L'église des saints Abbondio et Abbondanzio de Rignano Flaminio
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-après proviennent d'Internet.
Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte
écrite par Serena Romano dans le livre «
Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque.
En voici des extraits :
« L
'édifice, à nef unique et à abside, unique également, de
plan irrégulier, existait probablement déjà au Haut
Moyen-Âge, mais devait menacer ruine quand Otton III en
transporta les reliques à Rome, à Saint-Barthélémy-en-L'île.
Du début du XIIesiècle peut dater la
maçonnerie en briques régulières, visible spécialement dans
le clocher ; postérieures, par contre, sans doute du XIVesiècle,
sont les arcs en ogive transversaux qui scandent la nef. »
Nous avons à présent l'habitude de ce discours qui raisonne
comme un leitmotiv : « une église existait avant l'an mil,
... mais ce n'est pas l'édifice que l'on voit ... qui date
du XIIesiècle ». N'ayant pas d'image de la
maçonnerie en briques, nous ne pouvons pas émettre une
opinion. Les quelques exemples que nous connaissons
d'ouvrages en maçonnerie en briques datent principalement de
l'Antiquité, du Haut Moyen-Âge et des siècles postérieurs au
XIVesiècle. Mais pas du XIIesiècle.
Il est cependant possible que le clocher date du XIIesiècle.
Il arrive fréquemment que dans une église, le clocher soit
postérieur à la nef.
L'église est décorée de très belles fresques (image
3). Serena Romano les décrit avec précision.
Voici ce qu'elle écrit sur leur datation : « La
date du cycle de Rignano ne pourra que suivre celle du
maître de l'abside et du peintre des séries apostoliques
de Saint Pierre de Tuscania ; et si ceux-ci peuvent être
considérés comme remontant aus alentours de la deuxième ou
de la troisième décennie du XIIesiècle, le
deuxième quart du XIIesiècle, selon la
proposition de Trimarchi (1980), avalisée par Gandolfo
(1988), pourrait constituer aussi la chronologie la plus
crédible pour les fresques de Rignano. ».
Permettez-nous d'exprimer notre admiration quant à la
précision de cette datation, à la décennie près. Une
admiration fortement ironique. Car nous doutons que nos
actuels spécialistes de l'art du vingtième siècle soient
capables de dater avec une précision analogue une œuvre d'un
artiste du vingtième siècle qu'ils ne connaissent pas et sur
lequel ils n'ont aucun autre renseignement que l’œuvre
elle-même.
Nous pensons que cette fresque est nettement plus ancienne
que le XIIesiècle. Mais tout d'abord, nous
constatons que l'abside en cul--de-four (image
3) n'est pas percée d'une fenêtre. Il s'agit là
d'une pratique héritée de l'Antiquité. Les absides de cette
époque étaient entièrement recouvertes de mosaïques ou de
fresques. Une fenêtre aurait contribué à détruire le
contexte symbolique associé à la mosaïque ou à la fresque.
Ce type d'abside constitue pour nous un marqueur
chronologique : pas de fenêtre, puis une étroite fenêtre
axiale, puis plusieurs fenêtres.
La fresque semble contemporaine à l'abside. Cependant, le
fait que le Christ en Gloire situé au dessus de l'arc
triomphal soit décalé par rapport au sommet de cet arc pose
problème : y a-t-il eu deux campagnes des travaux sur cette
fresque ?
Quelles sont les raisons de penser que cette fresque est
préromane ?
- Le Christ en Gloire est entouré d'un cercle représentant
le Ciel ; à l'époque romane, c'est une mandorle, en forme
d'amande.
- À droite du Christ, l'ange aux ailes repliées comme pour
une robe.
- Au dessus du Christ, l'Agnus Dei.
Datation
envisagée pour l'abside et le mur Est de l'église
des saints Abbondio et Abbondanzio de Rignano Flaminio
(fresque comprise) : an 850 avec un écart de 150 ans.