La basilique San Lorenzo de Mantoue
N'ayant pas visité cette église, les
images ci-dessous proviennent d'Internet.
Elle a fait l'objet d'une description détaillée écrite par
Sandro Chierici dans l'ouvrage «
Lombardie Romane » de la collection Zodiaque.
En voici des extraits :
« […] Saint-Laurent est
une église découverte récemment ; c'est en effet aux
premières années de notre siècle (le XX e )
qu'eut lieu la remise au
jour d'une grande partie de ses murs gouttereaux, au cours
de la démolition d'un groupe de masures qui avaient
englobé complètement l'édifice (images 8 et 9). La
rotonde fut un peu isolée et reconstituée en partie pour
être rouverte au culte et ce dégagement a placé un édifice
aussi singulier que celui-ci dans un cadre qui n'était
certainement pas prévu pour l'accueillir.
La légende qui ne manque
jamais de se former autour de la fondation d'une église
parle de l'existence d'un antique temple païen, transformé
en église après l'édit de Constantin et dédié à Saint
Laurent. Sur les vestiges de ce temple, aurait été
construite l'actuelle rotonde, oeuvre de Mathilde de
Canossa en 1082. Cette date concorde presque exactement
avec celle portée par une inscription qui se trouve gravée
dans un crépi du mur gouttereau intérieur ; cette dernière
fixe la fondation de l'église à 1083, et elle-même remonte
au XVesiècle, époque à laquelle l'église
fut couverte de fresques. Si donc la fondation peut être
fixée raisonnablement à la fin du XIesiècle,
le reste de la légende, la partie qui concerne la période
précédente, ne trouve pas d'appui sur des traces concrètes
et paraît beaucoup plus douteuse. On peut donc tenir la
date de 1082-1083 comme fixant la première construction de
la rotonde. […] ».
Après une analyse détaillée de l'architecture de l'édifice,
M. Chierici termine ainsi : « […] Le
fait d'avoir été en bonne partie reconstruite ne joue
certes pas peu dans l'image que cette église offre
d'elle-même ; c'est comme une impression d'incomplétude et
d'étrangeté que donne la rotonde dans le contexte où elle
s'inscrit. […] Le
monde a changé autour de cette petite église et qui sait
si ceux qui ont prétendu lui rendre vie de nouveau, au
cœur d'un univers qui lui est devenu étranger, n'ont pas
été contre l'histoire ? […] »
Commentaires
sur ce texte de M. Chierici
M. Chierici émet de sérieux doutes sur la véracité de la «légende» d'une
construction primitive de temple païen. Nous estimons que
toute légende part d'une histoire vraie. Mais dans la
plupart des cas, le récit de cette histoire vraie a été
tellement déformé qu'elle apparaît dénuée de tout fondement
pour toute personne dotée d'un certain bon sens. Dans le cas
présent, il est fort possible que, à une époque relativement
ancienne (XIXeou début du XXesiècle),
lors de fouilles sur cette église, des chercheurs aient
trouvé une stèle ou une épitaphe romaine et qu'ils en aient
déduit l'existence d'un temple romain à cet endroit. Et que
ultérieurement, cette stèle ait été perdue. Cette hypothèse
est-elle complètement farfelue ? Nous avons un exemple
précis montrant que cela est arrivé. Parlons à présent de la
fondation de 1082 par Mathilde de Canossa. Doit-on
l'associer à la construction de l'église ? C'est une
communauté que l'on fonde, et non les bâtiments qui
accueillent cette communauté. Souvent d'ailleurs la
communauté qui vient d'être fondée est installée sur des
bâtiments construits antérieurement. Sauf mention précise de
construction d'un édifice, les actes de fondation ou de
consécration ne sont pas des preuves suffisantes de la
construction d'un édifice (surtout de l'édifice primitif).
Autre remarque concernant la fin de l'exposé de Monsieur
Chierici qui s'interroge sur l'opportunité d'avoir restauré
cet édifice : « qui sait
si ceux qui ont prétendu lui rendre vie de nouveau, au
cœur d'un univers qui lui est devenu étranger, n'ont pas
été contre l'histoire ?
[…] ». Nous estimons que cette restauration était
nécessaire. Ce monument est un document historique au même
titre que les livres ou chartes dont s'inspirent
exclusivement nombre d'historiens.
Datation
Quelle est notre propre estimation de datation ? Avant tout,
il faut se poser la question que ne se posent pas les
historiens de l'art : « À quoi ça sert ? ». La réponse
semble évidente : ça sert d'église! Mais cette réponse en
entraîne une autre : comment ça ? toutes les églises sont
rondes ? Et ainsi de suite jusqu'à la conclusion : peut-être
que l'architecte qui a construit l'édifice primitif a voulu
construire autre chose qu'une église. Un baptistère ? Mais
cette église n'est pas un baptistère. Et même si c'était un
baptistère, on se reposerait la question : pourquoi les
baptistères sont-ils ronds ?
Nous pensons que cette construction à plan centré est un
«centre du monde», un endroit où les membres influents de la
cité se réunissent pour prendre les décisions. Un endroit de
rencontre entre des clans opposés. D'où, selon nous,
l'existence de deux escaliers menant à la tribune supérieure
au lieu d'un seul.
Datation envisagée pour
la basilique San Lorenzo de Mantoue : an 550 avec un écart
de 200 ans.