La basilique Santa Maria in Domenica de Rome 

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La page du site Internet Wikipedia consacrée à cet édifice nous apprend ceci : « La première édification de la basilique Santa Maria in Domenica remonte à la fin du
VIIesiècle, avec l'établissement d'une église située à proximité de la 5e cohorte des Vigiles urbains. Elle est reconstruite entre 818 et 822 sous le pape Pascal I er à qui l'on doit les mosaïques intérieures. Elle est restaurée en 1513-14 par le cardinal Giovanni de Medici, futur pape Léon X, qui confie les travaux à Andrea Sansovino.


L'extérieur de la basilique, telle qu'elle apparaît actuellement, est le résultat des travaux de Andrea Sansovino, qui ajoute le portique extérieur aux colonnes de style toscan. L'intérieur est constitué de trois nefs séparées par dix-huit colonnes de granite gris d'époque impériale surmontées de chapiteaux corinthiens et avec un remarquable plafond à caissons Renaissance en bois décoré de Perin del Vaga réalisé sur des dessins de Giulio Romano.

Dans l'abside, se trouvent d'importantes mosaïques du IXesiècle représentant le Christ, les anges et les apôtres, Moïse et Elie, une Vierge à l'Enfant sur le trône et Pascal I er à genoux, dont le nimbe carré autour de la tête indique que le pape était encore en vie au moment de la réalisation de l'œuvre. L'intérieur de la basilique présente aussi des fresques réalisées par Lazzaro Baldi. »

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.

Le texte ci-dessus nous semble à la fois trop précis et trop affirmatif. Son auteur est sûr de lui : « La première édification de la basilique Santa Maria in Domenica remonte à la fin du VIIesiècle. ». Certes, tout comme au petit jeu de la « roulette russe », il y a toujours une chance -ou une malchance- que la balle soit tirée, il est possible que la première basilique Santa Maria in Domenica ait été effectivement construite à la fin du VIIesiècle. Cependant, nous savons que l'existence de preuves formelles d'une première construction d'église avant l'an 1200 doit être très exceptionnelle (jusqu'à présent, sur plus de 1700 monuments étudiés, nous n'en avons pas trouvé de réellement convaincantes). À plus forte raison pour un nonument antérieur à l'an 700. Nous pensons que, comme cela arrive souvent, un premier chercheur a émis l'hypothèse que cette première basilique était du Vesiècle. Il a été contredit par un autre chercheur qui la plaçait au IXesiècle. Pour accorder les deux chercheurs un troisième chercheur a envisagé le VIIesiècle. Et un quatrième chercheur plus malin que les autres s'est appuyé sur de savantes comparaisons pour la placer à la fin du VIIesiècle. Ce qui signifie l 'an 675 avec un un écart de 25 ans. Bravo ! avec notre écart de 200 ans nous sommes loin de cet exploit ! Pour couronner le tout, le rédacteur du site Internet a transformé ce qui n'était, selon nous, qu'une hypothèse, en certitude.

Avant de procéder à l'examen de cette nef, essayons d'évaluer la mosaïque de l'abside (image 3) qui, selon l'auteur du texte Internet, daterait du IXesiècle. Notons tout d'abord la différence de style entre les fresques situées au bas de l'abside et les mosaïques du cul-de four de cette abside. Si les premières semblent correspondre à l’exubérance baroque et donc dater du XVIIesiècle, le hiératisme des personnages des secondes est caractéristique de la période médiévale. Mais quelle date plus précisément ? Il y a bien sur l'arc triomphal le monogramme de Pascal. Mais ce pourrait être Pascal II qui vivait au XIIesiècle. Nous nous attachons plutôt à l'image de la Vierge en Majesté portant l'Enfant Jésus. Ce pourrait être un bon marqueur de datation. Malheureusement, il faudrait que les spécialistes en histoire de l'art s'accordent. En effet la plupart des Vierges en Majesté, dont certaines sont plus archaïques que celle-ci, sont datées du XIIesiècle. Alors que celle-ci est datée du neuvième siècle.



Essai de datation

Étudions l'architecture de cet édifice.

Il s'agit d'une église à nef à trois vaisseaux. Les trois vaisseaux sont charpentés. Les piliers porteurs du vaisseau central sont cylindriques (de type C0000 ). Ce sont des colonnes monolithes en marbre. Les arcs reliant ces piliers sont simples. Dans nos recherches de datation pour les églises de France et d'Espagne, nous avons estimé que ce type d'église devait être antérieur à l'an 800.

À cela s'ajoute le fait que l'abside est à plan semi-circulaire. Elle est voûtée en cul-de-four. Et privée de fenêtre, ce qui est signe de grande ancienneté.

L'absence de transept est aussi un signe de grande ancienneté. Bien sûr, il est toujours possible que les habitants du Latium aient été si peu évolués au XIIesiècle qu'ils aient ignoré l'ensemble des innovations opérées dans le reste de l'Europe depuis le IXesiècle. Mais nous n'en sommes pas convaincus.

Datation envisagée pour la basilique Santa Maria in Domenica de Rome : an 650 avec un écart de 200 ans.