La piève dei San Ippolito e Cassiano de San Casciano 

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Nous n'avons pas visité cette église. La plupart des images de cette page proviennent d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Il est mentionné dans un document daté du 12 avril 970, faisant partie des archives de l'archevêché de Pise, et probablement aussi dans un autre document datant de juin 857. Certains documents des IXe-XIe siècles attestent qu'une église paroissiale était déjà présente dans la ville. Biduino, l'un des plus grands représentants de la culture artistique de l'époque, est intervenu dans la rénovation de la seconde moitié du XIIe siècle. Il est l'auteur de l'architrave du portail central, accompagnée de deux inscriptions, dont l'une est datée de 1180.

Bien qu’il ait connu son apogée aux Xe-XIIe siècles, le plébanat de San Casciano au XIVe siècle comprenait encore 21 églises.
[...]

À San Casciano, il y avait aussi un château qui a aujourd’hui disparu. Le château de San Casciano dans le Val d’Arno est mentionné dans une autre carte de la Primatia de Pise de l'an 1120.

Au XIVe siècle, la paroisse a commencé une période de déclin, notamment en raison de la perte du pouvoir politique des seigneurs de San Casciano, y compris Ugolino della Gherardes ; transformée en paroisse, celle-ci comptait, en 1833, 841 habitants.

Description des portails


Les trois portails, bordés de petits piliers à base rectangulaire, sont surmontés d'architraves sculptées en bas-relief et de deux lunettes encore plus hautes. L’architrave centrale est l’œuvre de Biduino et porte sa signature et sa date (1180) dans l’inscription. Il représente la résurrection de Lazare et l’entrée du Christ à Jérusalem. Celle de gauche représente une scène de chasse avec deux hommes déterminés à souffler dans leur corne (symbole de la civilisation) au milieu d’animaux réels et imaginaires (symbole du diable). Celui de droite montre en revanche deux griffons (un croisement entre un lion et un aigle) ou des hippogriffes (un croisement entre un griffon et un cheval) représentant le Christ domptant un ours, symbole du mal. »


Notre analyse

On retrouve dans ce texte ce que nous avions dit auparavant concernant les pièves, églises-mères de paroisses relativement importantes (ici 21 églises suffragantes), créées avant l'an mille et dans lesquelles le prêtre était autorisé à célébrer le baptême.

Cette église présente toutes les caractéristiques d'une basilique inspirée des premières basiliques chrétiennes : nef à trois vaisseaux charpentés avec le vaisseau central surhaussé par rapport aux vaisseaux secondaires, des colonnes cylindriques monolithes et des arcs en plein cintre portant le vaisseau central, une abside semi-circulaire unique prolongeant le vaisseau central. De plus, il n'y a pas de transept, autre signe d'ancienneté. Certains détails viennent cependant perturber le raisonnement. Il y a d'abord le fait que la surélévation du vaisseau central par rapport aux collatéraux est insuffisante (images 2 et 3). À l'origine, cette surélévation permettait la création de fenêtres supérieures en vue d'éclairer la nef. Et puis on observe que le décor extérieur est typique de la seconde moitié du XIIe siècle.

Mais les diverses opérations consistant à abaisser le vaisseau central, créer un parement extérieur ou changer des colonnes monolithes (images 10 et 11) s'inscrivent bien dans une opération de réhabilitation d'un édifice ancien plutôt que dans la construction d'un édifice neuf.


Les trois linteaux des portails

Tout indique que leur datation de la seconde moitié du XIIe siècle est crédible. Et donc, attachés à l'étude du premier millénaire, nous ne devrions pas nous y intéresser. Si nous le faisons, c'est à cause du lien entre ces représentations et d'autres observées sur des objets du premier millénaire.

Commençons par le linteau du portail central (images 5, 6 et 7). Le texte ci-dessus est clair : sont représentés la Résurrection de Lazare et l'Entrée de Jésus dans Jérusalem. En fait, c'est un peu plus compliqué. La scène s'inscrit dans une sorte de procession de la gauche vers la droite. À l'extrême gauche, deux personnages s'agenouillent devant un plus grand personnage. Ce pourraient être deux pêcheurs demandant pardon à Dieu. Dans l'image suivante, Jésus-Christ, devant qui Marthe est agenouillée, ressuscite Lazare. Il est observé par des fidèles de l’Église Catholique et un personnage qui pourrait être l'Esprit Saint, inscrit dans un nuage. Suit en direction de la droite une procession d'hommes portant des palmes. Ils sont précédés par Jésus monté sur une ânesse. Le dernier personnage à droite est Saint Pierre portant les clés du Paradis. Enfin, on a une représentation de ce Paradis avec de tous petits hommes escaladant l'Arbre de Vie et d'autres unis dans une même contemplation. Il faut donc bien comprendre que ce ne sont pas seulement deux scènes bibliques apparemment différentes qui sont représentées, mais bien tout un discours que l'on retrouve dans cet extrait du Credo : « Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église Catholique, à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. »

Avec ce linteau, on est donc en présence d'une forte représentation symbolique. En conséquence, on doit admettre que les deux autres linteaux doivent avoir eux aussi une signification symbolique. Le symbole devait être compris par les gens de l'époque et pour eux, l'explication devait être plus complexe que celle qui nous est ici donnée  : lutte du bien contre le mal , de la civilisation contre le diable.

Concernant le linteau de gauche (image 4), on observe aussi une procession d 'événements allant de la gauche vers la droite. Quatre scènes principales sont repérées : une ourse attaquée par un loup et attaquant un dragon, un lion attaquant deux béliers, un dragon encadré par un cerf et un sanglier attaquant un homme, un loup attaquant un bœuf. Nous pensons que ces scènes doivent être en relation avec des religions traditionnelles. Ces cultes, éventuellement agraires, pouvaient entrer en relation avec le rythme des saisons. Tout cela devait correspondre à un ou plusieurs discours fortement oubliés depuis. Il est possible que des bribes de ces discours aient été conservés sous forme de contes ou de légendes populaires. Ami lecteur, si vous en connaissez, nous sommes preneurs !

Les deux griffons posant leurs pattes sur un ours du linteau de droite (image 8) ont eux aussi une signification symbolique qui nous échappe. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que les griffons sont représentés sur des sarcophages du IIe ou IIIe siècle, souvent en compagnie de lions ou de centaures. La présence de ces animaux réels ou fantastiques sur des sarcophages est significative de croyances fortes en relation avec une vie dans l'au-delà. Jusqu'à présent, nous ignorons quelle pourrait être la religion concernée.

Images 10 et 11 : Tous les piliers de la nef sont des colonnes cylindriques monolithes, hormis deux d'entre eux, situés en face l'un de l'autre. Il semblerait que ces piliers soient rectangulaires de type R0101. Cette forme de pilier est exceptionnelle : sur un pilier de section rectangulaire, ont été accolés un pilastre côté collatéral et un autre côté vaisseau central. Nous avions mis en exergue l'analyse des piliers parce que nous estimions que la construction des voûtes était anticipée par la construction des piliers en vue de supporter les voûtes : un pilastre était accolé au pilier. Ce pilastre permettait de porter un chapiteau sur lequel était posé un arc doubleau, qui, à son tour, supportait la voûte. Dans le cas présent, il y a bien un pilier, un pilastre adossé au pilier, un chapiteau au sommet du pilastre, mais pas d'arc doubleau ni de voûte. Nous pensons qu'en fait, il n'était pas prévu qu'il y ait une voûte (sinon tous les piliers auraient été identiques de type R0101). Nous pensons que les chapiteaux situés au sommet des pilastres devaient porter une poutre. Peut-être une Poutre de Gloire portant des représentations sculptées (souvent le Christ en Croix entre Jean et Marie). Cette poutre devait créer une séparation virtuelle à l'intérieur de la nef.

Image 12 : Fonts baptismaux de forme octogonale. En fait, il s'agirait plutôt d'une piscine baptismale destinée au baptême par immersion. Cette cuve est monolithe. Compte tenu du travail d'exécution qu'il a fallu faire, on s'étonne qu'elle n'ait pas été décorée. Nous pensons qu'elle devait être enterrée. Comme l'est celle de la piève San Giovanni de Santa Maria del Giudice décrite dans la page précédente.


Datation envisagée pour la piève dei San Ippolito e Cassiano de San Casciano : an 800 avec un écart de 150 ans.