L'église Saint-André de Toscolano Maderno
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-dessous proviennent d'Internet.
Elle a fait l'objet d'une description détaillée écrite par
Sandro Chierici dans l'ouvrage « Lombardie
Romane » de la collection Zodiaque.
En voici de courts extraits :
« L'église de Maderno
est le monument qui permet de mieux apprécier
l'interpénétration des cultures lombarde et véronaise.
Panazza l'a définie carrément “la réduction lombarde, dans
le plan comme dans la décoration, de Saint-Zénon de
Vérone”. [...]
Cette église est un
monument qui figure indubitablement parmi les plus évolués
de l'architecture romane lombarde du XIIesiècle
: la filiation directe dont elle témoigne à l'endroit de
Saint-Zénon, sensible dans son plan et dans certaines
parties de sa décoration, n'a pas engendré un produit
d'école, mais au contraire les artistes ont pu exprimer
ici toute la vitalité des ferments lombards et vénitiens
qui se conjuguaient en cette zone. »
Sur la question de « l'interpénétration
des cultures lombarde et véronaise », nous avouons
notre méconnaissance : nous n'avons pas encore abordé
l'étude de la basilique Saint-Zénon de Vérone.
La façade est recouverte d'une riche
décoration de divers marbres donnant un très bel effet
coloré (images 2 et 3).
Les rampants du toit sont soutenus par des arcatures
lombardes. Ces arcatures présentent un aspect évolué. Selon
nous, elles appartiennent à une deuxième génération
d'arcatures lombardes (XIIesiècle).
Observons l'image 4 du
pignon. Les arcatures à double voussure sont portées par des
modillons ornés de têtes humaines sculptées. On constate un
manque d'homogénéité. Les dimensions des têtes sont
différentes ; il y a discontinuité entre les modillons et
les arcatures qui les surmontent ; de plus, le décor d'un
modillon n'est pas une tête mais deux hommes nus assis. Tout
se passe comme si le décor avait été utilisé en réemploi. On
retrouve cette idée en constatant la présence sur la gauche
d'un bas-relief portant l'effigie d'un quadrupède et
l'absence d'une sculpture symétrique, à droite. Le
bas-relief sommital semble, lui aussi, avoir été utilisé en
réemploi. On y trouve réunis dans une même sculpture
quelques uns des thèmes rencontrés ailleurs, en Bourgogne ou
en Auvergne : sous l'arcade, la femme à longues nattes ;
au-dessus, encadrant le thème principal, les deux oiseaux
symétriques font penser aux «oiseaux au canthare». Le thème
principal, quant à lui, est la «sirène à deux queues», une
sirène à tête d'homme. Ce n'est pas la première fois que
nous voyons une sirène à tête d'homme. Nous pensons que,
dans les représentations de sirènes, la sirène à deux queues
et à tête d'homme est la plus ancienne. Par contre, c'est la
première fois que nous voyons une sirène, mise en valeur par
l'encadrement entre deux oiseaux. Ceci est le signe que la
représentation de la sirène n'est pas profane. Il doit s'y
mêler un élément religieux ou magique.
Les entrelacs des voussures de l'image
5 font penser à des modèles préromans. Il en est
de même pour les lions des chapiteaux de l'image
6.
L'image 7 représente
la partie supérieure du portail Ouest. Ce portail est
protégé par une architrave formée de 6 voussures
concentriques. Des quadrupèdes courent le long de la
première et de la cinquième voussure (à partir du centre).
En fait, il semblerait que sur la première voussure, il n'y
ait que trois quadrupèdes : les deux extrêmes seraient des
lions crachant des pampres de vigne, et, au sommet de l'arc,
l'Agnus Dei. Mais il y a aussi un oiseau sous le lion de
droite, et, de nouveau, une sirène masculine à deux queues.
Notons enfin, sur la sixième voussure, des entrelacs
préromans.
On retrouve des entrelacs sur quatre chapiteaux de l'image
8. Sur les deux derniers chapiteaux, ont été
sculptés des aigles impériaux.
Encore un thème préroman sur un des chapiteaux de l'image
9, thème déjà observé dans plusieurs églises de
Lombardie : deux corps de taureaux encadrent une croix
pattée hampée.
Sur l'image 10, on observe une scène
déjà vue en Lombardie : deux lions à queue feuillue sont
surmontés par un sphinx (ou un dragon).
Les images
11, 13, 15 ainsi que le plan de l'image
12 font apparaître une nef à trois vaisseaux,
actuellement voûtée mais qui devait être, à l'origine,
charpentée. Sur le plan de l'image
12, on
remarque, en trait pointillés, le tracé de colonnes
intermédiaires entre les actuels piliers. Remarquons aussi
que les travées du chœur sont moins larges qye les travées
de la nef. On constate de plus que, dans le chœur, les arcs
reliant les piliers sont doubles alors que ceux de la nef
sont simples. Ce qui signifierait que le chœur est plus
récent que la nef ; il aurait remplacé un chœur plus ancien.
Les chapiteaux seraient eux aussi préromans (ou
d'inspiration barbare).
Deux lions sont adossés sur le chapiteau de l'image
18. Entre eux, une sirène masculine à deux queues.
Des monstres grimaçants ornent le chapiteau de l'image
19. Mais
c'est surtout le tailloir qui attire l'attention : un gros
poisson y est représenté. Il porte une sorte de ceinture au
départ de la queue.
Le chapiteau de l'image 20
s'inscrit dans la tradition des chapiteaux lombards
comme ceux de Saint-Ambroise. La corbeille est ornée de
plusieurs rangées de feuilles d'acanthe. Mais c'est le
tailloir qui est intéressant : on y voit deux lions adossés,
leurs queues se croisent et s'entrelacent pour se terminer
en têtes de serpent.
On retrouve deux lions à queue feuillue sur le chapiteau de
l'image 21.
Le chapiteau est décoré de feuillages entrelacés.
Datation
envisagée pour l'église Saint-André de Toscolano
Maderno : an 950 avec un écart de plus de 100 ans.