La basilique San Frediano de Lucques 

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Nous n'avons pas visité cette église. La plupart des images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci (extraits) :

« Historique

Sur un édifice religieux datant du VIe siècle consacré aux saints lévites Vincenzo, Stefano et Lorenzo, fut construite au VIIIe siècle une première église dédiée à saint Fridien, évêque de Lucques entre 560 et 588, comme le confirment des fouilles effectuées sous l'église actuelle ayant révélé une crypte contenant le corps du saint. Cette église actuelle date de 1112 et elle fut consacrée en 1147.

Architecture

Elle comprend trois nefs avec une abside. Le projet initial ne prévoyait pas de transept ni de crypte, mais en second lieu, la réforme grégorienne rectifia le projet avec une façade orientée à l'est.

L'église était moins élevée qu'aujourd'hui et les ornementations de mosaïques du gâble datent du XIIIe siècl
e (image 1).

Cette mosaïque
(image 2) représente l'Ascension du Christ dans une mandorle soutenue par des anges, en présence des Apôtres, à l'origine posés aux côtés de la Vierge dont l'image a été détruite pour l'ouverture centrale. La partie supérieure montre une maîtrise et une connaissance approfondie du style de la peinture byzantine, ajoutée au style roman, pendant que la zone inférieure semble due à un artiste local de l'atelier des peintres Berlinghieri. »


Nos commentaires

Nous n'avons pas grand chose à dire concernant la mosaïque (image 2), n'ayant pas suffisamment de compétences en la question. Tout au plus qu'elle semble avoir été fortement restaurée.

À l'inverse, concernant la datation de l'église (« Cette église actuelle date de 1112 et elle fut consacrée en 1147. »), nous sommes plus circonspects.

Auparavant lisons ce texte extrait du livre Toscane romane de I. Moretti et R. Stepani : « C'est l'une des plus anciennes églises de Lucques, mentionnée à partir de la seconde moitié du VIIe siècle comme siège d'une communauté monastique. On sait en effet qu'en 685, un certain Faulon, majordome du roi Cunipert (roi lombard de 688 à 700), restaura l'église (alors dédiée aux saints Laurent, Vincent et Étienne), qu'il dota et confia à Babbin, abbé, et à ses moines. Vers la fin de ce même siècle, l'évêque de Lucques, Frediano, fut enterré dans l'église, qui dès lors ajouta son nom à celui des titulaires. [...] Ce fut précisément sur l'initiative de Rotone (mort en 1119) que fut reconstruite l'église, consacrée ensuite en 1147 par le pape Eugène III qui passait par Lucques en se rendant en France. ».

Nous devons faire plusieurs observations critiques sur ces données. La première d'entre elles concerne la phrase : « Cette église actuelle date de 1112 et elle fut consacrée en 1147. ». On a tendance à l'interpréter ainsi : « la construction de l'église a commencé en 1112 et elle a été achevée en 1147 ». Soit 35 ans après. Ce raisonnement apparemment logique ne l'est pas en ce qui concerne le comportement humain. Car tout concepteur d'un audacieux projet souhaite assister à son achèvement. Si le curé Rotone a démarré la construction en 1112, il voulait qu'elle soir achevée avant sa mort (qui d'ailleurs a eu lieu 7 ans plus tard, et non 35 !).

La deuxième observation concerne la consécration de 1147. Nous avons dit à plusieurs reprises qu'une consécration ne devait pas être interprétée comme l'inauguration d'une église nouvelle. Nous avons ici un exemple très significatif dans la phrase « l'église, consacrée ensuite en 1147 par le pape Eugène III qui passait par Lucques en se rendant en France. ». Cette phrase montre le caractère occasionnel de certaines consécrations. À titre de comparaison, tout récemment, le pape François a effectué un déplacement en Corse et a célébré une messe dans la cathédrale d'Ajaccio. Il n'y a certes pas eu d'acte de consécration de l'église mais soyons certains que pour les fidèles de Corse, cet événement a été vécu comme étant une consécration de leur église (et non une inauguration).

La troisième observation concerne l'architecture de cette église. Nous sommes en effet en présence d'un édifice à plan basilical directement hérité des basiliques chrétiennes primitives : nef à trois vaisseaux charpentés (remarque : la nef actuelle a cinq vaisseaux mais la présence de portes en face des trois vaisseaux centraux fait envisager qu'elle était à l'origine réduite à ces trois vaisseaux), avec vaisseau principal surhaussé par rapport aux collatéraux, colonnes cylindriques monolithes, abside unique, absence de transept. Il nous semble totalement illogique qu'au début du XIIe siècle, toute une partie de l'Italie et, dans ce cas particulier la ville de Lucques, aient été tenues à l'écart des grandes innovations qui caractérisaient à la même époque l'art roman (nefs voûtées, transepts, tours de croisée, chevets rayonnants, ouvrages Ouest). De sérieuses justifications sur les datations doivent donc être apportées. Cela étant, nous ne nions pas l'existence de travaux en 1112. Bien au contraire, nous estimons que pour tout édifice ancien, des périodes de travaux sont apportées au cours de son existence, pour son entretien, sa restauration, ou son adaptation à des situations nouvelles.

Dans le cas présent, l'église que nous voyons actuellement pourrait être celle mentionnée au VIIe siècle, mais fortement restaurée ultérieurement, dans un esprit de conservatisme et de renaissance du passé romain.

Les fonts baptismaux (images 8 et 9)

On remarque immédiatement la différence entre les deux images. La plus récente (image 8) contient dans sa partie centrale une vasque surmontée d'un toit en coupole alors que dans la plus ancienne, représentation datée de 1900, seule une colonne portant la statue de Saint Jean Baptiste émerge de cette partie centrale.

Nous n'avons pas d'information au sujet de cette partie centrale mais il est possible qu'elle ait fait partie du baptistère primitif puis remplacée par la statuette de Saint Jean Baptiste, et enfin rétablie.

Ces fonts baptismaux nous surprennent pour plusieurs raisons. En premier par leurs dimensions et leur forme circulaire. Nous rencontrons en effet le plus souvent des cuves baptismales de 1, 5 m au maximum de diamètre portées par des piliers, de forme hexagonale ; un peu semblables à la vasque située au centre du bassin mais sans le toit qui la recouvre (image 8). Ce qui est aussi surprenant c'est le thème développé sur le pourtour du bassin. Il raconte la Vie de Moïse alors que le plus souvent c'est le Baptême du Christ qui est représenté. Certes la Vie de Moïse peut être mise en rapport avec le thème des Eaux présent dans le baptême chrétien : Moïse est dès sa naissance confié au eaux du Nil, puis sauvé des eaux par une princesse égyptienne. Puis, plus tard, il est à nouveau sauvé des eaux dans le passage sur la Mer Rouge. Mais ceci n'est qu'une évocation de scènes de l'Ancien Testament et on s'attendrait qu'en regard, il y ait une évocation de scènes du Nouveau Testament (Baptême du Christ, Mort et Résurrection du Christ). Or on ne retrouve pas de telles scènes sur la vasque centrale dont le toit en coupole est décoré de scènes de travaux des mois et d'une rangée d'apôtres.


Datation envisagée pour la basilique San Frediano de Lucques : an 600 avec un écart de 150 ans.