L'église Saint-Laurent de Trente 

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L'étude de l'église Saint-Laurent de Trente est suivie de paragraphes de conclusions sur les monuments du Trentin - Haut-Adige.


L'église Saint-Laurent de Trente

Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

L’église, ainsi qu'une abbaye, ont été construites à Trente,
entre 1166 et 1183, par des moines bénédictins provenant de l'abbaye de Benedetto di Albino (Bergame). La tradition populaire et une bibliographie certaine racontent qu’à l’endroit où se trouve San Lorenzo, il y avait un petit temple dédié à "Larenzia", une divinité païenne, dont cependant aucune trace n’a encore émergé. Les fouilles archéologiques menées entre 1995 et 1998 ont démontré que le site était fréquenté à l'époque romaine, des travaux de drainage sur lesquels ont été construits des bâtiments indiquant une occupation stable, probablement dès le IIe siècle. Ces bâtiments montrent des rénovations, comme c'est typique des structures utilisées pendant longtemps. Et, en effet, une monnaie du IVe siècle provient d'un plan extérieur d'un bâtiment qui se distingue des autres par ses caractéristiques constructives plus soignées, ce qui pourrait indiquer une destination publique. Dans l'une des sondes des mêmes fouilles archéologiques, des restes d'un bâtiment ecclésiastique ont apparu : fondé peut-être déjà à l'époque haut-médiévale, il est décoré de fresques avec des motifs végétaux d'un type répandu entre le IXe et le XIe siècle. Cet édifice pourrait être l’église du complexe monastique mentionné comme existant en 1146. Les graves dégâts subis par le tremblement de terre de 1117 et la réorganisation du monastère conduisirent à la reconstruction du temple sacré de la seconde moitié du XIIe siècle. Selon la règle en vigueur dans le monastère (celle de saint Benoît de Nurcie : ora et labora), les heures d’étude alternaient avec le travail dans les champs. Le terrain était situé entièrement à droite de l'Adige, qui, à cette époque, séparait la ville du couvent.
Le complexe était alors relié à la ville par un pont couvert, en bois.

Au cours de son histoire, l’abbaye fut enlevée aux moines bénédictins et confiée aux frères dominicains (1248). C’est là qu’a vécu le célèbre théologien et hagiographe dominicain Bartholomée de Trente.
[...] »


Notre analyse

Les dates de 1166 et 1183 données en tout début du texte ci-dessus proviennent très probablement de textes authentiques (chartes et autre documents). Il serait néanmoins très important de connaître le contenu exact de ces documents. Nous avons en effet constaté que dans la très grande majorité de cas semblables, ces documents correctement datés n’avaient que peu de rapports avec les constructions effectives. Dans le cas présent, si on lit strictement ce qui est écrit (« L’église, ainsi qu'une abbaye, ont été construites à Trente, entre 1166 et 1183, par des moines bénédictins...») et si on l’interprète fidèlement, on en déduit qu’en 1166, il n’y avait rien en cet emplacement (sauf peut-être des ruines qui ont été rasées), et 17 ans plus tard, il y avait, outre l’église actuelle, une cuisine, un réfectoire, un dortoir, une salle capitulaire. Nous sommes désolés de le dire, mais tout cela nous semble un peu « tiré par les cheveux ».

Cette église (image 1) est caractérisée par son plan basilical issu des basiliques paléochrétiennes : nef à trois vaisseaux avec un vaisseau central surhaussé par rapport aux collatéraux afin de permettre le percement de fenêtres supérieures pour éclairer la nef. Dans les basiliques primitives, il n’y avait pas de transept. Il y en a un ici mais on sait que, dans bien des cas, le transept a été construit à l’intérieur d’une nef préexistante. Ce pourrait être le cas ici (Remarque : on constate par ailleurs que le transept est un transept bas, argument en faveur d’une insertion tardive).

On constate cependant sur les images 1 et 2, que dans les parties supérieures de la nef, le matériau utilisé est de la brique, à l’inverse des parties inférieures utilisant la pierre comme matériau de bâtiment. On devine que ces parties supérieures ont fait l’objet de profondes restaurations.

L'image 2 présente une belle façade garantie romane.

Eh bien non ! L'image 3 montre comment était cette façade avant sa restauration.

Les images 6, 7, 8 de l’intérieur de la nef confirment au moins en partie ce qui avait été pressenti auparavant à partir de l’extérieur : la nef est bien à trois vaisseaux, le transept est un ajout ultérieur. Au sujet de cette deuxième affirmation, on constate que l’arc triomphal qui est un élément de la croisée du transept ainsi que d’autres arcs de cette croisée sont brisés (images 6 et 9), alors que les arcs porteurs des murs gouttereaux de la nef sont en plein cintre (image 8).

Pour le reste de l’édifice, l’analyse de l’architecture se révèle difficile car nous ne disposons pas de tous les éléments permettant de la réaliser. Compte tenu des changements d’appareil de maçonnerie visibles à l’extérieur, il est presque certain que la couverture des vaisseaux de nef a été entièrement refaite à une période donnée, mais tout le problème est de savoir quel était le type de couverture avant cette restauration : toit en charpente ? voûte en plein cintre ? voûte sur croisées d’ogives ? Nous ne pensons pas que la voûte était sur croisée d’ogives comme actuellement (image 8). Mais cela signifie que certains éléments architecturaux tels que les ogives, les pilastres et les chapiteaux qui les portent ont fait partie des ajouts tardifs.

Autre problème ici rencontré : nous estimons que la nef est d’une trop grande hauteur. Cela est surtout vrai pour les arcs séparant les vaisseaux (images 6 et 7). Aux alentours de l’an mille, seraient apparues des églises ayant une nef mais aussi des absides de grande hauteur. On en a un exemple avec Leyre en Aragon. Mais ces églises ont la particularité d’être doubles : il y a une église inférieure, la crypte, et une église supérieure réservée au culte. Il est possible que cette église ait été construite en vue d’être double. Elle l’a peut-être été grâce à l’installation d’un plancher de séparation en bois.

Datation envisagée pour l'église Saint-Laurent de Trente : an 1075 avec un écart de 75 ans.




Conclusions sur les monuments du Trentin - Haut-Adige

La première constatation que l’on peut faire est le nombre relativement faible d’édifices étudiés. Comparons cette région avec celle de Toscane étudiée auparavant. En superficie, cette région est un peu plus petite que la Toscane (13 605 km² au lieu de 22 987 km²). De même en nombre d’habitants (1,086 millions au lieu de 3,740 millions). Soit un rapport de 1 à 1,7 pour la superficie et de 1 à 3,4 pour le nombre d’habitants. Mais en ce qui concerne les édifices étudiés, nous en avons compté 13 pour le Trentin et 67 pour la Toscane soit un rapport de 1 à 5,2. Et, concernant la Toscane, il reste encore des édifices à étudier (une vingtaine) alors que pour le Trentin, nous avons l’impression que le maximum a été atteint. À superficie égale, la Toscane contient donc 3 fois plus de monuments que le Trentin. Nous pensons que cette moindre importance des monuments dans le Trentin vient du fait que cette région est une région de montagnes avec des terres arides. Donc une région moins peuplée que la Toscane. Et elle devait être moins peuplée encore au Moyen-Âge (aux XIXe et XXe siècles, il y a eu un repeuplement des régions montagneuses grâce à l’exploitation minière et à l’hydroélectricité).

La situation géopolitique de cette région constitue un autre sujet d’observation. Nous avons en effet constaté qu'à plusieurs occasions, les sites Internet écrits en allemand étaient mieux documentés que ceux écrits en italien. Cela vient probablement du fait qu'avant la guerre de 1914, cette région (ou au moins une partie de celle-ci) était sous la domination de l’empire austro-hongrois. La sensibilité germanique est restée sans doute assez forte.

Mais il n’y aurait pas que les sensibilités germanique ou italienne. Nous avons découvert au cours de cette étude qu’il y avait aux alentours du VIIIe siècle, jouxtant cette région, la Carantanie, de peuplement slave (lire l’article de Wikipédia traitant de ce sujet). Il est donc possible que cette région ait suivi une influence slave.

Autre influence possible : les byzantins. Cette région jouxte aussi la Vénétie. Les habitants de Venise et de toute une partie de la côte adriatique (Ravenne, Poreč) ont été en relation étroite pendant de longs siècles avec l’empire de Byzance. Ces populations du Nord de l’Adriatique ont pu créer un lien entre, d’une part l’empire de Byzance, et d’autre part, les royaumes francs. Et ce lien passait par les vallées alpines dont celle du Haut-Adige.