L’église Saint-Basile d'Ariano Polesine et la zone archéologique de la Via Brenta
Dans cette page, après une introduction
aux monuments de Vénétie, nous étudierons l’église
Saint-Basile d'Ariano Polesine, étude qui sera suivie
de celle du Centre
Culturel Touristique et de la zone archéologique de la Via
Brenta.
Introduction
aux monuments de Vénétie
Nous rappelons que notre étude porte sur les monuments
d’Europe et du tour de la Méditerranée datés du premier
millénaire de notre ère. Toutefois, comme nous voulions
insister sur l’importance des monuments construits durant la
période dite des «invasions barbares », nous avons
privilégié l’étude des monuments construits entre le IVe
siècle et le XIe siècle. Et nous avons aux débuts
négligé l’étude des monuments romains dont l’étude semblait
claire, complète et achevée par nos prédécesseurs.
La Vénétie est la dernière région d’Italie que nous
étudions. Elle clôt donc le chapitre sur l’Italie. Mais pas
seulement l'Italie. Son étude termine aussi celle de la côte
Adriatique. En fait, il reste encore des pays non étudiés
sur la côte Adriatique. Hormis la Slovénie qui n’a qu’un
petit accès à l’Adriatique, il reste le Monténégro,
l’Albanie et la Grèce. Mais la région située autour de
l’Adriatique dans sa partie Nord a eu une rôle important en
Europe durant les siècles dits « obscurs » des « Grandes
Invasions » avec des villes comme Ravenne, capitale des
Goths, Cividale, capitale des Lombards, mais aussi Zadar,
Split, Pula, Aquilée, Concordia, Venise, Padoue, Vérone,
Mantoue, Bologne, Ancône… et ce durant plusieurs siècles, du
Ve au IXe siècle.
Nous ne connaissons pas, par avance, les résultats de cette
enquête. Nous espérons que dans notre paragraphe de
conclusion, nous pourrons faire un début de synthèse.
L’église
Saint-Basile d'Ariano Polesine
Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette
page sont extraites de galeries d'Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à la localité
de San Basilo nous apprend ceci : « San
Basilio est une petite ville, un hameau de la municipalité
d’Ariano nel Polesine situé sur le bord Ouest du delta du
Pô et de son parc régional. Bien que modeste en termes
d’extension territoriale et de nombre d’habitants, elle
avait autrefois une importance commerciale considérable en
raison de son emplacement sur l’une des embouchures du Pô
d’origine et de sa vue sur la mer Adriatique. [...]
De
plus, grâce également à l’utilisation ultérieure de la
Via Popilia,
il reste une dune fossile, souvenir de la côte maritime
disparue, faisant partie d’un système de dunes qui a
probablement été fouillé au cours des siècles à la fois
par des événements atmosphériques et à des fins agricoles,
sur lequel se trouve l’un des rares exemples
d’architecture romane restant dans le Polesine, l’église
de Saint Basile. »
Cette église a fait l’objet d’une courte description dans le
livre Vénétie
Romane de la collection Zodiaque,
écrit par Gianna Suitner Nicolini, architecte. En voici des
extraits :
« Il
s’agit d’une église rurale du Xe-XIe
siècle, dont les caractères typologiques et architecturaux
attestent la dépendance de l’art du bâtiment…à celui
contemporain de Ravenne et de l’exarchat. [...] Un
trait intéressant et cohérent stylistiquement est le
traitement des surfaces de flanc méridional : larges arcs
peu saillants, prolongés inférieurement par des lésènes
plates. Le traitement analogue de la façade Nord a été
altéré par la construction de la cure. [...] »
Notre
analyse de l’architecture de cette église (images
de 1 à 5)
Nous avouons notre difficulté à l’évaluer. C’est d’ailleurs
le cas de la plupart des édifices à nef unique qui sont peu
différenciés et, en conséquence, ont pu avoir été construits
à toute époque.
En ce qui concerne celui-ci, on considère que le chœur
polygonal à l’extérieur (image
3), demi-circulaire à l’intérieur (image
5) et, de plus, décoré d’arcatures lombardes à
l’extérieur (image 3),
a été construit vers le XIe siècle. Mais il
arrive souvent qu’un chevet ait été construit en
remplacement d’un autre sur une nef préexistante.
Nous n’avons pas vu sur les images
2 et 3 les « larges
arcs peu saillants prolongés inférieurement par des
lésènes plates » de la façade méridionale. Par
contre, cette particularité architecturale se retrouve bien
sur la façade Nord (image
4). Nous avouons notre étonnement en présence de
cette structure qui n’a aucun rapport avec d’autres vues
auparavant comme la juxtaposition de grandes baies
initialement ouvertes, ultérieurement murées, ou les
arcatures lombardes analogues à celles du chevet.
Un sarcophage à couvercle en forme de toit à deux pentes
avec acrotères est visible sur les images
6 et 7.
Datation envisagée
pour l'église Saint-Basile d'Ariano Polesine : an 1050 avec
un écart de 50 ans.
Le Centre
Culturel Touristique et la zone archéologique de la Via
Brenta
C’est tout à fait par hasard, en recherchant des
renseignements sur l'église Saint-Basile d'Ariano Polesine,
que nous avons découvert à la fois l’existence et aussi
l’importance de cette zone archéologique. Il faut dire que
notre étude était basée sur la lecture du livre Vénétie
romane, édité en 1991, alors que les fouilles ont
commencé en 2005.
Le site Internet Parco
Naturale Regionale Veneto del Delta del Po nous
donne les informations suivantes (extraits) :
«
Le site historique et
naturaliste de San Basilio se dresse sur un
ancien littoral marqué par une série de dunes côtières,
seulement partiellement visibles aujourd’hui, qui
témoignent de sa position d’origine près de la mer et du
cours des anciennes branches du Pô. À ce carrefour entre
les voies fluviales, maritimes et routières, un lieu de
débarquement multiethnique s’est formé dès la fin du VIIe
siècle av. J.-C., impliqué dans le trafic international,
fréquenté par les Grecs, les Étrusques et les Vénitiens.
C’était un point de jonction essentiel pour le commerce,
grâce auquel les vastes espaces méditerranéens étaient
reliés à l’axe fluvial qui apportait des ressources à
toute la vallée du Pô. [...]
Avec
l’époque romaine, le rôle de San Basilio s’est
progressivement accru et au milieu de l’époque impériale
(entre le Ier et le Ve siècle après
J.-C.), le centre est devenu un grand vicus de
plus de 30 hectares, une station d’étape du système de
communication terrestre de l’État romain (mansio
Hadriani) et
enfin un centre mercantile de première grandeur qui
semblait égaler et dépasser Adria à la fin de l’Antiquité.
Aux IVe et Ve siècles après J.-C.,
le centre a été doté d’un important complexe
paléochrétien, composé d’un baptistère, d’une église et
d’une nécropole, le premier et le plus ancien trouvé dans
la région de Polesine.
Le
Centre Culturel Touristique
Le
Centre Culturel Touristique rénové vise à documenter le
territoire. [...] Cinq
“étapes” racontent l’histoire du site, de l’époque
étrusque à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge
: “San Basilio, un centre multiculturel”, “Un port de la
vallée du Pô, Etruria”, “Romanisation”, “Rome et San
Basilio”, “San Basilio et la christianisation du Delta”.
La
zone archéologique de la Via Brenta
Entre
2005 et 2007, une zone de plus de 500 mètres carrés a été
fouillée, ce qui a mis en lumière divers témoignages tant
du point de vue chronologique que du point de vue de
l’utilisation du lieu. Aujourd’hui, il est possible de
voir, après de récentes restaurations, un grand mur
attribuable à un horreum de
l’époque impériale romaine, utilisé comme entrepôt pour
les produits alimentaires Le grand magasin a par la suite
été mis hors service au profit de la construction d’un
complexe paléochrétien dont une nécropole, un baptistère
et une église ont été identifiés au Nord des fouilles.
La
vie de San Basilio s’est donc poursuivie à la fin de
l’Antiquité, puis a subi un abandon momentané entre le VIe
et le VIIe siècle après J.-C. Enfin, la zone
archéologique présente une citerne de puits datée du début
du Moyen-Âge, une phase au cours de laquelle toute la zone
a été réutilisée pour la création d’un nouveau village. »
Nos observations
Il nous semble que l’existence de ce site archéologique doit
susciter plus d’intérêt que celle de l’église. Saint-Basile
Il est d’ailleurs possible que ce soient les nombreuses
fouilles clandestines faites auparavant sur le site qui
aient attiré l’attention sur cette église.
En attendant d’avoir plus de précisions sur ce site (plan de
fouilles , principaux objets recueillis lors de ces
fouilles, plan détaillé des fonts baptismaux), nous relevons
l’existence de ces fonts baptismaux, à plan semble-t-il
circulaire, réservé au baptême par immersion (images
11 et 12).
Datation envisagée
pour le parc archéologique de la via Brenta. Contrairement à
ce que nous avions fait auparavant, nous ne ferons pas une
estimation de datation qui s’appuierait sur la date précise
de construction d’un monument alors qu’il y a dans ce site
de nombreux monuments construits à des dates différentes. La
période qui nous concernerait plus particulièrement (et qui
serait la mieux documentée) serait comprise entre l’an 1 et
l’an 500, soit l’an 250 avec un écart de 250 ans.