La basilique Santa Maria in Cosmedin de Rome 

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Ce monument a fait l'objet d'une monographie détaillée écrite par Serena Romano dans le livre « Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque. En voici un extrait : « L'aspect actuel de Sainte-Marie in Cosmedin lui vient d'une campagne de restauration radicale, menée à partir de 1893 et dirigée par G.B. Giovenale qui a fait disparaître une bonne partie des structures post-médiévales pour rétablir une “construction originelle” médiévale. Une intervention de ce genre, aussi radicale et même violente dans le choix d'une période historique à privilégier avant toute autre ne serait plus pensable aujourd'hui, où l'on vise à préserver toutes les périodes créatrices de l'histoire. On détruisit en particulier la façade du XVIIIesiècle- œuvre de Giuseppe Sardi - qui elle-même avait remplacé celle remontant aux travaux entrepris par le cardinal Francesco Caetani (1291-1300) ; on supprima en outre les fausses voûtes lancées au-dessus des trois nefs à la fin du XVIIesiècle et leur destruction fit venir au jour - dans la mesure où il était conservé dans les combles baroques - ce qui restait du cycle de fresques de 1123.

Tant l'intérieur que l'extérieur de l'église laissent percevoir très clairement cette saveur du Moyen- Âge reconstitué, sinon carrément réinventé ou complété, que les restaurateurs de la fin du XIXesiècle et du début du XXeont infligée à tant de monuments romains. Cependant malgré cela, l'ensemble reste un des exemples les p^lus extraordinaires et les mieux conservés, lié aux figures d'un pontife - Calixte II - et d'un personnage - le camerarius Alfanus - qui sont des figures-clefs dans l'histoire et la politique culturelle de la Rome du début du XIIesiècle. »

Par la suite, Mme Romano apporte des précisions sur les objets de mobilier liturgique comme les ambons (image 4) , le pavement cosmatesque (image 5) et les fresques de la nef (image 6).

Mme Romano, soucieuse de montrer l'importance de l'apport roman dans cette région de l'Italie, privilégie l'étude des réalisations effectuées, selon elle, aux XIIe ou
XIIIesiècles (mobilier liturgique, pavement comatesque) ou au seul XIIesiècle (fresques de la nef).

Bien que moins documentée, la page du site Internet Wikipedia nous en apprend plus sur les autres périodes et en particulier celle qui nous motive le plus, le premier millénaire de notre ère : « L'église Santa Maria in Cosmedin a été construite au VIesiècle sur les ruines de l'Aedes Pompeiana Herculis, le Très Grand Autel d'Hercule Invaincu (Ara Maxima) sur le Forum Boarium, l'un des lieux de distribution de l'Annone de la Rome antique. Les sous-sols de l'église englobent un mur massif en gros blocs de tuf volcanique qui faisait partie de l'autel et un petit édifice à colonnes d'époque flavienne remanié au début du Vesiècle et transformé en crypte de l'église. [...]

Se trouvant non loin de constructions byzantines, près d'un lieu nommé “Ripa Greca”, où vivait une communauté grecque, cette église prit le nom de Schola Graeca au VIIesiècle. Des moines grecs y trouvèrent refuge pour échapper aux persécutions vers 782 et y firent des décorations sous Adrien I er (772-795) qui les parrainait. En hommage à son aspect, elle porta le nom de “Cosmedin” (du grec Kosmidion, “orné”) ...  »

Au sujet de chacun des deux textes écrits, nous pensons que leurs auteurs se sont inspirés de rares textes, la très grande majorité de l'ensemble des textes concernant cette église ayant à jamais disparu ... en particulier les plus anciens.

Si le rédacteur du texte de Wikipedia est assez précis concernant la crypte, il l'est moins concernant la nef. Serena Romano ne parle pas de la crypte et n'est pas claire pour la nef, d'un côté elle nous apprend que Giovenale a voulu rétablir une « “construction originelle” médiévale », mais ne précise pas sa datation . Ce qu'elle aurait sans doute fait si elle avait estimé que cette construction datait, comme les fresques, du XIIesiècle.

Parlons de ces fresques ! Nous ne disposons que d'une image peu claire (image 5). Pourtant cette image nous semble peu représentative d'une fresque du XIIesiècle. Les scènes apparaissent compartimentées, placées dans des cadres stricts. Elles font penser aux mosaïques supérieures de la nef de Saint-Apollinaire-le-Neuf à Ravenne/Émilie-Romagne ou aux fresques de San-Julian-de-los-Prados/ Oviedo/ Asturies/ Espagne, (toutes deux sur ce site). Nous pensons que ces oeuvres sont antérieures à l'an 1000.


Essai de datation

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessus sont extraites d'Internet.

Il s'agit d'une église à nef à trois vaisseaux. Les trois vaisseaux sont charpentés. Les piliers porteurs du vaisseau central sont cylindriques (de type C0000 ). Ce sont des colonnes monolithes en marbre. Les arcs reliant ces piliers sont simples. Dans nos recherches de datation pour les églises de France et d'Espagne, nous avons estimé que ce type d'église devait être antérieur à l'an 800.

À cela s'ajoute le fait que l'abside est à plan semi-circulaire, voûtée en cul-de-four. Et privée de fenêtre : signe de grande ancienneté.

L'absence de transept est aussi un signe de grande ancienneté. Bien sûr, il est toujours possible que les habitants du Latium aient été si peu évolués au XIIesiècle qu'ils aient ignoré l'ensemble des innovations opérées dans le reste de l'Europe depuis le IXesiècle. Mais nous n'en sommes pas convaincus.

Datation envisagée pour la basilique Santa Maria in Cosmedin de Rome : an 550 avec un écart de 200 ans.