La basilique Santa Maria Nova de Rome
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.
Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte
écrite par Serena Romano dans le livre «
Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque.
En voici un extrait :
« Église baroque, marquée
par l'intervention du Bernin, Sainte-Françoise-Romaine a
conservé le nom plus ancien de Sainte-Marie-Nouvelle, qui
fait allusion aux circonstances de sa fondation : l'église
fut destinée en effet à remplacer Sainte-Marie-Antique,
voisine, après le tremblement de terre de 847.
Les deux dates : 1161 -
réédification sous le pontificat d'Alexandre III - et
1216-17 - restauration de la couverture du toit sous le
pontificat d'Honorius III - marquent une période de
construction qu'il n'est pas facile de retrouver dans
l'aspect actuel de l'église. La partie transept-abside
remonte probablement à la moitié du XIIesiècle.
[...] »
Remarque :
pour le lecteur désireux d'en savoir plus sur l'église
Santa-Maria-Antiqua, nous donnons ci-joint l'adresse
Internet de la page qui lui est consacrée sur le site
Internet Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Église_Santa_Maria_Antiqua
Dans les pages précédentes consacrées aux monuments du
Latium, nous avons constaté que les historiens de l'art
médiéval de cette province d'Italie, Ernesto Parlato et
Serna Romano, négligeaient systématiquement les informations
antérieures à l'an mille et privilégiaient aussi
systématiquement la datation du XIIesiècle,
voire du
XIIIesiècle. Le texte ci-dessus est conforme à
cette état d'esprit. L'église Sainte-Marie aurait été
construite en 1161 en remplacement d'une église détruite en
847, soit 314 ans auparavant. Le tremblement de terre de 847
n'a pas fait que détruire les églises : il a engourdi les
bras des maçons ! Certes, il est possible qu'un texte - sans
doute le Liber
Pontificalis - parle d'une réédification en 1161
sous le pontificat d'Alexandre III. Mais outre le fait que
le mot latin qui a été traduit par réédification peut avoir
un sens différent du nôtre (reconstruction totale sur des
fondations nouvelles, reconstruction totale sur les
anciennes fondations, reconstruction partielle,
réaménagement de l'intérieur, etc.), tout texte doit être
soumis au doute scientifique (tout comme nous émettons des
doutes sur les exploits autoproclamés de nos politiciens
actuels, nous devons en faire de même pour ceux d'autrefois,
en sachant que douter ne signifie pas forcément nier).
Concernant cette église Sainte-Marie-la-Neuve, l'hypothèse
la plus probable est qu'elle a été construite peu après 847.
Elle aurait été reconstruite en partie (le transept?) au XIIesiècle.
Comme nous le verrons ci-dessous, l'abside pourrait dater du
IXesiècle. Qu'en est-il de la nef ? Cette nef
est manifestement baroque. Mais il faut savoir que la
principale caractéristique du baroque est l'art du décor. Un
décor de pastiche analogue au décor de théâtre. En plus
solide. Mais un décor qui est le plus souvent employé à
couvrir des structures plus anciennes. En conséquence, trois
possibilités s'offrent à nous : 1) la nef est celle du IXesiècle
modifiée assez peu durant les siècles suivants mais
recouverte au XVIIIesiècle par un décor baroque
; 2) La nef est du XIIesiècle (hypothèse de
Serena Romano et recouverte au XVIIIesiècle par
un décor baroque; 3) La nef a été entièrement
reconstruite à l'époque baroque. Il nous est difficile de
nous prononcer au vu des images.
La mosaïque de cul-de-four
de l'abside : Voila ce qu'écrit à son sujet Serena
Romano : « ... il reste quelques traces de
décor. La plus importante est la mosaïque de cul-de-four
absidal ; elle représente la Vierge entre les saints
Jacques, Jean, Pierre et André, figurés sous des arcades,
selon un procédé que Mathiae (1967) fait remonter aux
motifs de sarcophages paléochrétiens. La mosaïque n'est
pas de grande qualité et offre un traitement lourd et
monotone dans les drapés et les physionomies des saints,
ce qui ne peut être entièrement attribué à quelque
restauration inconsidérée, baroque ou du XIXesiècle.
Il s'agit plus probablement d'ouvriers décadents : déjà
Mathiae penchait pour cette solution ... l'estimant
possible de l'attribuer à l'une (1161) et à l'autre (1261)
phases de la vie de l'édifice, sur lesquelles nous
possédons des documents, comme le voulait Hermanin
... ».
Commençons en commentant la dernière phrase : «
possible de l'attribuer à l'une (1161) et à l'autre (1261)
phases de la vie de l'édifice, sur lesquelles nous
possédons des documents, comme le voulait Hermanin
... ». Cette phrase est symptomatique d'un comportement que
nous ne cessons de critiquer : l'impérialisme du texte
écrit. Si un texte écrit mentionne l'existence de travaux,
il faut le prendre en considération. Sinon il n'y a pas eu
de travaux. C'est en tout cas ce que veut Hermanin.
Dois-je dire la même chose en ce qui concerne mes
arrière-grands-parents ? N'ayant pas fait d'arbre
généalogique, je ne possède aucun document les concernant.
Faut-il en déduire qu'ils n'ont jamais existé ?
Mais abordons cette mosaïque (image
5). Serena Romano a raison de remarquer que les
saints sont placés sous des arcades. Elle a aussi raison de
souligner que le placement de personnages sous arcades est
un motif de sarcophages paléochrétiens. Cependant, il faut
bien s'entendre sur la datation associée au mot «
paléochrétien ». On a tendance à la réduire à la
période de « l'église
des catacombes », la chrétienté cachée. C'est-à-dire avant
l'an 350. Or les sarcophages décorés de symboles chrétiens
n'ont pu apparaître que lorsque la chrétienté est devenue
visible, après, voire bien après l'an 350. Les sarcophages
dits « paléochrétiens
» pourraient donc dater du Veou du VIesiècle.
Mais la présence de saints inscrits dans des arcades est
beaucoup plus fréquente dans les miniatures (miniatures
irlandaises, miniatures carolingiennes). On les voit auusi
dans des bas-reliefs comme les linteaux de
Saint-Génis-des-Fontaines ou de Saint-André-de-Sorède que
nous estimons antérieurs à l'an mille.
En conséquence, nous estimons que cette mosaïque est
préromane. Elle daterait du IXesiècle (après
847). Elle a très certainement été restaurée au XVIIIeou
au
XIXesiècle.
Remarquons sur les vêtements des saints les lettres «L» ou
«J» dont nous ne connaissons pas la signification. On
retrouve les mêmes symboles sur des mosaïques de Ravenne, au
baptistère des Ariens, à Saint-Apollinaire-le-Neuf et au
mausolée de Galla Placidia, trois édifices étudiés sur ce
site. Le motif en forme de coquille au dessus des arcades
est aussi fréquent dans les décors de mosaïque préromans. Il
existe toutefois des éléments qui semblent plus tardifs :
les visages des saints, la présence du Christ debout à côté
de la Vierge. Mais cela peut provenir de restaurations
ultérieures.
Datation
envisagée pour la basilique Santa Maria Nova de
Rome :
Comme nous l'avons écrit ci-dessus, le seul élément
susceptible d'être daté est l'abside. Et cette datation se
calquerait sur celle de la mosaïque de l'abside construite
dans la foulée : an 900 avec un écart de 100 ans.