L'abbaye Santa Giustina de Sezzadio  

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Selon la page du site Internet « Chiese Romaniche e Gotiche del Piemonte » relative à cette abbaye, page en italien produite en français par un programme de traduction automatique : 

« Période prédominante : XIe siècle.

Généralités : Le monastère a été fondé vers 722 par Liutprand, selon Jacopo da Acqui, et transformé et agrandi par Ottoberto, mort en 1047 et enterré dans l’église, comme on peut le lire dans une mosaïque de la crypte dans laquelle Ottoberto (ou Ottberto) se définit comme “reparator e ornator” ». Le monastère bénédictin a été ajouté en 1030. Il a eu sa splendeur maximale au cours du XIIIe siècle puis s’est décomposé à partir du XVe siècle.
[...]

Extérieur : La façade, en terre cuite, est divisée par de minces pilastres et couronnée au sommet par des arcs suspendus (arcatures lombardes) qui se poursuivent également sur les côtés et dans l’abside, d’un intérêt considérable. En 1447, la partie centrale de la façade a été surélevée et transformée en tour. [...]

Intérieur : L'édifice est composé de trois nefs avec un plan en forme de T et trois absides semi-circulaires orientées vers l’est et directement insérées dans le transept. Il a un transept très élevé et un narthex intérieur carolingien. La première travée a un toit en treillis (charpente) et a été pendant un certain temps séparée du reste de l’église par un mur. Les voûtes nervurées sont soutenues par des piliers fasciculés à chapiteaux cubiques. Les piliers de la première travée remontent à la première église et n’ont que deux demi-colonnes appuyées l’une contre l’autre pour soutenir les arcs longitudinaux de séparation des bas-côtés; les autres ont quatre demi-colonnes accolées (deux ont été ajoutées pour soutenir les arcs transversaux sur lesquels sont posées les voûtes en croisée d'ogives). [...]

Crypte : Elle est à plan carré avec une abside en prolongement. Elle est divisée en trois nefs par deux séries de colonnes, Elle a un sol en mosaïque avec des carreaux de marbre noir et blanc formant des motifs floraux fortement stylisés. [...] La mosaïque de sol s’étend sur toute la crypte à l’exception des absides. »


Nous n'avons pas visité cette abbatiale. Toutes les images de la page sont extraites d'Internet.

Le paragraphe « Intérieur » du texte ci-dessus, difficilement compréhensible, mérite des explications. Les auteurs du texte ont remarqué une nette différence entre la première travée et les suivantes. Malheureusement, nous n'avons pas d'image de cette première travée, mais des suivantes (images 4 et 5). Où se situerait cette première travée ? Selon nous, sous le clocher de façade (image 1). On apprend que cette travée était autrefois séparée par un mur du reste de la nef. Tout laisse penser que cette travée a servi à un moment donné de narthex (ouvrage Ouest) à cette église. On apprend par ailleurs qu'elle est recouverte d'un toit en charpente alors que les autres travées sont voûtées d'ogives. Enfin on découvre qu'il y a une différence au niveau des piliers. Ceux des travées suivantes ont un plan de type R1111 (cette identification signifie qu'ils sont à plan rectangulaire (R) avec une (1) excroissance de forme demi-circulaire sur chaque côté du rectangle ; images 4 et 5). L'auteur du texte Internet nous apprend que les piliers de la première travée « n’ont que deux demi-colonnes appuyées l’une contre l’autre pour soutenir les arcs longitudinaux de séparation des bas-côtés » Traduit dans notre langage, cela signifie qu'ils sont de type R1010 (ils sont à plan rectangulaire (R) avec une (1) excroissance de forme demi-circulaire sur deux côtés du rectangle, le côté Est et le côté Ouest). Enfin l'auteur du texte nous apprend que ces « piliers de la première travée remontent à la première église ». Cette description correspond parfaitement à ce que nous avions envisagé au seul examen des photos. Nous pensons en effet que la nef de l'église primitive était entièrement charpentée. Pour toutes les travées, les piliers devaient être de type R1010. Les arcs séparant le vaisseau central des bas-côtés étaient ceux d'aujourd'hui, en plein cintre et à double rouleau. Cette nef a été ultérieurement voûtée, hormis la première travée qui servait de narthex. Le voûtement a été possible grâce à l'adjonction sur chaque pilier de deux demi-colonnes, et ce, du côté des vaisseaux de la nef. Ces demi-colonnes ont permis de porter par l'intermédiaire des chapiteaux cubiques les arcs doubleaux soutiens des voûtes.


Le transept tel qu'on le voit actuellement (images 3 et 6) existait-il dans l'église. primitive ? Nous ne le pensons pas. En effet, la description de la crypte, « à plan carré avec une abside en prolongement », permet de penser que cette crypte reproduit une partie du plan de l'église primitive : le vaisseau central d'une travée et l'abside. Mais pas les deux absidioles greffées sur le transept. De plus, sur l'image 6 du transept vu en direction du Nord, on peut voir un arc brisé témoin d'une époque différente de celle des arcs en plein cintre. En conséquence, nous estimons que ce transept a été bâti postérieurement à la nef primitive mais antérieurement au voûtement de cette nef. En effet le transept et les absides décorés d'arcatures lombardes sont typiquement romans alors que les voûtes en croisées d'ogives sont gothiques.

Nous devons remarquer la grande hauteur de ce transept. On ne voit pas a priori l'intérêt que présente cette grande hauteur. Il est certes aussi haut que le vaisseau central. Mais, pour le vaisseau central c'est tout à fait logique car, pour l'éclairer, il faut que les fenêtres hautes soient placées au-dessus des toits des collatéraux. Et donc la hauteur du vaisseau central est dépendante de la hauteur des collatéraux. Ce qui n'est pas le cas du transept. Il existe d'ailleurs des transepts « bas ». Mais alors, pourquoi avoir construit des transepts « hauts » ? Nous avons une explication à cela, explication que nous avons formulée pour les églises majeures d'Auvergne où il existe des transepts dits « barlongs ». Nous pensons en effet que les parties supérieures des églises et en particulier les transepts, devaient être habitées, lorsque c'était possible. Nous avons en effet remarqué, pour ces églises d'Auvergne, parfois fort grandes, l'absence des constructions romanes situées de plain pied (salle capitulaire, réfectoire, cloître...).

Voyons dans le détail quelques images :

Image 7 : L'abside principale est décorée d'une fresque (XVIe siècle ?) représentant le Christ en gloire. Dans le registre inférieur, une Mise en Croix et une Crucifixion.

Images 8 et 9 : La crypte. On constate que, comme pour la plupart des cryptes, colonnes et chapiteaux sont de remploi. On voit aussi que, si la mosaïque couvre la surface de la totalité, son décor est interrompu autour des bases des piliers. Les piliers auraient été posés, non directement sur la mosaïque mais sur des fondations quadrangulaires au détriment de la mosaïque. Nous en déduisons que cette mosaïque devait faire partie de l'église primitive.

Images 10, 11 et 12 : quelques motifs de cette mosaïque. L'image 10 se révèle intéressante à cause de l'inscription suivante :

OTBERTVS MARCHIO

DOMVSONIREPARATORETOR

Cette inscription concernerait Otbertus cité au tout début. On peut lire les mots « reparator et or (nator) », « domus », et « marchio ». Le dit « Ottbertus » serait-il un marquis ? Et dans ce cas devrait-on considérer le Piémont comme étant une ancienne « marche » ? Les marches étaient des régions semi-annexées par les francs.


Datation envisagée pour l'abbatiale Santa Giustina de Sezzadio : an 950 avec un écart de 75 ans.