L'église del San Sepolcro de Pise 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images de cette page ont été recueillies sur Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église, et écrite en français, nous apprend ceci :

« Histoire

Construite au début du XIIe siècle, connue au moins à partir de 1113, elle a été conçue par Diotisalvi, qui, quarante ans plus tard, a également conçu le baptistère de la cathédrale de Pise. L'attribution au Saint Sépulcre fait référence aux reliques de ce dernier qui furent portées à Pise par l'archevêque Dagobert après sa participation à la première croisade.

Architecture

L'édifice a un plan octogonal et, jusqu'au XVIe siècle, était entourée d'un portique. Le tambour central, soutenu par huit arcs ogivaux, est surélevé et est surmonté d'une pointe conique. La structure ressemble au Dôme du Rocher de Jérusalem, conquis par les croisés en 1099. Les portails ont des décorations avec des animaux et des têtes de lions en marbre. Le petit clocher inachevé de plan rectangulaire est de style roman pisan.
»

Une autre page de Wikipédia concernant la même église, mais traduite de l'italien, est plus précise (extraits) :

« Histoire

Cet édifice existait déjà en 1113 et sa construction a donc eu lieu au XIIe siècle, dans le cadre d’un complexe de bâtiments destiné à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et non aux Templiers, comme on le dit souvent à tort. L’hôpital de Jérusalem a été construit non loin de l’Arno, juste à l’extérieur des murs dans le village de Chinzica, un quartier commercial nouvellement urbanisé.

Le projet est généralement attribué à Diotisalvi, le même constructeur du baptistère de Pise. Cette attribution est due à une plaque placée sur le clocher, presque adossée au côté nord, sur laquelle on peut lire " HUIUS OPERIS FABRICATOR DEUTESALVET NOMINATUR ". L’inscription semble identifier Diotisalvi comme le constructeur du bâtiment, mais des doutes ont surgi sur cette identification, également parce que la plaque est placée sur le clocher.

La datation proposée par les différents auteurs oscille entre la dernière et les premières décennies du XIIe siècle et on se demande s’il a anticipé ou suivi le baptistère de Pise, avec lequel il a quelques caractéristiques en commun.

Plus tard, le complexe passa à l'Ordre des Chevaliers de Malte, héritier des Hospitaliers. À partir de 1817, date à laquelle l’ordre a été supprimé, il a connu une période de dégradation, jusqu’aux travaux de restauration, entrepris en 1849, qui ont mis au jour le niveau du sol d’origine qui se trouvait donc à plus d’un mètre au-dessous du niveau de la place environnante. Pour redonner au bâtiment son aspect médiéval, il a également été décidé de démolir la loggia Renaissance et les voûtes en maçonnerie du déambulatoire intérieur, d’enlever le mobilier baroque et de restaurer certaines fenêtres.

Description

Le bâtiment a une pièce centrale bordée de huit piliers pentagonaux en calcaire qui soutiennent un tambour surélevé et vitré, également en pierre, recouvert d’une flèche pyramidale en brique laissée apparente à l’intérieur, à travers des arcs brisés. Cette salle centrale est entourée d’un déambulatoire octogonal, à l’origine de faible hauteur ou peut-être équipé d’une galerie (galerie des femmes), bordé par le mur de pierre d’enceinte, couronné d’un cadre avec des éléments végétaux et entouré, jusqu’au milieu des années 1800, d’un portique du XVIe siècle.
[...] »


Nos commentaires sur ces deux textes

Passons rapidement sur la phrase issue du premier texte, « L'attribution au Saint Sépulcre fait référence aux reliques de ce dernier... », qui pourrait laisser croire à l'existence d'un saint nommé « Sépulcre ».

Nous avons constaté que la dédicace au « Saint Sépulcre » de plusieurs églises de ce modèle avait été expliquée justement à cause de la ressemblance avec le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem. L'explication la plus fréquente était la suivante : un chevalier de retour de croisade avait voulu faire construire une nouvelle église sur le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Nous ne sommes pas convaincus par cette explication, car nous ne sommes pas certains que ce modèle imite celui du Saint- Sépulcre de Jérusalem. Par contre, nous avons identifié une quarantaine d'édifices de ce modèle en Europe (37 à ce jour). Les architectes n'avaient pas besoin d'aller à Jérusalem pour construire ce type d'église : ils en avaient le modèle à proximité. En fait, la dédicace est peut-être venue après : les gens de l'époque s'étonnant de voir une église ronde se sont posé la question de connaître le pourquoi de cette situation. La référence à l'église ronde du Saint-Sépulcre a servi de justification.

D'autres incohérences apparaissent dans ces textes. Comme celle qui fait de Diotisalvi le bâtisseur de deux édifices à quarante ans d'intervalle. Certes, l'hypothèse est envisageable : il aurait fait le premier à 20 ans et le second à 60 ans. Mais la probabilité d'un tel événement est beaucoup plus faible que celle d'autres hypothèses envisageables ; il y aurait eu deux Diotisalvi, ou bien, Diotisalvi a été constructeur seulement du campanile.


Analyse de l'architecture

Nous venons d'écrire que le modèle de cette église est reproduit à l'identique pour une quarantaine d'autres églises en Europe. En fait, ce n'est pas tout à fait le cas. Si, par son plan (image 1), et extérieurement (image 2), cette église ressemble à de nombreuses églises d'Europe, la ressemblance n'est pas apparente côté intérieur.

Faisons la comparaison avec, par exemple, l'abbatiale d'Ottmarsheim en Alsace. Le plan au sol est identique si on ne tient pas compte de divers ajouts comme les ouvrages Est et Ouest : au centre, huit piliers disposés en octogone. Les huit piliers supportent un noyau central qui émerge au centre de l'octogone au-dessus des toits du déambulatoire. De hautes fenêtres permettent d'éclairer la nef.

La différence des modèles se situe côté intérieur. En effet, à Ottmarsheim, le déambulatoire est à deux étages : le niveau inférieur, au ras du sol, et, au-dessus de lui, le niveau supérieur recouvert d'un toit. Ici le déambulatoire n'a qu'un seul étage mais il est très élevé et sa hauteur correspond à celle des deux étages d'Ottmarsheim. Par ailleurs, les fenêtres de ce déambulatoire correspondent aux fenêtres du premier étage d'Ottmarsheim (image 2). Il est donc légitime de penser qu'à l'origine, le déambulatoire avait bien deux étages et qu'ultérieurement, l'étage supérieur a été supprimé. Cette hypothèse est confirmée par le fait que l'église existait en l'an 1116 (la précision de la date permet d'envisager qu'elle est attestée par un document authentique) avec des piliers du noyau central de style gothique (image 3), postérieurs à 1116.

Nous sommes donc persuadés que, primitivement, cette église, était totalement analogue à des édifices comme la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle ou l'abbatiale d'Ottmarsheim. Nous avons estimé que ces églises pouvaient avoir été à l'origine des parlements, c'est-à-dire, des endroits où l'on se parle, où l'on échange des points de vue sur le plan politique. Nous avons par ailleurs imaginé que les échanges ne se déroulaient pas au rez-de-chaussée mais à l'étage, autour du noyau central. Nous pensons que cette démarche parlementaire avec construction d'édifices adaptés aurait débuté durant l'antiquité tardive et se serait achevée peu avant l'an mille.

L'architecture du présent édifice confirme un peu cette analyse. Lorsque, par suite d'un vieillissement des structures ou d'incidents divers, la réfection du noyau central s'est révélée nécessaire, il a été décidé de remplacer les anciens piliers par de nouveaux et de ne pas reconstruire l'étage supérieur du déambulatoire. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que cet étage supérieur, qui avait été utilisé autrefois, ne l'était plus à ce moment-là.

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Datation envisagée pour l'église del San Sepolcro de Pise : an 850 avec un écart de 100 ans.