Peschici : l'église Sant'Elia et l’abbatiale Santa Maria de Kàlena
Cette page est consacrée à l'étude de deux monuments de la ville de Peschici : l'église Sant'Elia (images de 1 à 6) et l’abbatiale Santa Maria de Kàlena (images de 7 à 15).
N'ayant visité aucun de ces deux édifices, ces images ont été recueillies sur Internet.
L'église Sant'Elia de Peschici
Selon la page du site Internet Wikipédia relative à cette
église (extraits) :
« Construite
au XIIIe
siècle, l’église a un plan en croix latine. L'intérieur
avec des inscriptions latines, une seule nef et un plafond
en bois, est intéressant. L'autel est surmonté d'une voûte
en croisée d'ogives. La façade brute comporte deux
rosaces, tandis que le clocher est inachevé, sans le
plafond. »
Extérieurement, cette église n'apparaît pas très ancienne, à
l'exception du clocher (images
1, 2 et 3). Pour celui-ci, on constate que
l'appareil des piliers d'angles est différent de l'appareil
des côtés. Les piliers pourraient constituer une ossature de
l'ensemble. On a déjà vu cela pour les clochers à arcatures
lombardes. Mais il n'y a pas ici d'arcatures lombardes. En
conséquence, ce clocher pourrait être antérieur aux
arcatures lombardes.
D'après la vue par satellite de l'image
4, le
chevet semble être plat.
L'image 5 montre
une nef unique et un chœur rectangulaire qui semble être
recouvert d'une voûte en berceau brisé. Une grande arcade
s'ouvre sur chaque côté Nord et Sud, de part et d'autre de
l'arc triomphal. Ce pourraient être les arcs d'entrée aux
croisillons d'un transept. Mais il s'agirait d'un transept
bas. Nous pensons que les transepts bas ont précédé les
transepts hauts.
La surprise vient de l'image
6. Les
trois arcs de droite qui précèdent l'arc du transept
semblent identiques. Si tel est le cas, il faudrait repenser
toute la question en prenant pour hypothèse qu'à l'origine,
la nef était triple avec au moins 4 travées. Au cours du
temps, on aurait tout d'abord remplaçé la travée la plus
proche du chœur par un transept bas. Puis on aurait supprimé
le collatéral Nord et on aurait créé des chapelles dans le
collatéral Sud, en séparant chaque travée de ce collatéral.
Si tel est le cas, on retient de cette église primitive
qu'elle devait être formée de trois vaisseaux charpentés,
que le vaisseau central était porté par des piliers
rectangulaires de type R0000
et que les arcs reliant les piliers étaient à un seul
rouleau.
D'après notre étude sur l'évolution des piliers (voir la
partie de notre site consacrée à la datation), nous en
déduisons la datation
suivante pour l'église Sant'Elia de Peschici : an 750 avec
un écart de200 ans.
L'abbatiale
Santa Maria de Kàlena à Peschici
Selon la page bien documentée du site Internet Peschici,
l’abbaye de Santa Maria di Càlena (salentoacolory.it)
:
« […] Cette
abbaye aurait été érigée “extra moenia”
(hors-les-murs) en
872, peut-être par une première colonie de moines. C'était
certainement un couvent bénédictin et pendant de
nombreuses années, un centre très riche et indépendant et
c'est certainement une des plus anciennes abbayes
d'Italie.
Pour
le confirmer, il existe des documents qui mentionnent
l'existence de l'église et du monastère, déjà avant le XIe
siècle. Un document ultérieur témoigne de l'acte de
donation de 1023 de l'évêque de Siponto qui fit don “
[…] de l'ecclesia deserta in loco qui vocatur C(K)àlena
cujus vocabulum est sancta Maria”
au monastère santa Maria de Tremiti, fournissant toutes
les dépendances nécessaires : un potager, un vignoble, des
terres à cultiver qui permettraient aux moines bénédictins
de vivre sans problèmes en s'installant sur le continent.
À
cette époque, l'union des deux abbayes donna naissance à
un seul pôle très puissant et influent sur toute la région
du Gargano. L'abbaye de Càlena était également convoitée
par l'autre grande abbaye de la région, l'abbaye de
Montecassino. En 1058, le monastère était donc une
puissante abbaye. Comme le pape et les empereurs lui
accordaient de riches privilèges, ses possessions
s'étendaient au-delà de la région du Gargano jusqu'à
Campomarino et Canne.
Le
long de la route de la Via Sacra dei Longobardi, en effet,
il y avait l'abbaye de la Sainte Trinité de Monte Sacro,
près de Matinata, qui a appartenu à l'abbaye de Càlena de
1058 à 1198 et a eu un différend avec la maison-mère pour
son autonomie. Càlena a maintenu son autorité et son
prestige et est restée active et florissante au moins
jusqu'au début des années 1300.
Pour
réaliser l'étendue du prestige de Santa Maria di Càlena,
il suffit de se rappeler qu'en 1420, alors qu'elle était
déjà en déclin, le patrimoine en sa possession consistait
en une trentaine d'églises du Nord Gargano avec des
dépendances connexes […] Contestée
par les puissants monastères de Tremiti et de
Montecassino, elle a réussi à rester indépendante jusqu'en
1445, date à laquelle elle a été définitivement incorporée
à Tremiti, sous les chanoines du Latran. […]
Après
une période florissante, l'abbaye a commencé à se dégrader
dans la seconde moitié du XVe siècle.
[…]
Malheureusement,
l'abbaye de Càlena est aujourd'hui abandonnée et délabrée.
Elle est toujours fermée au public et aurait besoin d'une
restructuration radicale. Nous savons que des bénévoles
locaux se sont déplacés pour sa restauration, ce qui, nous
l'espérons, aura lieu le plus tôt possible.
Gianluigi Vezoli. »
Nous saluons les efforts de l'auteur de ce texte, Gianluigi
Vezoli, en vue de sauvegarder cette église qui est
effectivement d’un grand intérêt. D'une part, cet auteur
insiste sur l'ancienneté de l'institution et il faut
reconnaître que l'on ne voit pas souvent des dates comme
872, 1023 et 1058. D’autre part, il évite de tomber dans la
dérive si souvent rencontré pour d'autres descriptions : «
Cette église est citée en 872, … elle date du XIIe
siècle. »
Nous pensons que la partie la plus ancienne se situe à l'Est
(partie en bleu de l'image
8 à l'exception des salles en dessous). À
remarquer que c'est l'inverse de ce qui est indiqué sure le
plan puisque les parties que nous estimons plus anciennes
sont indiquées « nuova
chiesa » et les parties plus récentes « vecchia
chiesa ».
L'église primitive était selon nous formée de trois
vaisseaux charpentés. Le vaisseau central était porté par
des piliers à section rectangulaire de type R0000.
Les arcs reliant les piliers étaient simples. La nef était
de trois travées, plus la travée de chœur. La nef devait
être prolongée par trois absides semi-circulaires (il n'en
reste plus que deux).
Les collatéraux devaient être davantage ouverts et sans
doute charpentés eux aussi. Ces collatéraux ont été
postérieurement tronçonnés en chapelles qui ont été
recouvertes de voûtes en berceau plein cintre On voit sur l'image 11, face à nous,
un grand arc. Ce grand arc est visible aussi sur l'image
10. Il
est nettement au-dessus des voûtes en berceau plein cintre
qui couvrent les chapelles. Nous pensons que cet arc est le
reste d'un des arcs qui couvrait le collatéral primitif. Sa
hauteur fait envisager qu'il y a eu peut-être une galerie
courant au-dessus du collatéral.
Les images 12 et 14 révèlent
la trace d'arcs brisés sur les murs intérieurs Est
(au-dessus de l'arc triomphal) et Ouest. De plus, sur l'image 12,
on peut voir à gauche et à droite les parties
inférieures d'un grand arc probablement brisé. Ces
constructions font envisager que le vaisseau central de la
nef a été couvert de deux voûtes successives en croisée
d'ogives. Cependant, il faut bien comprendre que ce
couvrement doit être tardif car il s'est fait à l'intérieur
des murs anciens. C'est bien apparent sur l'image
12 où l'on voit que le départ des ogives est
nettement en_dessous du sommet du mur gouttereau.
En ce qui concerne la seconde partie située à l'Ouest de la
première, elle est actuellement formée de deux grandes
salles. L'une d'elles est représentée sur l'image
9 (nous pensons que la vue a été prise en
direction du Nord - cloître). Cette partie serait donc
postérieure à la précédente. C'est d'ailleurs tout à fait
logique : on commence à construire le chœur et la nef.
Lorsque l'église est trop petite, on élargit la nef vers
l'Ouest.
Cet agrandissement de la nef serait une autre nef à trois
vaisseaux, qui à l'origine devaient être charpentés ;
piliers de type R0000
; arcs à un seul rouleau.
Datation envisagée
pour l’abbatiale Santa Maria de Kàlena à Peschici :
Pour la nef primitive (côté Est) : an 700 avec un écart de
200 ans.
Pour l’agrandissement à l'Ouest : an 850 avec un écart de
200 ans.