L'église San Bartolomeo all'Isola de Rome
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-dessous ont pour source Internet.
Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte
écrite par Serena Romano dans le livre «
Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque.
Dans les pages précédentes consacrées aux monuments du
Latium, nous avons constaté que les historiens de l'art
médiéval de cette province d'Italie, Ernesto Parlato et
Serna Romano, négligeaient systématiquement les informations
antérieures à l'an mille et dataient presque aussi
systématiquement du XIIesiècle des monuments
qu'ils estimaient romans, des monuments pourtant fort
différents d'autres monuments romans d'Europe. Le texte
ci-après de Serena Romano est conforme à cet état d'esprit :
« On fait remonter
traditionnellement la fondation de l'église, très
transformée aux XVIIeet XIXesiècles,
aux années de l'empereur Otton III qui y fit transférer
des reliques parmi lesquelles celles des saints Abondius
et Abondiatus de Rignano Flaminio. C'est cependant Pascal
II (1099-1118) qui fut à l'origine de vastes remaniements.
[...] ».
Bien sûr, cet état d'esprit d'une historienne de l'art n'est
pas conforme avec nos propres idées.
La référence à une translation de reliques effectuée dans
cette église du temps de l'empereur Otton III (980-1002)
permet de montrer qu'une église existait bien en cet
emplacement à cette date. Elle ne signifie pas pour autant
que l'édifice primitif a été construit à la même date. Il
est cependant possible que la crypte (signalée par Mme
Romano) ait été édifiée, comme cela est arrivé souvent, à
l'intérieur d'une nef plus ancienne, à l'occasion de cette
translation de reliques.
Venons en à l'architecture de cette église.
Sa nef est composée de trois vaisseaux charpentés. Les
piliers porteurs du vaisseau central sont cylindriques (de
type C0000). Ce
sont des colonnes monolithes qui, selon Serena Romano,
auraient été récupérées sur un temple romain dédié à
Esculape. Toujours d'après Serena Romano, les chapiteaux, en
stuc, dateraient du
XVIIesiècle. Cependant, comme indiqué
ci-dessus, Serena Romano envisage une construction effectuée
au début du XIIesiècle.
L'image 3 fait
apparaître une église au décor baroque. Nous sommes en
présence de trois possibilités. Pour la première de ces
possibilités, les structures de cette église dateraient du
Haut_Moyen-Âge ou de l'Antiquité Tardive et elles auraient
été recouvertes au XVIIesiècle par un décor
baroque. Pour la seconde de ces possibilités, une première
église aurait été construite durant le Haut_Moyen-Âge ou
l'Antiquité Tardive. Certaines parties de cette église
menaçant ruine, il y aurait eu une reconstruction de ces
parties en respectant les plans de l'édifice ancien. Cette
reconstruction partielle ou intégrale aurait pu se faire à
toute époque, mais plus particulièrement au
XVIIesiècle. Enfin la troisie possibilité est
celle d'une reconstruction intégrale au XVIIesiècle,
sans respecter les plans de l'édifice antérieur.
Nous n'envisageons pas la première possibilité (un édifice
paléochrétien). Il nous semble en effet que la nef de l'image 3 est un peu
trop belle pour être authentique. D'autres nefs aux colonnes
et chapiteaux dépareillés témoignent des vicissitudes qu'ont
subies les nefs au cours d'une longue période. Nous estimons
donc que cette nef est de construction récente. Cependant,
nous n'envisageons pas non plus l'hypothèse 3 car le plan ne
correspond à celui d'un,e église baroque à nef unique, mais
bien à celui d'une basilique paléochrétienne.
Il reste donc l'hypothèse 2. Le déroulement des travaux
serait le suivant. Un premier édifice est construit durant
l'Antiquité Tardive. Il est formé d'une nef à trois
vaisseaux et une abside. Le vaisseau central est porté par
des colonnes monolithes. L'entrecolonnement, assez resserré,
serait le même qu'actuellement et témoignerait de
l'ancienneté de l'édifice (an 550 avec un écart de 200 ans).
Vers l'an 1000 (sous Otton II), des travaux importants sont
engagés : on remplace les deux travées plus proches du chœur
par un transept. On sépare le transept et le chœur en deux
parties par un plancher horizontal. La partie inférieure
devient une confession pour le culte des reliques (crypte).
La partie supérieure accueille l'autel principal. Enfin, au
XVIIesiècle, la nef est refaite en respectant
le plan initial. Abside et transept sont probablement restés
inchangés sous l'habillage baroque.
Bien sûr, tout ce raisonnement exigerait une multitude de
vérifications. Avec l'appui d'un plan détaillé des
installations. Cependant, nous estimons que le modèle que
nous proposons est fiable à plus de 80%.
Datation
envisagée pour l'église San Bartolomeo all'Isola
de Rome : an 550 avec un écart de 200 ans.