La chiesa della Santissima Trinità di Delia à Castelvetrano
Nous avons effectué une visite rapide de cette église en
février 2005. La plupart des images ci-dessous ont été
prises lors de cette visite.
Ce monument a fait l'objet d'une description détaillée
écrite par Giovanella Cassata, chargée de mission auprès de
la Soprintendenza ai Bieni Artistici de Palerme, dans
l'ouvrage Sicile
Romane de la collection Zodiaque.
Nous en reproduisons ici un extrait :
« [...] L'édifice
découvert à la suite de la restauration, outre qu'il est
fort semblable par son plan à certaines églises byzantines
construites en Orient à la fin du Xe siècle
– comme par exemple, l'église de la Theotokos à
Constantinople et le Catholikon à Athènes – présente de
fortes analogies, tant dans les éléments décoratifs que
dans l'architecture avec les monuments de Palerme au temps
de Roger. En effet, le schéma byzantin de plan de
l'église, le caractère essentiellement arabe de la
maçonnerie, les entrées latérales (selon la coutume du
rite grec) permettent d’assimiler la Très Sainte Trinité à
Sainte-Marie de l'Amiral (Martorana 1143) et à
Saint-Catalde (vers 1161) et de placer ainsi la date de
fondation de cette petite église entre 1140 et 1160, mais
probablement à une période plus proche du premier de ces
termes. »
Commençons par étudier les éléments
caractéristiques de cette église. A priori, elle s'apparente
à celle que nous venons de voir dans la page précédente, San
Pietro e Paolo d’Agrò de Casalvecchio Siculo. On encore à
San Cataldo de Palerme, que nous verrons prochainement : nef
à trois travées et trois vaisseaux prolongés par trois
absides. Il existe cependant une différence fondamentale.
Dans les deux églises que nous venons de citer, la nef était
à plan orienté. Dans le cas présent (et nous verrons que
c'est sans doute aussi le cas de la Martorana de Palerme),
la nef est à plan centré. La forme est celle d'un carré. Si,
placé au centre de carré on observe en direction du Nord, du
Sud, de l'Ouest et de l'Est, on a partout la même image (à
l'exception de l'Est où l'on a la vision des absides). Les
édifices à plan centré carré, avec un noyau central carré,
sont rares dans l'Ouest de l'Europe. Jusqu'à présent, nous
en avons trouvé dans les Pouilles (Santa Maria Maggiore de
Siponto, en Calabre (San Marco de Rossano, la Cattolica de
Stilo). Il en existe plus au Proche_Orient (Arménie,
Géorgie).
Nous pensons que le donneur d'ordres d'un édifice à plan
centré veut affirmer que cette église est au centre du
monde. Et que lui-même se situe au centre du monde. Le fait
qu'en Orient, de nombreuses églises soient à plan centré est
sans doute en lien avec le caractère autocéphale
(indépendance vis-à-vis de Rome) de ces églises. En
conséquence, il y a de fortes chances que cette église de la
Très Sainte Trinité ait été en lien, à un moment de son
histoire avec un Patriarcat orthodoxe.
Concernant le texte de Giovanella
Cassata, il nous est difficile de confirmer ou d'infirmer
certaines de ses affirmations. Tout au plus son affirmation
de « placer
ainsi la date de fondation de cette petite église entre
1140 et 1160, mais probablement à une période plus proche
du premier de ces termes » nous incite plus à
sourire qu'à applaudir. Nous-mêmes avons beaucoup de
difficultés à dater au quart de siècle près des édifices
modernes alors que nous avons assisté à la construction de
bon nombre d'entre eux.
Datation envisagée
pour la chiesa della Santissima Trinità di Delia à
Castelvetrano : an 900 avec un écart de 100 ans.