Le musée diocésain de Modène  

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Nous avons effectué une visite rapide de ce musée et la majorité des images de cette page ont été réalisées lors de cette visite.

Ce musée diocésain réunit quelques sculptures très intéressantes retrouvées lors de fouilles ou récupérées sur la cathédrale afin de les préserver. En voici le détail.

On distingue tout d'abord un ensemble de bas-reliefs préromans qui devaient faire partie d'un chancel (sorte de muret de séparation entre la nef et le chœur. À chacune de ses extrémités, il pouvait y avoir un ambon). La datation envisagée pour ce chancel est l'an 900 avec un écart supérieur à 100 ans.

Image 1 : Éléments de chancel. À gauche, on peut voir les restes d'un ambon. À comparer avec ceux de Romainmôtier et de Payerne (Suisse).

Image 2 : Éléments de chancel. Une croix pattée est identifiable sur celui de droite.

Image 3 : Éléments de chancel à décor d'entrelacs.

Image 4 : Éléments de chancel à décor d'entrelacs.

Image 5  : Sorte de coffre (sarcophage ? autel ?) décoré d'un chrisme.

Image 6 : Éléments de chancel. On voit parmi ceux-ci la représentation d'un Arbre de Vie.


La page du site Internet Wikipedia nous apprend ceci concernant les sculptures appelées « métopes » du musée diocésain de Modène :

« Les métopes

Cette dénomination, encore utilisée de nos jours, est fautive car les sculptures dont il s’agit n’ont jamais fait partie d’une frise ni d’une séquence alternative de triglyphes.

Ces sculptures placées sur les saillants des contreforts de la nef centrale à la hauteur de la toiture sont des copies. Les originaux furent mis à l’abri au musée lapidaire en 1950.

Faute de donnée certaine, rien ne prouve qu’elles étaient placées à cet endroit à l’origine.

Quoi qu’il en soit, elles font partie, par leur finesse d’exécution, des chefs-d’œuvre de la cathédrale. On fixe leur réalisation autour de 1130-1135 et leur auteur ne nous est pas connu ; pour l’identifier, on le nomme Maître des Métopes (Maestro delle Metope). Plusieurs spécialistes ont relevé des points communs avec la culture bourguignonne.



Image 7 : Malgré de maladroites restaurations, il s’agit d’un hermaphrodite dont la pose dévoile les deux sexes. Les italiens l’appellent familièrement « La potta di Modena ».

Image 8 : Une sirène possédant deux queues qu’elle tient verticalement avec ses mains. Chaque queue participe du poisson et de la jambe, la forme des orteils est bien visible. Elle a de longs cheveux de part et d’autre de ses flancs.

Image 9 : Une jeune fille avec une longue robe est endormie recroquevillée, un bras sous elle, l’autre accroché à quelque treille, elle semble trop grande pour tenir dans l’espace ; peut-être une géante ? De chaque côté d’elle, se trouve un oiseau, un ibis à ses pieds, un sphinx derrière son dos.

Image 10 : Un personnage avec un corps humain, des écailles sur le cou, un sabot à la place d’un pied, une tête de rapace en train de manger un poisson. Sur sa gauche, se trouve le relief d’une tête de femme entourée d’un motif floral.

Image 11 : Un jeune homme assis, tenant par le cou un dragon, sans qu’il semble y avoir d’agressivité, ni d’un côté ni de l’autre.

Image 12 : Un homme barbu, de longs cheveux se répartissent sur ses épaules. Il est assis sur sa jambe gauche repliée sous lui, d’une main il tient dressée derrière lui sa jambe droite ...


Image 13 : Une jeune fille avec une robe longue et une coiffure sophistiquée semble dormir, la tête posée sur une main. Son autre main est placée sur sa fesse droite. Derrière elle, d’une épaule part un troisième bras, masculin, qui tient un rouleau dans sa main.

Image 14 : Deux jeunes gens vêtus de robes longues, l’un féminin avec une longue tresse dans le dos, l’autre masculin avec les cheveux courts. Les deux personnages sont placés tête-bêche, peut-être pour représenter les antipodes. Derrière le dos de la jeune fille, un oiseau semble lui parler à l’oreille.  »

Nous devons avouer notre incompréhension en présence de ces sculptures tout à fait différentes de celles rencontrées jusqu'à présent. Une seule d'entre elles nous est connue : la sirène à deux queues de l'image 8. Il faut par ailleurs savoir que les représentations iconographiques du Moyen-Âge qui appartaissent touffues et désordonnées, ne le sont pas pour beaucoup d'entre elles. Il existe un petit nombre de thèmes récurrents : la sirène, le centaure, les animaux affrontés, les oiseaux au canthare, le singe cordé, le Péché Originel, etc. Chacun de ces thèmes est interprété avec une grande liberté. Mais dans la plupart des cas, le thème est reconnaissable. Et ce thème est associé aux autres. Ainsi, dans une même église, on pourra voir sur un chapiteau les oiseaux au canthare, sur un autre le singe cordé et sur un troisième, le Péché Originel.

Dans le cas présent, rien de tel. Ces scènes énigmatiques, c'est la première fois que nous les rencontrons. Et peut-être la dernière ! Parce qu'il n'y en a pas d'autre !

Concernant la datation, nous sommes un peu surpris. D'une part, on nous dit que ces sculptures sont de transition entre le roman et le gothique. D'autre part, on nous apprend qu'elles datent des années 1130-1135. Or, dictionnaire à l'appui, l'art roman se serait développé au cours des deux siècles, le XIeet le XIIesiècle, c'est à dire l'intervalle temporel [1000, 1200]. La transition entre l'art roman et l'art gothique aurait-elle été si précoce? Vers l'an 1130 ? Soit aux 2/3 de la période romane? Cela semble étonnant.

En fait, nous pensons que la transition entre le roman et le gothique a démarré dès le milieu du XIIesiècle. Mais par contre, la période « romane » aurait été beaucoup plus longue, démarrant aux alentours de l'an 800. et non de l'an 1000 comme l'estiment nombre d'historiens de l'art.

Cela étant, la date ainsi donnée « années 1130-1135 » nous semble très hasardeuse. D'une part, l'écart de 5 ans entre 1130 et 1135 amène à envisager une très grande précision dans l'estimation. Comment l'auteur de cette estimation a -t-il trouvé cela ? Nous estimons qu'il est déjà très difficile d'estimer à 10 années près une œuvre du vingtième siècle lorsqu'on ne dispose pas de document fiable. En conséquence, il nous semble encore plus difficile d'estimer avec précision la datation d'une œuvre plus ancienne de 800 ans.

Notre propre estimation de ces œuvres est postérieure d'un siècle : an 1230 .... mais avec un écart de 100 ans (et non de 2 ans et demi).

Image 15 : plat d'un évangéliaire décoré d'une crucifixion (an 900 avec un écart de 100 ans).