La basilique Santa Maria in Cappella de Rome 

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Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte écrite par Enrico Parlato dans le livre « Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque. En voici un
extrait : « Minuscule église à proximité des rives du Tibre. Son aspect actuel, surtout à l'intérieur, se ressent de la restauration “dans le style” remontant au milieu du siècle dernier (il s'agit du XIXesiècle). L'architecte Andrea Busiri Vici fit alors disparaître en façade le décor baroque tardif ..., conserva la grande fenêtre cintrée qui interrompt la corniche de cette façade et ajouta le fronton qui surmonte le portail d'entrée. À l'intérieur, de plan basilical, la séparation des nefs est assurée par des rangées de colonnes avec architraves. Cette solution d'un particulier intérêt - étant donné surtout la date de consécration de l'édifice (1090) - est cependant estompée par l'aspect néomédiéval que lui ont conféré les restautrations du XIXesiècle

La datation de l'église se base sur la pierre encastrée dans un mur où est mentionnée la date de consécration, le 23 mars 1090 au temps d'Urbain II (1088-1099) ainsi que l'ancien nom de l'église : “ecclesia Sancte Marie que appellatur ad pineam”.  »

Au risque de lasser, nous rappelons à nos lecteurs qu'une consécration d'église ne doit pas être interprétée comme une inauguration. Malheureusement, c'est souvent le cas ! La plupart des historiens de l'art font l'amalgame en confondant la construction d'une église avec sa consécration. Or de nombreux exemples apportent un démenti à ce raisonnement simpliste : une église est citée à une date donnée et consacrée plusieurs siècles après, une autre est consacrée à plusieurs reprises, une troisième n'a jamais été consacrée. Souvent, ce n'est pas l'église qui est consacrée, mais l'autel dédié à un saint. Parfois c'est un corps de bâtiment, comme la crypte. Ou lorsque l'église a subi une restauration. Une consécration peut survenir lors d'une grande fête. Ou lorsqu'on réalise que l'église n'a pas été consacrée. Ou encore lorsque l'église a été profanée. Il y a donc eu beaucoup d'occasions de consacrer des édifices.

En conséquence de cette analyse, nous n'attachons pas la même importance que M. Parlato à la date de 1090.

Nous n'avons pas visité cette église, c'et la raison pour laquelle les images qui suivent ont été recueillies sur Internet.

Malgré leur manque de précision, ces images sont révélatrices de l'intérêt que pourrait représenter cet édifice. Mais avant de les étudier, il nous faut faire la constatation suivante : cette église minuscule possède une nef à trois vaisseaux. Pourquoi ces trois vaisseaux quand un aurait suffi ? Avec les mêmes dimensions extérieures - ou des dimensions légèrement modifiées - l'architecte aurait pu construire à moindre coût (pas de mur intermédiaire, pas de colonne en marbre) une nef unique mieux adaptée (absence des colonnes qui cachent en partie le spectacle du Sacrifice Divin). Nous ne pensons pas qu'il y ait eu un manque de discernement de la part de l'architecte. D'autant que nous avons constaté la même particularité - une nef minuscule à trois vaisseaux - en d'autres occasions pour des nefs que nous estimions préromanes.

Nous pensons qu'il existe une raison autre qu'utilitaire à la présence de collatéraux. Servaient-ils de couloirs pour les processions ? Étaient-ils réservés à certaines catégories de populations ? : femmes ? catéchumènes ? esclaves ?

On serait donc en présence d'une église préromane. Il est possible qu'elle ait été fortement restaurée. C'est ce que semble dire Enrico Parlato. Cependant, nous ne voyons pas d'apport décisif effectué durant la période moderne (XVIIe et XIXesiècles). Et les modifications - exemple : le remplacement probable d'une architrave (en bois ?) par une poutrelle métallique - semblent mineures.

Nous pensons par ailleurs que les nefs à piliers de séparation des vaisseaux supportant des architraves - que nous désignerons sous le nom plus commode de « nefs à architraves » - auraient précédé les « nefs à arcs ».

Il est possible que cette nef ait été restaurée au point de changer totalement sa structure. Cependant, une modification radicale est peu probable. Nous avons constaté que les élites du Latium voulaient conserver dans leur intégralité des témoignages de leur passé glorieux.

Remarquons que l'abside est décorée d'une fresque représentant un cortège de brebis convergeant vers le centre. Selon nous, ce type de représentation serait préroman.


Datation envisagée pour la basilique Santa Maria in Cappella de Rome : an 550 avec un écart de 200 ans.