Les musées archéologiques de Sicile
Dans cette page, nous étudierons certaines pièces
remarquables des musées suivants : le
Musée Archéologique Pietro Griffo d'Agrigente, le
Musée Archéologique Antonino Salinas de Palerme, le
Musée Archéologique Paolo Orsi de Syracuse. Cette
étude sera suivie d'un paragraphe de Conclusions
sur les monuments de Sicile.
Nous n'avons pas visité ces musées. Les images ci-dessous
sont extraites d'Internet. Nous n'avons décrit ici que les
œuvres les plus représentatives datées du premier
millénaire, mais ces musées sont beaucoup plus riches,
particulièrement en Antiquité Grecque.
Musée
Archéologique Pietro Griffo d'Agrigente
Image 1 : Cuve de
sarcophage d'un enfant. Les parois latérales sont
représentées dans les trois images suivantes. En fait,
d'après ses dimensions, ce sarcophage devait être celui d'un
adulte mais c'est un enfant qui est principalement
représenté.
Image 2. Cuve du
sarcophage de l'image 1
: face avant. À gauche, l'enfant, dépourvu de tête, lit un
texte à un homme assis (son précepteur ?). À droite, il est
allongé sur son lit de mort, caressé par sa mère, alors
qu'au pied du lit, un autre enfant observe la scène.
Image 3. Cuve du
sarcophage de l'image 1
: petit côté droit. On assiste au bain de l'enfant, devant
sa mère assise.
Image 4. Cuve du
sarcophage de l'image 1
: petit côté gauche. L'enfant conduit un attelage tiré par
un mouton. Il est possible que le bain de l'enfant
(comparable à un baptême) et la conduite d'un attelage
soient des actes rituels. Il n'est pas rare de voir des
représentations d'enfants conduisant des attelages. Parfois,
ce sont des amours ailés. Pour les romains, la vie de
l'enfant ne commençait pas à la naissance mais après une
période de sevrage, entre deux et cinq ans.
Image 5 : Cuve de
sarcophage d'une dame romaine de religion païenne. La forme
de cuve est celle d'une baignoire. Il est possible cependant
que les sculpteurs aient voulu imiter des bâtiments en forme
de stade : à plan rectangulaire avec une abside
semi-circulaire sur chacun des petits côtés.
Image 6 : Détail
de l'image précédente. Nous y voyons des scènes dont nous ne
comprenons pas la signification : combats de satyres et de
boucs ? Ce sont là probablement les manifestations d'une
ancienne religion dont nous ne possédons pas les clés
d'interprétation.
Datation envisagée pour les objets ici décrits du
Musée Archéologique Pietro Griffo d'Agrigente : an 250 avec
un écart de 150 ans.
Musée
Archéologique Antonino Salinas de Palerme
Image 7. Mosaïque
relatant un épisode du mythe d'Orphée : Orphée charmant les
animaux avec sa lyre. « Orphée
est un héros de la mythologie grecque et musicien (son
instrument est la lyre). Il était parfois considéré comme
un prophète et a inspiré un mouvement religieux appelé Orphisme,
qui était lié aux pythagoriciens et aux mystères
dionysiaques. Orphée a fait partie des Argonautes; sa
descente aux Enfers et son échec à ramener sa femme
Eurydice dans le monde des vivants ont façonné son mythe.
» (d'après Wikipédia).
Image 8.
Mosaïque représentant divers personnages : en haut,
c'est probablement Apollon émettant des rayons solaires. En
bas, une satyresse et une ménade. Entre les deux scènes, un
poisson et un personnage représentant probablement Bacchus.
Image 9 : Même
mosaïque, mais cette fois-ci, c'est Neptune qui est
représenté.
Image 10 : Face
avant de sarcophage. À gauche, un groupe de femmes est
tourné en direction d'une femme assise. À droite, un autre
groupe de femmes (des amazones), est tourné en sens inverse
(signification des deux scènes ?).
Image 11 : Face
avant de sarcophage. Une troupe de cavaliers semble écraser
une population affolée. Au centre, un cavalier lève la main
pour arrêter le massacre.
Image 12.
Bas-relief en marbre : homme conduisant un quadrige. La
scène apparaît profane. Elle ne l'est peut-être pas. Le
quadrige est souvent assimilé au char solaire, à la
fois symbole de mort et de résurrection.
Datation envisagée
pour les objets ici décrits du Musée Archéologique Antonino
Salinas de Palerme : an 250 avec un écart de 150 ans.
Musée
Archéologique Paolo Orsi de Syracuse
Nous ne décrivons qu'une pièce de ce musée, mais il s'agit
d'une pièce très intéressante : le sarcophage d'Adelfia.
Le sarcophage d'Adelfia
(image 13)
Selon la page du site Internet Wikipédia qui lui est
consacrée : «
Le nom du sarcophage dérive de l’hypothèse selon laquelle
il aurait été utilisé pour l’enterrement de la noble
romaine Adelfia, épouse du comes Balerius (Valerius). Le
médaillon central représenterait un portrait du couple,
mentionné au centre du couvercle par une épigraphe
disposée sur trois lignes sur fond rouge (image
15) :
(H) IC ADELFIA C(LARISSIMA) F(EMINA)
POSITA. CONPAR
BALERI.COMITIS
Voici
déposée Adelfia, une femme célèbre, épouse du comte
Valerio.
Le sarcophage comporte treize décorations de
l’iconographie chrétienne, disposées sur un double
registre sur la poitrine : la majorité (huit) sont tirées
du Nouveau Testament tandis que les autres sont des scènes
de l’Ancien Testament. »
Remarque :
nous ne sommes pas certains que ce sarcophage soit celui
d'Adelfia. En effet, l'épitaphe placée sur le couvercle ne
concerne qu'une personne alors que deux personnes, le mari
et la femme, sont représentées sur la cuve. De plus, le
couvercle et la cuve ne sont pas de mêmes dimensions.
La même page de Wikipédia décrit les décorations dans le
détail, « toutes
les légendes devant être lues de gauche à droite ».
Pour les descriptions suivantes, le texte de Wikipédia sera
écrit en caractères italiques, nos propres commentaires
étant en caractère romains.
Image 14 : Moïse
fait couler l'eau de la roche ; Moïse soutenu par ses
compagnons alors qu'il prie pour Israël ; Marie et les
femmes pieuses.. Nous sommes un peu surpris par ces
légendes. Certes, nos connaissances en Histoire de l'Église
sont limitées et les diverses interprétations graphiques des
épisodes de cette Histoire nous sont méconnues mais il nous
semble que la scène intitulée « Moïse
fait couler l'eau de la roche », ne correspond pas
tour à fait à l'épisode biblique qui explique que Moïse
frappe le rocher avec un bâton pour faire jaillir l'eau. Ce
rocher n'est pas sculpté comme ici d'une tête humaine. Pour
la seconde scène, le personnage encadré par deux autres ne
ressemble pas à l'homme que devait être Moïse, mais à une
jeune fille. Enfin, l'auteur nous explique que pour la
troisième scène, Marie est entourée de femmes pieuses. Là
encore, l'image ne correspond pas aux textes bibliques. À
aucun moment en effet, il est question que la Vierge Marie
soit entourée de femmes, mais d'hommes, les apôtres, au
moment de la Pentecôte.
Nous proposons une autre explication. Ces trois scènes
pourraient représenter des épisodes de la vie d'Adelfia :
recueillant l'eau d'une source dédiée à une divinité
païenne, accompagnée pour le baptême, répudiée ou recluse
dans une communauté féminine dont elle est devenue la
supérieure. L'interprétation de la troisième scène peut
paraître surprenante. On sait cependant que, pour devenir
évêque, l'homme devait cesser toute relation avec une femme.
En conséquence, l'homme marié devait répudier sa femme. La
répudiation devait donc être monnaie courante, y compris
pour ceux qui n'étaient pas évêques.
Image 16 : Les
trois mages qui observent l'étoile ; le bœuf et l'âne
devant Jésus dans la crèche ; un berger et Marie.
Nous parlerons un peu plus loin de la représentation de la
crèche, la plus ancienne des représentations connues d'une
crèche de Noël. Il ne semble pas que les mages (ce ne sont
pas encore les rois-mages) portent le classique bonnet
phrygien, comme on le voit dans les images suivantes.
Image 17 : Sacrifices
de Caïn et Abel ; Scène de Saint Pierre et du Coq ;
Guérison de l'hémorroïsse ; Délivrance de la Loi à Moïse.
Nous sommes en total désaccord avec l'interprétation de la
première scène. Examinons de plus près le personnage situé
entre les deux personnages presque nus, censés être Caïn et
Abel. Ce personnage est un homme d'aspect juvénile dont la
longue chevelure descend jusqu'au cou. On retrouve le même
personnage dans la scène suivante et la scène d'après. Et on
le retrouve encore dans trois scènes de l'image
19, une scène de l'image
20 et une autre de l'image
22. À chaque fois, c'est Jésus qui est représenté.
Nous pensons donc que la scène ici décrite n'est pas celle
des sacrifices de Caïn et Abel, mais la représentation
symbolique de la descente du Christ aux Enfers. Il y
rencontre nos premiers parents Adam et Ėve. Une gerbe de blé
accompagne Adam, un agneau pour Ėve. On retrouve toute la
symbolique de la religion chrétienne : la gerbe de blé
figure le pain, l'agneau par son sang figure le vin.
Image
19 : Sacrifice
d'Abraham; Guérison de l'aveugle né; Multiplication des
pains et des poissons ; Résurrection du fils de la veuve
de Naïm. À remarquer : pour le sacrifice d'Abraham,
il manque l'agneau pris dans les broussailles ; pour la
multiplication des pains et des poissons, on a de la
difficulté à reconnaître des pains et des poissons dans ce
qui est présenté à Jésus (hormis ce qui est aux pieds des
personnages) ; pour la résurrection du fils de la veuve de
Naïm, le sarcophage est à strigiles, preuve que ce style de
décor a perduré au moins jusqu'à la fin des persécutions sur
les chrétiens.
Image 20 :
Nabuchodonosor rêve de la statue et des trois jeunes juifs
de Babylone ; Miracle des Noces de Cana. Dans la
séquence biblique appelée « le songe de Nabuchodonosor », le
roi Nabuchodonosor rêve à une statue recouverte d'or. Par la
suite, il exige à tous d'adorer la statue. Trois hébreux qui
refusent d'adorer la statue sont jetés dans la fournaise
mais ils s'en sortent miraculeusement. C'est peut-être cet
épisode qui est relaté ici. Mais on ne voit pas les hébreux
dans la fournaise. Ce qui est le cas dans d'autres
représentations.
Image 21 : Adoration
des mages. La scène est classique : les mages
apportent leurs présents à la Vierge assise et portant
l'Enfant dans ses bras. Cette représentation s'est perpétuée
durant près d'un millénaire quasi inchangée. D'où la
difficulté de dater ce type de sculpture quand elle se
présente isolée. Seuls critères de différenciation : la
coiffure des mages (une sorte de bonnet phrygien ; ils ne
sont pas couronnés car pas encore des rois-mages) et
l'absence d'auréoles pour la Vierge et l'Enfant.
Image 22 : Péché
d'Adam et d’Eve ; L'entrée du Christ dans Jérusalem.
La scène dite du « Péché Originel » est aussi très
classique, pratiquement inchangée au cours des siècles. On
note la présence d'un homme. Ce n'est ni un ange ni Dieu. La
seconde scène, moins fréquente, pourrait marquer une
période. En fait, on comprend mal l'utilité de cette scène
qui n'est ni un miracle, ni un épisode fondamental de la Vie
du Christ. Peut-être cette scène de l'entrée du Christ dans
Jérusalem symbolise-t-elle l'entrée du Christ, et, à sa
suite, l'entrée du défunt dans un autre lieu : la Jérusalem
Céleste ?
Image 24 : La
Nativité, détail de l'image
16.
Image 23 : Le
songe de Nabuchodonosor et les trois juifs de Babylone,
détail de l'image 20.
Datation
Le site Internet qui décrit ce sarcophage donne la
datation : 325-350. Nous pensons que cette datation a été
fixée en fonction du contexte historique. L’empereur
Constantin a établi progressivement le christianisme comme
religion d'état entre les années 325 et 350. Selon nous, les
archéologues déduiraient de cette information la datation de
ce sarcophage. Par ailleurs, des historiens identifient
l'époux d'Adelfia, Balerius ou Valerius, comme un ami de
Saint Augustin que celui-ci cite en 410. Il est difficile
d'imaginer que Valerius, mort entre 325 et 350, puisse être
l'ami de Saint Augustin 60 ans plus tard.
Pour notre propre évaluation, nous sommes beaucoup moins
précis.
Datation envisagée
pour le sarcophage d'Adelfia du Musée archéologique Paolo
Orsi de Syracuse : an 375 avec un écart de 50 ans.
Conclusions
sur les monuments de Sicile
De la surprise
C'est ce que nous avons éprouvé en étudiant les monuments de
Sicile. Il faut dire que nous avions auparavant effectué des
recherches sur les monuments de Corse et de Sardaigne. Pour
la Corse, nous avions été spécialement gâtés car nous avions
pu profiter des renseignement fournis par l'excellent site
intitulé Corse
Romane qui a recensé plus de 117 monuments sur
cette île (ce site n'est d'ailleurs pas le seul, il y a une
vraie dynamique pour la Corse qui s'intéresse à son
patrimoine). Sur ces 117 monuments, nous n'en avions
conservé que 38 susceptibles d'être antérieurs à l'an mil.
En ce qui concerne la Sardaigne, nous n'avons étudié que 35
monuments sur une cinquantaine repérés par divers sites
Internet.
C'est à peu près le même nombre que nous obtenons pour la
Sicile. Avec cependant des réserves au sujet de certaines
pages concernant des « monuments » qui ne sont
pas censés apparaître dans la liste. Ainsi parmi ces «
monuments », il y a trois musées qui en fait ne contiennent
que quelques objets, en général des sarcophages.. Parmi ces
monuments, il y a aussi 4 châteaux normands (nous n'étudions
pas en général les châteaux), 4 palais palermitans
difficiles à dater et 3 églises non visitées aussi
difficiles à dater. En conséquence, si nous avions utilisé
les mêmes méthodes de sélection que nous utilisons pour les
autres régions, nous n'aurions étudié que 20 monuments. Ce
qui est bien peu comparé aux 38 monuments de Corse.
À cela s'ajoute un problème de dimensions.
La superficie de la Corse est 8 722 km². Elle est peuplée de
340 444 habitants. Soit 39 habitants au km².
La superficie de la Sardaigne est 24 090 km². Elle est
peuplée de 1 654 796 habitants. Soit 69 habitants au km².
La superficie de la Sicile est 25 709 km². Elle est peuplée
de 5 032 818 habitants. Soit 196 habitants au km².
En résumé, la Sicile est environ 3 fois plus grande et 15
fois plus peuplée que la Corse. Si on avait extrapolé à la
Sicile le nombre de monuments étudiés pour la Corse (38) on
aurait dû obtenir pour la Sicile 114 monuments en se basant
sur la superficie et 570 en se basant sur le nombre
d'habitants. Il faut reconnaître qu'avec 20 monuments, on
est loin du compte (la même étude aurait pu être faite pour
la Sardaigne. Les résultats auraient été moins
spectaculaires).
Quoiqu’il en soit, cette comparaison pose question. Nous
pensons que les recherches effectuées en Corse ont créé une
émulation et permis la découverte de monuments non
identifiés auparavant. Il devrait en être de même en
Sardaigne ou en Sicile. C'est en effectuant des recherches
que les habitants de ces îles découvriront l'existence
d'édifices plus anciens que ce qu'ils imaginaient.
Autres comparaisons
On s'attendrait à ce que les grandes îles de la mer
tyrrhénienne voisines entre elles, la Corse, la Sardaigne et
la Sicile possèdent des monuments de même style. Autant que
nous puissions en juger par le peu de monuments qui restent,
ce ne serait pas le cas. Les monuments de ces îles seraient
pour chacune d'entre elles plus apparentés à des monuments
d'une région de la péninsule italienne qui lui est proche
que de l'île voisine : pour la Corse, la Toscane et le
Piémont ; pour la Sardaigne, le Latium ; pour la Sicile, la
Campanie et les Pouilles. Chacune des îles a pourtant su
garder sa personnalité propre.
La prééminence des
Normands en Sicile ...
Nous avons été surpris de l'importance que les archéologues
siciliens ont accordée aux Normands et en particulier à
trois princes normands, Robert Guiscard, Roger II et
Guillaume II. Comme si ces personnages avaient tout fait. Et
ce alors que le style des monuments construits, églises et
châteaux, est tout à fait différent du style des monuments
normands censés appartenir à la même période. Il y aurait eu
un découplage entre deux attitudes possibles : chercher à
connaître l'identité des constructeurs, chercher à connaître
l'inspiration stylistique des constructions. Nous pensons
que cette importance attribuée aux Normands est au moins en
partie due à l'abondance des sources qui mentionnent leur
action en Italie du Sud et en Sicile. Â savoir : l'Ystoire
de li Normant, par Aimé de Montcassin (entre 1071
et 1082), le De
rebus gestis Rogerii Calabriae et Siciliae comitis et
Roberti Guiscardi ducis fratris eius, par Geoffroi
Malaterra (fin du XIe siècle), la Gesta
Roberti Wiscardi de Guillaume de Pouilles entre
1088 et 1111, la
Chronica Monasterii Casinensis de Léon d'Ostie,
complétée par Pierre le Diacre au début du XIIe
siècle. Nous connaissons moins bien les sources concernant
la présence des musulmans en Sicile avant la conquête des
Normands et celles concernant la présence des byzantins et
(ou) des ostrogoths avant la conquête des musulmans. Cela
est dû à une plus grande ancienneté mais aussi sans doute au
dédain apporté aux archives d'un peuple non chrétien (les
musulmans) ou barbare (les ostrogoths).
Cette prééminence des Normands empêche de reconnaître le
patrimoine des peuples ayant précédé les Normands en Sicile.
En fait, toutes sortes de peuples.
À savoir par ordre chronologique :
– Les autochtones. Même si la
Sicile a été occupée très tôt par des carthaginois ou par
des grecs, il a pu subsister des peuples autochtones qui ont
conservé longtemps leurs traditions, et ce, jusqu'aux
premiers siècles du premier millénaire.
– Les grecs.
Là encore, on peut penser qu'il y a eu succession des
colonisations et que la colonisation romaine qui a suivi la
colonisation par les grecs s'est substituée rapidement à
celle-ci. C'est possible. Cependant, il ne faut pas
s'imaginer qu'une colonisation s'effectue toujours
immédiatement après la conquête d'un territoire. Elle peut
s'effectuer progressivement. C'est d'ailleurs ce qui s'est
passé pour les USA et le Canada. Mais aussi pour l'Afrique
Noire. La colonisation s'est effectuée dès la fin du
Moyen-Âge. Cela a commencé par l'établissement d'un commerce
maritime. Il a fallu installer des comptoirs commerciaux. La
plupart de ces comptoirs étaient situés à l'embouchure des
fleuves afin de faciliter un transport fluvial. Petit à
petit, un territoire autour du comptoir et du fleuve a été
acquis par la puissance colonisatrice. C'est ce qui explique
le fait que les pays de la côte africaine se succèdent
perpendiculairement à cette côte, alternant la pratique de
la langue issue du pays colonisateur. Pour en revenir aux
colonisations grecque et romaine, nous avons constaté qu'en
ce qui concerne les évêchés d'Agde et de Marseille, ces deux
anciennes colonies grecques semblaient un peu à part des
autres. Et nous avons envisagé qu'ils avaient pu conserver
leur identité, avec en particulier des liens avec Byzance,
longtemps après les débuts de l'occupation romaine du Sud de
la Gaule. Il est donc possible qu'il en soit de même pour
les anciennes colonies grecques de Sicile.
– Les romains.
Nous avons décrit sur ce site plusieurs monuments ou objets
romains. Leur influence a dû s'exercer dès les débuts du
premier millénaire et bien après les réformes de Constantin
le Grand. Remarque
: lorsque nous parlons de « romains », nous pensons surtout
aux romains de la péninsule italienne qui ont influencé
l'art d'Espagne et de Gaule, les romains qui utilisent comme
langue le latin.
– Les ostrogoths.
Bien que Procope en parle dans son ouvrage
La guerre contre les Goths,
nous ne pensons pas que ce peuple ait exercé une influence
sur les arts en Sicile.
– Les byzantins.
Il s'agit aussi de romains, mais des romains qui utilisent
comme langue le grec. Ils suivent les directives de
l'empereur d'Orient, et, au niveau religieux, d'évêques
indépendants de l'Église de Rome. La rupture entre les deux
parties, occidentale et orientale de l'Empire romain, était
larvée dès le IIIe siècle (combats entre légions
romaines, invention de la tétrarchie). Elle n'a fait que
s'accentuer durant les siècles suivants. Ce n'est pourtant
que bien plus tard, vers le VIIe ou VIIIe
siècle, que l'on assiste à des modifications architecturales
ou artistiques. Les édifices à plan carré comme la
Santissima Trinità di Delia à Castelvetrano ou San Nicolò
Regale à Mazzara del Vallo pourraient être le résultat de
cette influence byzantine.
– Les arabes.
Leur présence en Sicile entre l'année 827 (début de la
conquête) et 1091 (fin de la conquête normande) a très
probablement eu une influence sur l'art local. Cependant,
nous sommes rapidement confrontés à des contradictions.
D'une part, on nous parle d'une influence arabe mais,
d'autre part, cette influence arabe semble se manifester à
travers l'utilisation de coupoles installées sur des murs
romans : les murs romans auraient été construits durant la
période normande (première moitié du XIIe
siècle). Il semble logique de penser que les coupoles ont
été édifiées après les murs. Mais les arabes étaient là
avant les normands. Pourquoi auraient-ils inspiré les
coupoles et pas les murs ?
On le voit, le débat est loin d'être clos. Et il nous manque
la masse de renseignements qui nous permettraient d'y voir
un peu plus clair. Affaire à suivre !