La basilique Sainte-Praxède de Rome 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette page sont extraites d'Internet.

Ce monument a fait l'objet d'une monographie écrite par Enrico Parlato dans le livre « Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque. En voici un extrait :
« Fondée par Pascal I er (817-824), l'église a conservé de façon substantielle l'aspect qu'elle présentait à l'époque carolingienne, même s'il s'y est greffé des interventions romanes réalisées à la fin du XIIesiècle ou au début du XIIIesiècle. [...] »

Dans les pages précédentes consacrées aux monuments du Latium, nous avons constaté que les historiens de l'art médiéval de cette province d'Italie, Ernesto Parlato et Serna Romano, négligeaient systématiquement les informations antérieures à l'an mille et dataient presque aussi systématiquement du XIIesiècle des monuments qu'ils estimaient romans, des monuments pourtant fort différents d'autres monuments romans d'Europe. Nous estimons le texte ci-dessus conforme à cet état d'esprit et ce, bien que l'auteur affirme que « l'église a conservé de façon substantielle l'aspect qu'elle présentait à l'époque carolingienne. »

De quels arguments disposons-nous pour exprimer une telle critique ? Le premier d'entre eux est une simple constatation que vous pouvez faire vous-même, ami lecteur. Examinez les images 1 et 2 de la nef. Voilà donc, selon Enrico Parlato, l'aspect que présentait l'église à l'époque carolingienne. Après cela, visitez les autres pages de notre site, et plus particulièrement celles des églises du Latium. Distinguez parmi ces églises celles qui ont le même aspect que Sainte-Praxède de celles qui ne l'ont pas. Si vous y arrivez, vous pourrez alors définir un style carolingien et dater de la période carolingienne tous les édifices de ce style. Nous gageons que vous n'y arriverez pas. Nous pensons que M. Parlato s'est fié à la seule lecture du document signalant la fondation de Pascal I er. Cette fondation étant datée du IXesiècle, l'église devait avoir été construite à la même période, donc à l'époque carolingienne. Nous estimons qu'il y a dans ce raisonnement une succession d'interprétations hâtives, d'imprécisions ou même d'erreurs. Comment nous est parvenu le récit de la fondation de Pascal I er ? Document d'époque ? Récit postérieur ? La fondation implique-t-elle une construction d'église ? (ce n'est pas une église qui est fondée mais une communauté. Cette communauté peut avoir été créée dans un lieu construit auparavant en remplacement d'une autre communauté). Enfin nous n'aimons pas trop le mot « carolingien » pour caractériser une période car il fait la part belle aux « Charles », empereurs germaniques et au plus célèbre d'entre eux, Charlemagne. Que dirait-on si on devait remplacer les mots « du XIXesiècle », « la période impressionniste », « le temps de la colonisation » par la seule et unique expression «  l'époque napoléonienne » ?

L'adage dit : « La critique est facile, l'art est difficile ». En conséquence, nous ne devons pas nous contenter d'une critique stérile. Réexaminons les images 1 et 2. Les piliers porteurs du vaisseau central sont des colonnes monolithes qui portent, non des arcs, mais des linteaux ou architraves qui pourraient être en pierre. Nous estimons que les premières basiliques étaient à architraves. Les suivantes étaient à arcs. Cependant il a pu y avoir coexistence des deux formes. Ainsi en plein XVesiècle alors qu'on maîtrise parfaitement l'arc brisé, on continue à utiliser l'architrave pour les maisons à pans de bois. Nous ne pouvons donc pas être certains que cette basilique soit issue d'une basilique paléochrétienne.

Il nous semble aussi que la largeur du vaisseau central est plus importante que celle d'une basilique primitive. Cet écart plus important vient du fait que le plafond de bois à caissons est soutenu par des arcs de pierre (donc d'une portée supérieure aux poutres de bois). Ces arcs étant en plein cintre, on pourrait penser que cette construction est romane du XIIesiècle. Mais les arcs sont portés par des consoles (et non des colonnes adossées au mur), pratique qui apparaîtrait au XIVesiècle. En conséquence, nous envisageons que la nef de l'église, qui existait avant l'an mille, a été élargie au XVIeou au XVIIesiècle, en respectant le style des monuments antiques. Il est possible que des structures anciennes aient été recouvertes par le décor baroque.


Dans la suite de la monographie sur la basilique Sainte-Praxède, Enrico Parlaton décrit plus spécifiquement les parties qu'il estime romanes, le clocher, le porche et les fresques. Nous n'avons pas d'image concernant ces œuvres que nous estimons extérieures à notre champ d'études.

Par contre M. Parlato ne mentionne pas les mosaïques qui se révèlent pourtant d'un grand intérêt ( images de 3 à 9). Sur l'image 3, on peut voir simultanément : les mosaïques de l'arc triomphal ( détail en image 5), les mosaïques de l'arc absidal et de l'abside (détail en image 4).

Les mosaïques de l'arc triomphal (image 5) : l'arc triomphal sépare la nef du transept. La mosaïque représenterait le Paradis, avec au centre le Christ. Le Paradis est représenté comme une cité entourée de murailles. Remarque : cette cité ne ressemble pas à la Jérusalem Céleste de l'Apocalypse : il n'y a que deux portes et 8 tours.

Les mosaïques de l'arc absidal (image 3) : l'arc absidal sépare le transept de la nef. L'Agnus Dei ou Agneau Mystique est installé sur un autel et inscrit dans la sphère du Ciel. Il est entouré d'anges mais aussi semble-t-il , de poissons. Au- dessous de l'Agnus Dei et dans l'intrados de l'arc, on distingue le monogramme de Pascal (authenticité ?).

Les mosaïques de l'abside (image 3). Remarque : ne pas prendre en considération la croix et son support en marbre sur le corps du Christ : il s'agit du sommet du baldaquin situé en avant de la mosaïque. Le Christ est représenté barbu, le bras levé en signe de prédication. Sortant des nuages, la Main de Dieu le bénit. Il est entouré de saints et de saintes. L'une d'entre elles, à l'auréole carrée, était vivante au moment de la fabrication de la mosaïque. Au dessous de cette scène, on peut voir un cortège de brebis.

D'autres mosaïques décorent une salle carrée. La voûte de cette salle est ornée d'un Christ en gloire entouré de quatre anges (image 9). Sur chacun des quatre murs, on distingue des saints au nombre de deux (image 6 ) ou de trois.

On retrouve l'Agneau Mystique sur l'image 7. Il est entouré de cerfs. En dessous, quatre saintes dont une porte une auréole carrée. Une très belle Vierge à l'Enfant orne la mosaïque de l'image 8.


Datation envisagée pour la basilique Sainte-Praxède de Rome :

Nous ne pouvons dater avec précision la nef qui a subi de grands changements dans une période relativement récente.
Par contre, nous pensons que les mosaïques sont susceptibles d'être datées (au moins provisoirement avant une évaluation plus fine) : an 700 avec un écart de 200 ans.