La basilique Santa Sabina de Rome 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.

La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice nous append ceci (pour plus ample information, cliquez sur ce lien) :

« L'église Santa Sabina (en français Sainte-Sabine) est une basilique mineure située à Rome sur l'Aventin, près du Tibre.

Construite sous le Bas-Empire au Vesiècle , et restaurée au début du XXesiècle pour en retirer quelques ajouts et décors postérieurs, c'est aujourd'hui l'une des églises à plan basilical les mieux préservées et les plus représentatives de l'architecture paléochrétienne de Rome.

Histoire : L'église a été construite sous le pontificat de Célestin I er, entre 422 et 432 par l'évêque Pierre d'Illyrie, originaire de Dalmatie, sur le site d'un ancien titre (titulus). Dès l'origine, elle fut dédiée à Sainte Sabine, une martyre chrétienne du IIesiècle. Elle fut construite suivant un plan basilical rectangulaire à vingt-quatre colonnes de marbre.

Au Xesiècle, un campanile est adjoint à l'église, puis modifié au XVIIesiècle.


En 1219, le pape Honorius III donna l'église à saint Dominique, pour y installer l'ordre qu'il venait de fonder, l'Ordre des Prêcheurs (dominicains). Celui-ci y fit bâtir un cloître et des bâtiments conventuels.

Au XVIesiècle , l'empereur Charles Quint fit considérablement transformer l'intérieur de la basilique antique, en y adjoignant des décorations dans le style de la Contre-Réforme.


Les ajouts baroques furent supprimés lors d'une importante restauration, qui redonna à l'église sa simplicité et sa blancheur primitives.

Éléments remarquables : La porte en bois de cyprès de la basilique est la porte originale datant du Vesiècle (vers 430). Elle se compose de deux battants (5,35 × 3,35 m) qui renferment 28 panneaux dont 18 ont conservé leurs sculptures en bas-relief représentant des scènes de la Bible : dix petits panneaux mesurant 0,33 m de largeur sur 0,24 m de hauteur, et huit grands panneaux ayant la même largeur et 0,80 m de hauteur. Celui de l'angle supérieur gauche du vantail gauche figure la Crucifixion de Jésus-Christ et serait l'exemple le plus ancien d'une telle représentation. Devant une muraille rappelant Jérusalem, un Christ athlétique, vêtu du subligaculum, est entouré des deux larrons au visage imberbe. Les croix sont étrangement absentes. Le visage du Christ est de type syro-palestinien, barbu, entouré d'une longue chevelure. Les bras ont la position de l'orant … Les paumes des mains tournées vers le spectateur font voir la tête arrondie des clous. Les pieds des trois crucifiés reposent sur l'encadrement du bas et ne sont pas cloués.

À l'intérieur, le dessus de la porte est orné d'une mosaïque présentant la dédicace originale de l'église, en hexamètres latins. La frise de la nef centrale est également un vestige du Ve siècle.

La décoration en opus sectile sur les arcades de la nef centrale, avec porphyre rouge et vert, est d'origine (V e siècle). Les faux joints entre les fausses pierres appareillées en marbre blanc sont aussi en porphyre.
  »


Le lecteur assidu des pages de notre site ne sera pas surpris - mais sans doute très lassé - que nous émettions des objections sur le texte précédent. Nous y sommes cependant contraints, à cause du lecteur occasionnel qui a découvert notre site en tombant sur cette page un peu par hasard.

Le principal reproche que nous exprimons vis-à-vis de la plupart des textes décrivant l'histoire et les arts du Premier Millénaire s'adresse au ton de certitude de leurs auteurs. Relisons une partie de ce texte : « L'église a été construite sous le pontificat de Célestin I er, entre 422 et 432 par l'évêque Pierre d'Illyrie ». Il n'y a pas dans cette phrase l'ombre d'une doute, d'une interrogation. Il n'y a pas non plus l'ombre d'une justification. D'où vient cette information ? Existe-t-il un document daté du
Vesiècle prouvant que l'église a été construite entre 422 et 432 par l'évêque d'Illyrie ? Notre expérience en la matière nous amène à penser qu'un tel document n'existe pas. Et que cette information a été construite à travers divers recoupements obtenus à partir de textes postérieurs de plusieurs siècles au Vesiècle. Parfois l'information a été à ce point recopiée que l'auteur du texte d'Internet ignore lui-même l'origine de la source, ne pouvant citer qu'un auteur du XXesiècle, lequel rapporte les dires d'un historien antérieur. En admettant même que la preuve formelle de l'existence du document du Vesiècle relatant cet événement soit apportée, on doit continuer à se poser la question de la véracité de l'information. Car, tout comme actuellement on peut attribuer à une personne l'action d'une autre - combien d'hommes politiques inaugurent en grandes pompes des réalisations initiées par leurs prédécesseurs, projets qu'ils avaient en leur temps violemment combattus ! - on peut penser qu'il en était de même autrefois avec des évêques ou des papes.

Il faut bien comprendre que le doute, s'il consiste seulement à remettre en question une vérité assénée sans preuve, est stérile. Car il se réduit à opposer une négation à une affirmation. Or nous sommes en présence d'une logique floue : entre le «vrai» et le «faux» il y a le «peut-être». Dans notre livre « Enquête sur la cathédrale romane de Béziers », écrit il y a un peu moins de 10 ans, nous avons introduit la notion de possibilité d'un événement et imaginé une valeur de possibilité de cet événement. Cette valeur de possibilité (VP) est une note de 0 à 10 fonction de l'estimation de vérité de cet événement : une VP égale à 10 correspond à une affirmation estimée entièrement vraie.

On pourrait s'étonner du fait que, ayant introduit la notion de valeur de possibilité dans le livre sur la cathédrale de Béziers paru en mai 2011, nous ne l'ayons pas mise en application pour notre étude sur le Premier Millénaire. La raison en est que, le problème étant très complexe, nous n'en sommes pour le moment qu'au stade de la prospection ... et de la sensibilisation de notre lectorat. La notion de valeur de possibilité devrait aussi changer en VEP : Valeur évolutive de possibilité. Il faut comprendre que la notion de valeur de possibilité évolue avec les informations apportées. Ainsi nous estimons que les informations apportées par la page de Wikipedia réservées à Sainte-Sabine sont affectées d'une valeur de possibilité de 6 sur 10 (VP=6). Mais si nous obtenons des renseignements plus précis (références des sources écrites, textes latins et traductions) la VP pourra être modifiée et devenir, par exemple, égale à 8 . On obtient donc VEP= 8. Par ailleurs, il faut comprendre que les informations que nous venons de recueillir sur Sainte-Sabine modifient d'autres VEP. Ainsi, par exemple, nous apprenons que le thème de la Crucifixion était représenté à Sainte-Sabine. En fonction des résultats de son étude, nous modifierons notre éventail d'hypothèses sur ce thème.


Accords et désaccords avec la page du site Internet Wikipedia

Le site Internet parle d'une construction de la nef entre l'an 422 et l'an 432.

Faut-il attribuer l'ensemble de la construction à cette date ? Le plan de l'image 4 ainsi que les images 5, 7 et 8 font bien apparaître qu'on est en présence d'une basilique paléochrétienne (nef à trois vaisseaux charpentés dont le vaisseau central est porté par des colonnes monolithes cylindriques). De plus, nous envisageons qu'il y ait eu une évolution au sein du groupe des basiliques paléochrétiennes, les basiliques à architraves ayant précédé les basiliques à arcs. Ces dernières seraient apparues vers le
IVesiècle. La nef actuelle pourrait donc avoir été réalisée dans la première moitié du Vesiècle ; c'est possible, mais ce n'est pas certain. D'autant que l'étape suivante aurait été l'agrandissement des écarts entre piliers et en conséquence l'agrandissement du rayon de l'arc et la diminution du nombre de piliers. Cette position intermédiaire rend possible une construction aux alentours de l'an 500. Il existe cependant quelques points de désaccord. D'une part, lorsqu'il est dit qu'une « importante restauration ... redonna à l'église sa simplicité et sa blancheur primitives ». Nous pensons que les basiliques chrétiennes primitives n'étaient pas blanches mais très colorées, couvertes de mosaïques ou de fresques. Celle-ci n'échappe d'ailleurs pas à la règle puisque la décoration a fait découvrir une très belle marqueterie de marbres et de pierres colorées (image 9). Tous les murs de la nef devaient être ainsi colorés au-dessus de cette marqueterie, mais il est manifeste que ces murs ont été refaits : les fenêtres supérieures font sans doute partie des restaurations de Charles Quint. Un autre point qui n'est pas de désaccord, mais qui ferait plutôt partie de non-dit : nous estimons qu'un tel ensemble (colonnes parfaitement identiques, chapiteaux parfaitement identiques, panneaux de marqueterie parfaitement identiques) n'a pu se maintenir dans cet état de perfection durant plus de 1500 ans. En conséquence, nous devons envisager que cette perfection a été reconstituée durant la période moderne. Une reconstitution qui s'est faite à partir d'éléments préexistants (colonnes, chapiteaux, panneaux de marqueterie) étendus à l'ensemble mais dont nous ignorons l'importance.


Passons à l'étude de la porte en bois de cyprès (images 10 et 11) qui, selon l'auteur du texte de Wikipedia, daterait des environs de l'an 430. Là encore, on peut se poser la question de la datation. A-t-elle été fixée en fonction d'un texte relatif à la construction de l'église entre 422 et 432 ? Ou en fonction de données différentes, comme la datation au C14 ou par dendrochronologie ? En tout cas, nous notons ce qui semble être une erreur manifeste. On nous dit que la porte date de 430. Selon nous, c'est faux : les panneaux inférieurs sont beaucoup plus récents ! À l'origine, tous les panneaux devaient être sculptés. Mais, comme cela arrive souvent, les panneaux inférieurs ont subi des dégradations (intempéries, raclements avec le sol) et ils ont été remplacés. Cette remarque nous invite à penser que les panneaux de bas de porte ne sont peut-être pas les seuls concernés. D'autres panneaux parmi les panneaux sculptés peuvent avoir été remplacés par de plus récents.

Passons à l'étude de chacun de ces panneaux. Nous les étudions successivement par rangées à partir du haut (5 rangées) et de gauche à droite (4 par rangée, 2 pour la dernière).

Image 12 : Crucifixion et Orants. Il s'agit du panneau le plus intéressant abondamment décrit ci-dessus. Nous l'avons appelé « Crucifixion et orants » par traduction d'un texte anglais qui identifie chacun des panneaux. Notons d'abord que la représentation est bien paléochrétienne. Le texte de Wikipedia parle du Christ entre les larrons. Le texte anglais, du Christ entre les orants. La différence est notable. Mais nous irons plus loin. S'agit-il bien d'une crucifixion ? Le texte de Wikipedia fait remarquer l'absence de croix ainsi que l'absence de têtes de clous sur les pieds. Nous ajoutons à cela les traits enfantins des «larrons». Le plus grand des deux est souriant. Notons aussi que les trois personnages reposent sur leurs pieds. En conséquence, nous envisageons que cette scène pourrait avoir une autre explication : une cérémonie de baptême d'un père et de ses deux enfants ? la représentation d'Adam avec ses deux fils Caïn et Abel ? Cette dernière explication serait peut-être celle qui conviendrait le mieux, car elle respecterait une concordance entre l'Ancien et le Nouveau Testament. L'ensemble des panneaux de cette porte témoigne d'une telle concordance. Nous pensons qu'il y a eu un autre panneau représentant la Crucifixion du Christ ente les larrons. Celui-ci représente Adam encadré par ses deux fils, le bon, Abel, et le mauvais, Caïn. L'autre aurait représenté le Christ, nouvel Adam, encadré par le bon larron et le mauvais larron. Mais tout cela n'est qu'une hypothèse qui devraiit être soumise à plus ample réflexion.

Image 13 : Femmes et Ange devant le Tombeau vide. Remarquer la taille de l'Ange, nettement plus grande que celle des femmes et du décor en arrière-plan.

Image 14 : Adoration des Mages. Le motif est paléochrétien. Les mages portant une sorte de bonnet phrygien ne sont pas des rois mages. La Vierge Marie porte l'Enfant dans ses bras.

Image 15 : Le Christ et les deux disciples d'Emmaüs. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 16 : Résurrection de Lazare, Multiplication des Pains et Poissons, Miracle de Cana. Ici aussi la représentation est paléochrétienne : le Christ, imberbe et couvert d'une longue chevelure, ne porte pas d'auréole.

Image 17 : Moïse dans le Désert, Fête de la caille, Fête de la manne, Miracle du Rocher. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image. Il semblerait que ces scènes de l'Ancien Testament doivent être mises en concordance avec les scènes de l'image précédente.

Image 18 : Ascension du Christ. Nous avons des doutes concernant ce panneau qui fait plus penser à une sculpture du XVIesiècle.


Image 19 : Parousie ou le Christ monté aux Cieux. Nous ne savons pas exactement quelle signification il faut donner à la Parousie. Il semblerait que dans l'Antiquité, les exégètes aient fait la différence entre l'Ascension du Christ (le Christ s'élevant dans les Cieux) et la Parousie (le Christ demeurant dans les Cieux). Nous avons dans cette image une bonne représentation du ciel terrestre : un demi-cercle contenant la lune et le soleil. Sous ce ciel, deux hommes élèvent une couronne sur la tête d'une femme (la Vierge Marie ?) située entre eux, au dessus de ce ciel terrestre de forme circulaire. Et là ! grosse surprise ! À chacun des angles, on peut voir des têtes dont trois sont reconnaissables : un lion, un homme et un taureau. La quatrième doit être l'aigle. On est en présence du tétramorphe. Peut-être une de ses plus anciennes représentations. Remarquer que les ailes ne sont pas représentées. L'ancienneté de la sculpture est révélée par la forme - circulaire - de la mandorle et le fait que le Christ à l'intérieur de cette mandorle soit debout, vêtu d'un drapé portant un volumen (livre en rouleau), imberbe, chevelu, non auréolé.

Image 20 : Le Christ Ressuscité apparaît aux disciples. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 21 : Le Christ Ressuscité apparaît aux femmes. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 22 : Prédiction du reniement de Pierre. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image. Le coq du reniement est au-dessus de la colonne. La scène est relativement fréquente sur des sarcophages paléochrétiens (voir ceux du musée Antique d'Arles). Ces sarcophages dateraient de la période immédiatement postérieure aux persécutions de chrétiens. La scène du reniement de Pierre devait rappeler le reniement des chrétiens lors des persécutions.

Image 23 : Enlèvement de Habacuc. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 24 : Convocation de Moïse. Nous ne connaissons pas suffisamment la Bible pour interpréter cette scène.


Image 25 : Hommage à un homme en prière portant une chlamyde. Nous ne connaissons pas suffisamment la Bible pour interpréter cette scène. Remarquer la représentation très stylisée d'un édifice chrétien, à nef unique. Remarquer aussi les ailes courtes de l'ange.

Image 26 : Exode d’Égypte, Noyade de Pharaon, Aaron et les serpents. La fuite d’Égypte se retrouve dans d'autres représentations sculptées (sarcophages paléochrétiens). Peut-être pour rappeler d'autres exodes de populations (les fameuses «invasions barbares»). Nous n'avons pas pu obtenir une meilleure image. Une remarque que nous aurions pu faire pour d'autres images : les panneaux sont insérés dans des cadres décorés de pampres de vigne.

Image 27 : Ascension d’Élie. Tout comme pour l'Ascension du Christ, nous avons des doutes concernant ce panneau qui fait plus penser à une sculpture du XVIesiècle.

Image 28 : Pilate se lave les mains, Jésus est entraîné au dehors. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 29 : Le Jugement de Jésus. Nous n'avons pu obtenir une meilleure image.

Image 30 : Croix pattée à entrelacs. Cette pièce n'est pas un élément de la porte. La croix est insérée dans une arcade et accompagnée de rosaces et de palmettes. Datation envisagée : an 800 avec un écart de 200 ans.


Datation envisagée pour la basilique Sainte-Sabine (telle qu’elle apparaît actuellement) : an 550 avec un écart de 200 ans.

Datation envisagée pour les panneaux les plus anciens de la porte : an 400 avec un écart de 100 ans.