterone Sisteron | 16-------- 16 | |||
Alaunio Peyruis | 24-------- 13 | |||
Catuiaca Reillanne | 16-------- 21 | |||
Apta Julia Apt | 15-------- 15 | |||
Fines près Mérindol sur la Durance | 16-------- 16 | |||
Cabellione Cavaillon | 12-------- 10 | |||
Glano Glanum | 16-------- 12 | |||
Ernagino St Gabriel | 12-------- 8 | |||
Arelate Arles | 7-------- 7 |
Commentaires :
On repère à nouveau, grâce à l’onomastique, l’origine
ancienne des villes de Suze, Oulx, Briançon, Embrun,
Chorges, Gap, Sisteron, Apt, Cavaillon. Glanum est
une ville ruinée située à proximité de
Saint-Rémy-de-Provence. Le Monestier d’Allemont est une
localité sans doute située dans le voisinage d’un lieu
ancien dénommé Alabonte. À 8 Kms d’Arles, le prieuré de
Saint-Gabriel, de fondation tardo-antique, est le seul
témoignage qui nous reste de la localité d’Ernaginum.
Ce
qui surprend dans cette liste c’est la forte concentration
de sites antiques. Le voyageur passait chaque jour d’un
ville à l’autre. Ce qui surprend aussi c’est, parmi ces
villes, le nombre de celles qui sont devenues des évêchés
au Moyen-Âge. On peut en effet penser que les villes
accueillant des évêques étaient plus importantes que
d’autres. Ces évêchés sont ; Suze, Oulx, Briançon, Embrun,
Gap, Sisteron, Apt et Arles. Probablement aussi : Chorges
et Cavaillon. Cette forte densité de villes et d’évêchés
semble montrer que les vallées Alpines étaient très
densément peuplées. Les populations occupaient les flancs
des vallées alors que les villes situées au fond des
vallées jalonnaient la voie principale de communication.
C’est encore le cas aujourd’hui.
Remarquons
enfin pour la première fois le mot important de «
Fines ». On
le retrouve un peu plus loin sous la forme « Ad
fines ».
Il ne s’agit probablement pas d’un nom de lieu mais du mot
« frontière ». Il y aurait donc eu des frontières à
l’intérieur de l’Empire Romain. Nous en reparlerons plus
loin.
IA95B | ||||
De Milan par les Alpes Grecques à Vienne | 308 --- 308 | |||
Novaria Novare | 33—33 | |||
Vercelis Verceil | 16---14 | |||
Eporodia Ivrée | 33—33 | |||
Vitricium Verrès | 21---21 | |||
Augusta Pretoria Aoste | 25---25 | |||
Arebrigium Villaret | 25--- 15 | |||
Bergintrum St Maurice | 24---34 | |||
Darantasia Moutiers | 19---19 | |||
Oblimum La Bathie | 13---13 | |||
Ad Publicanos Conflans | 3— 3 | |||
Mantala St Pierre d’Albigny | 16---16 | |||
Lemincum Chambéry | 16—16 | |||
Labiscone (al. Laviscone) Les Echelles | 14---14 | |||
Augustum Aouste | 14---14 | |||
Bergusia (Al ; Bergusium) Bourgoin | 16---16 | |||
Vienna | Vienne | 20---22 |
Commentaires : Ici
on retrouve l’origine antique de Novare, Verceil, Aoste,
(Italie) Aoste (France), Bourgoin et Vienne. Il existait
sans doute des localités nommées Bergintrum et
Darantasia mais
elles ont été remplacées par des monastères duraut le Haut
Moyen-Âge. Et le nom de ces localités a été remplacé par
celui de Saint- Maurice, devenu Bourg-Saint-Maurice, ou
Moutiers. Le mot « Ad Publicanos » pourrait
signifIer que le relais d’étape était situé près d’un
bureau d’octroi. La surprise est de découvrir que le nom
pourtant bien français de la ville de « Les
Échelles »
pourrait être d’origine antique.
IA95D | ||||
Route de Milan par les Alpes Pennines à Mayence | ||||
Novare, Verceil, Ivrée, Verres, Aoste | ||||
Summo Penino Col du Grand Saint Bernard | 25—23 | |||
Octoduro Le Bourg près Martigny | 25---25 | |||
Tarnaias (sive Tarnadas) S. Maurice (St Morritz) | 12 -- 12 | |||
Penne Locos (al. Penni Lucus) Noville | 13---13 | |||
Vibisco (al ; Vivisco) Vevey | 9----- 9 | |||
Bromago Promasens | 9--- --9 | |||
Minnodunum Moudon | 6—---6 | |||
Aventicum Helvetiorum Avenche | 13----20 | |||
Petinesca Buren | 13-----24 | |||
Saloduro Soleure | 10----10 | |||
Augusta Rauracum Augst | 22---32 | |||
Cambete Gross-Kembe | 12---18 | |||
Stabulis Ottmarsheim | 6—--6 | |||
Argentovaria Horbourg près de Colmar | 18---28 | |||
Helveto (sive Helcebo) Ehl | 6—24 | |||
Argentorato Strasbourg | 12---17 | |||
Saletione Seltz | 7--- 30 | |||
Tabernis Rehinsabern | 13--- 18 | |||
Noviomago (postea Nemetibus) Spire | 11---17 | |||
Borbitomago (sive Borbetomago) Worms | 14---24 | |||
Bauconica (al. Bonconica) Oppenheim | 13 ---17 | |||
Maguntiaco (al. Mogontiaco ) Mayence | 11 --11 |
Commentaires : L’origine
romaine (voire même antérieure aux romains) de certaines
villes suisses ou allemandes est ici prouvée. Il s’agit,
pour la Suisse de Vevey, Promasens, Moudon, Avenche,
Soleure et Augst. Concernant l’Allemagne, ce sont les
villes de Seltz, Worms et Mayence. La ville de Spire se
situe très certainement à l’emplacement de
Noviomago devenue
plus tard Nemetibus,
mais il est difficile de comprendre l’évolution du nom.
IA96B | |||||
B. Lugduno Lyon | 23---23 | ||||
Aut per compendium Ou en abrégeant | 16---17 | ||||
Asa (al. Assa Paulini) Anse | 15---15 | ||||
Lunna St Jean d’Ardière | 15—15 | ||||
Matiscone Mâcon | 15---15 | ||||
Tinurtium Tournus | 19—19 | ||||
Cabillono Châlons | 21---16 | ||||
Augustodunum (al. Bibracte) Autun | 33---33 | ||||
Sidoloucum (al. Sidolocum) Saulieu | 27---25 | ||||
Aballone Avallon | 24—25 | ||||
Autesiodorum (al. Autissiodorum Auxerre | 33---32 | ||||
Eburobrica (al. Eburobriga) Avrolles | 18---18 | ||||
Tricasis (leg. Tricassibus prius Augustobona) Troyes | 33 --- 32 | ||||
Arciaca (Sive Artiaca) Arcis sur Aube | |||||
Durocatelaunos (leg. Durocatalaunum postea Catalaunos) | |||||
Châlons sur Marne | 33--- 33 | ||||
Durocortoro (postea Remis) Reims | 27----27 |
Commentaires :
Ici
encore l’étymologie du nom de lieu permet de vérifier que
des localités actuelles ont une origine antique. C’est le
cas de Anse, Mâcon, Tournus, Châlons-sur-Saöne, Autun,
Saulieu, Avallon, Auxerre, Troyes, Arcis-sur-Aube,
Châlons-sur-Marne et Reims. Remarquer que la plupart de
ces localités sont à présent des villes d’importance
moyenne. À l’époque romaine, ces villes devaient déjà être
au moins des villages, peut-être des cités, et non de
simples relais d’étapes. Remarquer aussi l’erreur faite
sur Autun. En effet, la ville d’Autun n’est pas l’ancienne
ville de Bibracte. Des fouilles archéologiquesont montrént
que la ville gauloise de Bibracte était sise sur le Mont
Beuvray et non en plaine comme Autun. Le nom ancien de
Châlons-sur-Marne, Catalaunos, fait
penser aux fameux « Champs Catalauniques », théâtre d’une
bataille qui aurait vu la déroute des Huns d’Attila.
L’histoire a été quelque peu embellie. En ce qui concerne
les « Champs Catalauniques », il ne s’agirait pas, à
proprement parler d’un champ de bataille, mais d’un vaste
territoire de plusieurs centaines de kilomètres carrés
situé en bordure de l’Orléanais (Nord-Est ?).
IA98B | ||||
Autre route de Reims à Metz | 87--- 143 | |||
Fano Minervae Pont de Somme-Vesle | 14---34 | |||
Ariola Villiers aux vents | 16 ---23 | |||
Caturigis Bar sur Aube | 9------9 | |||
Nasium Naix | 9----14 | |||
Tullum Toul | 16---26 | |||
Scarponna (sive Scarpona) Charpagne | 10---15 | |||
Divodurum ( postea Mediomatrici) Metz | 12---22 |
Commentaires :
Fanum Minervae signifie
« Temple de Minerve ». Si Toul était probablement une cité
à l’épque antique, il n’est pas sûr qu’il en ait été de
même pour Naix et Charpagne.
IA98C | ||||
C route de Reims à Trèves | ?---- 150 | |||
Vungo vic. Près Vone | ? ----36 | |||
Epoisso (al. Epuso) Carignan | ?--- 30 | |||
Oraulono vic. Arlon | ?--- 33 | |||
Andethannae vic. Echternach | ?--- 33 | |||
Treveros civit. (al; Augustam Treverorum) Trèves | ?--- 18 |
Commentaires :
Cet
itinéraire se révèle intéressant car il nous révèle
l’importance des localités. Ainsi Vungo, Oraulono
(Arlon),
Andethannae (Echternach
?) sont des
« vic ».
Et Tréveros (Trèves)
est indiquée comme étant une « civit ». La
« civitas » est
une cité, alors que le mot « vicus » désignerait
un village. Epoisso serait
donc un lieu-dit. Il n’est pas étonnant qu’on ne retrouve
pas ce lieu sur une carte. Remarque
: le mot «
vicus »
est semble-t-il indiqué pour la première fois et c'est sur
un document remontant à la fin du IV e siècle.
C'est important pour situer la fondation de localités
portant le nom de « vic » (Vic-Fessenzac,
Vic-la-Gardiole, Nohant-Vicq, ...).
IA99 | ||||||
Ab Augustodunum Luticia (sive Lutecia) Parisiorum D’Autun à Paris | 187---248 | |||||
Alisincum A l’est de Saint Honoré | 22---22 | |||||
Decetia Decize | 24---24 | |||||
Nevirnum (prius Noviodunum) Nevers | 16---21 | |||||
Condate Cosne | 24---34 | |||||
Brivodurum Briare | 16---21 | |||||
Belca Les Bordes | 15—22 | |||||
Cenabum (al. Genabum postea Aurelianos) Orléans | 22---27 | |||||
Salioclita Etampes | 24---44 | |||||
Luticia (sive Lutecia postea Parisii ) Paris | 24--- 33 |
Commentaires : Decize,
Nevers, Cosne-sur-Loire, Briare, Orléans et Paris sont
d’origine antique. Remarquer aussi que la localité
de Cosne-sur-Loire avait pour nom
« Condate ». On
retrouvera ce nom pour d’autres villes comme Rennes ou
Condé-sur-Noireau. Cela n’a rien d’original. Le mot
« condate » signifierait
« fondée » (peut-être issu du latin « cum »
et « data »
: « donnée avec »). Ces villes désignées par le mot
« condate »
seraient donc de création romaine.
IA100 | ||||
C Caput Germaniarum Commencement des Germanies | ||||
A Lugduno Argentoratum de Leyde à Stasbourg | 325---453 | |||
Albiniania (sive Albinina) Gondsche- Sluis | 10---10 | |||
Trajecto Utrecht | 17---22 | |||
Mannaritio Ryswick | 15---15 | |||
Carvone Lakenmond | 22---15 | |||
Harenatio (al. Arenatio ) Clèves | 22---27 | |||
Burginatio (al. Quadriburgio) Calcar | 6------7 | |||
Colonia Trajana Marienbaum | 5 -----5 | |||
Veteribus Rheinberg | ?----15 | |||
Calone Homberg | 18----8 | |||
Novesiae (al. Novesii) Neuss | 18---18 | |||
Colonia Agrippina Cologne | 16---24 | |||
Bonna Bonn | 11----16 | |||
Antunnaco Andernach | 17----17 | |||
Confluentibus Coblence | 9 ---11 | |||
Vinco Castellaun | 26---26 | |||
Noviomago Neumagen | 37---37 | |||
Treveros (al. Augustam Treverorum) Trèves | 13----18 | |||
Divodurum (postea Mediomatricos) Metz | 34---55 | |||
Ponte Sarvix (al. Ponte Saravi) Sarrebourg | 24 ---56 | |||
Argentoria Strasbourg | 22---41 |
Commentaires :
L’itinéraire IA95D
qui partait d’Italie, passait par Strasbourg et
poursuivait le long du Rhin pour s’arrêter à Mayence. Ici
on a un itinéraire en sens inverse, mais qui part de
beaucoup plus loin, de la Mer du Nord. De Leyde à Cologne
et hormis Leyde (Lugdunum Argentoratum), Marienbaum
(Colonia Trajana) et
Cologne (Colonia Agrippina),
les lieux traversés ne semblent pas avoir laissé de traces
importantes. Du moins dans l’étymologie du nom de lieu. Le
nom de Veteribus semble
faire allusion à une implantation de vétérans. Entre
Cologne et Strasbourg, on identifie les villes de Bonn,
Andernach, Coblence, Neumagen, Trèves et Metz. Le nom de
Ponte Saravi désigne
un pont probablement situé sur la Sarre, mais, sauf preuve
du contraire, on n’est pas certain que ce soit Sarrebourg.
À partir de Coblence, la route ne suit pas le Rhin mais la
Moselle.
IA103 | |||||||
a Portu Gesorriacensi (sive Gesoriaco postea Bologna Bagacum usque Route de Boulogne à Bavay | 83----124 | ||||||
Tarvenna Therouanne | 18----31 | ||||||
Castello (Morinorum) Cassel | 9----18 | ||||||
Viroviacum Wervick | 16---26 | ||||||
Turnacum Tournai | 16---21 | ||||||
Ponte Scaldia Escaupont | 12----16 | ||||||
Bagacum Bavay | 12----14 |
Commentaires : Thérouanne (ville de Flandre détruite sous Charles Quint), Cassel, Wervick et Tournai sont d’origine antique.
IA107 | |||||
De (Carocotino ) Château- Cretin près de Grasville à Troyes | 153--- 245 | ||||
Juliobona L’Ile-Bonne | 10---19 | ||||
Lotum Duclair | 6----21 | ||||
Latomago (leg. Rotomago) Rouen | 13---13 | ||||
Ritumago Ecouis | 9---19 | ||||
Petromantalum (sive Petromantulum) Magny | 16---21 | ||||
Luticia (al. Lutecia postea Parisiis ) Paris | 18----39 | ||||
Mecleto (leg. Meloduno) Melun | 18----38 | ||||
Condate Montereau | 15---13 | ||||
Agredicum (leg. Agedincum,postea Sennones) Sens | 13----16 | ||||
Clanum Bagnaux | 17----11 | ||||
Augustobona (postea Tricasses) Troyes | 16----17 |
Commentaires : La localité de
Lillebonne, près de l’embouchure de la Seine, était un
carrefour important. C’était aussi une cité qui a conservé
un théâtre antique. Outre Paris déjà cité, on identifie
l’origine antique de Rouen, Melun, Sens et Troyes. Le nom
de Ritumago signifie
qu’il y avait une ville gauloise (le mot « mago »
signifierait
« marché ») aux environs d’Ecouis. Par ailleurs, on
retrouve ici le nom de « Condate » pour
Montereau.
IA111 | ||||
Route d’Alleaume (Alauna) près de Valognes à Rennes | 77---- 113 | |||
Cosediae (sive Cossediae ) Angoville près de la Haye | 20----20 | |||
Fano Martis Montmartin | 32---22 | |||
Ad Fines Huynes | 27--- 32 | |||
Condate (postea Redones) Rennes | 29---39 |
Commentaires :
Détail
très intéressant, le temple de Mars (« Fano Martis
») est
devenu Montmartin. ll serait tout aussi intéressant de
savoir si ce Montmartin n’était pas auparavant désigné «
Mont Saint-Martin ». Ceci signifierait qu’un culte dédié à
Mars a été christiannisé et transformé en une dévotion
vis-à-vis de Saint Martin. Par ailleurs on retrouve ici le
nom de « Condate ». Mais
c’est pour Rennes.
IA112 | |||||
De Milan à Gap par les Alpes Cotiennes avec les étapes ci-dessous | |||||
indiquée Inde ad Galleciam ad Leg. VII Geminam. De là | |||||
en se dirigeant vers la Galice et le Léon | 975--- 948 | ||||
Nemausum Nîmes | 19----19 | ||||
Ambrussum Lunel | 15----17 | ||||
Sextatione al. Sextantione Montpellier | 15---15 | ||||
Foro Domiti Frontignan | 15---15 | ||||
Araura (sive Ceserone (al. Cessera) St Thibéry | 18----18 | ||||
Beterras (sive Boeterras) Béziers | 12---12 | ||||
Narbone (Martio) Narbonne | 16----16 | ||||
Salaulis Salces | 30--- 30 | ||||
Ad Stabulum Le Boulou | 48---28 | ||||
Ad Pyrenaeum (summum) Bellegarde | 16---7 | ||||
Juncaria La Junquera | 16---6 | ||||
Gerunda Gérone | 27----29 | ||||
Barcinon Barcelone | 66-----66 | ||||
Stabulo Novo Villanova | 51----31 | ||||
Tarracone Tarragone | 24----24 | ||||
Ilerda Lérida | 62----53 | ||||
Tolous Monzon | 32----27 | ||||
Pertusa Pertusa | 18---18 | ||||
Osca Huesca | 19----19 | ||||
Caesaraugusta Sarragosse | 46---45 | ||||
Cascanto Cascante | 50---47 | ||||
Calagurra (al. Calagurris) Calahorra | 29---29 | ||||
Verela (al. Varia) Varea | 18----30 | ||||
Tritium (Metallum) Tricio | 18----18 | ||||
Libia (sive Livia) Leyva | 18----18 | ||||
Segasamunclo (al. Segisamunculo) Balluercarnes | 7---- 7 | ||||
Virovesca Briviescu | 11—11 | ||||
Segesamone (sive Segisamone) Sasamon | 47----47 | ||||
Lacobriga Villa- Laco | 30----30 | ||||
Camala Carion | 24---23 | ||||
Lance (sive Lancia) Mansilla de las Mullas | 29----48 | ||||
Ad Legionem VII Geminam. Leon | 9---- 9 |
Commentaires :
Cet itinéraire pose quelques questions. Remarquons tout
d’abord que la première partie de l’itinéraire semble tout
à fait correcte. Rappelons qu’en face de chaque nom
d’étape, le premier nombre indique la distance avec
l’étape précédente telle qu’elle est indiquée sur le texte
ancien. Le second nombre indique la distance réelle,
évaluée avec la même unité de valeur. En général et pour
les autres itinéraires, les évaluations de distance faites
autrefois semblent assez fantaisistes. Ici, au contraire,
tout semble concorder parfaitement jusqu’à Narbonne. À
partir de cette ville, les résultata apparaissent moins
cohérents. Tout d’abord, le tradusteur a interprêté
l’étape suivante, « Salaulis »,
comme étant Salses. Une mesure plus précise situerait
plutôt cette étape quelques milles plus loin, à
Rivesaltes. Les noms de Salses ou de Rivesaltes ont
probablement la même origine qui est « sala »
: le sel. Et sur ces étangs litorraux, le mot de
sel revient
fréquemment dans les noms de lieux : Salles, Salelles, la
Salanque.. Il est donc fort possible que le nom de Salaulis
ait
désigné un autre lieu que Salses ou Rivesaltes.
Situons
néanmoins Salaulis à Rivesaltes.
La suite parait beaucoup plus complexe. Que signifie la
distance de 48 milles jusqu'à « Ad Stabulum », identifié
par le traducteur comme étant la cité du Boulou, au pied
des Pyrénées ? Et de même, la référence suivante «
Ad Pyrénaeum (Summum) », avec
l’indication de distance de 16 milles romains.
Manifestement il n’y a pas 48 milles romains entre
Rivesaltes et le Boulou. De plus la distance actuelle
entre Le Boulou et la Junquera par la route du col du
Perthus correspond à environ 10 milles romains. On nage en
pleine incompréhension.
Remarquons
d’abord que le mot de « Summum » définit
dans les autres itinéraires non pas les sommets des
montagnes mais les points les plus hauts des routes
traversant ces montagnes. C’est-à-dire les cols. «
Ad Pyrénaeum summum »
doit donc être traduit ainsi : « Jusqu’au col des Pyrénées
».
Une
interprétation pourrait être la suivante : À partir de la
plaine de Rivesaltes, deux accès sont possibles vers
l’Espagne. Le premier consiste à remonter la vallée de la
Tet et à franchir le col de la Perche. La distance entre
Rivesaltes et ce col est d’environ 48 milles. Le deuxième
consiste à passer par le col du Perthus. Dans ces
conditions Rivesaltes ou Salces sont distants d’environ 32
milles de La Junquera.
On pourrait donc traduire ainsi :
Ad Summum Pyrenaeum 48 :
Jusqu’au col de la Perche (si on prend cette direction) 48
milles.
Ad Stabulum 16 :
Jusqu’à l’auberge (située probablement avant le Boulou) 16
milles.
Juncaria
(de l’auberge à) la Junquera 16 milles.
De
cette façon, l’évaluation semble correcte. On voit
cependant qu’il y a eu interversion des mots « Ad
stabulum »
et « Ad Pyrenaeum summum ».
Les
évaluations suivantes semblent correctes. Les différences
sont sans doute dues à des erreurs sur les localisations.
Ainsi , sans avoir seulement vérifié la carte, nous
pensons qu’il est douteux que le lieu dénommé «
Stabulo novo »
qui signifie le » nouveau relai » ait donné naissance à la
localité « Villanova ».
On
découvre que l’itinéraire passait par des villes comme
Barcelone, Tarragone, Lérida, Huesca, Sarragosse, villes
dont l’origine antique est ainsi prouvée. Le trajet entre
Lérida et Saragosse fait un détour par Huesca, mais c’est
justifié par le fait qu’un trajet direct obligerait de
traverser la zone semi-désertique des Monegres.
Après
Saragosse, on observe une bizzarerie du trajet. La route
passe par les localités de Cascante et de Calahorra qui
existent encore. L’itinéraire devrait mentionner
l’existence de Tudela. Or il n’en est pas fait mention. Il
en est de même plus loin. La route passe au sud de Logrono
et au nord de Burgos. Il semble donc que le trajet évite
de traverser les villes de Tudela, Logrono et Burgos qui,
en toute probabilité, existaient déjà à cette époque.
Remarquons
que ce trajet permettait d’atteindre Leon, siège de la
septième Légion. Une hypothèse se dessine : cette voie
devait être une voie militaire servant de passage aux
Légions Romaines. Elle traversait un territoire ayant
gardé une certaine indépendance vis-àvis de Rome.
S’agissait-il d’un pays unifié ? ou d’une série de
principautés ? C’est difficile de trancher. D’autant que
l’hypothèse est en elle-même fragile, car il peut y avoir
d’autres explications à cette anomalie.
Remarquer
enfin que Leon était le siège de la 7 e Légion
Romaine. Or le siège de la 7 e légion romaine
était Béziers ! Il n’y a rien de paradoxal à cela. Il nous
faut admettre que les légions ont été déplacées en
fonction des progrès des conquêtes romaines. Au premier
siècle de notre ère, au moins quatre légions romaines
étaient installées au Sud des Cévennes. Au troisième
siècle on retrouve ces légions en Germanie, en Afrique du
Nord ou, comme ici, en Espagne.
2e partie :
Itinéraire Maritime d’Antonin (noté IM)
D’Anso à Ville franche portus | 12---5 | ||||
De Ville franche à Nice plagia | 5-----5 | ||||
De Nice à Antibes portus | 16 ---14 | ||||
D’Antibes aux Iles Lérins | 11--- 11 | ||||
Des Iles de L’rins à Fréjus portus | 24---24 | ||||
De Fréjus à St Tropez plage | 25---20 | ||||
DE St Tropez à la tour de Camarat portus | 16---16 | ||||
De la tour de Camarat à la pointe de la Chappe | 12---13 | ||||
De la pointe de la Chappe au château de Giens portus | 30---30 | ||||
Du château de Giens à Toulon (Telone) portus | 15---15 | ||||
De Toulon à Tarente (Taurento) portus | 12---28 | ||||
De Tarente à la Ciotat (Carsicis) portus | 12----6 | ||||
De la Ciotat à Cassis (Citharista) portus | 18--- 8 | ||||
De Cassis à port Sormiou ( Aeminea) portus | 6--- 6 | ||||
De Sormiou à ‘ïle de Jaros (Immadras) positio | 12---7 | ||||
De l’île de Jaros à Marseille (Graecorum portus) | 12---12 | ||||
De Marseille à Incarus sur la côte à l’est de port Méjean positio | 12---12 | ||||
De Incarus au port de Sausset positio | 8---8 | ||||
Du port de Sausset à Fos (Fossis Marianis) portus | 16---16 | ||||
De Fos au grau des Marseillais (Gradum Massilitanorum fluvius Rhodenus | 16---16 | ||||
Du Grau à Arles par le fleuve Rhône | 30----30 |
Commentaires :
On voit que cet itinéraire est bien maritime. Les bateaux se
déplaçaient par cabotage de port en port. Parfois, comme à
Nice ou Saint Tropez, le bateau pouvait être remonté sur une
plage. La distance moyenne entre deux ports est de 20
milles, soit environ 30 kms. Une telle distance peut être
franchie en trois heures par vent favorable. Si bien que
dans de nombreux cas, le navigateur ne s’arrêtait pas à
chaque port, mais à un sur deux, voire un sur trois. Et il
fallait sans doute attendre des vents favorables pour
franchir des obstacles plus importants comme la pointe de la
Chappe.
3e Partie :
Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem (noté BJ)
Itinerarium a Burdigala Hierusalem usque
BJ 1 | ||||
Mutatio Stomatas Castres | 7------15 | |||
Mutatio Sirione Preignac | 9------12 | |||
Civitas Vasatas (al. Vasata) Bazas | 9------12 | |||
Mutatio Tres Arbores Lerm | 5------8 | |||
Mutatio Oscincio Houeilles | 8------14 | |||
Mutatio Scittio (al. Sociatum) Sos | 8------12 | |||
Civitas Elusa Eauze | 8 ------14 | |||
Mutatio Vanesia St Jean Pouge | 12 ------18 | |||
Civitas Auscius (al. Ausci) Auch | 8 ------12 | |||
Mutatio ad Sextum Castelnau-Barbarens | 6------9 | |||
Mutatio Hungunverro Gimont | 7 ------10,5 | |||
Mutatio Bucconis Ile-Jourdain | 7 ------10,5 | |||
Mutatio ad Jovem. Près de Léguevin | 7 ------10,5 | |||
Civitas Tholosa (al. Tolosa) Toulouse | 7 ------10 ,5 | |||
Mutatio ad Nonum Pompertuzat | 9------9 | |||
Mutatio ad Vicesimum Vieille-Vigne | 11------11 | |||
Mansio Elusione Montferrand | 9---8 | |||
Mutatio Sostomago Castelnaudary | 9 ------9 | |||
Vicus Hebromago (al. Eburomago) Bram | 10----10 | |||
Mutatio Coedros (al. Cedros) Mont-Soulens | 6 ------6 | |||
Castellum Carcassone (al. Carcasone) Carcassonne | 8------8 | |||
Mutatio Tricensimum Barbaira | 8------8 | |||
Mutatio Hosuerba (al. Husuerva) Lézignan | 15-----15 | |||
Civitas Narbone (Martio) Narbonne | 15 ------15 | |||
Civitas Biterris (al. Baeterris) Béziers | 16 ------16 | |||
Mansio Cessarone (al. Cesserone) St Thibéry | 12-----12 | |||
Mutatio Foro Domiti Frontignan | 18------18 | |||
Mutatio Sostantione (al. Sextantion) Montpellier | 17------15 | |||
Mutatio Ambrosio (al. Ambrusso) Lunel (en fait Ambrussum) | 15------15 | |||
Civitas Nemauso Nîmes | 15----17 | |||
Mutatio Ponte Aerarium -Pont près Bellegarde | 12 -----12 | |||
Civitas Arelate Arles | 8---8 |
Ce qui fait de Bordeaux à Arles 371 milles aves 30
mutationes et 11 mansiones.
BJ 2 | ||||
Mutatio Arnagine (al. Ernagino) St Gabriel | 8 ------7 | |||
Mutatio Bellinto Les Aubes | 10 ------10 | |||
Civitas Avenione Avignon | 5------5 | |||
Mutatio Cypresseta au Sud de Sorgues | 5------5 | |||
Civitas Arausione Orange | 15 ------10 | |||
Mutatio ad Letoce Montdragon | 13 ------9 | |||
Mutatio Novem Craris Pierrelatte | 10 ------10 | |||
Mansio Acuno Ancenne | 15------15 | |||
Mutatio Vancianis (al. Batianis) Baix | 12 ------10 | |||
Mutatio Umbenno Près de Beauchastel | 12-----10 | |||
Civitas Valentia Valence | 9------9 | |||
Mutatio Cerebelliaca Chabeuil | 12 ------7 | |||
Mansio Augusta Aouste | 10 ------ 15 | |||
Mutatio Darentiaca Saillans | 12 ------7 | |||
Civitas Dea Vocontiorum Die | 16------16 | |||
Mansio Luco (al. Lucu Augusti) Luc-en Diois | 12----12 | |||
Mutatio Vologatis entre Baurières et la Baume | 9 ------9 | |||
Inde ascenditur Gaura Mons Mont Toussières | ||||
Mutatio Cambono St Pierre d’Argenson | 8------8 | |||
Mansio Monte Seleuci Mont Saléon | 8 ----8 | |||
Mutatio Dafiano Veyne | 8 ------8 | |||
Mutatio ad Fine (leg. ad Fines) La Roche des Arnauds | 12 ------7 | |||
Mansio Vapinco Gap | 11 ----6 | |||
Mansio Catorigas (al. Caturiges) Chorges | 12 -----12 | |||
Mansio Hebriduno(al. Ebroduno) Embrun | 16 ----- 16 | |||
Inde incipient Alpes Cottise | ||||
Mutatio Rame La Roche | 17 ------17 | |||
Mansio Byrigantum Briançon | 17-----17 | |||
Inde ascendis Matronam Mont-Genèvre | ||||
Mutatio Gesdaone (al. Gadaone) Cézanne | 10------11 | |||
Mansio –ad Marte (leg ; Ad Martis) Oulx | 9----8 | |||
Civitas Secussione (al. Segussione) Suze | 16----16 | |||
Inde incipit Italia | ||||
Mutatio ad Duodecimum La Gialnera | 12---12 | |||
Mansio ad Fines S Ambrosio | 12----7 | |||
Etc… en Italie |
Commentaires sur
l’ensemble de l’itinéraire de Bordeaux à Jérusalem
: On
constate tout d’abord qu’une partie de cet itinéraire a
été déjà vu précédemment (en sens inverse). C’est la
partie entre Narbonne et Arles. Et, là encore, les
distances coïncident parfaitement. Elles coïncident aussi
entre Toulouse et Narbonne. Et de même entre Arles et
Briançon. Par contre,
on s’apperçoit que, entre Bordeaux et Toulouse, les
distances données par l’itinéraire correspondent aux 2/3
(environ) des distances réelles. L’idée est que les unités
de mesure sont différentes : le mille bordelais serait
plus grand (1,5 fois plus) que le mille romain utilisé en
Languedoc et en Provence.
Cet ouvrage fait apparaître des différences entre les
étapes.
Il
y a d’abord des « mutatio » qui
doivent être des relais où l’on change les chevaux. Ces
« mutatio » sont
d’importance négligeable. En effet, pour les repérer, on
utilise des termes comme « Ad Nonum
: à la neuvième borne milliaire » ou
« Ad Vicensimmun :
à la vingtième »
ou « Aux trois arbres » etc.
Viennent
ensuite les « mansio »,
sortes de hameaux, plus importants , semble-t-il, que les
« mansio ». Certains
de ces « mansio » deviendront
des villages, comme Cesserone- Saint-Thibéry dans
l’Hérault. D’autres deviendront de véritables villes (Gap,
Chorges, Embrun, Briançon) .
Il
y a aussi un « vicus »
ou village : Eburomagus-Bram.
Et un « castellum », un
château : Carcassonne. Enfin on distingue des «
Civitas » qui
sont, par ordre : Bordeaux, Eauze, Auch, Toulouse,
Narbonne, Béziers, Arles, Avignon, Orange, Valence, Die et
Suze.
4e Partie :
Table de Peutinger (noté TP suivi du numéro de la route)
TP 53 | ||||
Varum Var riv | 6----6 | |||
Antipoli Antibes | 10 ------ 10 | |||
Ad Horrea Auribeau | 12 -----12 | |||
Foro Julii Fréjus | 17 -----18 | |||
Foro Voconi Le Luc | 17 -----24 | |||
Matavone (sive Matavonio) Près Brignoles | 22 ----- 12 | |||
Ad Turrem St Maximin | 17 ----- 14 | |||
Tegulata Auriol | 16 ----- 16 | |||
Aquis Sestis ( leg. Aquis Sextiis) Aix | 15 ----- 16 | |||
Masilia (sive Massilia) Graecorum Marseille | 18 ----- 18 | |||
Calcaria Près Vitrolles | 33 ----- 14 | |||
Fossis Marianis Fos | 33 ----- 34 | |||
Arelato (sive Arelate) Arles | 33 ----- 24 | |||
Ugerno Beaucaire | 9 ----- 9 | |||
Nenniso (al. Nemauso ) Nîmes | 15 ----- 15 | |||
Ambrusium (sive Ambrussum) Lunel | 15 ----- 17 | |||
Sertatione (al. Sextantione) Montpellier | 20 -----15 | |||
Foro Domiti Frontignan | 15 ----- 15 | |||
Cesserone (Sive Araura) St Thibéry | 18 ----- 18 | |||
Beteris (al. Boeterris) Béziers | 12 ----- 12 | |||
Narbone (Martio) Narbonne | 21 ----- 16 | |||
Ruscione (sive Ruscino) Perpignan | 6 ----- 38 | |||
Illiberre (al. Illibere) Elne | 7 ----- 8 | |||
Ad Centenarium (al. ad Centuriones) St Martin de Foncuilla | 12 ----- 12 | |||
In Summo Pyreneo. Bellegarde | 5 ----5 | |||
Declana. St Jullien | 4 ----- 4 | |||
Luncaria (al. Juncaria) La Junquera | 12 ----- 2 | |||
Cenuiana ( al. Cinniana) Ciurana | 15 ----- 15 | |||
Cerunda (al. Gerunda) Gérone | 12 ----- 14 | |||
Vocom (al. Aquae Voconae) Masanet de la Selva | 12 ----- 19 |
Commentaires :
On
a déjà vu précédemment cette partie de l’itinéraire. Mais
ici cela semble nettement moins correct. Beaucoup de
nombres s’écartent notablement de l’évaluation exacte. Il
semble qu'à un moment donné, certaines copies aient été
mal faites. (Oubli d’un 3 face à Ruscione, transformant la
distance en 6 au lieu de 36, etc.) Il est néanmoins
possible que certaines distances soient exactes. Ainsi la
distance entre Narbonne et Béziers est, selon TP,
de 21 milles romains. Alors que la distance réelle est de
16 milles romains. Mais ceci n’est possible que si l’on
emprunte le Pont Septime qui franchit le Mare Rubresus
(actuel Etang de Capestang). Si, pour une raison ou une
autre, ce Pont Septime est fermé (ou s'il n'a pas encore
été construit), on est obligé de faire un long détour afin
de contourner cet étang. Un détour qui rallonge la
distance d’au moins 5 milles.
TP 55 | ||||
De Briançon à Arles | 198 | |||
Rama La Roche | 19 -----------17 | |||
Eburuno (al. Ebroduno) Embrun | 17 ----------17 | |||
Catorigomagus ( al. Caturiges) Chorges | 7 ---------- 16 | |||
Ictodurum La Bastie | 6 ----------- 6 | |||
Vapincum Gap | 6 ---------- 6 | |||
Alarante (al. Alamonte ) Le Monestier d’Allemont) | 18 ----------18 | |||
Alarante ? | 18 ---------- | |||
Segusterone (al. Segustera) Sisteron | 16 ----------- 16 | |||
Alaunio Peyruis | 14 ----------13 | |||
Catuiacia (al. Catuiaco) Reillanne | 16 ----------21 | |||
Apta Julia Apt | 12 ----------15 | |||
Ad Fines Mérindol | 10 ---------16 | |||
C..alline (al. Cabellione) Cavaillon | 12----------- 10 | |||
Clano (sive Glano) St Rémy | 12----------- 12 | |||
Ernagina (al. Ernaginum) Lansac | 8 ----------- 8 | |||
Arelato (al. Arelate) Arles | 6 ----------- 7 |
TP 59 | |||||
De Narbonne à Bordeaux | 255 | ||||
Usuerna (leg. Usuerva) Lézignan | 16 -----------15 | ||||
Liviana Capendu | 11 -----------11 | ||||
Carcassione (al. Carcasone) Carcassonne | 12 ---------- -12 | ||||
Eburomago (al. Hebromago) Villarazens (en fait Bram) | 17 ------------14 | ||||
Fines Pechbusque | ??? -----------13 | ||||
Bad… (leg. Baders) Baziège | 19 ------------ 18 | ||||
Tolosa Toulouse | 15 ------------ 15 | ||||
Sa..ali (leg. Sartali) Sarrant | 20 ------------20 | ||||
Lectora Lectoure | 16 ------------21 | ||||
Aginnum Agen | 13 --------20 | ||||
Fines Aiguilhon | 15 ------------ 17 | ||||
Vesubio (al. Ussubio) La Motte Landron | 20 ------------ 24 | ||||
Serione (al. Sirione) Preignac | 20 ------------ 20 | ||||
Burdigalo (al. Burdigala) Bordeaux | 10 ------------ 25 |
TP 61B De St Thibéry à Cahors |
159 |
|||
Loteva (al. Luteva, sive Forum Neronis) Lodève | 28 ------- 28 | |||
Condatomago Saint Rome | 23 ------- 38 | |||
Segodum (leg. Segodunum postea Rutenos ) Rodez | 30 ------- 30 | |||
Carantomago ( al. Carentomago ) Villefranche d’Aveyron | 15 ------- 30 | |||
Varadeto Varayre | 11 -------12 | |||
Bibona (al. Divona, postea Cadurci) Cahors | 15 ------- 10 |
Commentaires :
On
découvre ici l’origine ancienne de Lodève, Rodez et Cahors.
« Condatomago » fait
penser à « Condate »,
nom de villes donné à plusieurs reprises.
TP 62 | ||||
De Lyon à Rodez | 184 | |||
Foro Segustavarum ( scrib. Mediolano) Près de Bressieux | 16 ------- 16 | |||
Mediolano ( scrib . Foro Segustavarum.) Feurs | 14 ------- 14 | |||
Aquis Segete (al. Segeste) Aurec | 9 ------- 24 | |||
Icidmago Yssingeaux | 17 ------- 17 | |||
Revessione Le Puy en Velay | 17 ------- 17 | |||
Condate St Arcons de Barges | 12 ------- 17 | |||
Anderitum (postea Gabali) Anterrieux | 22 ------- 32 | |||
Ad Silanum Castelnau | 18 ------- 23 | |||
Segodum (leg. Segodunum postea Rutenos ) Rodez | 24 ------- 24 |
TP 85 | ||||
De Clermont à Brest | 518 | |||
Cantilia Chantelle | 24 ------- 36 | |||
Aquis Neri (leg. Neris) Néris | 15 ------- 26 | |||
Mediolano Châteaumeillant | 12 ------- 33 | |||
Argantomago (Sive Argentomago) Argenton | 28 ------- 38 | |||
Fines. Béthines | ? ------- 28 | |||
Lemuno (al. Limono, postea Pictavis) Poitiers | 20 ------- 34 | |||
Segora Montreuil en Bellay | 33 ------- 50 | |||
Portunamnéto (sive Condivicno) Nantes | 18 ------- 75 | |||
Duretie (al. Durerie) Rieux | 29 ------- 42 | |||
Dartoritum (al. Dariorigum postea Veneti) Vannes | 21 ------- 36 | |||
Sulim (al. Sudim sive Sulium) Pontivy | 20 ------- 32 | |||
Vorgium (al. Vorganium , postea Osismii) Carhaix | 24 ------- 36 | |||
Gesocribate (sive Gesobrivate) Brest | 45 ------- 52 |
Commentaires :
De
tous les trajets décrits, celui-ci semble être le plus
sujet à caution En effet, les distances entre étapes
semblent beaucoup trop grandes. Une distance de 75 milles
romains correspond à 140 kms. Les villes ont-elles été
correctement identifiées ? Bien sûr « Portunamnéto
»
fait penser à « Port de Nantes » et « Veneti », à
« Vannes ». Mais est-ce que ces dénominations sont restées
uniques ? Pour ne citer que l’exemple du mot «
Veneti »,
il a donné naissance à « Vannes », mais aussi, à
« Venise ». Et on sait qu’il y avait des tribus de Vénêtes
du coté de la Mer-Noire. Il y a encore un « Port-Vendres »
(en fait ce serait « Portus Veneri » et
non « Veneti »).
Rien n’empèche de penser qu’il ait pu y avoir sur le
littoral Atlantique ou dans des fleuves côtiers, d’autres
ports de Namnètes ou de Vénètes que Nantes ou Vannes.
Remarquons aussi que l’écriture ci-dessus : «
Dartoritum (al. Dariorigum postea Veneti) Vannes » est
une copie littérale du livre « Recueil
des Itinéraires Anciens
». Elle
signifie que, sur une copie de la carte de Peutinguer, a
été trouvé le mot Dartoritum.
Sur une autre copie d’Itinéraire, a été trouvé le mot
« Dariorigum ». Mais
que veut dire le mot « postea » ?
On sait, bien sûr, qu’il se traduit par « et après ». Mais
quel en est le sens exact ? Le mot « postea » est-il
un ajout du traducteur M. de Fortia d’Urban ? ou une
interprétation des manuscrits ? Je
m’explique : soit M. de Fortia d’Urban a trouvé la légende
« Dartoritum » et
il nous explique que ce lieu a pris plus tard le nom de
Veneti
qui est la ville de Vannes. Soit M. de Fortia d’Urban a
trouvé une série de manuscrits qui portaient au même
emplacement les légendes Dartoritum ou
Dariorigum.
Et un manuscrit plus récent portait la légende
Veneti,
montrant que le nom de Veneti
a remplacé celui de Dartoritum. Dans
chacun des cas on est tenté de demander où l’auteur a
trouvé ses sources.
Ces remarques auraient pu être faites pour d’autres
villes.