L'église San Pietro in Mavino de Sirmione 

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Nous n'avons pas visité cette église, c'est pourquoi les images de cette page ont été recueillies sur Internet.

Ce monument a fait l'objet d'une description par Sandro Chierici dans l'ouvrage « Lombardie Romane » de la collection Zodiaque. En voici un extrait :

« Cette petite église s'élève à l'extrémité enchanteresse de la péninsule de Sirmione et s'atteint après la traversée du village. Évoquée déjà dans un document datant de 756, elle apparaît aujourd'hui altérée dans les dimensions de la nef, par suite de l'amplification de cette dernière, remontant au XIVesiècle ; romane - bien que plus tardive que la date indiquée ci-dessus - est toutefois la partie orientale. Le plan, rectangulaire, à une nef et trois absides, rappelle des édifices à ascendance carolingienne, tel par exemple Saint-Benoît de Mames au Val Venosta, du VIIIesiècle. Mais il est difficile à dater avec certitude l'édifice en prenant comme base ses caractères stylistiques dont la présence, bien que rare, se retrouve en des monuments d'époques diverses. La maçonnerie est plutôt grossière [...] : les absides sont privées de décor externe [...] Ce caractère d'austérité n'est pas, de soi, un indice suffisant d'archaïsme, surtout dans la région de Brescia, où il s'est maintenu jusqu'au XIeet même au XIIesiècle ; toutefois, en ce cas, la coïncidence du type de plan, de maçonnerie, et de l'absence de décor, font pencher raisonnablement à une datation antérieure à l'an mille.

L'intérieur de l'église présente divers cycles de fresques que l'on peut dater du XIIeau XVesiècle. »

Nous ne pouvons pas dire grand-chose de plus sur cette église. Les trois vaisseaux de la nef auraient été remplacés par un vaisseau unique au XIVesiècle, les trois absides étant quant à elles conservées. Ce type de scénario est relativement fréquent : nous l'avons constaté à plusieurs reprises, en particulier lorsqu'il est question des « passages berrichons ».

Alignant son comportement sur celui de l'immense majorité des historiens de l'art roman, M. Chierici développe une dialectique que nous avons constamment dénoncée, qui peut se résumer en quelques phrases : soit une église antérieure à l'an 1200 (reconnaissable aux arcs en plein cintre) ; si le texte le plus ancien parlant de cette église est du XIIesiècle ou postérieur au XIIesiècle, alors l'église est du XIIesiècle. Si le texte le plus ancien date du XIesiècle, alors l'église est du XIesiècle. Si le texte le plus ancien est antérieur à l'an mille, il ne concerne pas l'église que l'on voit, puisque celle-ci date du XIIesiècle.

Dans le cas particulier de cette église de Sirmione, on a la date de 756, mais aussitôt après M. Chierici nous dit que la partie la plus ancienne est « plus tardive que la date indiquée ci-dessus », et même si un peu plus loin, M. Chierici envisage « une datation antérieure à l'an mille » la date de 756 est rejetée.

Sans doute la considère-t-il comme trop ancienne ? Mais est-elle si ancienne que cela ? Si on accepte l'idée communément admise que la religion chrétienne s'est imposée dans le monde romain vers l'année 350, environ 400 ans ce sont écoulés entre cette année et l'an 756 et seulement 250 ans (environ) entre cette année 756 et l'an mille. Il y a statistiquement plus de chances (près de deux fois plus) que le chevet de Sirmione soit antérieur à l'an 756 que postérieur à cette date. De plus, si une autre église a existé avant celle-ci, où sont les restes de cette église ?

Entendons-nous bien : à l'inverse de M. Chierici qui affirme que le chevet de Sirmione est postérieur à l'an 756, nous n'affirmons pas qu'il est antérieur. Nous disons seulement que la question doit faire débat et que, dans ce débat, une réflexion doit être engagée. D'abord sur la fiabilité de la source. Ensuite, si l'information s'avère probante, l'analyse rigoureuse de toutes les possibilités sans parti pris d'aucune sorte.

D'ores et déjà, l'information selon laquelle ce chevet de trois absides accolées pourrait être antérieur à l'an 756 se révèle pour nous importante, car elle constitue une base de datation pour tous les chevets du même type.




Datation envisagée pour l'église San Pietro in Mavino de Sirmione (le chevet) : an 650 avec un écart de 150 ans.