La collégiale San Candido de l'abbaye d'Innichen
Nous n'avons pas visité cette
collégiale. Les images de cette page ont été collectées sur
Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
La vallée était déjà peuplée au Ve siècle av.
J.-C. Elle faisait partie du royaume celtique de Norique
qui est devenu une province de l'Empire romain vers l'an
15 av. J.-C. Une voie romaine importante traversait le val
Pusteria, partant d'Aquilée, et passant les Alpes vers
Augusta Vindelicorum (Augsbourg) au nord.
À
la fin du VIe siècle, des colons slaves sont
arrivés dans les Alpes orientales et ont atteint la région
de la Drave supérieure où ils ont combattu les Bavarii
sous leur duc Tassilon Ier. Cela entraîna la
destruction de la localité et la création d'une nouvelle
frontière entre le territoire du duché de Bavière et de la
principauté slave de Carantanie à l'Est. Après qu'une
seigneurie bavaroise fut établie, le duc Tassilon III, en
769, donna à l'abbé Atton de Scharnitz un territoire dans
le val Pusteria pour la fondation de l’abbaye bénédictine
d'Innichen. À partir de 783, Atton devient évêque de
Frisingue et l'abbaye resta une exclave propriété de
l'évêché de Frisingue jusqu'à la sécularisation en 1803.
La collégiale San
Candido
Le
complexe de l'église collégiale de San Candido
(Stiftskirche Innichen), considéré comme le monument roman
le plus important du Tyrol du Sud, a été construit à
partir de 1043 sur le site du monastère bénédictin fondé
en 769 par Tassilon III de Bavière. Le puissant clocher et
l'atrium avec les fonts baptismaux précèdent l'intérieur à
trois nefs, qui conserve de nombreuses œuvres d'art,
notamment des fresques de Michael Pacher. On peut y voir
une poutre de gloire avec un crucifix en bois polychrome
au format impressionnant (250 × 198 cm). Le Christ y a les
yeux ouverts et est ceint d'une couronne selon le type du
Christ triomphant. »
Commentaires divers
Le texte fournit la date de 1043 pour le début de
construction de l'église (« Le
complexe de l'église collégiale de San Candido .. a
été construit à partir de 1043 sur le site du monastère
bénédictin fondé en 769 ... ») est peu fiable dans
la mesure où elle n'est pas étayée par des documents
convaincants. En effet, dans la plupart des cas, les
historiens de l'art font confiance à des documents qui n'ont
que peu de rapports avec la construction effective du
monument (cession de dîme, fondation de la communauté,
consécration d'un autel). C'est d'ailleurs tout à fait
normal ; une fois l'église construite et en absence de tout
litige ultérieur concernant cette construction, il n'est
plus nécessaire de conserver les documents relatifs à cette
construction.
Analyse de l'architecture
de l'édifice
L'image 1, prise
par satellite, permet d'identifier une église à chevet de
trois absides accolées, dotée d'un transept haut et
débordant. Par ailleurs, malgré le manque de netteté de
l'image, on envisage l'existence d'une nef à trois vaisseaux
avec un vaisseau central surhaussé par rapport aux
collatéraux. Cette disposition est confirmée par les images 2 et 3. Par
ailleurs, on vérifie sur l'image
4 que les trois absides sont bien accolées et en
prolongement des vaisseaux de la nef.
Les précisions que nous venons de faire peuvent apparaître
superflues. En fait, elles ont tout leur sens. Depuis que
nous étudions les églises anciennes, nous avons remarqué que
concernant les églises à nef à trois vaisseaux, il y avait à
l'origine très peu de plans. À l'origine, la nef était à
trois vaisseaux charpentés, le vaisseau central étant
surhaussé par rapport aux collatéraux. Cette nef était
prolongée par une seule abside. Plus tard, le plan a évolué.
La nef était toujours à trois vaisseaux charpentés mais au
lieu d'une abside, il y en avait trois en prolongement des
vaisseaux de nef. Cette dernière caractéristique a fait que
les trois absides étaient accolées. L'étape suivante a été
l'introduction des transepts. Ceux-ci ont pu être créés lors
de construction d'églises nouvelles. Mais nous pensons que
de nombreux transepts ont été créés sur des églises
anciennes. Deux solutions ont été envisagées. La première
d'entre elles a consisté à transformer une ou plusieurs
travées de nef en transept sans toucher au chevet. Pour la
deuxième solution, le chevet et parfois une partie de nef
ont été supprimés. On a remplacé cette partie supprimée par
le transept et un nouveau chevet à plusieurs absides. Mais à
cette occasion, ayant dans doute constaté que le fait que
les trois absides pouvait créer une gêne mutuelle au moment
des offices, on a décidé de les séparer en greffant les
absidioles sur les bas du transept.
En conséquence, l'évolution du monument nous semble claire.
Il y a eu à l'origine construction d'une nef à trois
vaisseaux avec trois absides semi-circulaires en
prolongement de ces vaisseaux. Plus tard, on a décidé
d'introduire un transept haut et débordant en remplacement
d'une partie de nef (Une travée ? Une travée et demie ? Deux
travées?). Mais ce, sans toucher aux absides. Nous pensons
que cette transformation s'est faite au cours du XIIe
siècle.
Passons à présent à l'intérieur de
l'édifice (images 5, 6 et
7). Comme prévu, la nef est bien à trois vaisseaux.
D'après le plan primitif que nous avions envisagé (nef à
trois vaisseaux et trois absides, dépourvue de transept),
cette nef devrait être charpentée. Or elle est entièrement
voûtée avec des voûtes un peu basses. On remarque que le
système de piliers est mixte : alternance de piliers à
section rectangulaire de type R1112
et de colonnes cylindriques de type C0000
à section polygonale. Les piliers et colonnes sont reliés
entre eux par des arcs à double rouleau. L'existence de ces
arcs à double rouleau permet une approche concernant la
datation : ils sont postérieurs aux arcs à simple rouleau.
Il y a quelque chose qui ne « colle » pas dans cette
architecture. Pourquoi cette alternance de piliers
rectangulaires et de colonnes cylindriques ? Alors que la
structure inférieure apparaît un peu chargée avec cette
différence de piliers rectangulaires et de colonnes
cylindriques, on trouve au dessus des chapiteaux une
certaine homogénéité. L'idée est que l'on aurait pu se
passer de l'alternance de piliers en n'utilisant que des
piliers de type R1111
ou que des colonnes de type C0000.
On peu certes argumenter en disant que les architectes de
l'époque ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Mais nous
pensons le contraire. Nous envisageons ceci : à l'origine,
la nef n'était pas voûtée mais charpentée. Il y avait
alternance de piliers et de colonnes. Les piliers devaient
être de type R1011.
Cela signifie qu'ils étaient à plan rectangulaire avec
saillies coté Est, vaisseau central et Ouest. Côtés Est et
Ouest, des colonnes demi-cylindriques avaient été accolées
aux piliers afin de porter des chapiteaux eux-mêmes porteurs
d'un arc à double rouleau. Côté vaisseau central, un
pilastre était adossé à chaque pilier. Ce pilastre devait
être surmonté d'un chapiteau portant la poutre de charpente.
Ultérieurement, des colonnes demi-cylindriques auraient été
accolées aux piliers côté vaisseau central et collatéral
afin de poser des arcs doubleaux et au-dessus, les voûtes.
Le même type d'opération d'accolement des pilastres aurait
été effectué pour les colonnes, mais cette fois-ci,
au-dessus des chapiteaux. Cette opération apparaît un peu
compliquée mais c'est la seule que nous ayons trouvée. Il
faudrait bien sûr vérifier tout cela sur place.
Images 8 et 9 : Les
portails sont attribuables selon nous à l'art roman tardif
(deuxième moitié du XIIe siècle).
Image 10 :
Linteau du portail de l'image
9. Il est possible que ce linteau soit antérieur au
portail. On constate en effet que la scène est inscrite dans
un cadre qui devait être à l'origine rectangulaire mais qui
a été réduit dans sa partie supérieure à l'arrondi de la
voussure. La scène représentée est celle du tétramorphe
entourant un personnage dont on ne sait si c'est Dieu le
Père ou Dieu le Fils. En tout cas, il ne semble pas porter
d'auréole à la différence des symboles des évangélistes Jean
et Mathieu (mais pas Luc et Marc !). Le personnage central
est assis. Il fait le signe de la « Main de Dieu ». Il porte
une couronne.
Image 11 : Comme
beaucoup d'autres cryptes, celle-ci a dû être construite
postérieurement à la construction initiale. En tout cas, les
chapiteaux que l'on voit ici, de diverses formes, ont très
probablement été utilisés en réemploi.
Image 12. Les
divers éléments de cette représentation sculptée, le Christ
en croix avec les bras en forme de T, vêtu d'un long pagne,
entouré de la Vierge et de Saint Jean, font envisager une
haute datation : XIe siècle voire un peu avant.
Le hiératisme, la forme des visages de la Vierge et de
Saint-Jean, la barbe du Christ, la couronne portant une
sorte de fleur de lys, la tête sur laquelle sont posés les
pieds du Christ ainsi que d'autres éléments ne correspondent
pas à ce que nous connaissons des sculptures en bois romanes
ou gothiques. Nous pensons que cette œuvre a été produite
par un artiste influencé par une école artistique différente
de celles vues jusqu'à présent. Le fait que le Trentin soit
très proche d'une région autrefois occupée par des slaves,
la Carantanie, pourrait peut-être constituer un début de
solution.
Datation
envisagée pour la collégiale San Candido de
l'abbaye d'Innichen : an 1000 avec un écart de 100 ans.