L'église Santa Margherita de Bisceglie
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-après sont extraites d'Internet.
La page du site Internet Wikipedia, écrite en italien et
obtenue en français par un traducteur automatique, nous
apprend ceci :
« Historique : La date
de construction de l’église, étayée par un document
ancien, remonte à l’année 1197.
Le petit temple, dédié à sainte Marguerite d'Antioche,
représente un “certificat de gratitude” de son fondateur,
Falco, juge de la Curie impériale. [...] »
Sur la même page, la note (1)
concernant le « document
ancien » précise ainsi :
« 1-
Il y a une transcription d’un document... daté du 12
janvier 1197, dans le septième volume de l’œuvre
Corsa e Italia Sacra,
c'est à dire des évêques d’Italie et des îles adjacentes,
composée entre 1642 et 1648 par l’abbé cistercien érudit
Ferdinando Ughelli de Florence. C’est l’acte de donation
de biens de toutes sortes avec lequel Falco, juge de la
Curie impériale, fils de Giovanni, juge de la ville de
Bisceglie, accompagna l’église qu’il venait de
construire...
[... en l’an 1197...
Moi, Falco, juge de la Curie impériale, fils de
Giovanni, juge de la ville de Bisceglie, souhaitant
équiper l’église de la Bienheureuse Vierge et très
précieuse martyre Marguerite, que j’avais construite à
mes frais près du mur de la même ville, en présence du
révérend évêque Byzance et Rodollonio, en présence
également du juge Sarnaro fils de Petracca et de
beaucoup d’autres autorités morales...].
Ainsi rapporte Margherita Pasquale, dans DALLA
CHIESA DI SANTA MARGHERITA SEC XII,
pag. 8, éd. Municipalité de Bisceglie, 2002 ».
Le document rapporté ci-dessus se révèle pour nous très
intéressant par sa rareté. Depuis que nous écrivons ce site,
nous avons eu l'occasion de lire de nombreuses références à
des textes anciens datés concernant des églises. Mais la
plupart de ces documents n'étaient que des actes de
donations, de versements de dîmes, de fondations, de
consécrations et n'avaient pas de rapport direct avec la
construction de l'église : c'est une communauté qui est
fondée, non une église ; c'est un autel qui est consacré,
non une église.
Mais avant de l'examiner de plus près, il nous faut poser la
question de l'authenticité de ce document. Il ne s'agit pas
de notre part d'une attitude de contradiction mais d'une
volonté de développer un esprit critique scientifique. Car,
malgré la précision qui nous est donnée, précision de la
date et du nom du donneur d'ordres, nous ne pouvons être
absolument certains de la réalité historique. Ce serait un
document de seconde main. Il peut avoir été mal écrit ou
récrit, mal traduit, mal interprété. Cela étant, on peut
estimer son authenticité supérieure à 80%. Malgré ce, nous
pensons qu'il faudrait ajouter un « peut-être » à la phrase
donnée au début : « La
date de construction de l’église, étayée par un document
ancien, remonte - peut-être - à
l’année 1197 ». D'ailleurs, la date de 1197 est
elle-même probablement fausse car le texte de 1197 raconte
que Falco veut équiper une église construite par lui
auparavant … donc avant 1197 (mais peu d'années auparavant).
Il reste que, malgré toutes les réserves que l'on peut
émettre sur l'authenticité du document de 1197, il reste
authentique à 80%. Et cela remet beaucoup de choses en
question. D'abord en ce qui concerne nos propres analyses.
Car avant de lire ce texte, voilà la date que nous aurions
proposée à partir des seules photographies de cette église :
an 1100 avec un écart de 75 ans. Critères de datation :
église à nef unique voûtée en berceau plein cintre sur
doubleaux plein cintre, arcatures lombardes de deuxième
génération, rosace de petite dimension contenant une sorte
de claustra (image 2).
Mais aussi à partir des analyses des autres historiens de
l'architecture romane. Car nos analyses ont été fondées sur
l'idée selon laquelle, pour les périodes les plus récentes,
leurs évaluations devaient être justes. Or on apprend par
certains d'entre eux que l'art gothique apparaît dès la
deuxième moitié du XIIe siècle,... et en pleine
forme ! (en 1145 dans le chœur et le transept de la
cathédrale de Noyon en France). Il y a là des contradictions
qu'on ne peut éviter par de simples pirouettes littéraires.
Car en architecture, l'évolution est plus technique que
culturelle ou esthétique. Et l'art gothique est plus évolué
(donc sur le plan technique) que l'art roman, lequel est
plus évolué que l'art préroman.
Datation
envisagée pour l'église Santa Margherita de
Bisceglie : an 1100 avec un écart de 75 ans.
Remarque :
nous maintenons notre attitude concernant nos estimations de
datation. Celles-ci sont basées sur l'architecture des
édifices et non l'étude des documents d'époque souvent
contradictoires entre eux. Dans le cas présent, la datation
de l'église estimée aux alentours de 1190 d'après le
document d'époque, n'appartient pas à l'intervalle [1025,
1175] que nous proposons. Mais d'une part il faut comprendre
que les limites de cet intervalle sont « poreuses ». Il faut
concevoir l'écart (ici de 75 ans) comme ce qu'on appelle en
statistiques, un écart moyen ou un écart-type. C'est-à-dire
susceptible d'être dépassé occasionnellement. Par ailleurs,
les études en matière de datation sont loin d'être achevées.