La crypte Sante Marina et Cristina de Carpignano Salentino 

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Après une introduction aux cryptes et églises basiliennes, nous étudierons la crypte Sante Marina et Cristina de Carpignano Salentino.



Introduction aux cryptes et églises basiliennes

Le nom de « cryptes basiliennes » a été donné par les spécialistes italiens à certaines églises souterraines du Sud de l'Italie. Ces églises, en général creusées dans le roc, sont d'aspect primitif, peu décorées par des sculptures. À l'inverse, elles ont été souvent ornées de riches fresques, malheureusement souvent très endommagées.

Le nom fait référence à Saint Basile de Césarée, un des principaux Pères de l'Église.

Selon la page du site Internet Wikipédia consacrée à Saint Basile de Césarée (extraits) :

« Basile de Césarée, né en 329 et mort, selon la tradition, le 1er janvier 379 à Césarée de Cappadoce, est l'un des principaux Pères de l'Église. Il a été appelé, de son vivant, Basile le Grand, en raison de son autorité morale et ecclésiale.

Fondateur d'un monastère dans la région du Pont, sur la mer Noire, il est l'auteur d'une règle connue comme la règle de saint Basile. Celle-ci est devenue la principale règle monastique de l'Église d’Orient et a partiellement inspiré la règle de saint Benoît dans l'Occident chrétien. Il pratiqua l'ascèse toute sa vie.

En 370, il devient évêque de Césarée. Son engagement pendant la famine, les hospices pour les malheureux qu’il crée au sein d’une cité de la miséricorde qui porte le nom de Basiliade, en ont fait l'un des précurseurs du christianisme social.

Il défend la foi de Nicée contre l'arianisme et écrit des traités sur le Saint-Esprit, développant la théologie de la Trinité. Il cherche autant que possible à pacifier les divisions au sein de l’Église. Il est considéré, avec son frère Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze, comme l'un des trois “Pères cappadociens”.
[...] »

Nous nous conformons aux usages en acceptant de nommer « basilienne » ce type d'église, alors qu'auparavant nous avions choisi le mot « rupestre ». Il faut cependant admettre qu'il y a une légère différence entre les deux modèles : les églises que nous avions appelées « rupestres » sont creusées dans le rocher et en général dépourvues de fresques. Celles-ci sont décorées de fresques et ne sont pas toutes creusées dans le rocher.

Nous sommes cependant un peu réticents au sujet de ce mot « basilienne ». Nous reviendrons sur ce point dans notre page intitulée  « Conclusions sur les monuments des Pouilles ».



La crypte Sante Marina et Cristina de Carpignano Salentino

Nous n'avons pas visité cette église souterraine. Les images ci-dessous sont issues de galeries d'Internet.

Sur cette église souterraine, nous n'avons pas d'autre renseignement que ceux donnés par ces quelques images.

Image 1 : Vue probable effectuée à partir de l'entrée. Au milieu, se détache un pilier portant une représentation de trois saints.

Image 2 : Le pilier décrit dans l'image précédente occupe la partie à droite. Deux des trois saints sont visibles. La pièce de vêtement (une étole ?), décorée de trois grandes croix pattées du second, est caractéristique des églises orientales. Nous ne savons malheureusement pas encore comment la dater. À gauche et en arrière-plan, on devine les fresques représentées sur l'image 7.

Image 3 : Autre vue du pilier aux trois saints. Celui de droite a un visage d'adolescent.

Image 4 : Fresques très endommagées et peu lisibles ; on devine les images de quatre saints dans une posture comparable à ceux de l'image précédente.

Image 5 : De part et d'autre du corps d'un ange aux ailes déployées, on découvre des inscriptions peu lisibles.

Image 6 : Image de sainte. Les couleurs aux tons bleu et rouge nous font envisager une datation différente et postérieure aux précédentes.

Image 7 : Au centre, une niche sert d'abside pour le petit autel. On peut voir, à gauche, la Vierge portant l'Enfant auréolé d'un nimbe crucifère. Au centre, à l'intérieur de la niche, le Christ, lui aussi auréolé d'un nimbe crucifère, est debout. Deux faits sont surprenants. D'une part, bien que l'image pourrait être celle d'un Christ en Gloire, il n'est pas entouré de la classique mandorle. Mais, par contre, Lui et sa Mère sont installés sur un arrière-plan doré jusqu'au niveau du cou de la Vierge-Marie. Au-dessus de cette ligne horizontale, l'arrière-plan est bleu. Il est possible que cette rupture de couleurs soit purement artificielle en lien avec la volonté de l'artiste de mettre en valeur certains détails (si l'ensemble de l'arrière-plan avait été doré, les auréoles de la Vierge et du Christ ne se seraient pas détachées du reste de la composition ; même raisonnement pour la robe de Marie si le fond avait été bleu). Cependant, cette rupture de couleur pourrait avoir une autre signification, la partie bleue représentant le ciel, la partie dorée, la terre. Dans un tel cas, on pourrait pousser plus loin la réflexion. Car cette représentation pourrait correspondre au débat théologique sur la Nature du Christ : un homme ? un dieu ? Un débat qui ne s'est certainement pas réglé en un seul concile et qui a dû resurgir avec l'apparition de la religion musulmane, clairement monothéiste. À l'inverse du Christ porté aux Cieux dans une mandorle, cette image serait celle d'un Christ vivant sur terre comme l'a été sa Mère.

L'autre détail de l'image est dans les bras levés en attitude d'orant. Ce type de représentation est pratiquement absent dans l'iconographie romane et, à l'inverse très présent dans l'iconographie des premiers siècles chrétiens.

Image 8 : Autre représentation du Christ. Là encore, on a rupture des couleurs doré-brun (terre-ciel ?). Le Christ est assis sur un trône doré. Il lève sa main droite dans le geste que nous avons appelé la « main de Dieu » (trois doigts levés, deux doigts baissés), un geste qui devait être symbole de pouvoir.

Image 9 : Autre représentation d'un saint vêtu d'une étole ornée de croix pattées.


Datation envisagée pour la crypte Sante Marina et Cristina de Carpignano Salentino : an 700 avec un écart de 200 ans.