Le baptistère San Giovanni et la basilique Sainte-Marie Majeure de Lomello
Nous n'avons pas visité ces deux
monuments. Les images ci-après ont été trouvées sur
Internet.
Ils ont fait l'objet d'une description détaillée écrite par
Sandro Chierici dans l'ouvrage« Lombardie
Romane » de la collection Zodiaque.
Voici, en écriture italique, des extraits de ce texte :
« En arrivant
aujourd'hui à Lomello, on ne peut faire moins que se
demander comment il est possible qu'un lieu aussi éloigné
de toute voie de communication puisse bénéficier d'une des
plus importantes basiliques romanes de Lombardie.
[...] Et pourtant
Laumellum - tel était son nom - était déjà une mansio à
l'époque romaine, placée sur la très importante route qui,
de Pavie, conduisait aux Gaules ; elle passa aux Lombards,
lesquels érigèrent la forteresse, et ensuite aux Francs.
Ensuite, elle connut les luttes entre gens de Pavie et de
Milan, venant à être détruite plusieurs fois, soit par les
uns, soit par les autres. Un lieu donc chargé d'histoire
et de témoignages. Parmi ceux-ci, un cippe chrétien daté
de 554 et le souvenir des noces de Théodelinde et
d'Agilulfe - qui surviennent en 590, comme le raconte Paul
le Diacre - démontrent l'existence d'une ancienne
communauté chrétienne locale et sans doute d'un édifice de
culte. [...] »
Le
baptistère San Giovanni ad Fontes de Lomello
Nous poursuivons la lecture du texte de M Chierici :
« Qu'il y ait eu aussi
un baptistère est chose assez probable et une partie des
archéologues pense carrément, du Vesiècle.
Pour notre part, nous préférons l'opinion de ceux qui en
assurèrent la restauration en acceptant la date proposée
par eux, du VIIIesiècle. [...] Le plan représente un type
différent des trois précédents (il s'agit des
baptistères de Galliano, Arsago Seprio et Agliate) : il développe en effet les
principes de l'octogone, en animant cependant chacun des
côtés par une niche profonde alternativement rectangulaire
et semi-circulaire (outrepassée).
[...] »
Suit une description minutieuse de ce baptistère (images
de 1 à 5).
La
piscine baptismale (images
6, 7, 8)
« Au centre du
baptistère sont situés les fonts, dont la forme hexagonale
caractéristique contraste avec le plan octogonal de
l'édifice. [...] Pour
en revenir à nos fonts, ils révèlent une histoire
intéressante : construits à l'origine pour servir au
baptême à immersion, ils furent ensuite adaptés au rite
par aspersion ; le parapet, probablement ruiné, fut refait
et on lui adjoignit le petit puits qui se remarque encore
du côté oriental, après que les parois internes en eurent
été peintes de figurations géométriques, losanges et
triangles, insérées entre les corniches rectangulaires. À
l'intérieur des cinq losanges, court une inscription dont
on peut encore relever les traces. Sur la paroi du petit
puits, était peinte une croix au centre d'une arcature
avec l'indication PISCINA. Le caractère archaïque et
byzantinisant de ces peintures a été mis en relief par
l'unanimité des archéologues, mais on ne peut lui
attribuer assez de valeur pour fonder sur lui une
anticipation de la datation du baptistère. [...] »
Le plan de ce baptistère est effectivement très intéressant.
C'est la première fois que nous le rencontrons. Il existe
des édifices à plan octogonal, ou à plan en croix. Mais ici,
on a un combiné des deux : octogonal et en croix (en fait
deux croix faisant entre elles un angle de 45°). M. Chierici
fait apparaître le contraste entre les plans : celui,
hexagonal, de la piscine baptismale et celui, octogonal, du
baptistère. Il s'en étonne mais, sans plus. Il nous semble
que ce point, apparemment de détail, a une importance. Car
les formes hexagonale ou octogonale ont, toutes deux, une
valeur symbolique. Et, a priori, ces valeurs sont liées au
baptême. Il serait logique que les deux éléments
architecturaux, piscine et baptistère, aient tous deux la
même forme, hexagonale ou octogonale, avec les cotés des
polygones deux à deux parallèles entre eux. On aurait là une
image parfaite. Actuellement,, chacun des deux éléments à
une image parfaite, mais l'image donnée par l'ensemble est
imparfaite. On déduit de cette observation que les deux
éléments ont été probablement construits en des périodes
différentes, et peut-être dans des objectifs différents.
Lequel des deux est le plus ancien ? Nous l'ignorons.
Autre commentaire : M. Chierici parle du « petit
puits qui se remarque encore du côté oriental ».
Nous pensons (sans certitude) que le puits en question ne
contenait pas d'eau mais que, au contraire, il servait au
célébrant à se protéger de l'eau contenue dans la piscine
voisine. Situé à mi-hauteur au dessus de l'eau, il pouvait
pratiquer le baptême par aspersion en restant debout.
À noter aussi le débat entre les archéologues, certains
proposant le Vesiècle, d'autres le VIIe-
VIIIesiècle. Nous ne faisons pas mieux. Mais,
par contre, nous les réconcilions en proposant notre propre
datation.
Datation envisagée
pour le baptistère San Giovanni ad Fontes de Lomello : an
550 avec un écart de plus de 150 ans.
La
basilique Sainte-Marie Majeure de Lomello
Selon M. Chierici : « Le
baptistère surgit à quelques mètres de la basilique
Sainte-Marie-Majeure, à sa droite, comme à Galliano et
Agliate, presque à la hauteur du transept. La basilique
présente également certaines caractéristiques qui la
différencient des trois autres, Galliano; Arsago et
Agliate, à commencer par l'emploi de la brique au lieu de
la pierre, ce qui est caractéristique de la zone
méridionale de la Lombardie et surtout de l'aire du Pô,
mais aussi par les proportions, la forme et le plan. »
Concernant ce passage, remarquons seulement que l'emploi de
la brique peut être lié à l'absence à proximité de carrières
de pierre et la présence de riches dépôts d'alluvions
favorables à la fabrication de briques.
L'auteur poursuit par une description approfondie et termine
ainsi : « Ainsi apparaît
justifiée la datation du XIesiècle proposée
par Porter pour cette église, bien que l'archéologue
américain n'ai pas eu connaissance de la crypte
(nous n'avons pas d'image de celle-ci). Lomello
constitue ainsi une sorte de point de transition assez
important, parce qu'il réunit un ensemble d'éléments qui
parviendront à s'associer en une synthèse organique dans
les constructions de Pavie qui lui sont de peu
postérieures. »
Nous allons à présent faire quelques
observations sur cette église. Tout d'abord, elle était à
l'origine plus longue de trois travées dont les restes sont
encore visibles (plan de l'image
10, images de 11
à 15).
Les éléments caractéristiques de cette église sont les
suivants : une nef à trois vaisseaux ; le vaisseau central
est charpenté ; les collatéraux sont quant à eux voûtés
d'arêtes sur doubleaux légèrement brisés (image
20). Cette couverture d'arêtes des collatéraux
est-elle d'origine ? Nous ne le pensons pas ! Les arcs
doubleaux brisés de soutien des voûtes sont portés par des
colonnes demi-cylindriques côté mur extérieur et des
pilastres adossés au pilier côté vaisseau central. Il
devrait y avoir identité des supports : ce qui n'est pas le
cas. De plus, côté pilier, le pilastre interrompt l'imposte.
En conséquence, les collatéraux devaient être charpentés
(les pilastres sont sans doute un rajout ultérieur). Le
vaisseau central est porté par des piliers de type R1010.
C'est à dire à plan rectangulaire avec adossés au pilier
côtés Est et Ouest des colonnes demi-cylindriques. En fait,
on devrait plutôt parler de type
R1011 à cause du pilastre adossé côté vaisseau
central, pilastre qui s'élance sur toute la hauteur du mur (image 18). Mais
ce pilastre est de faible épaisseur. Et, une fois sur deux,
on ne connaît pas sa fonction, si ce n'est de limiter les
travées. Toutes les deux travées, le pilastre est surmonté
d'un grand arc transverse sur lequel repose la charpente du
toit. On note, sur les écoinçons des arcs, des baies
géminées. À quoi peuvent donc servir ces baies ? À alléger
l'arc ? Mais il nous semble qu'il y aurait d'autres
solutions plus optimales. Y avait-il au niveau de ces baies
un plancher créant un couloir de circulation, une sorte de
galerie ou triforium ?
Notons enfin que les arcs reliant les piliers sont doubles
(ou à double révolution). Nous estimons que, dans le cas de
la France, l'invention de l'arc double a constitué une
innovation que nous situons dans l'intervalle [800, 1000].
À cela il faut ajouter l'existence d'un transept dit «bas»
(le faîte du croisillon est plus bas que celui de la nef)
nettement plus ancien que le transept de même hauteur que la
nef. Là encore, cette partie serait de peu antérieure à l'an
mille.
Datation
envisagée pour la basilique Sainte-Marie Majeure
de Lomello : an 950 avec un écart de 100 ans.