L'église San Pietro in Vinculis de Pise 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci (extraits) :

« Histoire

La première mention de l’église de San Pietro ai Sette Pini remonte à 763, à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’église appelée in Vinculis. Ceci est également attesté plus tard, jusqu’en 1005. En 1018, un autre document atteste de l’existence d’une église portant son nom actuel, signe qu’une première reconstruction avait déjà eu lieu.

L’édifice actuel a été reconstruit à partir de 1072, lorsque furent élus des chanoines augustins réguliers qui se dotèrent également d’un cloître et d’une salle capitulaire. L’église a été consacrée en 1118. Quelques rénovations ont cependant eu lieu dans les années suivantes, également pour réparer les dommages causés par le tremblement de terre de 1117. Parmi celles-ci, la reconstruction de la façade, dont la partie inférieure doit donc être placée après 1118.


Description

Extérieur. La structure extérieure est liée au modèle roman pisan, répandu à partir de Buscheto. La façade inclinée
(image 3) en pierre de Verrucana comporte trois portails surmontés de fenêtres à meneaux, selon une structure très originale. Le premier niveau de la façade se termine par cinq arcs aveugles reposant sur des pilastres et portant des oculi et des losanges (à l’exception du central qui entoure la fenêtre à meneaux plus haute que les autres). Le niveau supérieur a trois arcs aveugles reposant sur des pilastres et une fenêtre à meneaux au centre et culmine avec un fronton portant un oculus.

Le côté droit est couvert par des bâtiments, tandis que le côté gauche
(image 2) répète l’articulation en pilastres, arcs aveugles, oculi et losanges, en alternance avec des fenêtres à une seule lancette.

Intérieur. L’intérieur se compose de trois nefs absidiales et de huit travées, marquées par sept colonnes à chapiteaux romains de style corinthien (dont l’un a été remplacé par un pilier carré) et des arcs en plein cintre. Le toit de la nef centrale et des bas-côtés est fait de fermes en bois et de croix (voûtes d'arêtes) en plâtre (tardives), respectivement.

Le sol incrusté est cosmatesque. Il y a un sarcophage romain, des restes de fresques des XIIe et XIIIe siècles et une croix peinte sur bois du XIIIe siècle, attribuée à Michel de Baudoin
(image 15).

La crypte (images 13 et 14), avec ses voûtes croisées et ses chapiteaux romains, date de la première période de construction (avant 1018). Il s’agit peut-être des vestiges d’une ancienne loggia pour les marchands, puis d’un temple chrétien. [...] »


Commentaires sur le texte de Wikipédia

Il nous est dit tout d'abord qu'une église existait à cet emplacement en l'an 763. Puis : « L’édifice actuel a été reconstruit à partir de 1072, lorsque furent élus des chanoines augustins réguliers... » . Cette deuxième phrase nous suggère que l'édifice qui existait en l'an 763 (et donc qui avait été construit avant cette date) a entièrement disparu et qu'il a été remplacé par l'édifice actuel. En fait, le ton de la phrase est plus celui de la certitude que celui de la suggestion. Nous devons croire que cette église a été entièrement construite à partir de 1072. Cependant, nous sommes habitués à ce type d'affirmation. Dans le cas présent, les spécialistes ont appris qu'il y avait eu la fondation d'une communauté de chanoines augustins en 1072 et ils en ont déduit que, dès ce moment-là, les augustins ont bâti l'église de leur communauté. En fait, cette démarche ne correspond pas à la réalité. L'installation d'un groupe d'hommes ne se fait pas ex nihilo : il faut que ces hommes disposent de locaux pour dormir, manger, travailler, prier. Dans la plupart des cas, cette communauté nouvelle en remplace une autre, laquelle en avait remplacé une autre. Et on ne connaît l'existence que de la dernière.

Souvent aussi, les spécialistes de l'art du Moyen-Âge confondent consécration et inauguration d'un bâtiment. Bien que ce ne soit pas clairement exprimé ici, c'est peut-être ce que la phrase suivante, « L’église a été consacrée en 1118. », veut dire. Or, au Moyen-Âge, les consécrations étaient fréquentes, pour des raisons diverses, et, pas forcément pour des églises. Dans le cas présent, la consécration de 1118 est explicable par le tremblement de terre de 1117. S'il y avait eu un tremblement de terre c'était à cause des péchés des hommes. Ce qui avait eu pour conséquence de désacraliser l'église. Il fallait dons à nouveau la consacrer.


Notre analyse de l'architecture de cet édifice

Le décor des façades Ouest et Nord (images 2 et 3) est de style roman tardif. Il faut être cependant conscient qu'il a pu être créé en période gothique. La transition entre le roman et le gothique ne s'est pas faite brutalement. Il y a eu une longue période durant laquelle les deux formes ont pu coexister. Ce d'autant que les deux formes d'art, le roman et le gothique, recouvrent une multitude d'expressions, tant sur le plan de l'architecture que des décors.

Mais le fait que le décor extérieur de l'édifice soit relativement récent n'empêche pas que l'intérieur puisse être plus ancien.

Or, le plan de cette église est celui d'une basilique des premiers siècles chrétiens : nef à trois vaisseaux charpentés, le vaisseau central étant surhaussé par rapport aux collatéraux, colonnes cylindriques monolithes à chapiteaux corinthiens, absence de transept, entrée sur la façade Ouest à trois portes permettant d'accéder à chaque vaisseau de nef, absence de transept.

Certains détails permettent de penser que la construction d'origine a été profondément modifiée ou restaurée au cours du temps.

Examinons l'image 9 : on y voit successivement, et de gauche à droite, un pilastre accolé à la paroi Est du sanctuaire, puis une colonne portant un chapiteau corinthien, puis une autre colonne avec un chapiteau corinthien de hauteur plus réduite. On a ensuite un pilier rectangulaire sur lequel est adossé un pilastre portant une imposte … qui ne porte rien. Le pilier lui-même porte une imposte qui à son tour porte un arc faisant le lien avec la colonne suivante et son chapiteau corinthien. À remarquer la complexité de la situation et le fait que les trois chapiteaux corinthiens ne semblent pas identiques. À l'inverse, sur l'image 10, qui présente la partie de la même colonnade Sud, mais située côté Ouest, les chapiteaux corinthiens semblent tous identiques. Est-ce un hasard ? C'est peu probable car on pourrait faire le même type d'observations sur la colonnade Nord : chapiteaux disparates côté sanctuaire, chapiteaux semblables côté entrée Ouest. Nous pensons qu'à l'origine, pour des questions d'harmonie ou de perfection, les chapiteaux étaient tous semblables. Le fait qu'il y ait des différences entre les trois premières travées de nef côté sanctuaire et les cinq autres travées côté entrée, travées qui ont en commun les piliers rectangulaires, montre qu'il y a eu au moins deux étapes de travaux.

Examinons à présent l'image 11 du pilier rectangulaire côté Sud. On y voit en haut les deux impostes, celle du pilier, à gauche, et du pilastre adossé au pilier, un peu plus haut, à droite. Mais intéressons nous plutôt à la partie inférieure où l'on peut voir, faisant saillie sur le collatéral, les restes d'une autre imposte. Celle-ci est moulurée côté collatéral et bûchée dans notre direction. Cette imposte n'a a priori aucune utilité. Nous pensons - mais ce serait à vérifier - que cette imposte faisait partie de l'édifice primitif. Elle devait supporter un arc faisant liaison avec un autre pilier, comme l'imposte située qui la surmonte à la verticale. En conséquence, nous pensons qu'à l'origine le sol était plus bas. L'église a été enfouie sur plusieurs mètres et il a fallu la surélever ultérieurement.

Une autre question est posée avec l'emplacement de la crypte. L'entrée de celle-ci serait située côté Ouest (image 8), alors que d'habitude, la crypte est sous le sanctuaire. Dans l'ignorance de l'emplacement exact de cette crypte et de son plan, nous ne pouvons en dire plus.


Datation

Les nombreux témoins d'ancienneté de cet édifice nous conduisent à estimer qu'elle est antérieure à 1072. Le témoignage selon lequel une église dédiée à Saint Pierre en l'an 763 doit donc être pris en compte. Il reste à savoir ce qu'il reste de cette église dans l'église actuelle ainsi que ses restaurations successives.

Datation envisagée pour l'église San Pietro in Vinculis de Pise : an 750 avec un écart de 100 ans.